SAYE - Chapitre 90 - Parce que Gu Fei était extrêmement beau.

 

 

Il entendit Gu Fei dire “Applaudis pour moi, Cheng-ge.”. À travers le viseur, il le voyait derrière son « micro » improvisé.

Ce n'est qu'à ce moment-là que Jiang Cheng reprit ses esprits. Avec une main tenant toujours son téléphone, il frappa sa cuisse de l'autre main de manière désordonnée, puis mit ses doigts à ses lèvres et siffla un sifflement aigu.

Gu Fei remit sa guitare sur son dos, sauta de la scène et marcha vers lui. Jiang Cheng s'apprêtait à arrêter l'enregistrement lorsque Gu Fei dit : « Attends. »

« Hm ? » Jiang Cheng cligna des yeux. Gu Fei marcha jusqu'à lui, puis ramena la guitare vers l'avant. « Il y a encore un autre segment. »

Jiang Cheng ne parla pas. La caméra de son téléphone se focalisa par hasard sur la main de Gu Fei. Ses doigts glissèrent contre les cordes, suivis d'une série de mouvements complexes. C'était très lent, de sorte qu'il pouvait entendre chaque note clairement articulée.

Ensuite, ses doigts commencèrent à accélérer, chaque note sautant sous ses doigts de manière succincte, puis convergeant lentement en une seule. À mesure que le jeu de guitare devenait plus rapide, le son traînant de la main gauche de Gu Fei glissant le long du manche de la guitare se fondait parfaitement avec les notes musicales.

Le cœur de Jiang Cheng, qui n'était pas encore calmé, fut une fois de plus bouleversé. Dans une sorte de transe, il vit à travers le viseur les doigts de Gu Fei produisant une ombre résiduelle à cause de la vitesse. À ses oreilles, la musique envoûtante, et devant ses yeux, les mains de Gu Fei qui étaient si éblouissantes qu'elles lui faisaient mal aux yeux.

Lorsque la guitare s'arrêta enfin, Jiang Cheng tenait toujours la même pose. Ce n'est qu'à ce moment-là que Gu Fei tendit la main par-dessus le téléphone et effleura doucement son visage, qu'il réalisa avec stupeur qu'il avait commencé à pleurer à un moment donné.

Non. Cela ne pouvait pas être considéré comme pleurer.

Il s'agissait simplement de verser quelques larmes.

Parce qu'il était surpris et ému ; parce que c'était incroyable ; à cause de cette scène délabrée mais ensoleillée ; à cause de ce souvenir qui resterait à jamais gravé dans son cœur…

Principalement, c'était parce que Gu Fei était excessivement beau.

Tellement beau qu'il pourrait pleurer. C'était la description de Gu Fei.

"Merde." Jiang Cheng arrêta l'enregistrement et essuya les larmes sur son visage. "Tu devais juste montrer un tour à la fin."

"Habituellement, la démonstration commence au début, puis le public commence à crier." Gu Fei sourit. "J'ai oublié. J'étais trop nerveux."

"Tu étais nerveux ?" Jiang Cheng leva le bas de son T-shirt et le pressa contre ses yeux quelques fois. Il confirma qu'il n'y avait plus de traces de larmes sur son visage, puis se leva. "Même toi, tu es nerveux ?"

"Cela dépend de la personne", dit Gu Fei. "Après tout, c'est mon petit ami qui est assis ici."

Jiang Cheng renifla, puis attira Gu Fei dans un baiser. Entre eux se trouvait la guitare, au-dessus d'eux c’était la moitié d'un ciel, et sous leurs pieds se trouvaient des débris et des ordures, avec des rangées de sièges à moitié brisés derrière eux.

Ce n'était pas une atmosphère romantique pour un baiser. C'était une posture inconfortable et un cadre légèrement non conventionnel.

Et pourtant, Jiang Cheng ressentait encore la même chose que lorsqu'il écoutait Gu Fei chanter plus tôt. L'instant où il toucha les lèvres de Gu Fei, il sombra. Complètement et totalement.

