SAYE - Chapitre 116 - Quelques mois... C'était long.

 

La viande grillée était le genre de nourriture dont on ne se lassait jamais. Malgré le fait qu'il prenait toujours les mêmes choses à chaque fois qu'il y allait, Jiang Cheng semblait très content néanmoins.

Gu Fei le regarda alors qu'il choisissait exclusivement de la poitrine de porc, du veau gras et des tranches d'agneau avec ses assiettes à la main. C'était aussi la raison pour laquelle Jiang Cheng n'avait jamais rien eu à redire sur le fait de manger la cuisine maison de Gu Fei pendant si longtemps—tout ce dont il avait besoin était de la viande. Bien sûr, ce serait bien si cela avait meilleur goût, mais même quand les saveurs n'étaient pas au rendez-vous, il était satisfait tant que c'était de la viande.

Jiang Cheng se retourna et regarda la table. Gu Fei lui fit signe. Jiang Cheng dit quelque chose que Gu Fei ne put entendre et désigna la table du doigt. Gu Fei regarda vers le bas et réalisa que pendant qu'il était occupé à reluquer Jiang Cheng, une partie de la viande avait brûlé. Quelle vision incroyable. Gu Fei sourit et retira la viande du grill.

Pour un gars qui passait pratiquement sa vie à la bibliothèque et travaillait ses yeux toute la journée, Jiang Cheng n'avait étonnamment jamais eu de problèmes de vision.


"Peu importe si je vais chercher de la nourriture, comment peux-tu être distrait juste en restant assis ici et en cuisinant de la viande," Jiang Cheng s'approcha, tenant trois assiettes empilées dans une main et un pichet de jus de fruit dans l'autre.

"Ce n'est pas comme si je regardais quelqu'un d'autre." Gu Fei ramassa la viande grillée et la plaça soigneusement sur l'assiette de Jiang Cheng. "Je te regardais toi."

"Oh s'il te plaît." Jiang Cheng fit la moue avant de baisser la tête pour manger.

"Ton derrière est particulièrement attirant." Gu Fei continua à griller de la viande pour lui.

"Merde." Jiang Cheng s'étouffa, lança un regard à Gu Fei, et fourra un autre morceau de viande dans sa bouche.

"Mange, mange. Ensuite, on rentrera et on passera une bonne nuit de sommeil." dit Gu Fei.

"D'abord ?" Jiang Cheng le regarda.

"D'abord, se reposer et recharger les batteries." dit Gu Fei.

"Et ensuite ?" demanda Jiang Cheng.

"Qu’en penses-tu ?" Gu Fei plissa les yeux. "Puisque tu n'as plus de grandes aspirations, je vais terminer tes affaires inachevées pour toi."

Avec de la viande encore dans la bouche, les yeux de Jiang Cheng parcoururent rapidement et habilement les alentours.

"Ne sois pas gêné, personne ne peut nous entendre. Même s'ils le peuvent, ils ne comprendront pas." Gu Fei se mit à rire. La combinaison mystique d'arrogance et de gaucherie de Jiang Cheng ne manquait jamais de le ravir.

"Peu importe." Jiang Cheng avala la viande. "Je suis sérieux. Je suis vraiment prêt à tout à ce stade. Fais ce que tu veux de moi."

"D'accord." Gu Fei hocha la tête avec un sourire. Quand Jiang Cheng dit "fais ce que tu veux de moi", sur le coup Gu Fei ne pensa vraiment pas trop à ce qu'il allait faire. Mais après le repas, alors qu'ils déposaient le vélo et s'apprêtaient à faire une promenade à comme à leur habitude, l'esprit de Gu Fei était envahi par des images de toutes les choses qu'il pourrait faire. Il y avait un fort sentiment d'avoir été infecté par le lutin lubrique qu'était Jiang Cheng.

