SAYE - Chapitre 82 - Tsk

 

Si Jiang Cheng n'avait pas explosé, Gu Fei n'aurait probablement jamais exprimé cela à voix haute. Il aurait préféré laisser ça pourrir en lui. Mais les régurgitations acides occasionnelles le rendaient malade, sans parler de tout raconter comme ça., pour que Jiang Cheng l’entende.

Mais depuis qu'il avait commencé à parler, il n'avait pas retenu grand-chose. À part des détails insignifiants comme le fait que Xiao-Bing et les autres avaient en réalité parié sur lui ce jour-là.

Gu Fei avait peur de beaucoup de choses. Parfois, il ne s'en rendait même pas compte lui-même. Ou plutôt, il entretenait subconsciemment cette peur depuis longtemps et se réveillait soudainement en réalisant les choses.

Il craignait que Jiang Cheng le plaigne, qu'il se sente mal pour lui, qu'il se fasse une idée de le sauver d'une situation misérable, ou ait ce genre de pensée restrictive du genre "Je ne pourrai jamais lui faire de mal".

Jiang Cheng était naïf et impulsif. Gu Fei aimait ça chez lui, mais il avait aussi peur de Jiang Cheng tel qu'il était : trop naïf, trop imprudent.

Il était venu ici sans s'inquiéter, il devrait donc pouvoir repartir sans s'inquiéter.

Tout dans cet endroit était un décor qui n'aurait jamais du apparaître le long de son voyage.

La soupe de nouilles aux tomates et aux œufs était censée être la recette infaillible de Gu Fei. Elle avait bon goût, mais Li Yan disait que ces ingrédients étaient des trouvailles qui avaient bon goût, peu importe la préparation. Il avait ensuite ajouté que "de temps en temps, ça ne marche pas pour toi".

Aujourd'hui était l'un de ces moments où ça ne fonctionnait pas. Gu Fei n'était pas dans un bon état émotionnel. Lorsqu'il goûta pour tester l'assaisonnement, il sentait à peine le sel. Mais peut-être parce que Jiang Cheng avait faim après des heures de séance photo avant de se mettre en colère, il dégusta malgré tout joyeusement les nouilles.

Jiang Cheng termina son bol, posa les baguettes et demanda avec la satisfaction inscrite sur son visage. "Est-ce l'heure d'emmener Gu Miao pour son traitement ?"

“Mm,” acquiesça Gu Fei en se levant pour rassembler la vaisselle à laver. “Après avoir récupéré Pan Zhi cet après-midi, vous deux pouvez aller manger. Je dois parler avec ma mère ce soir.”

“Je vais laver,” intervint Jiang Cheng en retenant sa main. “Parler de quoi?”

“Elle n’est pas rentrée ces derniers jours,” expliqua Gu Fei. “Qui sait si elle a retrouvé son grand amour. Je dois la retrouver à la maison avant qu'elle ne reparte.”

Jiang Cheng soupira, “Oh… Maman va se marier.” (NT : ie. C’est inévitable)

 “Ce serait bien si elle pouvait vraiment se marier,” reprit Gu Fei. “Pour l'instant, je suis juste reconnaissant qu'elle n'ait pas détruit un autre mariage.”

Gu Fei jeta un coup d'œil à l'heure. Gu Miao devait être déjà prêet et l'attendre à la maison. Il s'approcha et embrassa Jiang Cheng, “Je m'en vais alors.”

“Dépêche-toi de dégager,” s'exclama Jiang Cheng en lui pinçant la taille. “Disparais de ma vue tout de suite.”

“Range cet oreiller,” dit Gu Fei. “Si Pan Zhi dort dessus, on devra vraiment organiser un combat.” J

iang Cheng pencha la tête en arrière et rit les yeux fermés, “Compris ! Bien sûr que Pan Zhi dort sur le canapé. Il ne sera pas d'accord même si je lui dis de dormir dans le lit.”