Un "boum !" retentit sur le côté, ramenant Jiang Cheng sur terre. Il resta d'abord figé, puis sursauta, et faillit mordre les lèvres de Gu Fei.

Le bruit venait de la gauche. À leur gauche se trouvait un mur effondré, personne ne grimperait par là, sans parler du fait que ce bruit ne pouvait pas être causé par quelqu'un qui grimpe... Quand Jiang Cheng se tourna pour regarder, il ne vit rien d'autre qu’un nuage de poussière de deux mètres de haut planant dans l'air.

"Allez allez allez..." À la vue de cela, Gu Fei commença immédiatement à le pousser vers la porte d'entrée, un peu anxieux. "Dépêche-toi et sors !"

Le nuage de poussière se propageait déjà jusqu'à eux. Jiang Cheng pouvait presque sentir la saleté. En voyant le comportement anxieux de Gu Fei, il sursauta immédiatement. "Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que ça va s'effondrer ? !"

"Dépêche-toi de sortir !" cria Gu Fei. "Oh merde merde merde... Pourquoi ça a commencé à s'effondrer comme ça tout d'un coup !"

Jiang Cheng se précipita vers la porte. "Quand diable cette chose a-t-elle été construite..." Il regarda en arrière quand il arriva à la porte, et réalisa que Gu Fei n'était pas derrière lui. Il fut soudainement couvert de sueurs froides et, sans réfléchir, fit demi-tour et retourna à l'intérieur. "Gu Fei ! Gu..."

Il n'eut le temps de crier qu'une fois, avant de heurter Gu Fei de plein fouet. Gu Fei l'entoura d'un bras et le poussa dehors. Quand ils furent tous deux de nouveau sous l'air pur et le soleil, Jiang Cheng remarqua enfin le grand sourire sur le visage de Gu Fei.

"Merde ?" Il regarda Gu Fei, puis secoua la tête pour regarder le bâtiment. "Merde !" Le bâtiment ne s'était pas effondré. Non seulement il ne s'était pas effondré, mais après que ce nuage de poussière ait été dispersé par le vent, tout était revenu à la normale, et la moitié de la salle d'assemblée se tenait là tranquillement comme avant.

"Un morceau du mur effondré est tombé." Dit Gu Fei en riant.

"Je pensais que tout s'effondrait à en juger par ta réaction de merde !" Jiang Cheng le fixa, pensant que c'était un peu gênant la façon dont il avait été effrayé par la chute d'un mur stupide.

"Il y avait toute cette poussière, alors je voulais juste me dépêcher de sortir." Dit Gu Fei. "Et puis j'ai soudain eu envie de te taquiner."

"... Tu voulais voir à quel point je paniquerais en ne te voyant pas dehors ?" Jiang Cheng émit un bruit de dédain.

"Non, je voulais juste te faire peur pour que tu sortes en courant." Gu Fei sourit. "En sortant, j'ai réalisé que j'avais oublié de prendre ma housse de guitare, alors je suis retourné la chercher. Bien que..." Gu Fei tint Jiang Cheng dans ses bras, "Te voir paniquer comme ça m'a quand même..."

"Ne sois pas ému, je t'en prie." Fit Jiang Cheng. "Je suis seulement retourné à l'intérieur parce que le bâtiment était toujours intact. Si ça s'était vraiment effondré, je me serais certainement éloigné de 100 mètres avant d'appeler le 119." (NT : le numéro des urgences en Chine, l’équivalent du 112 européen)

"Mhm." Gu Fei se mit à rire.

"Allez, ris un peu plus fort." Râla Jiang Cheng. "Ris un peu plus fort."

"HA HA HA !" Gu Fei pencha la tête en arrière et laissa échapper trois rires. "Est-ce assez fort ?"

Jiang Cheng soupira. "... Assez, termine ça."

En marchant dans la direction d'où ils venaient, Jiang Cheng ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil une fois de plus à ce bâtiment en ruine.

De cet angle, il ne pouvait plus voir la scène, seulement les tas de rochers et d'herbes à l'extérieur, ainsi que le toit effondré et les murs brisés.