Cependant, Jiang Cheng ne pouvait pas arrêter de bailler tout le temps où ils marchaient. Selon l'estimation approximative de Gu Fei, il y avait eu au moins une douzaine de bâillements. Il devina que Jiang Cheng n'avait pas très bien dormi dans les jours précédant la pause, donc il n'avait pas d'autre choix que de garder ses propres pensées perverses enfermées.

"Retournons dormir un peu." Gu Fei embrassa la joue de Jiang Cheng dans l’ombre à l'abri des regards.

"D'accord." acquiesça Jiang Cheng, puis il tapota son ventre. "C'est pratiquement tout digéré... J'ai réalisé que je n'ai aucun contrôle sur moi-même quand il s'agit de manger de la viande."

"Alors mange, je ne t'en voudrai pas si tu prends du poids," dit Gu Fei.

"Je m'en voudrai à moi-même," répondit Jiang Cheng, puis il le regarda. "Je t'en voudrai à toi aussi, si tu prends du poids. Je te larguerai immédiatement. Nous, les salopes superficielles, sommes ainsi, froids comme ça."

"Hm, hm," rit Gu Fei. "Nous, les herbivores, ne prenons pas facilement du poids comme vous, les carnivores."

De retour à l'appartement, Jiang Cheng s'effondra sur le lit peu de temps après s'être lavé. Gu Fei s'assit sur le lit, et ils discutèrent pendant presque dix minutes avant que Jiang Cheng ne se taise. Gu Fei jeta un coup d'œil—le gars dormait déjà. Il baissa le doigt et appuya sur le bout du nez de Jiang Cheng, mais n'obtint aucune réponse. Jiang Cheng ne réagit même pas avec sa gifle réflexe habituelle lorsqu'on le touchait quand il dormait.

"Cheng-ge ?" appela Gu Fei. Pas de réaction.

"Dors alors." Gu Fei regarda l'heure sur son téléphone. "Je te donne... une heure."

Qui sait si Jiang Cheng l’a entendu dans ses rêves, ou peut-être n'avait-il pas encore commencé à rêver.

Gu Fei n'avait pas grand-chose à faire sur son téléphone. Il n'avait pas envie de jouer à des jeux quand Jiang Cheng n'était pas à ses côtés, et maintenant qu'il l'était, il n'avait toujours pas envie de jouer. Il voulait juste rester là, tranquillement.

Malgré tout, l'humeur de Jiang Cheng avait été affectée aujourd'hui. Il avait l'air un peu fatigué depuis avant le repas. Son ancien moi n'aurait pas non plus dormi en rentrant, mais aurait été tellement excité qu'il se serait pris pour un étalon conquérant, que ce soit en tant que celui qui baisait ou celui qui se faisait baiser.

Gu Fei ne s'attendait pas à ce que les choses se passent ainsi. Lui-même n'avait jamais anticipé la réaction de Gu Miao, il pouvait seulement imaginer ce que Jiang Cheng ressentait. Il y a seulement deux jours, Gu Miao avait essayé de tracer le nom de Jiang Cheng sur du papier. Elle avait peut-être rempli quatre pages entières et n'avait toujours pas réussi à l'apprendre, mais Gu Fei était certain qu'elle s'ennuyait beaucoup de Jiang Cheng.

Seulement, au moment où elle avait vu Jiang Cheng, son anxiété et son malaise avaient pris le dessus. Gu Fei connaissait trop bien sa posture raide et ses yeux froids.

"Attends de voir ce que Cheng-ge peut faire." Quand Jiang Cheng avait dit cela pour la première fois derrière son épaule, Gu Fei s’était senti touché, rempli de chaleur. Comme toujours, Jiang Cheng avançait courageusement droit devant, avec une résilience innocente qui semblait presque invincible.

Maintenant qu'ils s’étaient installés, cependant, Gu Fei sentait à nouveau une inquiétude sourde émerger. Cette conviction qui découlait de l'innocence était toujours quelque chose qu'il aimait chez Jiang Cheng, car c'était ce qu'il ne possédait pas lui-même. Parfois, il avait l'impression de n'avoir jamais été innocent. Et il se sentait troublé, précisément à cause de ce qu'il n'avait pas.

