Can Ci Pin - Chapitre 128 - Un battement de coeur derrière lui

 

« La zone de trou de ver naturel n'est pas comme un portail de transfert artificiel, elle est extrêmement instable, et nous n’avons pas encore fait suffisamment de recherches à ce sujet. J’ai examiné vos rapports : il n’y a aucun problème avec le cadre théorique ni avec la logique derrière l’hypothèse, mais rappelez-vous qu’en pratique, la théorie ne correspond pas toujours aux résultats expérimentaux. La plus infime variable dans ces formules mathématiques peut coûter une vie. »

« Selon l’hypothèse formulée ici, vous pourriez soit stabiliser cette zone, soit provoquer un chaos encore plus grand, entraînant un effondrement de l’espace-temps. Peut-être que certains d’entre vous perdront la vie ou se retrouveront dans un état d’existence inconnu. Êtes-vous tous prêts ? »

Les avertissements de Lu Bixing furent pris très au sérieux par l’équipe d’expédition juste avant leur entrée dans la zone de trou de ver.

Ce défilé grandiose de l’équipe d’expédition et de ses vaisseaux d’escorte ressemblait à une nuée d’insectes désarmés s’aventurant dans cette zone inconnue de l’espace. Ils étaient comme une armée de fourmis utilisant une petite feuille comme bateau pour entreprendre une aventure périlleuse sur une mer immense.

« Niveau d’énergie de l’équipement légèrement élevé-- »

« Compris, » répondit Menthe. « Activez le système de pré-refroidissement. »

« Préparation des conduites de refroidissement...6 %...45 %...99 %...pré-refroidissement terminé. »

« Mes amis, je peux dire que cette fois, c’est bien différent de la première. » Le capitaine de l’équipe d’expédition parla sur le canal interne : « La dernière fois, nous étions complètement dépourvus de préparation et nous avons sauté dans le trou de ver sans trop réfléchir aux conséquences. Cette fois, même après des années de recherche, de préparation et d’amélioration de nos équipements, je ressens toujours cette anxiété au fond de moi. »

Un autre membre de l’équipe répondit : « C’est normal, seuls les ignorants sont sans peur. »

« Lancement du compte à rebours de 120 secondes avant l’entrée dans la zone du trou de ver. » Le capitaine fit une pause avant de demander : « Tout le monde a-t-il préparé son testament ? »

« Juste un adieu simple ; de toute façon, je n’ai aucun bien, pourquoi rédiger un testament ? Pour faire preuve de créativité ? »

« Ma famille se résume à une seule bouche à nourrir : moi. J’ai même économisé du temps sur les adieux. »

Menthe, une jeune femme discrète, ne participa pas à la conversation. Elle vérifia une dernière fois l’équipement de son terminal. Son testament avait été laissé dans le laboratoire de recherche de l’équipe d’expédition ; si quelque chose devait lui arriver, une lettre serait automatiquement envoyée dans dix mois aux appareils personnels de Lu Bixing et de ses trois anciens camarades de classe. Ils étaient les seuls proches qui lui restaient.

Son testament ne comportait qu'une seule ligne : Je ne peux plus revenir en arrière, désolée.

Ce « désolée » était un mot qu'elle gardait dans son cœur depuis de nombreuses années ; une phrase qui l’avait hantée jour et nuit, de son adolescence à l’âge adulte.

Les quatre étudiants avaient traversé beaucoup d’épreuves au fil des années. Huang Jingshu s’était plongée dans les recherches apparemment interminables sur les systèmes anti-missiles planétaires, le jeune Rickhead avait rejoint l’armée, et Blanc avait intégré le département d’ingénierie. Menthe, quant à elle, avait choisi le domaine marginal et dangereux des Expéditions Galactiques. Elle voulait aller plus loin, explorer les profondeurs de l’univers, espérant que l’immensité du ciel nocturne efface ses luttes humaines.

Ce jour-là, avant que tout ne se produise, Samedi avait contacté le département d’ingénierie. Pendant des années, Menthe avait pensé que, si seulement elle avait été plus patiente avec lui, si elle lui avait accordé un peu plus d’attention, peut-être aurait-elle remarqué que quelque chose n’allait pas.

