SAYE - Chapitre 109 -  Il n'y aura jamais de deuxième Gu Fei.

 

Jiang Cheng pensait que ses mains étaient chaudes, mais lorsque Gu Fei ferma les yeux et qu'une très petite goutte de larme tomba du coin de ses yeux sur son bout de doigt, il sentit quand même sa chaleur.

C'était une chaleur minuscule qui portait en elle les émotions de Gu Fei.

Jiang Cheng avait l'impression que quelqu'un avait saisi son cœur et l'avait serré. Il battait de douleur.

Il ne dit pas un mot, et ne savait pas non plus quoi dire d'autre. Gu Fei ne laissait jamais ses émotions transparaître. Même devant Jiang Cheng, il se contrôlerait autant que possible.

C'était la deuxième fois.

La première fois, Jiang Cheng avait vu Gu Fei au fond d'une rivière sombre. Ses yeux étaient fermés.

La deuxième fois, il voyait Gu Fei terrassé par la séparation imminente et la douleur ardente, tout comme lui.

Jiang Cheng n'avait rien d'autre à dire. S'il ouvrait la bouche, il se transformerait sûrement en une flaque de larmes avec Gu Fei.

Il ne pouvait pas pleurer maintenant. Il ne pouvait pas ajouter au poids de la peine de Gu Fei. Il voulait juste tenir Gu Fei. Lui faire sentir son existence, vive et chaleureuse dans ses bras.

C'était ce qu'il voulait à cet instant – avoir le poids solide de Gu Fei dans ses propres bras.

C’était très calme dans la salle de bain. Le seul bruit qu’on pouvait percevoir était le léger vrombissement du ventilateur.

Les larmes de Gu Fei ne faisaient aucun bruit, mais son cœur battait. Jiang Cheng ne savait pas si le battement de cœur était réel ou juste une partie de son imagination. Il ne pouvait pas non plus dire si le battement de cœur appartenait à Gu Fei ou à lui-même.

Il ferma les yeux et serra Gu Fei contre lui, agrippant fermement ses vêtements, comme s'il essayait de retenir le temps lui-même, pour qu’il s’écoule plus lentement.

Chaque minute et chaque seconde.

Le temps était une chose très ennuyeuse.

Vif, mais cruel.

Après un moment, Gu Fei baissa la tête et se blottit contre l'épaule de Jiang Cheng. "Je vais bien maintenant. Tu veux prendre une douche ? Ou manger d'abord et puis prendre une douche en rentrant?"

"Hein ?" Jiang Cheng n'avait pas encore apaisé l'angoisse qui agitait son cœur. Encore une fois, le contrôle des émotions de Gu Fei était de niveau divin.

Gu Fei tapotait déjà son épaule à nouveau. "Veux-tu prendre une douche tout de suite ?"

"Je vais juste me laver le visage pour l'instant." Jiang Cheng renifla, "et prendre une douche quand nous reviendrons. De toute façon, je ne peux pas dormir si je ne me douche pas avant d'aller au lit."

"D'accord." Gu Fei le lâcha, puis se retourna et ouvrit le robinet.

Gu Fei se versa de l'eau sur le visage, et lorsqu'il s'essuya et se retourna, il était déjà de retour à la normale.

"Veux-tu prendre une douche ?" demanda Jiang Cheng.

"Non, prenons une douche ensemble ce soir," proposa Gu Fei en souriant. "Un bain de couple."

Jiang Cheng fit ‘tss’ et rit. "Tu es la personne la plus impudente que j'aie jamais rencontrée de ma vie."


"Qu'entends-tu par 'jamais' ?" dit Gu Fei. "Tu rencontreras plein de gens dans le futur ; plein de 'le plus éhonté'."

"Tu es le plus," Jiang Cheng le poussa légèrement et dit en se lavant le visage. "Le plus beau ; le plus intelligent ; le plus cool ; le plus adorable ; le plus talentueux, et... celui de qui j'ai le plus de mal à me séparer."

"Alors je ne peux dire que ‘putain d'hommes’," dit Gu Fei.

