SAYE - Chapitre 97 - Peu importait la réponse, tout semblait insuffisant à côté de l’infini.

 

 

Tous deux ont poussé des "AHHHH" pendant un long moment, la tête en arrière.

C'était plutôt satisfaisant, mais Jiang Cheng a vite ressenti un manque d'oxygène après un moment à crier dans cette position. Il a rapidement sorti son téléphone, "Tiens, maintiens cette position et ne bouge pas."

"Tu prends une photo?" demanda Gu Fei en se retournant.

"Mhm, ne bouge pas, regarde l'appareil photo," dit Jiang Cheng en tenant son téléphone au-dessus de leurs têtes, et ils regardèrent tous les deux leurs visages sur l'écran. "Maintenant, crie, AHHH——"

Gu Fei rit et se remit à crier avec lui. Jiang Cheng appuya sur le déclencheur, "Très bien, j'ai mal au cou."

"Allumons les feux d'artifice," proposa Gu Fei en donnant un coup de pied dans le sac en plastique.

"Est-ce qu'Er-Miao osera les allumer?" demanda Jiang Cheng.

"Elle ne sait pas comment faire," dit Gu Fei.  "Tu dois tenir ses mains et les allumer."

"D'accord," répondit Jiang Cheng en sortant son paquet de cigarettes. "Je le ferai avec elle."

"Hey hey hey," dit Gu Fei en tendant à Jiang Cheng le briquet qu'il tenait. "Tu vas la laisser allumer ça avec une cigarette?"

"…… J'ai oublié." Jiang Cheng prit le briquet des mains de Gu Fei, c'était un modèle à long manche qu'il avait acheté au magasin. "Allez, Er-Miao, allons allumer les feux d'artifice."

Gu Miao s'assit à côté de lui en tenant sa planche à roulettes, et Jiang Cheng plaça le briquet dans sa main. "Appuie ici."

Lui tenant le doigt de Gu Miao, ils allumèrent le briquet ensemble, puis il prit sa main et atteignit la mèche pour l'allumer. "D'accord, d'accord, c'est parti !"

Jiang Cheng la tira en arrière de quelques pas. Celui qu'ils venaient d’enflammer était un ensemble de huit bâtons, et bien que ce ne soit pas très impressionnant à la lumière du jour, Gu Miao poussa un sifflet excité dès que les étincelles jaillirent.

Le sac de feux d'artifice que Gu Fei avait apporté n'en contenait pas beaucoup, mais Gu Miao n'était pas comme les autres enfants quand il s'agissait d'allumer des feux d'artifice. Les autres enfants aimaient les regarder exploser l'un après l'autre, mais Gu Miao était tellement excitée après chacun d'eux qu'elle faisait quelques tours en skateboard autour de la zone avant de revenir. Et si quelqu'un allumait des pétards à proximité, elle devait absolument traverser la fumée à toute vitesse.

C'est pourquoi cela a pris presque une heure pour finir d'allumer tous leurs feux d'artifice.

"D'accord, nous sommes à court," dit Gu Fei. "Et le reste, nous les allumerons ce soir quand il fera sombre, ça aura l'air mieux."

Jiang Cheng était sur le point de parler, quand à travers la rue pleine de fumée, venant d'aussi loin que l'autre côté du monde, retentit un appel. Fort et clair. "Feifei, Miaomiao et camarade de classe — c'est l'heure de manger —"

"Qu'est-ce que c'est que ça?" Jiang Cheng se retourna pour regarder Gu Fei, choqué. "Qui nous appelle comme ça?"

"Qui d'autre." Gu Fei arborait une expression compliquée sur son visage. "Le gars queue de cheval bleue?" demanda Jiang Cheng.

"…… Ta vitesse pour donner des surnoms est un peu impressionnante, hein?" Gu Fei soupira. "Allez, allons voir ce que le garçon cuisine."

(NT : jeu de mots : Jiang Chen dit d’abord ma wei lan zhi (queue de cheval bleue) au lieu de ma wei nan zi, puis Gu Fei dit ma wei lan zi (garçon de cuisine))

"C'est garçon, pas bleu." Jiang Cheng corrigea sa prononciation.