“Alors j'y vais,” embrassa à nouveau Gu Fei. “D’accord,” répondit Jiang Cheng. “Est-ce que ça te va si Pan Zhi et moi allons regarder un film ensemble ? Parfois, on se retrouve tellement ennuyés qu’on va voir un film.”

“Tu peux prendre des places pour qu'il y ait une autre personne entre vous ?” demanda Gu Fei.

Jiang Cheng gloussa, “Nom d’une pipe.”

“Je m’en vais maintenant,” Gu Fei jeta un coup d'œil à son téléphone. “

« Tu l’as déjà dit trois fois,” souligna Jiang Cheng. “Tu vas réussir à passer cette porte avant d’avoir répété ça dix fois?”

“Bien sûr,” Gu Fei s'approcha de ses sacs et les prit en riant. “Je m’en vais maintenant.”

“D’accord,” répliqua Jiang Cheng en le regardant partir. Gu Fei quitta l'appartement, puis juste avant que la porte ne se ferme, il remit la tête à l'intérieur, “Vraiment en train de partir.”

“Bon sang, dégage,” lui lança Jiang Cheng d'un regard furieux. “Tu me donnes envie de te frapper.”

Gu Fei recula dehors, posa ses sacs par terre, puis se précipita soudainement à travers la porte. Jiang Cheng était toujours penché en arrière sur la chaise. Il se précipita vers lui, souleva le T-shirt de Jiang Cheng, mordit son ventre, puis aussi vite que l'éclair, repartit en courant, refermant la porte derrière lui.

Alors que Gu Fei descendait en courant les escaliers avec ses sacs, il entendit Jiang Cheng ouvrir la porte et rugir dans la cage d'escalier, “Merde!”

Gu Fei avait toujours envie de rire même après être arrivé en bas. Il s'apprêtait à jeter un coup d'œil vers la fenêtre, mais dès qu'il tourna la tête, il vit quelque chose descendre du haut, atterrir précisément à côté de ses pieds avant de rebondir. Il plissa les yeux et vit qu'il s'agissait d'un petit caillou blanc.

“Mince.” Il rit et leva les yeux.

Jiang Cheng était penché sur son rebord de fenêtre, tenant ce qui ressemblait à une poignée de cailloux dans sa main, probablement extraits du pot de fleurs à côté de la fenêtre. Dès que Gu Fei leva les yeux, Jiang Cheng agita à nouveau la main, et un autre caillou atterrit à côté de ses pieds.

“Eh!” Gu Fei recula.

Il n'aurait pas pensé que Jiang Cheng puisse être aussi précis même sans une fronde. Après avoir reculé d'une distance, il semblait être hors de portée de Jiang Cheng. Ce dernier fit un geste avec sa main, mais ne lança pas d'autre caillou. Gu Fei rit lorsqu'il sortit ses lunettes de sa poche pour les mettre. Il voulait voir l'expression de Jiang Cheng.

Dès qu'il mit ses lunettes, il vit que Jiang Cheng tenait un élastique à la main. Jiang Cheng le tendit avec deux doigts et commença à l'ajuster sur lui.

“Merde!” Gu Fei se retourna pour courir. Il n'eut le temps que de faire deux pas quand il sentit un caillou heurter sa fesse. Ce n'était pas fort, mais l'endroit... Il se retourna en courant. Jiang Cheng se tenait à la fenêtre et leva les bras au-dessus de sa tête pour former un cœur. Gu Fei eut l'impression d'avoir un sourire tout le long de son trajet vers la maison.

*

Lorsqu'il reçut l'appel de Pan Zhi, Jiang Cheng était accroupi sous un arbre à l'extérieur de la gare, suçant un sachet de fruits congelés.

Il répondit “Tu es là ?”

“Bientôt,” dit Pan Zhi. “Tu es parti, n'est-ce pas ?”

“Je suis accroupi près de la porte de sortie depuis les dix dernières minutes,” dit Jiang Cheng.