"Putain quoi ?" L'esprit de Jiang Cheng était encore un peu embrumé et ne comprenait pas tout à fait.

"Toi bien sûr," précisa Gu Fei en riant, puis il sortit.

"Va te faire foutre !" Il comprit enfin. "D'accord si tu veux baiser mais des hommes ?! Quels hommes !"

Gu Fei ne pouvait pas arrêter de rire. Il se dirigea vers la fenêtre et sortit une cigarette pour la tenir entre ses lèvres.

Il se demandait quelle heure il était, mais était trop paresseux pour sortir son téléphone et vérifier. Cependant, il faisait déjà sombre dehors.

En levant les yeux, il pouvait voir les contours vagues du ciel nocturne, et en baissant les yeux, un éclat de lumières remplissait sa vue. Il y avait des champs de lumière constitués de bâtiments individuels et de néons scintillants, à la fois proches et lointains.

"Qu'est-ce que tu regardes ?" Jiang Cheng se dirigea vers lui.

"La grande métropole animée," dit Gu Fei.

"Ouais, c'est la capitale après tout," remarqua Jiang Cheng. "Si c'était le quartier des aciéries, il serait probablement complètement noir à cette heure."

"Uh huh." Gu Fei sourit. "Même les réverbères ne seraient pas allumés."

"Es-tu déjà venu ici, quand tu sortais et voyageais tout seul ?" demanda Jiang Cheng.

"Non." Gu Fei secoua la tête. "Si ce n'était à cause de toi, je ne serais peut-être jamais venu ici."

"Que veux-tu dire par ‘jamais’," Jiang Cheng copia ce que Gu Fei avait dit plus tôt. "Nous irons dans de nombreux autres endroits comme ça à l'avenir : grandes villes ; petites villes ; sur la montagne ; au bord de la mer ; de l'autre côté de la montagne et de l'autre côté de la mer…"

D'un coup et à mi-chemin de sa phrase, les paroles de Jiang Cheng firent une transition inexplicablement fluide vers une chanson.

"… vit un groupe de schtroumpfs bleus…" Gu Fei continua la ligne même en riant. (NT : Ils chantent la version chinoise du générique des Stroumpfs.  https://youtu.be/YX7Y63zOP5s)

Ils finirent de se changer et se préparèrent pour aller dîner.

Jiang Cheng alla frapper à la porte de la chambre de Pan Zhi à côté, mais il n'y eut pas de réponse.

"Il n'est certainement plus dans sa chambre à ce stade," remarqua Gu Fei. "Je parie qu'il est dans le hall en train d'attendre pour nous engueuler."

"Quelle heure est-il ?" demanda Jiang Cheng.

"J'ai peur de regarder mon téléphone," répondit Gu Fei. "Je pense que la réservation de Pan Zhi est probablement annulée. Comment allons-nous lui faire face ?"

"Tsk, tête haute et honnêtement," répliqua Jiang Cheng.

*

Pan Zhi était assis dans le hall, en train de jouer sur son téléphone dans un ennui absolu. Quand les deux arrivèrent, il se prenait en selfie comme s'il était le seul dans la pièce.

"Salut beau gosse," l’interpela Jiang Cheng.


“Merde.” Pan Zhi se leva avec une expression de soulagement, qui se transforma ensuite en une expression plus insaisissable. "D'accord, bon d'accord, est-ce que vous n'en faites pas un peu trop pour profiter de chaque minute et chaque seconde ? Vous avez encore une longue nuit devant vous après le dîner. Mais vous deviez juste précipiter les choses maintenant ?"

"Que veux-tu dire ?" Jiang Cheng était confus.

"Les préservatifs dans les chambres d'hôtel sont tellement surévalués," dit Pan Zhi en sortant son téléphone et en commençant à composer un numéro. "Vous ne vous sentez pas arnaqués ? Ne serait-il pas mieux d'acheter une boîte après le dîner..."

"Quoi ?" Jiang Cheng se tourna vers Gu Fei avec une expression stupéfaite.

"Tête haute et honnêtement," lui rappela Gu Fei.