Peu importe à quel point il voulait être comme Jiang Cheng—sans peur et ne regardant que le chemin sous ses pieds—, il ne pouvait s'empêcher d'admettre à quel point c'était difficile pour lui. Il ne savait pas ce que Jiang Cheng pensait, ou "ce que Cheng-ge peut faire", mais il avait peur que Jiang Cheng prenne Gu Miao comme sa propre charge à porter. De cette façon, Jiang Cheng serait vraiment accablé.

Il voulait que Jiang Cheng profite de cette relation amoureuse, qu'il n'ait aucune réserve —comme Wang Xu ou Pan Zhi—pour agir comme d'autres personnes de leur âge le feraient dans une relation, la seule chose à penser étant la romance elle-même.

Peu importait que Jiang Cheng soit le fils de Li Baoguo, et qu'il soit né ici. Les presque vingt ans passés dans un environnement totalement différent avaient fait en sorte qu'il n'appartenait pas à cet endroit. Tout dans cet endroit, que ce soit en décomposition ou en floraison, triste ou heureux, n'avait jamais été censé avoir quoi que ce soit à voir avec lui. Pourtant, il avait été projeté ici.

Gu Fei savait mieux que quiconque comment Jiang Cheng avait traversé ces jours, du début désorienté et instable à la certitude à la fin.

La relation à distance est un mode de relation courant. Certaines personnes tiennent bon, et d'autres abandonnent—c'est tout à fait typique. Mais devoir supporter le fardeau de la famille de son petit ami tout en souffrant de la douleur du manque...

Gu Fei était encore dans les vapes lorsque la main de Jiang Cheng rampa sur son ventre. Cela le surprit. Quand il jeta un coup d'œil, il réalisa que Jiang Cheng n'était pas réellement réveillé, mais avait étendu sa main par simple habitude.

"Cheng-ge." Gu Fei pouvait être d'humeur un peu maussade, mais ce geste de Jiang Cheng était sans aucun doute très provocant pour quelqu'un qui avait été réprimé pendant la majeure partie d'un mois. Jiang Cheng était plongé dans un sommeil béat. Gu Fei ne chercha pas à baisser le ton de sa voix, mais Jiang Cheng enfonça simplement son visage plus profondément dans l'oreiller, puis cessa à nouveau de bouger.

Gu Fei hésita un moment avant de déplacer doucement la main de Jiang Cheng. Puis il sortit du lit et se dirigea vers la salle de bain pour récupérer les outils nécessaires au crime.

"Cheng-ge." Gu Fei enleva son t-shirt, se pencha sur le lit et regarda Jiang Cheng. "Le baiseur de chiens est sur le point de baiser le chien. Tu vas continuer à dormir ?"

Jiang Cheng fronça les sourcils et grogna doucement. Gu Fei rejeta la couverture et retira son pantalon d'un mouvement vif, puis se pencha.

"… Mmm ?" Jiang Cheng ouvrit les yeux d'un air endormi.

"Mmm." Gu Fei l'embrassa sur la joue, puis descendit sa main. Jiang Cheng pouvait encore être dans le brouillard du sommeil, mais il était à un âge où un jour d'absence semblait être trois automnes d'éloignement, et un repas manqué ressemblait à trois années de faim inassouvie.

La vitesse à laquelle le drapeau de Jiang Cheng se dressa était presque synchronisé avec la rapidité avec laquelle il se réveillait. Gu Fei pensa que la manière dont Jiang Cheng avait l'air à ce moment-là—étourdi mais de plus en plus excité—était incroyablement séduisante, de sa respiration jusqu'aux extrémités de ses cheveux.