“Oh merde,” Pan Zhi débordait de sentiments. “Je suis tellement touché, Cheng-er ! Il n'y a pas de montagne assez haute pour m'empêcher de venir jusqu'à toi… ”

Jiang Cheng raccrocha et continua à sucer la glace. Comme il n'avait que deux jours, Pan Zhi n'avait pas emballé grand-chose cette fois. Il sprinta depuis la porte de sortie avec seulement un sac à dos. Jiang Cheng se leva et lui fit signe. Pan Zhi arriva en courant avec les bras grands ouverts et les jambes battantes. Il se tourna rapidement et ajusta sa posture, se préparant à une demi-accroupissement pour contrer l'élan de l'assaut de Pan Zhi.

“Je t’ai manqué ?” cria Pan Zhi.

“Non.” fit Jiang Cheng.

“J'adore comment ta bouche ne correspond pas à ton cœur.” dit Pan Zhi.

“C’est vraiment comme ça.” corrigea Jiang Cheng.

“J'adore comment tu dis toujours ce que tu penses.” rétorqua immédiatement Pan Zhi.

Jiang Cheng  le regarda “Tu as discuté avec une jolie fille pendant tout le trajet pour venir ici ou quelque chose comme ça ? Que tu continues à bavarder même maintenant.”

“En effet, j'ai discuté tout le long, mais c'était une tante, pas une jolie fille. Elle parlait beaucoup trop.” soupira Pan Zhi. “Elle était assise de l'autre côté du couloir et a endormi tout le monde de ce côté, alors elle s'est tournée pour me parler. J'étais le seul dans cette rangée avec les yeux ouverts, et je ne pouvais pas trouver l'opportunité de les fermer, donc j'ai dû lui tenir compagnie… Ayy, j'ai soif, laisse-moi avoir une gorgée de ça.”

Pan Zhi tendit la main et prit le sachet de fruits congelés des mains de Jiang Cheng. Il en but une grosse gorgée, mais n'eut que de l'air et du bruit, “Bordel de merde, grand-père, tu sais ce que c'est de venir avec la bouche pleine d'espoir et de ne rien obtenir du tout !”

“Allez,” rit Jiang Cheng. “Je t'invite à boire à volonté.” Il n'y avait rien de particulièrement raffiné dans les environs de la gare. Jiang Cheng trouva un étal, acheta deux bouteilles de cola et s'assit sur un banc à l'extérieur avec Pan Zhi pour les boire tranquillement.

“Ah…”, s’exclama Pan Zhi, ravi après avoir pris quelques grandes gorgées, puis il fixa Jiang Cheng un moment avant de dire, “Tu rayonnes, hein, grand-père.”

Jiang Cheng lui jeta un coup d'œil et ne répondit pas.

“Tu es bien différent des célibataires comme nous, on dirait,” insista Pan Zhi.

“Même quand j'étais célibataire, j'étais différent des célibataires comme toi,” dit Jiang Cheng en buvant une gorgée.

“C'est vrai, célibataire surdoué et beau gosse… Oh oui,” dit Pan Zhi en tendant sa bouteille de cola et en la faisant tinter contre celle de Jiang Cheng. “Bon anniversaire.”

“Merci”, répondit Jiang Cheng.

“Il y a quelque chose pour toi dans mon sac, que je pense que tu vas aimer”, continua Pan Zhi en tâtant son sac. “Tu veux essayer de deviner ?”

“Des préservatifs”, répondit Jiang Cheng sans réfléchir.

Pan Zhi avait la tête en arrière pendant qu’il buvait son cola et a failli s’étouffer en entendant cela. Il baissa la tête en toussant, puis essuya le soda de son visage avec le mouchoir que Jiang Cheng venait de lui tendre, avant de relever la tête, “Nom de dieu. T'es vraiment ouvert ces jours-ci, grand-père.”

“Ce n'est pas que je suis ouvert,” rit Jiang Cheng. “C'est que je pense que tu as toujours été très ouvert.”