"Tête haute, ton cul honnête." Jiang Cheng se retourna vers Pan Zhi. "Nous n'avons pas..."

"Allô ?" L'appel de Pan Zhi se connecta. "J'ai réservé une table aujourd'hui... oui pour Pan An ! Je... ne l'annulez pas ! Que voulez-vous dire par c’est annulé, je suis en route maintenant ! J'ai même appelé plus tôt pour que vous teniez la table !"

"Mon image est complètement ruinée," dit Jiang Cheng.

"Pourquoi as-tu besoin de maintenir une image devant ton propre petit-fils ?" Gu Fei rit en passant un bras autour des épaules de Jiang Cheng.

"Jiejie !" Pan Zhi, qui il y a un moment était assertivement bruyant, changea soudain de ton. "Jiejie, ne l'annule pas, d'accord ? Je te promets que je viens. J'arrive dans dix minutes, vraiment. S'il te plaît, aide-moi, demande à l'autre groupe d'attendre une autre table. J'ai des invités ici—des invités très importants. Cela a à voir avec mon honneur..."

Jiang Cheng et Gu Fei se tenaient devant l'hôtel, regardant le flot de circulation passer, et attendant que Pan Zhi renverse la situation concernant la réservation annulée qui devait aller à un groupe de dîneurs déjà au restaurant.

Deux minutes plus tard, Pan Zhi leur fit signe. "Dépêchez-vous, allons-y. C'est juste là-bas."

"Ils nous réservent la table ?" demanda Jiang Cheng.

"Pendant dix minutes," corrigea Pan Zhi. "Vous mettez vraiment mes compétences sociales à l'épreuve."

"Nous..." Jiang Cheng voulait dire qu'ils n'avaient vraiment pas utilisé les préservatifs dans la chambre d'hôtel, mais après réflexion, il ne trouva pas de moyen d'expliquer pourquoi ils avaient mis autant de temps, alors il ne continua pas.

"Attendez-moi une seconde." Pan Zhi courut soudain dans une boutique de fleurs à proximité.

Quand il revint, c'était avec une tige de rose magnifiquement emballée dans sa main.

"Pourquoi ça ?" demanda Jiang Cheng en le regardant.

"Ce n'est pas pour vous deux," précisa Pan Zhi.

"Je ne le voudrais même pas si tu te mettais à genoux et me suppliais de le prendre," répliqua Jiang Cheng.

"Même pas si tu faisais la révérence," ajouta Gu Fei.

"Pourquoi quelqu'un d'aussi plein de principes et moral que moi se mettrait-il jamais à genoux et te supplierait !" déclara Pan Zhi avant de jeter un regard noir à Gu Fei. "Vous deux, vous êtes vraiment assortis !"

Le restaurant n'était pas trop loin. C'était un restaurant de cuisine du Sichuan, et les affaires étaient en plein essor. Pas étonnant qu'ils annulent la réservation une fois le temps écoulé. C'était rare pour un tel hotspot d'accepter des réservations du tout.

"Bonjour, pour combien de personnes ?" demanda l'hôte avec un sourire.

"J'ai une réservation, au nom de Pan," dit Pan Zhi.

"Ah, M. Pan—votre table est au deuxième étage. Si vous voulez bien me suivre..." L'hôte n'eut pas le temps de finir avant que Pan Zhi n'intervienne.

"Qui est la personne qui a répondu à mon appel tout à l'heure ?" demanda Pan Zhi.

"C'est notre réceptionniste à la réception." L'hôte pointa du doigt sur le côté.

"Celle au téléphone là-bas ?" Pan Zhi jeta un coup d'œil dans cette direction.

"Oui." L'hôte hocha la tête.

"Vous deux montez d'abord," Pan Zhi se tourna vers Jiang Cheng, "je prends juste une minute."

"Toi…" Jiang Cheng jeta un coup d'œil au comptoir. La jeune femme qui était actuellement au téléphone avait l'air plutôt jolie. Jiang Cheng soupira et se tourna vers l'hôte. "Deuxième étage, n'est-ce pas ?"