"Garçon." répéta Gu Fei en revenant.

"Mais c'est un garçooon, pourquoi cela sonnait-il tellement comme une chanteuse d'opéra féminine tout à l'heure," Jiang Cheng avait du mal à se remettre de la voix. "Je pensais que c'était ta mère qui t'appelait, Feifei."

"Tu veux parier que je vais te claquer." Gu Fei lui lança un regard de côté.

"Allez, fais-le ou tu n'es pas mon compatriote." Jiang Cheng était soudain de très bonne humeur. Dans cet air rempli de fumée, même s'il ne pouvait pas voir ce qui était devant lui, avoir la personne qu'il chérissait le plus à ses côtés, marchant dans la rue comme ça, achetant des choses ensemble, allumant des feux d'artifice ensemble, mangeant un repas de réveillon du Nouvel An ensemble... Il ne pouvait s'empêcher d'être de bonne humeur.

Il rebondit un peu, fit un grand pas en avant avec son pied gauche et atterrit en fente, puis mit ses mains sur ses hanches et commença à secouer ses épaules, parlant sur un certain rythme, "Fais-le, ou tu n'es, pas, mon compa, triote."

Gu Fei le regarda sans aucune expression sur son visage, et après quelques secondes, se tourna et se mit à courir, "Fuis Er-Miao ! Il y a un monstre !" Ensuite, il siffla, et à cela, Gu Miao démarra rapidement sur son skateboard et s’envola.

Le gars Queue de cheval s'affairait assez rapidement de la cuisine. Quand ils revinrent au magasin, il y avait déjà six plats et une soupe posés sur la table, et tous étaient des plats plutôt copieux. Il était vraiment à la hauteur de sa description de travail.

À en juger par les plats, ce cuisinier ne travaillait probablement pas dans un endroit très chic, mais quand même, tout le repas sentait délicieusement bon, mettant l'eau à la bouche. "Tu as bien travaillé." dit Jiang Cheng lorsqu'il s'assit.

"Non, c'est mon domaine d'expertise." Queue de cheval agita sa main. "C'est rien."

"Je vais chercher de l'alcool." La mère de Gu Fei courut vers les étagères où ils gardaient l'alcool, puis prit une bouteille de Jin Liu Fu (NT : boisson alcoolisée à base de céréales fermentées). "Celui-ci a l'air bien, prenons-le."  

"Er-Miao, va chercher une bouteille de quelque chose pour toi." dit Gu Fei à Gu Miao. Gu Miao courut vers le réfrigérateur et prit une canette de bière, puis se tourna pour regarder Gu Fei.

"…… D'accord." accepta Gu Fei.

"Viens, Miaomiao," Queue de cheval sortit une enveloppe rouge de sa poche. "Prends ça."

Gu Miao ne le regarda pas tandis qu'elle se concentrait sur tirer la languette de la canette de bière.

"Er-Miao?" l'appela leur mère. "L'oncle te donne de l'argent porte-bonheur."

Gu Miao ne leva toujours pas la tête. Après avoir arraché la languette, elle inclina la tête en arrière et prit quelques gorgées de bière, puis s'essuya la bouche et s'assit, fixant la nourriture sur la table.

"Er-Miao." intervint Gu Fei. Gu Miao leva la tête. "L'oncle te donne de l'argent porte-bonheur, prends-le et remercie-le." dit Gu Fei, la regardant.


Gu Miao se tourna enfin et regarda Queue de cheval. Elle se leva, s'inclina d'abord, puis prit la enveloppe rouge et la glissa dans sa propre poche.

"Allez," Queue de cheval mit de nouveau sa main dans sa poche.

"Feifei……"

"C'est bon," Gu Fei se figea et agita la main dans une extrême gêne. "Ce n'est vraiment pas nécessaire."

"Tu n'as pas besoin de le lui donner," remarqua la mère de Gu Fei à Queue de cheval. "Il est adulte maintenant, plus un enfant."

Après quelques aller retours extrêmement maladroits et gênants, Queue de cheval finit par remettre l'enveloppe rouge de côté.

