ADGWBMC -Chapitre 109 - Celui qui était assis à côté de lui n’était pas Huo Wuyi.

 

Même après être arrivé dans le Jing du Sud, le cortège était considérablement ralenti en raison de la nécessité de prendre soin de Huo Yuyan tout au long du voyage. Ce n'est qu'au dixième jour du mois lunaire que le palais reçut le rapport des éclaireurs, indiquant que le cortège accompagnant le prince héritier et les seigneurs du Jing du Sud approchait.

Après avoir pris connaissance de ces nouvelles, Jiang Suizhou réfléchit un moment et déclara : "Bien, allez demander à monsieur Qi de venir au palais." L'éclaireur acquiesça et se retira.

"Huo Wujiu, veux-tu que Qi Min aille accueillir le cortège à la sortie du palais ?" demanda Jiang Suizhou.

Huo Wujiu hocha la tête : "Il est le plus approprié pour cela."

Après avoir réfléchi un instant, Huo Wujiu ajouta : "Mais s'il voit Qi Min, il se fera certainement des idées. Après tout, Qi Min est un vieux serviteur du Jing du Sud. Je laisse de côté de nombreux généraux et j'envoie deux anciens serviteurs du Jing du Sud pour l'accueillir - mais Qi Min occupe un haut poste, et une fois qu'il verra Qi Min, il sera sûrement rempli de pensées confuses."

Jiang Suizhou acquiesça : "C'est bien ça."

Huo Wujiu hocha la tête : "Fais préparer un banquet ce soir. Je vais personnellement l'accueillir. À ce moment-là, je laisserai transparaître un peu de mon mépris pour lui, et il ne pourra plus résister à l'envie d'agir."

Jiang Suizhou réfléchit un instant et hocha la tête : "C'est en effet une bonne idée."

Voyant cela, Huo Wujiu se leva et se plaça derrière lui, passant un bras autour de ses épaules : "Reste au palais et attends mes nouvelles."

Entendant cela, Jiang Suizhou leva les yeux vers lui : "Tu ne veux pas que j'aille ?"

Le ton de Huo Wujiu s'assombrit : "Non, tu ne peux pas y aller. Que se passerait-il si jamais il s'en prenait à toi ?"

Jiang Suizhou secoua la tête : "Mais s'il me voit pas là, il va se méfier de toi."

Le ton de Huo Wujiu devint plus sévère : "Peu importe ce qu'il pense. Pour moi, le moment où je choisis de l'attaquer est à ma discrétion. Comment pourrais-je te laisser t'exposer au danger ? Ne plaisante pas."

Jiang Suizhou ne put s'empêcher de répliquer : "À présent, quels sont les dangers possibles ?"

Mais Huo Wujiu ne l'écouta pas : "Même ainsi, il ne faut pas prendre de risques. Reste simplement au palais. Même s'il veut savoir qui tu es, il n'a pas le pouvoir de tout découvrir."

Jiang Suizhou leva les yeux vers lui et soupira intérieurement.

Il n'avait pas besoin de compliquer les choses pour uniquement se protéger, mais Huo Wujiu ne changerait jamais sur ce point.

Il se força à sourire et regarda Huo Wujiu avec sérieux.

"Qu'est-ce que je t'ai dit avant ?" dit-il. "Je n'ai pas besoin que tu me protèges de la sorte et que cela crée des ennuis."

Le ton de Huo Wujiu ne montra aucun signe d'adoucissement : "Cela ne marchera pas cette fois-ci. Les circonstances sont différentes."

Jiang Suizhou demanda : "En quoi sont-elles différentes ?"

Huo Wujiu répondit d'un ton sombre : "Huo Yuyan est extrêmement rusé. Qui sait ce qu'il pourrait faire."

"Depuis qu'il est arrivé au Jing du Sud, lui et ses hommes sont constamment sous surveillance, n'est-ce pas ?" souligna Jiang Suizhou. "De plus, nous connaissons tous les deux la situation de la défense de Lin'an maintenant. Ce qu'il veut faire est tout simplement impossible à réaliser."

Huo Wujiu se tut, comprenant qu'il avait tort.

Jiang Suizhou savait que son silence était un aveu de culpabilité et qu'il cherchait à faire obstruction.

Il prit la main de Huo Wujiu et le tint entre les siennes.

"Si je ne me trompe pas, il essayera sûrement de semer la discorde entre toi et ces ministres", dit-il. "Ces ministres, qu'ils occupent des postes élevés ou qu'ils gèrent les affaires quotidiennes, sont tous des individus que l’on peut perturber. Tu sais bien que ces gens te sont fidèles, mais tu dois aussi savoir que les cœurs humains sont changeants. Tu n'as pas souvent été à Yangguan, encore moins à Ye, comment peux-tu être sûr de connaître parfaitement les pensées de chaque ministre ?"