"Oui. Deuxième étage, table 35. Il y aura un serveur au deuxième étage pour vous conduire à votre table," indiqua l'hôte.

En montant les escaliers, Jiang Cheng tourna à nouveau la tête pour regarder. Pan Zhi était déjà au comptoir, tendant la rose dans sa main vers la jeune femme qui avait répondu à son appel plus tôt. La jeune femme cligna des yeux de surprise, mais après que Pan Zhi lui eut dit quelque chose, elle se mit soudain à sourire timidement.

"Est-ce qu'il est toujours comme ça ?" Gu Fei regardait aussi dans cette direction. "Comme s'il avait tout prévu."

"Uh huh," Jiang Cheng éclata de rire, "il est comme ça depuis le collège—extrêmement sans gêne."

"Ne lui apprends pas plus," dit Gu Fei très sérieusement.

"Ce n'est pas quelque chose à apprendre," répondit aussi sérieusement Jiang Cheng. "Ce genre de capacité est innée et vient du ventre. Il a connu un chagrin d'amour dès la maternelle."

Gu Fei rit. "Putain."

Pan Zhi monta enfin les escaliers après avoir ajouté la jeune femme comme contact WeChat, et s'assit en face d'eux. "Vous avez commandé ?"

"On attend que tu commandes," dit Jiang Cheng. "On ne connaît pas cet endroit."

"Tu as vu cette fille tout à l'heure ?" Pan Zhi parcourut le menu. "Vraiment mignonne. Et la façon dont elle parle aussi, tout en staccato." (NT : avec des espaces entre les mots)

Ni Jiang Cheng ni Gu Fei ne dirent quoi que ce soit. Ils le regardèrent simplement ensemble.

"D'accord, c'était une fille," dit Pan Zhi.

"Je n'ai pas non plus l'habitude de fixer les gars partout où je vais." Jiang Cheng prit une gorgée de son thé.

"D'accord, je sais que vous êtes tous les deux hyper concentrés l'un sur l'autre," soupira Pan Zhi. "Mais ça vient seulement après la première rencontre. Si je ne regarde pas autour de moi, comment vais-je rencontrer la personne sur laquelle je veux me concentrer, n'est-ce pas ?"

"Logique parfaite, je ne peux même pas réfuter ça." Jiang Cheng rit.

"Est-ce que je me trompe ? Prends-Gu Fei par exemple." Pan Zhi désigna Gu Fei. "À quelle distance as-tu dû aller, juste pour le rencontrer."

Jiang Cheng jeta un coup d'œil à Gu Fei et ne répondit pas.

"Bien que," Pan Zhi fit signe au serveur de venir pour commander, "j'ai un avantage sur vous pour l'instant : je n'ai pas à ressentir l'angoisse de la séparation. Si je ne suis pas sérieux, alors je ne serai pas contrarié. Il vaut mieux juste profiter d'abord."

"Ce n'est pas à toi de décider quand et si tu vas devenir sérieux," précisa Gu Fei.

Pan Zhi le scruta. "Tu me regardes de haut ?"

"J'attends de voir." Gu Fei regarda Pan Zhi à travers un cercle qu'il avait fait avec ses doigts.

Jiang Cheng ne savait pas quand Pan Zhi se sentirait contrarié, mais il savait qu'il était déjà contrarié depuis longtemps—d'un léger malaise, à un évitement intentionnel, à des vagues de panique quand il ne pouvait plus se cacher de la réalité, jusqu'à présent. Il ne voulait même pas jeter un coup d'œil à l'heure sur son téléphone, ne voulait pas voir de ses propres yeux comment le temps emportait peu à peu les moments partagés qu'il avait avec Gu Fei.

Après le dîner, et après être rentrés dans leur chambre et avoir pris une douche, ils se sont assis tous les deux sur le lit et ont regardé la télévision. La plupart du temps s'est écoulé en silence, avec quelques échanges occasionnels sur des sujets sans rapport. Quand enfin Gu Fei a éteint la télévision et les lumières, Jiang Cheng s'est allongé et s'est enveloppé autour de Gu Fei, avec une jambe sur le corps de l'autre, et a fermé les yeux.