Si Gu Fei ne l'avait pas amené ici, il n'aurait jamais imaginé laisser derrière lui un si précieux souvenir sous cette apparence délabrée.

Gu Fei jeta un coup d'œil à son téléphone. "Je dois retourner au magasin plus tard. C'est à cette heure que ma mère ferme la porte et s'en va."

"Je viendrai avec toi," dit Jiang Cheng. "Je mangerai dans ton magasin ce soir. Fais venir Gu Miao manger avec nous."

"Mhm," Gu Fei acquiesça. "Qu'est-ce que tu veux manger ?"

"Je ne sais pas," Jiang Cheng secoua la tête et frotta son ventre. Pour être honnête, cet après-midi avait été une montagne russe émotionnelle pour lui. Maintenant qu'il s'était enfin calmé, il ne restait plus rien dans son cerveau. Il ne pouvait même pas se résoudre à absorber davantage de matériel d'étude à ce stade, sans parler de penser à ce qu'il allait manger. "Je ne sais même pas si j'ai faim ou non."

"Et si on faisait des dumplings (NT : raviolis à la vapeur)?" suggéra Gu Fei.

"D'accord." Jiang Cheng acquiesça.

*

La mère de Gu Fei n'était pas dans le magasin, mais la porte n'était pas fermée. Quand Jiang Cheng suivit Gu Fei à l'intérieur, il vit Li Yan assis derrière le comptoir, jouant sur son téléphone.

"Que fais-tu ici ?" demanda Gu Fei.

"Les temps ont vraiment changé." Remarqua Li Yan. "Que tu penses à me poser cette question."

"C'était juste une question informelle." Gu Fei alla poser la guitare dans la petite pièce.

"Tu tiens une guitare ?" Li Yan jeta un coup d'œil, puis resta figé sur place. "Oh merde, tu tenais vraiment une guitare, mes yeux ne m'ont pas trompé ?"

"C'est un violoncelle." Gu Fei revint, se dirigea vers les étagères et apporta un sac de farine. "On fait des dumplings plus tard, pourquoi ne pas nous rejoindre."

"Non," Li Yan jeta un coup d'œil à Jiang Cheng. "Je m'en vais tout de suite."

"Mange avec nous," dit Jiang Cheng. "C'est presque l'heure du dîner."

"Tu crois qu'il me demande sérieusement de rester manger ?" lança Li Yan. "Il cherche juste quelqu'un pour aider et faire le travail."

Gu Fei le regarda. "Tu restes manger ou pas ?"

"Oui ! Dis-moi, est-ce que je hache la farce ou je pétris la pâte ?" demanda Li Yan.

"Tu étires la pâte." Proposa Gu Fei.

"D'accord," Li Yan acquiesça et baissa la tête pour continuer à jouer avec son téléphone. "Alors appelle-moi quand il sera temps de l’étirer. Je vais jouer un peu."

Gu Fei sortit de la viande du réfrigérateur et se dirigea vers la cuisine. Jiang Cheng attrapa le sac de farine et s'apprêtait à se diriger également vers la cuisine pour pétrir la pâte, lorsqu'il passa à côté de Li Yan et hésita un moment. Il jeta un coup d'œil furtif au téléphone de Li Yan.

En effet, c'était l'idiotique match Craz3. "À quel niveau es-tu ?" demanda Jiang Cheng.

"Je suis trois niveaux au-dessus de Da-Fei à nouveau." Li Yan lui lança un regard perplexe. "Alors, qu'en est-il, tu vas le rattraper ce soir ?"

"Je ne jouais pas pour lui.“ affirma Jiang Cheng.

"Uh huh. Si ce n'était pas grâce à toi, il serait au moins sept niveaux en dessous de moi en ce moment." Li Yan rebaissa la tête et continua à jouer. "Depuis qu'il t'a rencontré, sa vitesse a augmenté comme un jet de pet, qui d'autre cela pourrait-ce être."

"C'est vraiment pas de ma faute. Je n'ai jamais été propulsé par un jet de pet." Remarqua Jiang Cheng.