Quand Gu Fei entra finalement en lui, ses mains se cramponnèrent au bas du dos de Jiang Cheng, et celui-ci laissa échapper un gémissement très bas et tendit la main pour attraper la jambe de Gu Fei. Gu Fei prit sa main et la maintint contre le lit.

*

"Ce lit va bientôt s'effondrer," déclara Jiang Cheng, en tenant l'oreiller. Sa respiration était lentement revenue à la normale. "Dis-moi la vérité, Gu Fei."

"Quoi ?" Gu Fei se leva du lit et tira la couverture sur le corps de Jiang Cheng. "Tu as amené quelqu'un d'autre ici pour un ébat, n'est-ce pas ?"

Le regard de Jiang Cheng se fixa sur lui du coin de l'œil. "Ce lit est pratiquement en train de s'effondrer. Il grince au moindre mouvement."

Gu Fei lui jeta un regard, mais ne dit rien.

"Écoute." Jiang Cheng leva les fesses et les abattit plusieurs fois. Le lit grinça. "Tu entends ça?"

"Ça a été comme ça depuis avant que tu partes," remarqua Gu Fei. "Pourquoi ne réfléchis-tu pas à la façon dont nous étions ensemble jour et nuit ?"

"Avant que je parte ?" Jiang Cheng y pensa et rit. "Merde, vraiment ? Je n'ai pas remarqué."

"Tu veux manger quelque chose ?" Gu Fei prit son téléphone. "Je vais commander un plat à emporter pour toi ?"

"Il y a encore des livraisons à cette heure-ci ?" demanda Jiang Cheng. "Il est presque minuit, non ?"

"Il n'est même pas encore 11 heures, quelques endroits sont encore ouverts pour la livraison," affirma Gu Fei. "Qu'est-ce que tu veux manger ?"

"Voyons voir…" Jiang Cheng se retourna dans le lit et ferma les yeux en évoquant des images. "Des ailes de poulet grillées—celles avec beaucoup, beaucoup de cumin."

"D'accord," acquiesça Gu Fei.

*

Les jours passés avec son petit ami étaient un pur bonheur—ils faisaient l'amour, mangeaient, puis dormaient. C'était débridé mais satisfaisant. Jiang Cheng ne se sentait même pas anxieux quand il voyait les photos que Zhao Ke publiait sur Moments WeChat de ses études à la bibliothèque.

Normalement, chaque fois que quelqu'un qu'il connaissait allait à la bibliothèque, il avait l'impression de gaspiller sa jeunesse s'il n'y allait pas. Mais en ce moment, la jeunesse passait du temps avec son petit ami.

Comme il l'avait promis, Gu Fei avait très bien planifié chaque jour de leur pause. Le thème principal, bien sûr, était les ébats amoureux. Cela était suivi par la nourriture et la boisson. Il n'y avait pas vraiment d'activités amusantes à faire ici, donc à part les tourtes à la viande chez Wang Xu ou les visites aux professeurs, tout le reste revenait pratiquement aux ébats amoureux.

Wang Xu avait bien perdu du poids, et sa mère en était très affectée. "Je ne me suis vraiment pas épuisé à force d'étudier."

Wang Xu ferma la porte de la salle privée et posa un panier de tourtes à la viande sur la table, puis servit de la soupe d'agneau pour chacun d'eux. "C'est tout à cause d'un amour non partagé."

"Pourquoi n'essaies-tu pas aussi l'étude, juste à côté. Ça ne prendra pas trop de temps, et ça impressionnera Yi Jing en prime," dit Jiang Cheng en prenant une grosse bouchée de tourte à la viande.

"Elle ne sera pas nécessairement impressionnée." Wang Xu désigna Gu Fei avec scepticisme. "Prends-le par exemple—nous sommes à peu près pareils, non ? Comment t'a-t-il impressionné, hein ?"

Ni Gu Fei ni Jiang Cheng ne répondirent. Ils le regardèrent silencieusement et d'un commun accord alors qu'ils mangeaient.