Peut-être à cause de leur nuit sans sommeil partagée la veille, ils se sont endormis rapidement dès que les lumières se sont éteintes. Jiang Cheng était même un peu contrarié quand il ouvrit les yeux le matin. Il avait presque l'impression d'avoir gaspillé la nuit.

"Pan Zhi a dit qu'il y a le petit déjeuner. Ils peuvent l'apporter en chambre," dit Gu Fei. "Veux-tu manger maintenant ? Si oui, j'appellerai le service en chambre pour le monter."

"Mhm." Jiang Cheng s'est blotti contre Gu Fei et s'est collé à lui.

"Après le petit déjeuner, c'est juste à temps pour ton inscription. Nous pouvons y aller à pied," proposa Gu Fei à nouveau.

"Uh huh," lâcha Jiang Cheng les yeux fermés.

L'hôtel était très proche de l'école. Pan Zhi ne les accompagna pas à l'inscription. Il retourna à sa propre école après avoir vérifié, et dit gentiment avant de partir : "Ton train est demain matin, n'est-ce pas Gu Fei ? L'entrée du métro est juste là—tu peux prendre le métro."

"D'accord." acquiesça Gu Fei.

"Je ne viendrai pas te dire au revoir alors," précisa Pan Zhi. "Et vous deux, essayez de ne pas être trop... vous savez. Il reste moins d'un mois jusqu'aux prochaines vacances."

"Dépêche-toi et pars," ordonna Jiang Cheng.

"Sale gosse," réagit Pan Zhi.

Jiang Cheng rit : "Va déjà, second rôle masculin,"

Après le départ de Pan Zhi, Jiang Cheng laissa échapper un petit soupir. Son esprit était rempli de l'idée que Gu Fei partait "après-demain". Les mots "demain matin" venant de la bouche de Pan Zhi ont fait trembler son cœur.

Ce ne serait pas après-demain, mais demain. Dès demain matin, en fait. À partir du lendemain matin, il serait seul. Dans cette ville étrange et parmi une foule étrange.

Jiang Cheng ne parlait pas beaucoup. Pendant ce temps, Gu Fei ne trouvait rien à dire non plus, et opta donc pour le silence. Ils marchaient dans la rue, et il ne leur fallut pas longtemps pour arriver à l'Université R. Soudain, Gu Fei se sentit un peu anxieux—un sentiment dérangeant qu'il n'appartenait pas à cet endroit.

Il ressentait cela très rarement, mais à ce moment précis, il l'éprouva avec une netteté aiguë. Il y avait beaucoup de nouveaux étudiants et de parents autour d'eux. La joie et la fierté étaient écrites sur chacun de leurs visages. Ils étaient comme Jiang Cheng—des étudiants sur-performants de diverses sortes.

Gu Fei jeta un coup d'œil à Jiang Cheng, dont le visage était très calme. Il doit ressentir des choses très différentes de ce que je ressens en ce moment, pensa Gu Fei. C'était l'endroit où Jiang Cheng commencerait sa nouvelle vie—dans un programme d'élite de l'une des meilleures universités.

Jiang Cheng était sa fierté, mais aussi la source d'un sentiment persistant de panique qui commençait à émerger en lui.

"Allons là-bas et demandons comment fonctionne l'inscription," dit Jiang Cheng.

"D'accord," acquiesça Gu Fei et il le suivit à travers la foule. C'était animé et vivant devant le bâtiment de l'école de droit. Des tables étaient installées sous un cercle de parasols temporaires, où de nombreux bénévoles répondaient aux questions des nouveaux étudiants. À côté d'eux se trouvaient diverses affiches et panneaux d'affichage pour accueillir les nouveaux étudiants, dont beaucoup prenaient des photos devant les présentoirs.

 Gu Fei ne se pressa pas vers l'avant des tables avec Jiang Cheng. Au lieu de cela, il se tint au bord de la foule et observa. Très rapidement, l'une des filles mena Jiang Cheng à une table voisine. Jiang Cheng regarda dans la direction de Gu Fei alors qu'il s'éloignait, et Gu Fei lui fit signe de la main. Jiang Cheng lui fit un petit signe de la main en retour, l'invitant à le rejoindre.