Peut-être que... si ce n’avait pas été Samedi, elle aurait effectivement demandé ce qui n’allait pas. Mais en tant que jeune fille avec un tuteur responsable derrière lequel se cacher, elle avait été plus encline à lancer un regard noir au jeune homme qui avait des sentiments pour elle. Elle aimait lui montrer du caractère et le rabrouer.

Si elle avait été un peu plus mature et avait cessé de mélanger ses émotions personnelles avec son travail, aurait-elle pu tout arrêter en remarquant que quelque chose clochait, et avertir Samedi avant que tout n’arrive ?

Avant que l’équipe d’expédition ne parte, Lu Bixing l’avait même appelée à part pour lui dire qu’elle pouvait encore se retirer si elle le souhaitait. Elle avait hésité, mais n’avait pas répondu, alors Lu Bixing s’était contenté de lui donner quelques consignes de sécurité supplémentaires avant son départ.

Personne ne l’avait jamais réprimandée pour le passé, mais elle n’avait jamais pu se débarrasser de son sentiment de culpabilité.

Un cri de surprise résonna à côté d’elle. Menthe reprit ses esprits et leva les yeux pour voir l’espace autour d’eux commencer à se déformer, comme s’ils traversaient une immense lentille grossissante aux contours irréguliers. Peu après, le monde sembla passer en mode ralenti. Les lumières du mécha, indiquant de puissantes ondes d’énergie, clignotèrent, mais aucun son n’en sortit. Les connexions réseau furent toutes coupées, et même le système de gravité se mit à dysfonctionner, tandis que Menthe se rendit compte qu’elle flottait à l’intérieur du mécha. La ceinture de sécurité fixée aux parois du mécha la maintenait fermement attachée.

La ceinture de sécurité fixée aux parois du mécha l’empêcha de s’envoler. Les yeux de Menthe s’écarquillèrent tandis qu’elle entendait le battement de son cœur ralentir dans sa poitrine...

Lorsqu’ils étaient entrés dans le trou de ver pour la première fois, à cause du manque de préparation, tout le monde avait perdu connaissance dès l’entrée, pour ne se réveiller que bien plus tard, dérivant vers l’épave d’un mécha. Heureusement, ils portaient tous des combinaisons spatiales protectrices, qui les avaient sauvés des rayons cosmiques mortels et de la pression exercée à l’intérieur des méchas.

Cette fois-ci, c’était bien mieux : Menthe était encore consciente pendant la traversée.

Elle ne sentait plus son corps et avait l’impression que le mécha se désagrégeait également. En levant les yeux, elle vit une écocapsule passer rapidement près d’elle en direction opposée. Le regard de Menthe la suivit instinctivement, enregistrant le numéro d’identification inscrit sur la capsule.

L’instant suivant, l’espace autour d’elle s’étendit à l’infini, avant de se rétracter brusquement en un point minuscule, comme si un trou noir avait aspiré le monde entier. Le regard de Menthe perça au-delà de ce point, et elle vit un univers rempli de miroirs convexes innombrables. Ces miroirs reflétaient des scènes familières qui défilaient sous ses yeux : l’explosion de Beijing-β, la base effrayante où se cachait le Corps de la Liberté près de la Huitième Galaxie... et elle-même, dans le passé.

La jeune fille dans le miroir la regarda brièvement, elle, dix ans dans le futur, avant de détourner son regard vers l’écran de communication. Elle se tourna à nouveau et dit quelque chose à Samedi.

« Arrête-le ! » hurla Menthe à la jeune fille dans le miroir. « Dis-lui que le Général Turan va faire exploser les portails immédiatement, qu’il ne touche à rien et qu’il n’accepte aucune demande de communication. Dis-lui qu’il le regrettera ! Dis-lui qu’il va tuer beaucoup de gens s’il le fait ! »

Mais l’écoulement instable du temps et de l’espace à l’intérieur du trou de ver ne pouvait en réalité pas affecter la causalité. Menthe pouvait voir son passé à travers le temps déformé, mais même si le temps et l’espace se croisaient dans le trou de ver, le monde ne permettrait pas qu’elle change le passé.