La mère de Gu Fei prit sa tasse et s’exclama, "Allez, venez, buvons d'abord à la prospérité de mon fils, à la santé de ma fille, et à Jiang Cheng qui va entrer dans une université d'élite……"

"Et moi alors?" demanda Queue de cheval.

Jiang Cheng fut choqué d'entendre le ton pleurnichard dans sa voix et jeta un coup d'œil dans la direction de Gu Fei. Gu Fei tenait sa tasse, son expression étant une énigme qui changeait rapidement.

"Oh toi," la mère de Gu Fei gloussa en se penchant un peu contre Queue de cheval. "À tout ce qui t'arrive de bien."

Son ton était également intentionnellement mignon, et tenant sa tasse, la sueur sur le visage de Jiang Cheng coulait pratiquement. Pendant ce temps, Gu Fei avait déjà détourné le regard d'embarras. Seule Gu Miao agissait toujours complètement comme d’habitude, en fixant béatement la table pleine de nourriture devant eux.

Après cet échange, la mère de Gu Fei et Queue de cheval activèrent soudainement un mode de comportement romantique collant, comme s'il n'y avait personne d'autre là que eux, et tout en tenant leurs tasses, ils commencèrent à flirter ostensiblement tout en oubliant où ils étaient.

Gu Fei heurta doucement sa tasse contre celle de Jiang Cheng, "Que Cheng-ge soit toujours triomphant cette année."

"Que tu réussisses dans tout ce que tu fais," Jiang Cheng remarqua du coin de l'œil que l'autre couple était toujours dans leur propre monde, alors il ajouta à voix basse, "Petit ami."

Gu Fei ricana et prit une gorgée, puis tendit la main et heurta sa tasse contre la canette de bière de Gu Miao, "Que Er-Miao grandisse rapidement."

"Que Er-Miao fasse des progrès chaque jour." Jiang Cheng heurta aussi sa canette contre la sienne.

Ce n'est que lorsqu'ils ont commencé à manger que la mère de Gu Fei et Queue de cheval sont enfin redescendus sur terre. Cependant, ils avaient déjà oublié le toast et se sont simplement joints à eux pour se régaler de la nourriture.

Gu Fei et Jiang Cheng ne parlèrent pas beaucoup pendant tout le repas, mais ce n'était pas non plus gênant, car il y avait un couple très mignon qui flirtait tout le temps pendant qu'ils mangeaient. Quand ils ne flirtaient pas, la mère de Gu Fei se reposait le menton dans sa main, écoutant Queue de cheval se vanter de ses exploits. Au moins, ses vantardises étaient plus ou moins limitées au sujet de vouloir reprendre l'entreprise de son patron cette année.

Jiang Cheng n'arrêtait pas de vouloir lui rappeler s'il avait même demandé à son patron s'il voulait vendre l'entreprise… Cependant, le couple était tellement absorbé dans leur conversation qu'aucun autre mot ne pouvait s'intercaler.

La cuisine de Queue de cheval n'était pas mauvaise; ça sentait bon et ça avait bon goût aussi. Gu Miao passa un bon moment à manger tout, ne faisant même pas de pause pour tendre ses baguettes, elle prenait une gorgée de bière à chaque bouchée de viande. C'était très satisfaisant.

Les amoureux en face d'eux n'étaient probablement pas rassasiés, Jiang Cheng ne les voyait presque pas toucher à la nourriture.

"On va faire un tour,". Alors que le repas touchait à sa fin, la mère de Gu Fei se leva. "Et goûter un peu à l'atmosphère du Nouvel An."

"Mhm," répondit Gu Fei.

"Amusez-vous bien," renchérit Jiang Cheng.

"Merci," répondit la mère de Gu Fei alors qu'elle entraînait Queue de cheval dehors. Peu de temps après, ils entendirent le bruit d'une moto s'éloignant au loin.

*

Jiang Cheng s'adossa à la chaise et, étirant ses jambes devant lui, regarda Gu Miao qui continuait à s'occuper de la nourriture.

À côté de lui, Gu Fei alluma une cigarette, "Tu veux?"