"C'est ici que tu t'inscris ?" Gu Fei marcha jusqu'à lui.

"Oui," acquiesça Jiang Cheng. "Il y a beaucoup de choses à préparer cependant. Je dois leur montrer ma pièce d'identité, ma lettre d'acceptation, ma carte d'examen… Ensuite, je dois récupérer mon bon de passage et l'utiliser pour le reste des formalités."

"Mhm," répondit Gu Fei en regardant autour des personnes à côté d'eux.

"Ne t'éloigne pas trop de moi," dit Jiang Cheng doucement en sortant des documents de son sac. "Pas à plus de cinq pas."

"Qu'est-ce qui ne va pas ?" Gu Fei lui sourit.

"Rien," dit Jiang Cheng. "Je me sens juste plus tranquille quand je peux te voir."

"D'accord," dit Gu Fei en pressant l'épaule de Jiang Cheng.

Jiang Cheng se tourna et continua son processus d'inscription tandis que Gu Fei se tenait derrière lui et observait. Chaque fois que Jiang Cheng bougeait, Gu Fei le suivait. Que ce soit pour vérifier ses informations, s'inscrire, ou payer ses frais de scolarité, tout s'est déroulé assez rapidement et sans douleur avec l'aide des bénévoles.

Lorsque tout fut terminé, Jiang Cheng s'approcha de Gu Fei avec un tas de choses dans les bras et dit : "Tiens ça un instant."

Il y avait des reçus, la carte de passe du campus, la carte d'identité étudiante, le blason de l'école… et quelques invitations de clubs du campus ainsi que des cartes promotionnelles des autres collèges. IL y avait beaucoup de choses. Gu Fei mit tout cela dans un compartiment séparé du sac de Jiang Cheng. "Et maintenant ?"

"Direction le dortoir. Ma chambre est au premier étage, ce qui est bien—je n'aurai plus à monter d'escaliers." Jiang Cheng sourit. "Un étudiant de dernière année va nous y emmener dans un instant."

"Puis-je venir ?" demanda Gu Fei. "Bien sûr. Normalement, nous devrions utiliser le passe, mais cette semaine il y a beaucoup de parents, donc tout le monde est autorisé à entrer." Jiang Cheng le regarda. "Hé, tu es mon parent."

Gu Fei ne dit rien, se contenta seulement de sourire. Un des étudiants de dernière année qui devait être aussi bénévole s'approcha d'eux, accompagné de quelques autres étudiants et de leurs parents.

"Jiang Cheng," l'appela le senior, "allons-y. Je vais te conduire à ton dortoir."

"D'accord," répondit Jiang Cheng.

Les autres gars étaient tous des étudiants du même programme que lui. Ils ont commencé à discuter facilement en chemin, avec des brise-glaces communs tels que d'où chacun venait et quel score ils avaient obtenu. Jiang Cheng n'était pas très porté sur la conversation futile, mais les autres parlaient à tout-va.

"Oh, hé," dit l'un des gars en regardant Gu Fei, "présentons-nous. Je m'appelle Zhang Ping, et toi ? D'où viens-tu ?"

Gu Fei se sentit soudain un peu gêné : "Je... ne suis pas un nouvel étudiant",

"Ton aîné ?" continua à demander Zhang Ping.

"Mon ami," précisa Jiang Cheng. "Il est venu avec moi."

"Oh, ton ami," acquiesça Zhang Ping avec un sourire, puis il demanda de nouveau : "Dans quelle école vas-tu ?"

Gu Fei ne savait pas trop comment répondre à cette question. Il n'avait aucun problème à dire le nom de son école à qui que ce soit, mais dans ce groupe d'étudiants de l'Université R, seul Jiang Cheng reconnaîtrait le nom de l'École Normale où il allait.

Il se sentit soudain perdu quant à la façon de gérer ce genre de situation.

"Une École Normale dans notre ville natale," répondit Jiang Cheng. "Il est venu jusqu'ici juste pour me tenir compagnie."