« Ne raccroche pas ! Je t’en supplie ! »

Le point d’interception dans l’espace-temps finit par disparaître, et ce « miroir convexe » se dissipa dans le néant.

C’était la dure réalité. Même si le temps et l’espace pouvaient se plier, la vie humaine restait une route à sens unique.

Rien ne pouvait changer le passé.

Un grand choc et une lumière éclatante explosèrent à l’intérieur du mécha. Les pieds de Menthe retrouvèrent le sol tandis que la ceinture de sécurité la ramenait à sa position.

Menthe resta figée, stupéfaite de réaliser qu'ils avaient traversé le trou de ver vivants. Pourtant, sa vision était floue ; des larmes avaient inondé son visage avant même qu’elle ne comprenne ce qui se passait.

Elle n’était pas la seule à pleurer. Tous ceux qui étaient restés conscients pendant la traversée fixaient l’horizon, hébétés.

Menthe pensa un instant que tout le monde vivait avec des douleurs et des fardeaux, et que chacun pouvait éclater en sanglots au croisement du temps et de l’espace. Ils portaient la curiosité de l’humanité, marchaient sur un chemin passionné avec l’esprit d’exploration hérité de leurs ancêtres, rayonnant d’optimisme. Mais, au fond, ils n’étaient encore que des humains.

Ils se trouvaient toujours dans une zone active de trou de ver et n’avaient pas le temps de s’abandonner à leurs pensées. Le canal déconnecté resta rempli de parasites pendant un moment, jusqu’à ce que la voix rauque du capitaine, empreinte de panique, procède à un appel nominal, révélant que leur équipe avait considérablement diminué, selon son réseau mental.

« Que s’est-il passé ? » demanda Menthe en retirant le casque de sa combinaison et en s’essuyant le visage. « Pourquoi sommes-nous les seuls restants ? »

« L’espace-temps s’est déformé, » répondit son collègue. « Ils ont dû sortir par une autre issue, mais ça ne devrait pas être très loin… Peut-on réparer le canal de communication ? Est-il possible de tenter de les contacter ? »

« Drôle d’idée. Il n’y a pas de portails de transfert ici, donc on ne peut pas établir de connexion à longue distance… bip… le signal est instable... »

« Capitaine, » intervint Menthe, « le tunnel du trou de ver que nous avons traversé tout à l’heure ne s’est pas dissipé immédiatement, et le niveau d’énergie autour de la zone reste stable... Est-ce que cela signifie que nous avons réussi ? Devrait-on essayer d’envoyer un signal à la base de Qiming ? »

Le capitaine n’eut pas le temps de répondre.

« Attendez, attendez ! Mon mécha semble envoyer une alerte, » interrompit un pilote dans un mécha à côté du capitaine, provoquant une agitation dans le canal. « Regardez ça, c’est quoi ? »

L’équipe d’expédition avança prudemment et découvrit une épave massive d’un vaisseau spatial, entourée d’innombrables morceaux de petits méchas éparpillés comme un immense cimetière stellaire.

Menthe activa rapidement la caméra militaire et verrouilla les lentilles sur les débris pour collecter des données. Quelques secondes plus tard, une grande photo apparut à l’écran et fit un zoom suffisant pour que l’on distingue une ligne sur le vaisseau : « Vaisseau... Jing... yuan… ? »

Au poste de commandement de Qiming, l’anxiété montait alors qu’ils avaient perdu contact avec l’équipe d’expédition depuis une semaine entière. Puis, ils reçurent finalement un signal fragmenté de l’équipe, à peine intelligible. Des voix différentes parlaient à divers moments, tandis qu’une grande partie du message restait impossible à décoder.

Le Département d’ingénierie sombra dans le chaos.