"Dans un instant," dit Jiang Cheng. "Je vais juste prendre quelques bouchées de plus."

"Ces plats ne sont pas trop mal," remarqua Gu Fei.

"Mhm," Jiang Cheng se servit une soupe. "Comment ce gars… se compare-t-il aux autres d'avant?"

"Je ne sais pas," Gu Fei fronça les sourcils. "Il y a eu des gars qui semblaient encore plus fiables que celui-ci, mais ça finit toujours de la même manière."

"Alors…" Jiang Cheng le regarda.

"Tant qu'il ne touche pas à l'argent du magasin," Gu Fei s'appuya en arrière. "Je ne me dérangerai pas à intervenir. Nous sommes tous des adultes ici."

"Mhm," Jiang Cheng prit la bouteille et la fit osciller légèrement, pensant à voix haute alors qu'il remplissait la tasse de Gu Fei. "Il boit et conduit, non?"

"Ayy," Gu Fei rit. "Honnêtement, Cheng-ge, toi… Il a probablement bu un verre au plus."

"Quand Li Yan et les autres arriveront cet après-midi, et que vous boirez, vous devriez probablement juste prendre des vélos si vous sortez." Observa Jiang Cheng. "Tu as certainement bu plus qu'un verre."

"Nous ne sortons pas, il n'y a nulle part où aller," déclara Gu Fei. "On reste juste ici, on regarde la télé et on raconte des bêtises, et de temps en temps on joue aux cartes."

"La vie des vieux." S’esclaffa Jiang Cheng.

"Mhm," Gu Fei hocha la tête. "J'ai déjà vécu ma jeunesse au lit avec toi."

Jiang Cheng lui lança un regard, "Choisis bien tes mots."

"Au lit, au lit, au lit, au lit," continua Gu Fei. "Au lit avec lui, au lit avec lui, au lit avec lui, au lit avec lui."

"Va dormir," dit Jiang Cheng.

Après que Gu Miao eut fini de ronger le dernier morceau de côtelette, ils rangèrent la table.

Laver la vaisselle était la corvée la plus ennuyeuse, mais c'était la première fois que Jiang Cheng se sentait de bonne humeur en le faisant. Gu Fei diffusa de la musique depuis son téléphone, qu'il avait mis de côté, et Jiang Cheng termina joyeusement de laver la vaisselle au rythme de la musique.

À cette heure, chaque famille était à l'intérieur à manger ensemble, donc le bruit des pétards dehors avait diminué quelque peu. Jiang Cheng sortit de la cuisine et se tint dans la cour, écoutant les bruits lointains.

Il n'avait jamais ressenti de sentimentalisme pendant le Nouvel An par le passé. Chaque fois qu'il entendait les bruits tapageurs, il se sentait agacé, le vacarme était assourdissant et dérangeant. C'était la première fois de sa vie qu'il pouvait écouter les sons avec une telle sérénité, il pouvait même sentir que sous l'extérieur délabré de l’aciérie, il y avait des signes de vie émergente à cause du Nouvel An.

"Il neige ! Heureusement que nous avons été rapides !" La voix de Liu Fan s'échappa de l'intérieur du magasin.


Jiang Cheng leva les yeux, les flocons de neige qui descendaient du ciel étaient encore très petits, tourbillonnant dans le vent. Lorsqu'ils atterrirent sur son visage, il ressentit d'abord un petit froid qui disparut rapidement par la suite.

Il se tourna pour rentrer dans le magasin. Liu Fan, Li Yan et Luo Yu venaient d'entrer par la porte et retiraient leurs vestes.

"Jiang Cheng ! Bonne année !" le salua Luo Yu.

"Bonne année." sourit Jiang Cheng.

"Je pensais que tu étudierais aujourd'hui aussi," remarqua Li Yan. "Da-Fei a dit que tu étudiais du matin au soir tous les jours."

"Je vais retourner étudier plus tard." précisa Jiang Cheng.

"… Pourquoi ne pas rester un moment et ensuite rentrer," proposa Li Yan. "Nous avons apporté tout un tas de spécialités de vacances, tu veux goûter ?"

"Je ne peux vraiment rien goûter en ce moment," Jiang Cheng tapota son ventre. "Je suis repu."