"Quoi ?" Wang Xu tenait toujours une tourte à la viande, mais n'osait même pas en prendre une bouchée. Il demanda avec prudence : "Ai-je tort ?"

"La différence fondamentale entre vous deux n'est pas vos notes. Si tu veux combler cet écart, tu as encore un long chemin à parcourir, et plus d'efforts à faire," finit par lâcher Jiang Cheng nonchalant. "Ne me dis pas que tu ne savais pas que Yi Jing aime… »

"D'accord, d'accord !" Wang Xu frappa sur la table et le coupa net. "J'ai compris. Arrête."

Gu Fei ne fit que sourire.

"Devrions-nous inviter Yi Jing à sortir pour se détendre ?" envisagea Jiang Cheng. "Ça fait un moment."

"Elle refusera de sortir, surtout quand tu es là," soupira Wang Xu. "Pour être honnête, si ce n'était toi, elle ne se serait peut-être pas autant démenée. Elle n'a pas décroché la première place une seule fois depuis que tu es arrivé ici."

Jiang Cheng mastiqua la tourte en silence.

"Il reste encore beaucoup de temps. Elle pourrait avoir une autre crise si elle reste aussi tendue," dit Gu Fei.

"Cette fois-ci, c'est un peu mieux," précisa Wang Xu. "Elle a appris de son expérience. Je pense que c'est plus qu'elle ne veut pas voir Jiang Cheng—elle est probablement un peu gênée. Ça ira après qu'elle soit acceptée dans une bonne école."

"Alors, peux-tu lui transmettre un message pour moi ?" demanda Jiang Cheng. "Dis-lui bonne chance, et que je lui offrirai un repas au restaurant quand elle sera acceptée."

"Bien sûr !" acquiesça Wang Xu, puis il s'arrêta pour le regarder.

"J’offrirai- un repas à tous les deux," corrigea Jiang Cheng.

"Oui oui oui !" Wang Xu hocha la tête plusieurs fois de plus.

Visiter les professeurs, sortir pour une réunion de classe, écouter tout le monde raconter avec enthousiasme leurs expériences récentes—cette série d'activités a pris toute une journée de leur pause. Jiang Cheng regrettait quelque peu la perte de temps de cette journée, mais malgré tout, il s'amusait. Un certain nombre de personnes se sont présentées pour la réunion. Hormis ceux qui étaient partis pour l'université et qui voulaient profiter de la pause pour voyager, presque tout le monde était présent.

Jiang Cheng avait toujours du mal à reconnaître ses camarades de classe, et après deux mois sans les voir, il eut soudain l'impression qu'il y avait quelques visages inconnus de plus dans la pièce.

Comme l'avait dit Lao-Xu, après le dîner d'adieu, il serait difficile de rassembler tout le monde au même endroit. Jiang Cheng regarda les visages souriants autour de lui. Après avoir commencé sa nouvelle vie, à revoir les personnes qui étaient témoins de sa dix-huitième année déconcertante, il se sentit soudain une montée d’affection envers elles. Les mois passeraient en un clin d'œil, sans parler de quelques jours à peine. C’est vers la mi-chemin des vacances, les gens commencent à s'inquiéter.

Après la réunion avec les enseignants et les camarades de classe, Jiang Cheng et Gu Fei se sont presque enfermés dans l'appartement. Ils discutaient, regardaient la télévision ou trouvaient un film à regarder ensemble au lit. Cependant tous les deux jours, Gu Fei devait quand même rentrer chez lui le soir. Il devait passer du temps avec Gu Miao pendant un moment, ne revenant que lorsqu'elle était profondément endormie, et retournant manger le petit déjeuner avec elle chaque matin.

Jiang Cheng ne l'accompagnait plus chez lui ou au magasin. Il était un peu blessé par la réaction de Gu Miao, mais en même temps, il ressentait aussi de la douleur pour elle. Si Gu Miao avait besoin de se protéger, alors il la laisserait faire. Après tout, il n'y avait pas de solutions immédiatement efficaces à l'heure actuelle qui la convaincraient de baisser sa garde.