Li Yan posa son téléphone et le regarda. "Hé, j'ai remarqué que ta bouche est encore pire que celle de Da-Fei ??"

Jiang Cheng sourit et se dirigea vers la cuisine.

"Eh bien, Jiang Cheng," Li Yan l'appela à voix basse. "Qu'est-ce que vous deux avez fait tout à l'heure ?"

Jiang Cheng se retourna et le regarda sans dire un mot. La question de Li Yan était involontairement perspicace. À quoi étions-nous occupés ? Nous étions en train de nous chouchouter. Nous étions aussi en train de nous occuper l'un de l'autre et de nous embrasser.

"...... Je voulais dire," Li Yan réalisa probablement que sa question était un peu étrange et se réajusta. "Il a joué de la guitare ?"

Jiang Cheng ne répondit toujours pas. Après ce qui s'était passé avec le "compositeur Gu Fei", il était un peu sensible à tout ce qui concernait Gu Fei. Il n'était pas sûr si Gu Fei voulait que Li Yan le sache, même s'il savait que Li Yan et les autres étaient en bons termes avec Gu Fei.

"Cela fait au moins deux ans qu'il n'a pas joué de la guitare en public." Li Yan jeta un coup d'œil vers la cuisine.

C'était vrai. Après tout, la plupart des gens desserreraient simplement les cordes s'ils ne prévoyaient pas de jouer pendant longtemps, mais Gu Fei les avait désinstallées complètement.

"En public ?" demanda Jiang Cheng.

"Ouais. Qui sait s'il a joué en privé tard dans la nuit, avec lui-même et la lune." Suggéra Li Yan.

"Oh." Jiang Cheng sourit.

"Je t'ai posé une question ?" Li Yan le regarda.

Jiang Cheng le fixa un moment, puis se retourna et se dirigea rapidement vers la cuisine.

"Pffft," Li Yan était un peu mécontent. "Pourquoi t'enfuis-tu si vite !"

"Je me suis fait propulser par un jet de pet." dit Jiang Cheng.

Gu Fei lui demanda de la cuisine. "De quoi parliez-vous tous les deux ?"

"De pets et de jets." dit Jiang Cheng en entrant. Gu Fei lui tendit un pot, et Jiang Cheng dit tranquillement en versant de la farine. "Cela fait vraiment longtemps depuis que tu as joué de la guitare ?"

"Li Yan te l'a demandé ?" Gu Fei regarda la farine.

"Mhm." Jiang Cheng continua à verser. "Je ne lui ai pas dit, mais il peut probablement deviner, non ?"

Gu Fei tendit la main et appuya sur le sac de farine. "C'est bien."

Jiang Cheng mit le sac de côté. Gu Fei fit le tour et l'embrassa sur l'oreille. "Tu n'as pas besoin d'être si prudent, c'est fatigant."

"Eh bien, n'est-ce pas parce que j'ai peur que tu …" Jiang Cheng le regarda, posa ses mains sur le comptoir, puis dit au mur à voix basse, imitant Gu Fei. « Et maintenant quoi? Cheng - ge , et puis quoi ? »

Gu Fei commença à rire à côté de lui. Jiang Cheng s'est retourné et a ri à ses côtés pendant un moment, puis a soupiré et caressé son visage. "Gu Fei... »

« Oh. » répondit Gu Fei.

« Je ne savais vraiment pas, et je n'essayais vraiment pas de jouer avec toi exprès. » Jiang Cheng a pris le menton de Gu Fei avec ses doigts . « Désolé. »

 « Ne dis pas ça. » répondit Gu Fei . « Je ne te blâme pas vraiment, vraiment, c'était juste mes propres idées. »

 "Quoi qu'il en soit," Jiang Cheng y réfléchit une seconde . Tu es sorti et tu l'as dit, alors maintenant je comprends, je voulais juste dire... »

Il s'arrêta et se pencha soudainement vers le visage de Gu Fei, le bout de leurs nez se touchant presque : « Gu Fei. »

 « Oui. » Les yeux de Gu Fei se rencontrèrent pendant une seconde, puis se redressèrent rapidement et il regarda derrière lui.