« Laissez Zhanlu s’en charger. » Lu Bixing, informé au milieu de la nuit, se rendit rapidement sur place. Il parcourut l’écran rempli de texte illisible et déclara : « Il semble que plusieurs messages se soient emmêlés, peut-être à cause de la distorsion de l’espace-temps dans le trou de ver. Il est également possible que l’équipe d’expédition ait été dispersée après avoir traversé le trou de ver. »

« Reçu. » La main robotique de Zhanlu prit instantanément le contrôle d’une salle entière de superordinateurs et produisit rapidement un résultat. « Selon le modèle de décodage du message, il semble y avoir trois messages différents mélangés ensemble. Leur contenu est très similaire : ils rapportent tous qu’ils ont traversé le trou de ver en toute sécurité mais ont été séparés de leurs coéquipiers. Cependant, le troisième message contient quelques informations supplémentaires. Décodage en cours, veuillez patienter… »

Les yeux de Lu Bixing s’écarquillèrent.

Le signal instable émit une alarme stridente avant de se déconnecter. Zhanlu resta silencieux quelques secondes, puis annonça : « Décodage terminé. Mlle Menthe a signalé qu’ils ont découvert les débris du vaisseau Jingyuan près de leur point d’atterrissage. »

Le Jingyuan était le vaisseau que Lin Jingheng avait pris cette année-là lorsqu’il avait rencontré des pirates de l’espace dans le Cœur de la Rose, alors qu’il revenait de la Forteresse d’Argent vers Wolto.

Et même si un vaisseau désarmé était contraint de faire un détour dans cette terre de désolation, il ne serait jamais allé aussi loin dans ce territoire.

La voix calme de Zhanlu résonna dans le poste de commandement : « Si nous pouvons écarter la possibilité de forces gravitationnelles inconnues affectant leur atterrissage, cela pourrait signifier que Mlle Menthe et son équipe sont très proches de la Première Galaxie. »

*

Dans la Sixième Galaxie, la prison galactique approchait lentement de sa destination. La tour énergétique artificielle en orbite autour de la petite planète était entrée en mode sommeil temporaire.

« Vous savez que nous ne sommes pas les seuls à surveiller l’orbite ; Jingshu observe aussi, n’est-ce pas ? » demanda le docteur Hardin.

Lin Jingheng, tenant le plan de la prison galactique dans ses mains, y ajoutait des annotations. Il répondit sans lever les yeux : « Je m’inquiéterais davantage si elle ne venait pas. »

Lin Jingshu n’avait pas osé s’approcher de lui depuis quatorze ans. D’une part, elle ne savait peut-être pas comment lui faire face ; d’autre part, elle le craignait. Lin Jingheng était quelqu’un qui avait survécu à l’explosion d’un portail de transfert ; il était impossible de prévoir ce qu’il ferait ensuite. Si jamais il « retrouvait la mémoire » et utilisait cela comme levier pour se redresser, il pourrait remonter à la surface. Ainsi, la personne qui l’avait emprisonné devait l’isoler complètement et ne lui donner aucune chance.

« Si elle ne vient pas, à qui vais-je envoyer mon signal ? Prier pour qu’il soit aléatoirement reçu par une âme charitable qui appellerait la police pour moi ? » Lin Jingheng ricana. « Je n’ai pas vraiment de chance, à vrai dire. »

Le docteur Hardin ravala ses mots.

Lin Jingheng referma les plans et les rangea dans son dispositif personnel. « Tant que ton programme d’arrêt du temps fonctionne. »

Le cœur de l’écosystème de la prison galactique se trouvait dans une chaîne de montagnes à 500 kilomètres du laboratoire principal, entretenu par des mécaniciens tous les dix jours. Ces derniers se rendaient dans les montagnes à l’aide d’un système de train spécial pour effectuer la maintenance périodique.

Une extrémité des rails s’arrêtait près d’une plateforme située non loin du laboratoire principal. La porte menant aux rails s’entrouvrit légèrement alors que Lin Jingheng jetait un coup d’œil à travers la petite ouverture, tenant un brouilleur de signal dans ses mains. Ce brouilleur était le fruit de cinq années de recherche du docteur Hardin, déguisé en collier qu’il portait autour du cou -- bien sûr, d’un goût douteux. Malgré son apparence, le brouilleur était suffisamment puissant pour intercepter les signaux des biopuces opium pendant cinq secondes entières dans un rayon de vingt mètres. Avec l’évolution de cette technologie, les sens humains avaient été démultipliés ; une puce de troisième génération permettait même de percevoir les rayons infrarouges avec son propre corps. Lin Jingheng avait donc besoin d’un outil capable de le rendre invisible aux yeux de ces utilisateurs. Cinq secondes lui suffiraient amplement pour agir.