Gu Fei envisageait de ramener Gu Miao à ce cours de rééducation. Jiang Cheng était d'accord que c'était la seule option viable à ce stade. Gu Fei avait moins de cours à suivre à son école et il n'avait plus besoin de s'occuper du magasin, donc le temps n'était pas un problème.

Seulement—bien que Gu Fei ne l'ait peut-être pas mentionné—Jiang Cheng savait que le coût était probablement élevé. Ce serait un fardeau pour une famille ordinaire, et Gu Fei n'était qu'un étudiant.

Le focus de Jiang Cheng s'est rapidement déplacé de la réaction de Gu Miao au coût du cours de rééducation. Il fit un calcul mental—s'il commençait à donner des cours particuliers dès son retour à l'école, combien d'argent pourrait-il économiser d'ici le Nouvel An.

"Allons sortir plus tard," Gu Fei interrompit son train de pensées. "Je veux t'acheter une veste chaude."

"Hein ?" Jiang Cheng le regarda. "J'ai des vêtements."

"Je sais. De nos jours, les vêtements ne s'usent pas vraiment non plus. Tu n'auras aucun problème à porter ceux que tu as jusqu'à la remise des diplômes," dit Gu Fei. "Je veux juste t'acheter des vêtements, c'est tout."

"D'accord," Jiang Cheng se mit à rire. "Prends-moi donc une parka. Je la porterai tout l'hiver."

"Allons-y alors."

"Et si on en prenait deux ? Style couple, qu'en penses-tu ?"  Jiang Cheng sortit du lit et poussa Gu Fei devant le miroir en pied pour qu'ils se tiennent côte à côte.

"D'accord," acquiesça Gu Fei.

Jiang Cheng sortit son téléphone et prit une photo de leur reflet. Les photos qu'il avait prises ces derniers jours occupaient pratiquement tout l'espace de stockage de son téléphone.

Depuis qu'il avait été emballé et expédié dans cet endroit, Jiang Cheng n'avait fait du shopping pour des vêtements qu'une seule fois. C'était lorsqu'il avait sauté par la fenêtre de Li Baoguo sans manteau, alors il était allé en acheter un. Il n'avait jamais acheté d’autre vêtements parce que, premièrement, il était trop paresseux pour se rendre au magasin et deuxièmement, il pensait que aucun des vêtements de cet endroit ne lui allait bien.

Mais maintenant, avec Gu Fei qui le promenait dans le centre commercial, il pensait soudain que tout était acceptable. Peu importe à quel point un vêtement particulier était laid, ce serait quand même quelque chose que son petit ami lui aurait acheté, sans parler du fait qu'il ferait partie d'un ensemble de couple. Même s'il était moche, au moins ils auraient l'air moches ensemble.

Le sens de la mode de Gu Fei était cependant impeccable. Il y avait quelques vestes qui ne semblaient pas grand-chose sur le portant, mais qui avaient l'air beaucoup mieux lorsqu'ils les essayèrent. À la fin, ils ont choisi une parka grise unie sans aucun embellissement supplémentaire, mais qui avait l'air plutôt belle une fois portée. Plus important encore, elle faisait paraître leurs jambes longues—un point de mérite très important aux yeux de Jiang Cheng.

Cependant, il fit immédiatement la moue après avoir regardé l'étiquette du prix. "Ça coûte cher."

"On n'achète pas ça tous les jours," dit Gu Fei. "Mais tu peux le porter tous les jours. Ça durera trois ans sans problème, et si tu répartis le coût par jour…"

"D'accord d'accord," rit Jiang Cheng. "C'est celle-ci."