"Je n'essaie pas de t'embrasser, tu réfléchis trop." Jiang Cheng ne put s'empêcher de rire. « J'essaie de te dire quelque chose de sérieux. »

 

« Ah. ». Gu Fei sourit.

« Ferme les yeux. » dit Jiang Cheng. Après que Gu Fei ait fermé les yeux, Jiang Cheng a répété: «Ouvre les yeux. »

 "Si tu veux garder les yeux fermés, je te tiendrai compagnie, et quand tu voudras ouvrir les yeux, je t'écouterai." dit Jiang Cheng. Il s'éclaircit la gorge, puis fredonna une ligne dans sa barbe. « Je t'aime, toi à mon épaule gauche, un sourire sur ma droite... »

Gu Fei l'a regardé et pendant longtemps il n'a pas parlé.

"Je l'ai bien chanté, n'est-ce pas?" demanda Jiang Chen .

"Je suis vraiment impressionné ", déclara Gu Fei. «  Tu viens de mémoriser cette version aussi ? »

 "Non ", précisa Jiang Cheng. « Juste cette ligne, j'ai oublié tout le reste. »

 « Alors comment se fait-il que tu aies mémorisé l'original ? Mais pas celui que j'ai chanté rien que pour toi ? » Gu Fei plissa les yeux.

"Merde, je ne m’en remets toujours pas." Mentionna Jiang Cheng. "Si tu n'avais pas débarqué et fait ton show avec ce dernier tour, j'aurais peut-être pu me souvenir de quelques lignes de plus. Après cette fin tape-à-l'œil, c'est tout ce dont je me souviens, car c'est celle que tu as utilisée pour te montrer. Même un sanglier s'en souviendrait."

"Ah." Gu Fei hocha la tête en retenant son rire. "C'est vrai."

Jiang Cheng soupira et ne dit rien.

Gu Fei, lui aussi, ne dit pas un mot. Ils se tenaient là, silencieux, face à face.

*

"Gu Fei..." La voix de Li Yan provint de derrière eux. "Oups, désolé, continuez s'il vous plaît."

Quand Jiang Cheng se retourna, il n'y avait plus personne. Li Yan avait dû retourner à l'intérieur à la vitesse de la lumière.

"C'est bon," Gu Fei commença à ajouter de l'eau à la cuve de farine, puis se retourna et cria à la porte de derrière. "Li Yan!"

Li Yan apparut de nouveau dans l'encadrement de la porte, ne montrant que la tête, tout en regardant dans leur direction. "Gu Miao s'est fait mal à la main. Je voulais l'aider à la désinfecter, mais la petite ne veut pas répondre à mes avances."

Gu Miao était blessée ? Jiang Cheng fut un peu surpris, même si Li Yan ne semblait pas trop s'en préoccuper.

"Cheng-ge, pourquoi n'irais-tu pas l'aider ?" La voix de Gu Fei semblait également calme. "En ce moment, elle ne veut probablement pas me répondre non plus."

"Pourquoi ?" Jiang Cheng pensait que Gu Miao devait se faire des égratignures et des coupures assez souvent pour qu'ils n'y prêtent plus attention.

"Je lui ai dit aujourd'hui de me texter si elle allait faire du skate," expliqua Gu Fei. "Elle m'a envoyé un message, mais je ne l'ai probablement pas entendu et n'ai toujours pas répondu. Elle doit être en colère contre moi."

"...Je n'ai pas entendu ton téléphone non plus." Jiang Cheng fut un peu décontenancé. Gu Miao avait probablement envoyé le message alors qu'ils étaient encore enveloppés dans l'atmosphère romantique de la performance sur la scène branlante.

"Pourquoi n'essaies-tu pas," Gu Fei lui lança un sourire. "Elle pourrait réagir avec toi."