"Ah, c'est une amitié solide, ça," fit Zhang Ping.

Jiang Cheng hocha la tête avec un sourire et ralentit ses pas jusqu'à ce qu'il marche avec Gu Fei à l'arrière du groupe.

Le senior les emmena jusqu'au bâtiment du dortoir et aida chacun à trouver sa chambre avant de partir.

Tous deux entrèrent dans le dortoir de Jiang Cheng. Apparemment, ce bâtiment faisait partie de ceux avec les meilleures installations, et cela se vérifia sur palce. Tous les lits étaient superposés, avec un bureau en dessous, et il y en avait quatre par chambre.

Quelqu'un était déjà arrivé dans leur chambre : un jeune homme et ses parents étaient en train de nettoyer les bureaux.

"Salut," les salua Jiang Cheng, "je suis Jiang Cheng."

"Zhao Ke," répondit le gars en se tournant et en pointant un lit près de la fenêtre. "Ton lit est là-bas, je l'ai déjà nettoyé pour toi."

"Oh, merci," dit Jiang Cheng.

"De rien," répondit Zhao Ke avant de diriger son regard vers Gu Fei.

"Je suis son ami," dit Gu Fei.

"Oh," acquiesça Zhao Ke, puis il dit à ses parents : "J’ai dit que je viendrais seul. Vous voyez, les autres n'ont pas leurs parents avec eux."

"Nous considérons juste cela comme une escapade," dit sa mère. "Soyez sages, d'accord ? Vous serez dans le même dortoir à partir de maintenant, donc veuillez prendre soin les uns des autres. S'il y a des problèmes, ne vous frappez pas, contentez-vous de régler ça verbalement."

"... D'accord," répondit Jiang Cheng.

"Où sont tes affaires ?" demanda Zhao Ke.

"Je ne déménagerai pas avant demain. J’apporterai tout alors," dit Jiang Cheng.

"Oh," dit Zhao Ke avant de retourner nettoyer les bureaux.

Après avoir regardé autour de la pièce, Gu Fei accompagna Jiang Cheng pour explorer les environs du bâtiment du dortoir, et se familiariser avec les lieux.

"Il y a un supermarché", dit Jiang Cheng. "Ce sera pratique pour acheter de la nourriture."

"Ouais," sourit Gu Fei. "Ta première réaction concerne la nourriture ? Ce n'est pas comme s'ils vendaient de la bonne poitrine de porc là-bas."


“Ne mentionne pas la bonne poitrine de porc, j'ai faim…” Jiang Cheng appuya sur son estomac. “Allez, trouvons quelque chose à manger.”

“Tu ne veux pas te promener un peu plus sur le campus ?” demanda Gu Fei.

“Je peux le faire plus tard. Beaucoup de temps pour ça, des années même,” dit Jiang Cheng.

Gu Fei acquiesça. “Ouais.”

En marchant dans la direction de la porte principale, Jiang Cheng regarda autour d'eux. Gu Fei pouvait voir que même si Jiang Cheng n'était pas de très bonne humeur, il était toujours excité et curieux à propos de ce campus universitaire tant attendu.

Gu Fei regardait aussi. C'était l'endroit où Jiang Cheng passerait de nombreuses années. Chaque coup d'œil, chaque image qu'il gravait dans son esprit, rendrait son imagination future de la vie universitaire de Jiang Cheng encore plus réelle. Cependant, à chaque détail qu'il absorbait, cela augmentait également la panique tapie dans son cœur.

Différent.

Ce genre de différence pratique, montrée juste devant ses yeux, était beaucoup plus évidente que tout ce qu'il avait imaginé auparavant. C'était dans la hauteur exhibée par les bâtiments pas très esthétiques mais clairement vieillis du campus, et dans la confiance innée dégagée si naturellement par les étudiants de dernière année qui se promenaient.

Gu Fei était d'humeur morose depuis l'inscription plus tôt. Jiang Cheng pouvait le ressentir avec acuité dans ses sourires qui s'amenuisaient et son silence grandissant. Cela aurait pu être dû à leur séparation imminente, ou peut-être…

Jiang Cheng regretta soudain d'avoir fait venir Gu Fei avec lui jusqu'ici. Toute réaction de Gu Fei lui déchirait le cœur.