Quand ils ramenèrent les nouveaux vêtements à l'appartement, il se sentit soudain un peu abattu à nouveau. Alors que Gu Fei faisait la valise pour lui, la remplissant de vêtements d'automne et d'hiver, il n'avait même plus l'énergie de parler. En fixant le dos de Gu Fei, il commença à rêvasser.

Quel genre de pause de merde était-ce ? Elle était pratiquement finie avant même d'avoir commencé. Une fois parti cette fois-ci, il n'y aurait plus de pause jusqu'au Nouvel An lunaire. Octobre, novembre, décembre, janvier…

Quand est le Nouvel An lunaire cette année ? Quand commencent les vacances d'hiver ?

"Ne t'inquiète pas pour demain matin—je te réveillerai quand il sera temps de te lever," dit Gu Fei en poussant les vêtements dans la valise. "Je t'apporterai aussi le petit déjeuner, après avoir vérifié Gu Miao chez moi. Qu'est-ce que tu voudras manger ?"

"Mhm," répondit Jiang Cheng.

Gu Fei se retourna et le regarda. "Je te demande, qu'est-ce que tu veux manger pour le petit déjeuner ?"

"Mhm." Jiang Cheng hocha la tête.

"Je t'ai bousillé le cerveau ?" demanda Gu Fei.

"Ah." Jiang Cheng hocha de nouveau la tête.

"Jiang Cheng !" s’écria Gu Fei.

"Oy !" Jiang Cheng fut tellement surpris qu'il bondit légèrement de son perchoir sur le bord du lit. Il regarda fixement Gu Fei. "Quoi !"

"Que veux-tu manger demain pour le petit déjeuner ?" demanda Gu Fei avec un sourire.

Jiang Cheng y réfléchit brièvement. "Des vermicelles au bœuf."

"D'accord, je vais en commander à emporter." Gu Fei tendit la main et caressa la jambe de Jiang Cheng. "Ce ne sont que quelques mois—pas si longs que ça. On n'a qu'à allumer le téléphone pour se voir."

"Mhm." Jiang Cheng lui offrit un sourire crispé.

C'est vrai. Seulement quelques mois. Ce ne sont que quelques mois.

Si on comptait par mois, lui et Gu Fei étaient ensemble depuis seulement quelques "quelques mois", mais cela semblait déjà une éternité. C'était seulement parce qu'ils étaient ensemble depuis si longtemps qu'il ne pouvait supporter même un moment de séparation.

Dans cette logique, quelques mois... C'était très long.

Presque par habitude, le genre d'habitude qui se forme après seulement quelques occurrences, aucun d'entre eux n'arriva à s'endormir la nuit précédant le départ de Jiang Cheng. Il ne leur restait que quelques heures, ce serait dommage de les passer à dormir.

Les yeux ouverts tout le temps, même sans parler, au moins ils savaient que l'autre était juste là à côté.

Ils se tinrent la main toute la nuit, avec le bras pressé contre le bras, capables de tenir l'autre avec juste un léger mouvement sur le côté.

Quand le soleil se leva, l'alarme du téléphone de Gu Fei retentit. "Chirp."

Jiang Cheng éclata de rire. "Quel est l'intérêt d'une alarme comme ça ?"

"L'important c'est que je puisse l'entendre," se défendit Gu Fei. "J'étais surtout inquiet de te réveiller, mais je ne pensais pas que tu resterais éveillé toute la nuit."

"Comment aurais-je pu m'endormir ?" Jiang Cheng se retourna, passa ses bras autour de Gu Fei et frotta contre lui. "Tu rentres à la maison maintenant ?"

"Ouais," dit Gu Fei. "Tu devrais dormir un peu. Je vais rentrer chez moi puis aller chercher les vermicelles au bœuf—ça prendra environ une demi-heure. Je te réveillerai quand je serai de retour."

"Je vais venir avec toi." Jiang Cheng se redressa.

"Hein ?" Gu Fei cligna des yeux.