La blessure de Gu Miao n'était pas très grave, bien qu'il y ait un peu de sang. Li Yan voulait la rincer avec de l'eau saline, mais Gu Miao se tenait devant la caisse enregistreuse en tenant son skateboard et refusait de bouger.

"Er-Miao?" Jiang Cheng se baissa et lui fit signe de la main.

Gu Miao le fixa. Il n'y avait aucune expression sur son visage, et aucune réaction.

Jiang Cheng lui adressa un sourire. Lorsque Gu Miao ouvrait grand les yeux comme ça, il pouvait voir ses cils très clairement. C'était exactement comme les cils de Gu Fei.

"Er-Miao", Jiang Cheng réfléchit à la manière dont il pourrait lui faire comprendre ses paroles. Au bout de quelques secondes, il se pencha et souffla doucement sur sa propre main. "Er-Miao, ma main me fait mal. Sais-tu quoi faire ?"

Le regard de Gu Miao se posa sur son visage.

"Er-Miao ?" Le cœur de Jiang Cheng s'illumina de joie. Il continua à lui parler doucement, "Tu..."

Avant qu'il ne puisse terminer, Gu Miao tendit une main et fit tomber la bouteille de sérum physiologique que Li Yan avait posée sur une petite table. Jiang Cheng n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit d'autre, que Gu Miao renversa aussi la petite table.

"Gu Fei !" cria Li Yan en direction de la cuisine. "Ta petite sœur se rebelle !"

"Laisse-la simplement debout là." répondit Gu Fei depuis la cuisine. Jiang

Cheng se leva et entra dans la cuisine. "Techniquement, c'était de ta faute. Si elle est en colère alors," Jiang Cheng fronça les sourcils. "Devrais-tu lui présenter des excuses ?"

"Mhm," Gu Fei hocha la tête tout en travaillant la pâte. "Je le ferai plus tard."

"Laisse-moi m'occuper de ça," dit Jiang Cheng. "Elle est déjà comme ça, pourquoi ne vas-tu pas la réconforter d'abord ?"

Gu Fei arrêta ce qu'il faisait, soupira, se tourna et entoura les épaules de Jiang Cheng, puis s'appuya contre lui sans bouger. Jiang Cheng ne dit rien de plus, se contenta de lui caresser le dos. Il était soudain un peu anxieux. Ce comportement de Gu Fei, était-ce parce qu'il... l'avait réveillé ?

"J'irai plus tard." Gu Fei dit contre son épaule. "Plus tard, quand elle se sera calmée un peu plus, c'est plus efficace comme ça."

"...Oh." Jiang Cheng le tint fermement.

"La petite est trop têtue." Gu Fei soupira. "Elle s'énerve pour un rien. Parfois, quand je suis agacé, j'ai envie de la secouer un peu."

“Tu lui as donné une fessée ?” Jiang Cheng sourit.

"Non. Je ne lui ai jamais crié dessus non plus." Gu Fei le relâcha, se retourna et continua à pétrir la pâte. "Parfois, j'ai juste envie de la laisser tranquille un moment. Elle a un tempérament, mais moi aussi, tu sais."

Bien que le "tempérament" de Gu Fei ne soit clairement rien comparé au tempérament de Gu Miao. Une fois la pâte terminée, il retourna à l'intérieur pour apaiser Gu Miao.

Quand Jiang Cheng et Li Yan eurent fini de hacher et mélanger la garniture et revinrent à l'intérieur, Gu Miao était enfin de retour à la normale et s'assit à la table pour les regarder envelopper les dumplings.

Jiang Cheng observa Gu Fei participer également à l'emballage. Il ne pouvait voir aucune fatigue, et l'état émotionnel de Gu Fei semblait également assez normal, mais peut-être en raison de sa perspective différente, Jiang Cheng pouvait détecter un sentiment d'impuissance qu'il n'avait jamais remarqué auparavant dans la façon dont Gu Fei communiquait patiemment avec Gu Miao.

Auparavant, il pensait seulement que cela devait être vraiment fatigant pour Gu Fei. Mais maintenant, il pouvait soudainement comprendre l'impuissance avec laquelle Gu Fei avait prononcé ces mots plus tôt au bord de la rivière.