“Ces jours-ci, j'ai abandonné mes mauvaises habitudes et j'ai décidé de voir la lumière”, Pan Zhi s'interrompit pour reprendre son souffle. “Ce n'est pas des préservatifs, essaie à nouveau.”

“Tu m'as déjà offert une flute, donc tu ne le feras pas deux fois. Après avoir abandonné tes mauvaises habitudes, tu m'as offert un stylo…”, réfléchit Jiang Cheng un moment, puis il fit une moue expressive. “Ne me dis pas que tu m'as offert un ensemble Wu San ? » (NT : apparemment c’est un kit pour les examens d’université).”

“Je ne suis pas à ce point éclairé”, dit Pan Zhi. “Je te montrerai quand on arrivera chez toi plus tard.”

Quand ils sont arrivés à son appartement, alors que Pan Zhi sortait la boîte-cadeau de son sac, Jiang Cheng comprit enfin pourquoi il voulait attendre d’être à l'intérieur pour le sortir.

C'était une boîte en forme de cœur rose, ornée de petits cœurs rouges scintillants de strass tout autour, avec un gigantesque nœud au centre… Si Pan Zhi avait vraiment sorti cette chose au milieu de la rue, il aurait été trop embarrassé pour l'accepter.

“Qu'est-ce qui cloche avec ton sens de l'esthétique ?” s'exclama Jiang Cheng sincèrement.

“C'est une protestation de ma perte de faveur !” dit Pan Zhi en tenant la boîte. “Une protestation de ta priorité donnée à la romance sur l'amitié ! Une protestation de l'abandon de notre lien intergénérationnel de plusieurs années ! Une protestation de...”

“Merci,” interrompit Jiang Cheng, prenant la boîte des mains de Pan Zhi.

C'était une boîte plutôt grande. Il la secoua doucement. Le contenu était très lourd, émettant des bruits sourds lorsqu'il la secoua. Avec ce poids et ce son, Jiang Cheng avait une assez bonne idée de ce que cela pouvait être.

Il ouvrit le couvercle. Comme il le pensait, c'était une fronde.

“Diable, tu aurais au moins pu l'arranger un peu, ce n'est pas du tout sincère.” Jiang Cheng rit. La boîte était complètement vide à part la fronde, là, toute seule.

“Fronde Thunderstrike, support de poignet à courbure inversée, une fusion parfaite entre l'acier 304 et un manche en bois de santal rouge, pour vous procurer la joie d'expérimenter une attaque critique en plein air...” Pan Zhi déclamait les spécifications comme s'il récitait d'un manuel. “Alors, tu aimes ?”

“J'aime,” dit Jiang Cheng en prenant la fronde et la pesant dans sa main.

“J'ai aussi acheté la bande élastique lance-pierres pour toi. Sans doute un tel gadget cool nécessite une bande de qualité.” Pan Zhi sortit un sac à dos contenant une bobine de bande de fronde. “C'est de North Star, tu as dit que cette marque est bonne, non?”

“Mhm,” Jiang Cheng prit le sac, riant en regardant à l'intérieur. La boîte en forme de cœur était rose avec des strass, et la bande de fronde était d'un violet flamboyant. “As-tu vécu une expérience douloureuse et indicible récemment ?”

“Eh bien, il fallait choisir une couleur plus unique quand ça coûte si cher ! Comment la valeur se montrerait-elle si c'était juste beige !” Pan Zhi désigna le sac. “Maintenant, dès que tu la sortiras, tout le monde saura, oho, ce mec est un expert, même sa fronde est ho…”

“Un violet homo, hein ?” Jiang Cheng se recula sur le canapé, hilare. “Petit-fils, on dirait que tu en as vraiment marre de vivre.”

“Pas du tout, grand-père, regarde mes yeux très sincères,” Pan Zhi s'assit à côté de lui. “La première fois que j'ai entendu le terme 'violet homo', c'était en fait de ta part !”