La surveillance devint complètement aveugle temporairement, permettant à Lin Jingheng de se glisser hors de la porte, d’ouvrir discrètement la trappe arrière du train et de rouler à l’intérieur. Un groupe de mécaniciens monta à bord au même moment et discutait entre eux, tout à fait normalement. Ils passèrent devant les toilettes situées à l’arrière du train en se dirigeant vers l’avant.

À ce moment-là, l’un des mécaniciens fit signe à ses collègues et retourna vers les toilettes.

Lin Jingheng retint son souffle derrière la porte des toilettes, observant le compte à rebours de cinq secondes sur son dispositif personnel. Le brouilleur de signal devenait inefficace--

Le mécanicien entendit un battement de cœur qui ne lui appartenait pas en ouvrant la porte. Interloqué, il se figea un instant, scrutant les environs avec perplexité. Puis, il réalisa finalement que ces battements venaient de derrière lui.

Avant que le mécanicien ne puisse tourner la tête, un objet froid se pressa contre l'arrière de son cou. L’instinct de crier fut brutalement arrêté lorsqu'il réalisa qu'aucun son ne sortait de sa bouche ; son corps échappa à son contrôle alors qu'un type particulier de radiation traversait sa peau et supplantait la micropuce à l’intérieur. La micropuce réagit à la radiation et intercepta les ondes cérébrales du mécanicien jusqu’à ce qu'il tombe inconscient, tel une grenouille sans peau, ses membres continuant de trembler tandis que Lin Jingheng le traînait dans un coin.

Lin Jingheng sortit un pistolet laser de sa taille, le pressa contre la nuque du mécanicien et tira trois balles successives, soigneusement calculées pour ne pas endommager la puce à l'intérieur. La chair du mécanicien, renforcée par la puce, brûla et fondit sous le laser tandis que Lin Jingheng sortait un nanocouteau du corps du mécanicien mort et le plantait directement dans le cou du cadavre, à l’endroit où la puce avait été injectée. Une brûlure carrée apparut sur la peau restante du cadavre, tandis qu’une puce, couverte de chair et de sang, tomba au sol. À ce moment-là, la chair du cadavre se dégonfla comme un ballon alors que Lin Jingheng le jetait dans les toilettes voisines.

Il scanna la biopuce avec son appareil personnel – une puce de deuxième génération ; cette personne pourrait être le chef de ce groupe de mécaniciens.

Lin Jingheng tourna légèrement la tête pour regarder le cadavre qu’il avait jeté de côté, plaça la biopuce dans un récipient spécial de stérilisation, et enleva rapidement les vêtements du cadavre pour les enfiler. Le mécanicien avait un chapeau pratique qui couvrait son visage lorsqu'il était baissé.

Après avoir nettoyé la biopuce, Lin Jingheng la plaça dans une seringue remplie d’un liquide spécial qui entourait la puce comme un gel. Il secoua la seringue dans sa main un instant avant de l'injecter dans son propre corps sans hésiter.

"La biopuce opium est hautement addictif, surtout pour les personnes ayant un taux élevé de synchronisation humain-mécha. À moins d'être un vaccuocérébral, ne l'essaye jamais." l’avait un jour avert i le docteur Hardin, "Si tu te retrouves dans une situation d'urgence, voici un gel stoppeur pour toi -- souviens-toi, c’est encore un article expérimental, même s’il peut temporairement intercepter les effets de la biopuce sur ton corps physique. Cela te transformera temporairement en un vaccuocérébral, mais je soupçonne que tu pourras métaboliser le gel stoppeur en 90 minutes, donc tu dois retirer la puce avant que cela ne se produise."