"Er-Miao n'est pas contente de me voir, alors je ne monterai pas. Je t'attendrai dehors devant ton immeuble," proposa Jiang Cheng. "Ensuite, on pourra aller manger des vermicelles ensemble. Pas besoin de commander à emporter."

"... D'accord." Gu Fei se pencha et l'embrassa sur la joue.

Jiang Cheng compta littéralement les secondes pendant les 2-3 heures avant l'heure de son train. Comparé à quand il était parti pour l'inscription la dernière fois, ce départ après une courte période ensemble rendait la séparation encore plus difficile.

C'était pareil pour Gu Fei. Après avoir passé un peu de temps avec Gu Miao pendant le petit déjeuner, il dévala littéralement les escaliers. Juste au moment où il sortait de la cage d'escalier, il trébucha sur quelque chose et tituba jusqu'à ce que Jiang Cheng se précipite et l'arrête.

"Bordel," rigola Gu Fei. "C'est probablement la première fois de ma vie que je m'embarrasse comme ça. Si tu ne m'avais pas arrêté, j'aurais probablement foncé dans la rue et fait une roulade."

Jiang Cheng avait commencé à rire dès que Gu Fei avait trébuché, et maintenant ses joues étaient douloureuses. "Et dire que c'est le Mini Tyran de l’Aciérie."

"D'accord, allez," rit Gu Fei. "Allons manger des vermicelles au bœuf." Les nouilles étaient au même prix exorbitant. Jiang Cheng paya l'addition et ajouta cinq yuans de bœuf supplémentaire pour chacun.

"J'ai l'impression qu'aucun bol de vermicelles à 800 yuans ne pourra apaiser ma colère," grogna Jiang Cheng en mangeant. "Un de ces jours, je vais prendre le contrôle de cet endroit et en faire une boutique de tourtes à la viande !"

"Tu as mon soutien," lui répondit Gu Fei en levant le pouce.

Après le petit déjeuner, ils sont retournés chercher la valise de Jiang Cheng, puis ont pris un taxi pour la gare. Ils ont synchronisé leur arrivée presque à la minute près, pour éviter les adieux déchirants à la porte.

"Je vais juste entrer," dit Jiang Cheng. "Tu devrais rentrer et dormir. Je vais aussi dormir dans le train."

"Mhm," acquiesça Gu Fei. "Préviens-moi quand tu seras à l'intérieur."

Comparé à la dernière fois où ils s’étaient dit au revoir, ils étaient beaucoup plus rodés cette fois-ci. Mais contrairement à quand il a vu Gu Fei partir à la gare auparavant, Jiang Cheng n'a pas évoqué le sujet de se retourner cette fois-ci—il est simplement passé à reculons à travers le portail.

À travers le portail. Dans le train. S’assoir. Envoyer un SMS à Gu Fei.

Jiang Cheng a fait de son mieux pour se calmer. Il devait rapidement s'habituer à ce genre de retrouvailles et de séparations. C'était une scène qui se répéterait encore et encore dans un avenir prévisible.

Alors que le train commençait à s’ébranler, il reçut un message de Pan Zhi.

– Le train est parti maintenant, non ?

– Oui, juste au bon moment

– Pas de conneries, je suis une personne d'une moralité irréprochable, et je ne vais pas interférer avec les amoureux qui se disent au revoir. Je viendrai te chercher plus tard

– Rien à faire aujourd'hui, hein ?

– Grand-père ! l'école recommence demain ! si on ne se voit pas aujourd'hui, j'ai l'impression que tu vas vraiment me tenir à l'écart jusqu'au Nouvel An !

Jiang Cheng éclata de rire en lisant son téléphone.

– Non, je ne le ferai pas, puis-je te réserver pour dimanche prochain matin ? Viens avec moi à l'hôpital

– Pour avorter ?

– Tais-toi, je veux consulter un psychiatre pour demander des informations sur l'état de Gu Miao

– Bien sûr, j'ai le temps, quel petit ami modèle tu es !

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

 

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