Jiang Cheng sourit et sortit la bande de fronde, la tirant un peu. “Merci.”

“Pourquoi toute cette civilité, encore et encore,” Pan Zhi leva les bras pour s'étirer. “Nous nous sommes éloignés.”

“Non,” dit Jiang Cheng. “Je suis vraiment sincère. Et puis, le fait que tu sois ici, ça me rend vraiment heureux.”

“Vraiment ?” Pan Zhi le regarda avec satisfaction. “Combien de jours as-tu pris de congé pour me tenir compagnie ?”

“Pas besoin de prendre de jours de congé,” dit Jiang Cheng. “Nous sommes toujours en vacances d'été ici.”

“ Merde !” s'exclama Pan Zhi. “Pas d’école intensive ?”

“Il nous reste une semaine avant la reprise des cours du soir,” dit Jiang Cheng. “Tu es jaloux?”

“Bien sûr que je suis jaloux, je ne suis pas un surdoué ou quoi que ce soit.” Remarqua Pan Zhi, puis, après avoir réfléchi, il se serra à nouveau à côté de Jiang Cheng. “Mais attends, est-ce que cela signifie que tu as du retard ?”

“Certainement,” Jiang Cheng sortit une paire de ciseaux et coupa un morceau de bande de fronde, puis commença lentement à l'attacher à la fronde. “Mais je vais juste réviser seul.”

“J'ai apporté toute une série de questionnaires et des manuels pour toi. C'est tout ce que l'école a fourni, ça ne peut s'acheter nulle part. J'avais l'intention de les photocopier, mais Lao-Yuan m'a donné un ensemble complet et m'a dit de te l'envoyer par la poste.”

Pan Zhi tira son sac à dos, sortit un épais paquet de matériel d'étude et le posa sur les genoux de Jiang Cheng. La pile de choses sur ses genoux était très lourde, mais Jiang Cheng a soudainement eu le sentiment d'être sur un terrain solide. C'était un sentiment avec lequel la plupart des gens ne pourraient probablement pas sympathiser. Ce n'était pas seulement à propos des examens d'entrée à l'université, mais davantage le sentiment de direction que ces choses apportaient.

Jiang Cheng n'avait rien de prévu pour cette soirée. Pour être précis, il n'avait aucun plan pour les deux jours où Pan Zhi serait là. Bien que Pan Zhi n'ait aucune exigence spéciale pour s’amuser. Par le passé, tous deux manquaient souvent les cours pour ne rien faire en particulier. Ils s'asseyaient juste près d'un parterre de fleurs au bord de la rue et divaguaient toute la journée.

Pan Zhi n'avait pas de demandes spécifiques pour la nourriture non plus. Après avoir beaucoup réfléchi, il avait fini par demander à manger les gâteaux de riz frits de la dernière fois.

“Demandons à Gu Fei de se joindre à nous,” dit Pan Zhi en sortant son téléphone. “Et sa mignonne petite sœur ?”

“Il est occupé ce soir, pas besoin de l'appeler,” dit Jiang Cheng. “Nous mangerons juste tous les deux.”

“D'accord,” Pan Zhi rangea son téléphone dans sa poche, puis dit à voix basse. “Est-ce que vous vivez ensemble en ce moment ? Peut-être que je devrais aller à l'hôtel plus tard?”

“Nous ne vivons pas ensemble,” précisa Jiang Cheng.

"Inutile de faire semblant devant moi," Pan Zhi jeta un coup d'œil à la chambre. "La dernière fois que je suis venu ici, il n'y avait qu'un seul oreiller, et maintenant tu en as même deux."

Ce n'est qu'à ce moment-là que Jiang Cheng se souvint qu'il avait oublié de ranger l'oreiller comme son petit-ami l'avait demandé. Il pensait que son visage était déjà aussi épais qu'une forteresse, qu'il n'avait pas hésité à dire "préservatifs" en public, mais quand Pan Zhi fit cette remarque, il se sentit soudainement un peu gêné. En regardant cet oreiller... même s'il n'avait pas encore eu la chance de faire quoi que ce soit avec cet oreiller ultra-résistant, le lit à lui seul ressemblait à la scène du crime elle-même. Rien qu'un regard, et des images inappropriées et osées surgissaient dans son esprit.