Il leur faudrait environ 40 minutes pour arriver à destination ; il avait largement le temps.

Lin Jingheng tourna la clé pour verrouiller la porte des toilettes avec le cadavre, puis retourna dans la voiture du train et s'assit dans un coin, son chapeau couvrant son visage.

Même avec le gel stoppeur, il sentait encore la puissance incontrôlable grandir en lui. Ses sens étaient bien plus aiguisés tandis que les battements de cœur des gens autour de lui se transformaient en bruit de fond. Pendant une fraction de seconde, Lin Jingheng eut même l'illusion de se sentir comme un patient en phase terminale soudainement guéri de toutes ses maladies dès que la puce avait été injectée dans son corps.

Un autre mécanicien s'approcha prudemment de lui ; Lin Jingheng entendit les pas se rapprocher et pensa : « Dégage ! »

En raison de la suppression de la biopuce de deuxième génération, le mécanicien s'éloigna avant même de pouvoir dire quoi que ce soit, partant silencieusement, créant une forteresse invisible autour de Lin Jingheng.

Lin Jingheng ouvrit sa paume et serra doucement son poing, et vit que son appareil personnel indiquait que la force de sa prise avait déjà atteint plus de 400 kilogrammes.

Une source inconnue de puissance et de contrôle était comme une drogue addictive censée fasciner n'importe qui ; pourtant, peut-être que les effets du gel stoppeur étaient encore actifs, car Lin Jingheng ressentait seulement de l'anxiété et de l'inquiétude dans son cœur.

Il se souvint des deux fois où Lu Bixing s'était injecté la puce... était-ce ainsi qu'il se sentait à l'époque ?

La puce que Lu Bixing s'était injecté avait été détruite, mais après les multiples tentatives du Corps de la Liberté dans la Galaxie Huit, ils avaient aussi apporté de nouveaux biopuces. Il ne se souvenait pas si toutes les pucecs avaient été nettoyés.

Lin Jingheng serra davantage son poing et pensa, J'espère que ce vieux chat persan sait encore comment gérer ce gamin.

Les mécaniciens venus effectuer la maintenance périodique étaient les classes les plus basses de la planète et étaient en grande majorité des consommateurs de première génération de l'opium. Lin Jingheng s'infiltra sans trop de problème et trouva rapidement l'écosystème central de la planète—le contrôle artificiel du climat, de la température et de la gravité.

Lin Jingheng plaça quelques petits paquets noirs près du système d'exploitation central du contrôleur de gravité artificielle, puis jeta un coup d'œil à son appareil personnel pour voir que la petite planète se rapprochait du soleil. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'une alerte de tempête solaire apparaissait et il quitta discrètement la zone.

Une demi-heure plus tard, la tempête solaire sur la planète naine atteignit son apogée alors que le blocage du signal de la planète était intercepté. En même temps, une série d'explosions provenant de l'écosystème central de la planète stupéfia le monde ; la gravité artificielle tomba en panne soudainement alors que la force gravitationnelle au sol diminuait à un dixième de sa force habituelle. Tout le monde sur le sol se retrouva soudainement à marcher dans le vide, les corps flottant dans les airs ; en plus de la perte de gravité, l'atmosphère artificielle était aussi sur le point de s'effondrer sous cette situation de gravité faible.

L'écosystème de la planète se dégrada immédiatement tandis que des sirènes retentissaient à travers la planète, envoyant un appel désespéré de détresse qui traversa le bloqueur de signal endommagé et se propagea dans l'univers.

Le signal SOS spécial envoyé par un écosystème planétaire ou stationnaire serait capté par la galaxie la plus proche, ce qui inciterait le gouvernement ou une organisation concernée à envoyer des personnes pour inspecter la planète ou la station.

En même temps, à seize jours de navigation, un mécha qui avait patrouillé autour de la planète pendant la dernière décennie reçut également le même signal SOS.

« Contactez immédiatement notre maître, l'écosystème de la planète Trésor a gravement dysfonctionné, l'atmosphère artificielle est en danger de s'effondrer... »

 

Traducteur: Darkia1030