Il jeta un coup d'œil à la personne à côté de lui. Gu Fei avait tourné la tête pour regarder quelque chose. “ de la bonne poitrine,” Jiang Cheng lui donna un léger coup d'épaule, “qu'est-ce que tu veux manger ?”

“Ce que mon petit ami veut,” Gu Fei se tourna vers lui et sourit.

“Je ne sais pas non plus,” Jiang Cheng sortit son téléphone. “Voyons ce qu'il y a autour d'ici.”

“D'accord.” acquiesça Gu Fei.

“Gu Fei,” dit Jiang Cheng en faisant glisser son doigt sur son téléphone. “Peux-tu me dire à quoi tu penses ?”

“Hmm ?” Gu Fei cligna des yeux.

“Tu es malheureux. Mis à part le fait que tu partes demain,” Jiang Cheng fixait intensément son téléphone, “y a-t-il une autre raison ?”

“... Oui,” dit Gu Fei.

“Qu'est-ce que c'est ?” Jiang Cheng pencha la tête pour regarder Gu Fei.

Gu Fei resta silencieux pendant quelques secondes avant de se tourner vers lui. “Ce Zhao Ke.”

“Hein ?” Jiang Cheng fut pris au dépourvu.

“Il est très beau, hein,” dit Gu Fei.

“Qui ?” Jiang Cheng était encore très confus.

“Zhao Ke,” dit Gu Fei.

“Zhao Ke ?” Jiang Cheng le regarda fixement. “Qu'est-ce que c'est que ça. Où as-tu rencontré quelqu'un de nouveau en si peu de temps ? Et en plus, 'beau' aussi ??”

“… Tu plaisantes là.” Gu Fei ne put s'empêcher de rire. "Cheng-ge, est-ce que ton cerveau surperformant peut accorder quelques points de QI aux 'choses sans importance'? Ton colocataire ! Zhao Ke !"

"Merde." Jiang Cheng le regardait toujours d'un air mauvais. "Il s'appelle Zhao Ke ? Je ne sais même pas si j'ai oublié ou si je ne l'ai même jamais retenu !"

"Eh bien, dépêche-toi de te souvenir, sinon ça va être gênant quand tu rentreras demain et que tu ne te souviendras même pas du nom du mec," remarqua Gu Fei.

"Oh, Zhao Ke… Zhao Ke." Jiang Cheng y réfléchit un instant. "Était-il beau... Pour être honnête, je n'ai pas vraiment fait attention..."

Gu Fei soupira au milieu de son rire. "Est-ce que tu es en train de devenir jaloux à l'avance ?" lui demanda Jiang Cheng.

"Mhm." Gu Fei acquiesça.

"C'est du gros n’importe quoi." Les sourcils de Jiang Cheng étaient froncés.

"Allez, sois civilisé. N'oublie pas, tu es étudiant dans une université d'élite." Gu Fei passa son bras autour des épaules de Jiang Cheng.

"Je sais ce que tu penses, mais bon, garde ça pour toi si tu ne veux pas le dire. De toute façon, tu es comme ça," dit Jiang Cheng. "Souviens-toi juste de ça."

"Mhm." Gu Fei le regarda.

"Je n'aime pas cette foutue petite ville, et je ne supporte pas les gens de ce foutu quartier," dit Jiang Cheng. "Mais je ne peux toujours pas supporter l'idée de quitter cet endroit, la ville, et les Aciéries—parce que c'est là que je t'ai choisi."

Gu Fei resta silencieux.

"Où que j'aille, je pourrai toujours te repérer d'un seul coup d'œil," continua Jiang Cheng. "Tu n'es pas comme les autres—je l'ai déjà dit—tu n'es comme personne d'autre. Je sais que tu as dit que je rencontrerai beaucoup d'autres personnes, mais peu importe combien de nouvelles personnes je rencontrerai, il n'y aura jamais de deuxième Gu Fei."

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

 

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