Huo Wujiu, bien qu'il ait adopté un air froid et imperturbable, entrelaça sa main avec la sienne.

"...Effectivement, je ne peux pas", admit-il.

Les subtils calculs entre les hommes de lettres étaient quelque chose qu'il avait du mal à comprendre.

"C'est pourquoi tu as besoin de moi", dit Jiang Suizhou. "Je les comprends mieux que toi."

Huo Wujiu serra les lèvres sans dire un mot.

Jiang Suizhou lui demanda d'une voix douce : "Puis-je t'accompagner ce soir ?"

Huo Wujiu lutta pendant un moment, puis répliqua finalement : "... Mais avec quelle identité vas-tu y assister ? Tout le monde connait maintenant notre relation dans la ville, Huo Yuyan te causera sûrement des ennuis."

Jiang Suizhou sourit doucement, tira la main de Huo Wujiu vers le haut et la colla contre sa joue.

Huo Wujiu baissa les yeux et vit Jiang Suizhou assis sur le trône de dragon, le regardant. Sur son visage raffiné, se dessinait un sourire de renarde, rendant même le petit grain de beauté rouge tendre au coin de l'œil vivant et éclatant.

"Ce n'est pas si difficile," expliqua Jiang Suizhou. "Considère simplement que je suis un petit visage blanc (NT : un beau garçon. Le teint pâle est un critère de beauté en Chine) qui a troublé ton esprit, rendant le général Huo dépendant de moi pour tout. Alors, par respect pour toi, il devra le supporter."

Huo Wujiu le regarda, sachant clairement qu'il adoptait délibérément cette attitude, mais sa pomme d'Adam ne put s'empêcher de bouger.

... C’était vraiment un démon capable d'enchanter l'âme des gens.

Il se racla la gorge, puis, après un moment, se pencha et embrassa violemment Jiang Suizhou.

"Tu emportes même ma vie avec toi," dit Huo Wujiu entre les baisers, d'une voix crispée et grinçante.

*

C'était un signe clair de la considération de Huo Wujiu que Qi Min, en tant que Grand Ministre actuel du Jing du Sud, sorte du palais pour accueillir Huo Yuyan.

Tout le monde savait que M. Qi se présenterait aujourd'hui pour recevoir Huo Yuyan. Qui étaitt M. Qi ? Même du vivant de Pang Shao, ce dernier lui témoignait un respect considérable. Maintenant, à l'âge de soixante-dix ans, c’étiat lui qui avait été désigné pour accueillir Huo Yuyan. Cela démontrait une fraternité profonde et précieuse entre le général Huo et Son Altesse Royale.

Mais pour Huo Yuyan, ce n'était pas ainsi.

En entendant la nouvelle que M. Qi attendait déjà à l'extérieur de la ville, le visage de Huo Yuyan devint un peu sombre. Il répondit sans broncher, laissa tomber le rideau du chariot et ne dit plus rien par la suite.

Qi Min ? Peu importe sa réputation, aux yeux de Huo Wujiu, il n'était rien de spécial.

Huo Wujiu n'aimait pas les fonctionnaires, surtout pas quelqu'un comme Qi Min, rempli de loyauté et de vertu, mais qui avait trahi son ancien maître. Si Huo Wujiu le valorisait vraiment et n'avait aucune rancune contre lui, pourquoi aucun de ses généraux de confiance n'était-il venu le saluer à la place de Qi Min ?

N'importe quel commandant avec dix mille hommes était plus important que Qi Min aux yeux de Huo Wujiu.

Pendant un moment, Huo Yuyan ne put pas comprendre ce que Huo Wujiu pensait.

Avait-il envoyé Qi Min à cause de Li Sheng et d'un ressentiment envers lui, ou bien soupçonnait-il quelque chose et utilisait-il Qi Min comme bouc émissaire ? Ou peut-être que l'action de Huo Wujiu n'avait aucun sens, mais que du fait de la réputation de Qi Min, il voulait ainsi montrer au monde son respect pour lui et sa loyauté envers la cour du Jing du Sud et ainsi se donner de la renommée et du prestige ?

Qi Min était vraiment une personne spéciale, laissant Huo Yuyan perplexe.

Il réfléchit calmement tout au long du chemin. Son corps était déjà inutile, et il n'était pas adapté à ces calculs. Lorsque le chariot arriva aux portes de Lin'an, Huo Yuyan était déjà physiquement et mentalement épuisé, complètement vidé.

Alors qu'il regardait les imposantes portes de la ville qui approchaient, il toussa quelques fois, réprima l'inconfort dans tout son corps, et se força à garder un air naturel, assis droit dans la voiture.

La voiture s'arrêta, et les cris retentirent à l'extérieur.

"Nous sommes ici pour accueillir Son Altesse Royale !"