Gu Miao n'était pas toujours comme ça. Certains jours étaient pires que d'autres. Lorsqu’il l'avait rencontrée pour la première fois devant la gare, il n'avait même pas remarqué à quel point Gu Miao était différente des autres enfants, en dehors de sa réticence à parler. Plus tard, il jouait avec elle sur la planche à roulettes, mangeait avec elle, jouait à des jeux avec elle, et elle souriait même. Chaque fois qu'il pensait à ces moments, son cœur s'élevait un peu. Quand elle était comme ça, cela le rendait optimiste. Il pensait peut-être que la situation n'était pas si grave.

Et pourtant, quand il entendait ses cris, voyait comment elle refusait de communiquer avec les autres, l'expression froide et indifférente qu'elle montrait au monde extérieur, quand il se souvenait des lapins qu'elle dessinait page après page, se rappelait comment il anticipait que Gu Miao lui répondrait mais était plutôt confronté à elle renversant la table, son cœur s'effondrait à nouveau. Comme s'il était arraché à ses illusions par la réalité de.

Ce qui suivait cette montée et cette descente, fut un profond sentiment d'impuissance.

Gu Fei avait peut-être vécu d'innombrables hauts et bas, avant de finalement décider d'abandonner tout espoir vain.

*

Li Yan partit après avoir fini de manger. Jiang Cheng resta assis dans le magasin et regarda Gu Miao zizaguer dans les allées sur sa planche à roulettes.

Gu Fei était assis derrière le comptoir et vérifiait les comptes. Il ne savait pas combien sa mère avait pris dans le magasin ce mois-ci, et combien il restait. Quoi qu'il en soit, Gu Fei ne portait pas l'expression la plus heureuse en comptant l'argent.

L'argent. Mis à part Gu Miao, c'était probablement la chose la plus lourde qui pesait sur lui.

Gu Fei ne pouvait même pas laisser Gu Miao continuer le traitement de rééducation. C'était seulement un petit centre de traitement dans cette petite ville minable qui ne pouvait pas être très légitime, et pourtant ils étaient incapables de le maintenir à long terme.

Jiang Cheng fronça les sourcils.

"Ils m'ont donné ton salaire pour deux des séances photo", dit Gu Fei en tapant sur la calculatrice. "Devrais-je te le transférer demain?"

"Je pensais que c'était réglé, non?" Jiang Cheng cligna des yeux, surpris.

"Même si je te vendais, tu serais probablement toujours en train de dormir joyeusement avec moi", lui lança Gu Fei en le regardant. "Tu ne suis pas ton argent, hein?"

" Va te faire foutre", dit Jiang Cheng. "Ce n'est pas comme si je gaspillais de l'argent de manière irresponsable. Je ne suis pas dépensier, n'ai jamais perdu d'argent nulle part, donc, je n'ai pas besoin de tenir un registre."

"Oh, quelle logique imparable tu as, surperformeur", dit Gu Fei.

"C'est vrai, glandeur ", dit Jiang Cheng.

Après avoir dit cela, quelque chose lui vint soudainement à l'esprit. Il fixa Gu Fei et hésita pendant près de cinq minutes avant de parler.

"Gu Fei."

"Hm?" Gu Fei le regarda avec un crayon dans la bouche.

« Et si tu ne me donnais pas l'argent?" dit Jiang Cheng. "Juste... laisse-le sur ton compte. Tu peux le garder et l’économiser pour moi."

Gu Fei ne répondit pas. Le crayon dans sa bouche bougea de droite à gauche.

Au bout d'un moment, Jiang Cheng vit le coin de sa bouche se recourber et former un sourire subtil.

Jiang Cheng le dévisagea. "C'est d'accord ou pas!"

"Cheng-ge", Gu Fei prit le crayon et le fit tournoyer dans sa main. "J'ai dû faire de très bonnes actions dans ma vie précédente pour t'avoir rencontré dans celle-ci."

 

Traducteur: Darkia1030