"Jiang Cheng, gege a quelque chose pour toi." Liu Fan prit un grand sac en plastique et s'approcha. "Nous avons demandé à Chen Jie de rassembler ça, il a un ami en stage à First High qui a obtenu les documents d'étude de leur classe senior."

"Putain de merde," Gu Fei rit. "Vous n'aviez pas besoin de faire ça."

"En tant que personnes qui n'ont jamais été à l'université, nous respectons et envions les meilleurs de la classe." Li Yan sourit et s'assit, puis sortit une enveloppe rouge bien pleine et la glissa dans la poche de Gu Miao. "C'est de l'argent porte-bonheur de tous tes grands frères, garde-le pour toi, ne le donne pas à ton frère."

Jiang Cheng ressentit une émotion indescriptible en acceptant le sac lourd dans ses mains. Il mit longtemps avant de réussir à dire, "Merci."

"De rien." répondit Liu Fan.

Tout le monde rit après cela. Luo Yu soupira, "Ne soyez pas si formels, je ne peux même pas continuer cette conversation."

Ils se dispersèrent, s'affalèrent sur les chaises et commencèrent à discuter.

Jiang Cheng sortit quelques documents d'étude et les feuilleta. Il s'agissait des examens blancs distribués à First High au cours des dernières semaines, ainsi que d'autres documents rassemblés par les enseignants là-bas. Certains se chevauchaient avec ceux du Quatrième Lycée, mais la plupart lui étaient inconnus.

Que Li Yan et les autres obtiennent des documents d'étude pour lui était quelque chose que Jiang Cheng n'avait jamais prévu. C'était aussi assez déroutant que sa préparation à un examen ait d'une manière ou d'une autre alerté ces gars qui ne faisaient rien de toute la journée.

Mais c'est aussi à cause de cela qu'il ressentit soudain une immense pression.

Jetant un coup d'œil à Gu Fei, assis en face de lui et écoutant les autres divaguer, il pensa : et quelles attentes Gu Fei avait-il pour lui ?

Quand Li Yan suggéra de jouer aux cartes, Jiang Cheng décida de rentrer et d'étudier.

"Je t'appellerai pour manger quand les dumplings seront prêts." Gu Fei sortit avec lui par la porte. "Tu veux que je te raccompagne ? Et que je vienne te chercher plus tard ce soir ?"

"Je parie même que Gu Miao n'a pas besoin que tu la raccompagnes sans arrêt." ricana Jiang Cheng.

"C'est une excuse de toute façon," Gu Fei s'étira. "Je voulais juste te regarder un peu plus."

Ces mots lui donnèrent envie de prendre Gu Fei dans ses bras là, au milieu de la rue, et de le couvrir de baisers.

Je voulais te regarder un peu plus.

Jiang Cheng était pareil. Lorsqu'il étudiait, sa vision périphérique était toujours occupée par Gu Fei. Même lorsqu'il entrait dans un état où il n'existait plus dans ce monde, un mot de Gu Fei suffisait à le ramener.

Envie de te regarder, de t'entendre parler.

Mais le plus insupportable était que ces jours à passer chaque moment éveillé ensemble diminuaient régulièrement, avec le compte à rebours de l'examen. Le sentiment de panique qui surgissait chaque fois qu'il y pensait était plus fort même que la panique aux examens à venir.

Jiang Cheng retourna à son appartement seul ; il ne laissa pas Gu Fei le raccompagner. À s'accrocher l'un à l'autre de cette façon, s'il ne coupait pas à temps, ils pourraient finir par se promener mutuellement une demi-douzaine de fois entre son appartement et le magasin.

Le sol à l'extérieur de son immeuble était également jonché de morceaux de papier rouge, et les couloirs semblaient être recouverts d'un tapis rouge.

Jiang Cheng monta les escaliers, respirant le parfum persistant des pétards tout le long du chemin.

L'immeuble pouvait être vieux, mais le chauffage était miraculeusement fonctionnel. Jiang Cheng ressentit une vague de chaleur dès qu'il franchit la porte.