Ensuite, des soldats relevèrent les rideaux pour Huo Yuyan.

Un eunuque s'avança pour aider Huo Yuyan à descendre du véhicule. Dès qu'il prit le bras de Huo Yuyan, il sentit sa faiblesse et ne put s'empêcher de le regarder avec inquiétude.

Mais voyant l'attitude calme de Huo Yuyan et même un soupçon de sourire doux sur son visage, l'eunuque détourna rapidement le regard.

Huo Yuyan se tint devant le chariot, rejeta de lui-même la main de l'eunuque, se dirigea vers Qi Min et aida le vieux courtisan tremblant à se lever.

"Merci de nous avoir attendu ici, M. Qi," dit Huo Yuyan d'un ton doux.

Mais Qi Min avait l'air distant, sans chaleur, présentant seulement un air professionnel. Il fit un pas en arrière, s'inclina et dit : "Je vous salue, Son Altesse Royale. Le général a préparé un festin au palais. Son Altesse doit être fatiguée par le voyage. Nous n'attendons plus que vous pour vous offrir l'hospitalité."

Huo Yuyan garda son calme, mais son regard s'attarda sur le visage de Qi Min.

Cette attitude... était-ce parce qu'il était un ancien courtisan du Jing du Sud, ou parce qu'il avait reçu l'approbation de Huo Wujiu ?

Huo Yuyan ne pouvait vraiment plus comprendre l'attitude de Huo Wujiu.

Il vacilla et fut rapidement soutenu par un eunuque qui se précipita. Il sourit faiblement, puis fit un signe de tête au capitaine de sa garde qui le suivait. Ensuite, il se retourna et sourit doucement : "Je suis un peu fatigué. Merci, M. Qi, de nous montrer le chemin."

À côté, Lou Yue avait tout observé.

Il savait que Qi Min agissait ainsi certainement sur l'ordre de Jiang Suizhou. Huo Yuyan était venu personnellement ici, certainement parce qu'il ne pouvait pas comprendre l'attitude de Huo Wujiu et voulait voir par lui-même. Jiang Suizhou l'avait deviné, alors il avait demandé aux gens autour de lui de semer la confusion pour rendre Huo Yuyan encore plus indécis et plus inquiet.

Les gens ne font les choix les plus irrationnels que lorsqu'ils sont dans l'impasse et indécis.

Pensant ainsi, Lou Yue s'avança et dit en souriant : "Votre Altesse Royale, ne vous en faites pas pour ça. Ce vieux Qi a le caractère le plus insupportable qui soit, il ne faut vraiment pas le prendre au sérieux."

Bien que Huo Yuyan veuille comprendre les pensées de Huo Wujiu à travers ces gens de moindre rang, il était lui-même quelqu'un de très attentif et préoccupé. Une personne comme lui, essayant de deviner les pensées des autres, était la plus susceptible d'être trompée par des détails insignifiants.

Alors, ils devaient agir chacun de telle manière que Huo Yuyan soit perdu.

En effet, lorsque Huo Yuyan entendit cela, il sourit et dit doucement : "Qu'est-ce que cela peut faire ? Le vieux Qi a une réputation bien méritée, son caractère est tout à fait normal. J'apprécie en fait son authenticité."

En entendant cela, Lou Yue rit franchement : "Votre Altesse, vous êtes généreux, cela me rassure ! Veuillez monter dans le carrosse, Votre Altesse."

Huo Yuyan sourit et monta dans le carrosse. (NT : pour circuler dans le Palais)

Son sourire actuel était clairement forcé, mais quand il arriverait au palais, il ne pourrait plus le maintenir.

*

Dans la splendide salle de banquet, tous les fonctionnaires et les généraux étaient assis, n'attendant que lui.

La place la plus importante était vide, certainement réservée pour lui.

Cependant, celui qui était assis à côté de lui n'était pas Huo Wujiu.

C'était un homme vêtu de la tenue de prince héritier du Jing du Sud, très jeune et très beau, presque étrangement délicat.

Sous la lumière des lampes, il lui adressa un sourire léger, un sourire significatif, comme celui d'un vainqueur se moquant de lui.

 

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L'auteur a quelque chose à dire :

Huo Yuyan : ... On dirait que je sens une atmosphère familière.

Jiang Suizhou : ;D. Tu es aussi une fleur de lotus blanc (NT : personne pure et parfaite)? Bonjour, ton petit frère est déjà sous mon emprise comme le roi You de Zhou. Pourquoi es-tu là ?

Huo Yuyan : ... Arrivé trop tard, je suis maudit.

(NT : le roi You de Zhou était le 12è et dernier suzerain de la dynastie Zhou. Son amour pour la belle Bao Si, sa concubine, est demeuré célèbre comme exemple d'une grande passion au potentiel destructeur.)

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

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