Il enfila des vêtements confortables, puis s'assit à son bureau et commença à étudier. D'abord, il travailla sur les examens blancs de la First High, suivi des divers contenus que Pan Zhi lui avait envoyés, puis des documents de Si Zhong.

Aux yeux des autres, il semblait probablement être une machine incapable de ressentir la fatigue. Après tout, c'était un surdoué. Il avait une forte discipline personnelle et était un bon apprenant avec une mémoire solide, qui abordait les études avec un plan.

Pourtant, c'était toujours très fatigant. Son crayon s'arrêtait de temps en temps pendant qu'il écrivait, et son cerveau cessait de fonctionner de temps en temps pendant qu'il mémorisait des textes. Depuis qu'il était jeune, il avait avancé sur un souffle retenu : il devait le faire, et il devait le faire bien. C'était purement un effort pour être reconnu.

Alors que maintenant, la raison pour laquelle il peinait et se tuait à la tâche était devenue plus compliquée. Il n'avait plus d'autre option. Et Gu Fei non plus.

À l'heure du dîner, Gu Fei l'appela pour lui dire de venir manger des dumplings. Si ce n'était pas à cause du fait que la sonnerie personnalisée de Gu Fei était en soi un stimulus pour lui, il n'aurait probablement pas réagi du tout.

Li Yan et les autres gars avaient enveloppé les dumplings. Apparemment, dix d'entre eux contenaient une pièce de monnaie, et celui qui en obtiendrait une verrait ses vœux se réaliser. Ils ne pouvaient pas mettre tous les dumplings sur une assiette, alors Gu Fei divisa directement les dumplings dans le bol de chaque personne.

Le résultat fut que chaque personne obtint une pièce d’un yuan de ses dumplings — Gu Miao fixa même le vide pendant un bon moment parce qu'elle avait mordu dans une pièce de monnaie — tandis que les cinq dumplings dans le bol de Jiang Cheng contenaient des pièces de monnaie.

"Ah !" Jiang Cheng jeta un coup d'œil à Gu Fei en mordant dans une pièce de monnaie pour la cinquième fois.

"Da-Fei," Li Yan ne put s'empêcher de rire. "Tu as dû tricher."

"Il doit l'avoir fait," Liu Fan fit tournoyer la pièce dans sa main et dit en riant. "Il prend déjà en considération notre amitié en ne donnant pas tout à Jiang Cheng."

"Ce n'est pas comme si vous deviez passer l'examen." constata Gu Fei.

"Alors tu pourrais au moins en laisser quelques-uns pour toi-même," suggéra Luo Yu. "Nous ne passons pas l'examen, mais toi si."

Gu Fei sourit mais ne dit rien.

*
Dans l'esprit de Jiang Cheng, les principaux événements du Nouvel An étaient terminés après avoir mangé les dumplings, et pour les quelques jours de congé qui suivaient, il resta chez lui et ne sortit presque pas.

Tous les deux jours, Gu Fei le traînait dehors pour prendre l'air et respirer un peu, et en chemin, il le questionnait sporadiquement sur certains points clés. Jiang Cheng fut surpris de constater que, même si Gu Fei n'avait pas spécifiquement essayé de mémoriser quoi que ce soit, pour les questions qu'il lui posait plusieurs fois, il savait si les réponses de Jiang Cheng étaient bonnes ou mauvaises sans même les vérifier.

"Bravo," dit Jiang Cheng. "Tu te souviens de tout ?"

"Nan," sourit Gu Fei. "Pas possible, je n'ai qu'un souvenir vague, tu ne peux pas me faire donner une réponse complète, bien que je puisse dire si ta réponse est correcte ou incorrecte."

"Oh," Jiang Cheng le regarda. Bien qu'il ne sache pas combien cela pourrait aider, il augmenta progressivement le nombre de fois où il demandait à Gu Fei de le questionner. Une raison était que plus ils approchaient du jour de l'examen, plus il avait besoin de continuer à rafraîchir sa mémoire des connaissances. L'autre raison était qu'en secret, il ne voulait toujours pas abandonner.

Il ne dirait rien à voix haute, mais il pensait que cette méthode de bénéfice mutuel était bonne. Et Gu Fei ne s'en rendrait pas compte.

Ainsi, les vacances d'hiver s'écoulèrent au rythme mesuré et se transformèrent en début précoce d'un nouveau semestre. Comparé au destin tragique de Pan Zhi et de ses pairs, qui durent reprendre les cours seulement quatre jours après le Nouvel An, Si Zhong offrait au moins une semaine de congé à ses étudiants.

"Élèves ! C'est février ! Si vous ne travaillez pas dur en février, si vous ne travaillez pas dur en mars, si vous ne travaillez pas dur en avril, si vous ne..." Lao-Xu déblatérait depuis son pupitre. Il ne se rendait probablement pas compte qu'il y aurait autant de mois à énumérer avant de commencer à parler, mais après les avoir tous listés, il commençait à bafouiller. Il se racla la gorge quelques fois avant de continuer. "Travaillez dur en mai, sinon seule la tristesse vous attendra en juin ! À partir de maintenant, vous n'aurez plus de pauses, et vous ne devez pas relâcher votre emprise..."

Le lendemain était la Saint-Valentin. Jiang Cheng n'y pensa que lorsqu'il fut surpris par la question matinale de Wang Xu sur ce qu'il devrait offrir à Yi Jing pour la Saint-Valentin. Il était vrai que Jiang Cheng avait pratiquement épuisé son cerveau à force d'étudier. Il n'avait pas le temps de fabriquer quelque chose pour Gu Fei, mais il voulait quand même lui offrir quelque chose, mais quoi ?

"Arrêtez de penser à la Saint-Valentin !" Lao-Xu éleva la voix. "Ne pensez pas que je ne sais pas à quoi vous pensez tous !"

Le cœur de Jiang Cheng bondit, et arquant les sourcils, il jeta un coup d'œil à Lao-Xu par réflexe.

Gu Fei se mit à rire à côté de lui. "Lao-Xu avait raison à ton sujet ?"

Jiang Cheng sourit et ne dit rien. "On peut juste faire exploser quelques feux d'artifice pendant notre promenade." Proposa Gu Fei à voix basse. "C'est une période extrême, arrête d'y réfléchir."

"Il y a encore des feux d'artifice ? Je pensais qu'Er-Miao les avait tous utilisés ?" demanda Jiang Cheng.

"Où est passé ton cerveau ?" dit Gu Fei. "On peut en acheter partout de nos jours, j'en ai acheté."

"Oh," Jiang Cheng rit, puis soupira. "D'accord alors, qu'est-ce qu'une année dans l'ensemble des choses, nous le fêterons correctement l'année prochaine."

"Mhm." Gu Fei hocha la tête. "Le mois prochain, c'est le premier examen blanc,"

Lao-Xu continuait de déblatérer sincèrement devant la classe. "Vous devez rassembler de l'énergie et me montrer vos véritables capacités !"

Il n'y avait pas le bourdonnement habituel des conversations en arrière-plan dans la classe. Probablement que tout le monde s'était un peu trop amusé pendant les vacances, et la plupart des gens étaient affalés sur leurs pupitres, rattrapant un peu de sommeil.

Ah, le premier examen blanc est le mois prochain...

"Regardez ça ! C'est le compte à rebours ! Vous voyez ça !" Lao-Xu continuait d'élever la voix en pointant le papier du compte à rebours collé en haut du tableau noir. "Allez, les gens !"

Jiang Cheng se pencha en arrière dans sa chaise. Il restait 114 jours jusqu'aux examens d'entrée à l'université. Il savait qu'il ne restait pas beaucoup de temps, mais trois mois semblaient bien plus longs que 114 jours.

En voyant soudainement ces trois maigres chiffres, sa poitrine ne put s'empêcher de se serrer. 114 jours. Le temps qu'il lui restait aux côtés de Gu Fei à chaque instant éveillé était seulement de 114 jours, pas un de plus...

Son esprit vacilla soudainement un peu, il n'était même pas capable de faire un calcul aussi simple. Mais quelle que soit la réponse, tout semblait insuffisant à côté de l‘infini.

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

 

 

 

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