Il détourna honteusement le regard et ouvrit la porte d'entrée. "Allez, allons manger."

*

Alors qu'ils étaient assis pour déguster les gâteaux de riz frits, Jiang Cheng commanda également de la bière. Après tout, lui et Pan Zhi ne s'étaient pas vus depuis longtemps... même si ce n'avait probablement pas été si long que ça. Dans tous les cas, leur réunion après un moment passé à part justifiait une boisson.

"Bois du baijiu (NT : liqueur)," dit Pan Zhi. "Tu es maintenant un adulte légalement."

"Pourquoi diable boirions-nous du baijiu par une journée aussi chaude," Jiang Cheng ouvrit une bouteille de bière avec ses dents et la posa devant Pan Zhi.

"Comment allons-nous parler ce soir si nous sommes ivres." Pan Zhi sourit, "Tu es là depuis si longtemps, je pensais que tu irais directement vers le baijiu, c'est sûr."

"Cette courte période n'est pas suffisante pour m'influencer." Jiang Cheng ouvrit une bouteille pour lui-même avec ses dents et prit une gorgée.

"C'est bien, et tu seras parti avant d'être influencé." approuva Pan Zhi.

La main de Jiang Cheng fit une légère pause dans les airs.

Pan Zhi remarqua le léger arrêt dans son mouvement. " Quoi ? Tu ne partiras pas après les examens de l'année prochaine ?"

"Mhm," répondit Jiang Cheng.

Pan Zhi prit un morceau de gâteau de riz et le mit dans sa bouche. Après un moment, il leva de nouveau les yeux vers Jiang Cheng. "Cheng-er, ne me dis pas que tu ne veux plus partir ?"

"Absolument pas," répondit Jiang Cheng.

"Tu ferais mieux," déclara Pan Zhi en prenant une autre bouchée. "Sortir ensemble, c'est bien, mais tu dois garder au moins un petit brin de raison."

Jiang Cheng sourit, “Tu penses que je n'ai qu'un petit brin de raison ?”

“Pas théoriquement,” dit Pan Zhi en le regardant. “Mais je ne sais pas non plus comment tu es quand tu es vraiment en couple, ça m'inquiète un peu.”

"Détends-toi, ce n'est pas quelque chose pour laquelle tu dois t'inquiéter," déclara Jiang Cheng. »

“Mhm,” Pan Zhi sourit et acquiesça. “Pourquoi ne demandes-tu pas à Gu Fei de faire un peu plus d'efforts aussi. Il n'y a aucune chance que vous finissiez dans la même école, mais ce serait bien si vous pouviez au moins aller dans la même ville. Comme ça, vous n'aurez pas à jouer le scénario déchirant du long adieu à distance quand le moment sera venu.”

Jiang Cheng ne dit rien. Ses paroles soudainement serrèrent la poitrine de Jiang Cheng. Ce n'étaient que des paroles ordinaires. Elles n'auraient pas été déplacées venant de n'importe qui, mais elles le firent soudainement paniquer.

“Qu'est-ce qui ne va pas ?” Pan Zhi le regarda.

“Rien,” Jiang Cheng secoua la tête.

"Vous n'avez pas de problèmes, n'est-ce pas ?" demanda Pan Zhi.

"Non," confirma Jiang Cheng.

Cette fois, c'était à Pan Zhi de se taire. Il regarda Jiang Cheng, ne sachant pas exactement quoi d'autre demander.

“Je n'ai pas pensé aussi loin,” dit Jiang Cheng. “Enfin, ce n'est pas que je n'y ai pas pensé, juste pas en détail.” “

Attends, grand-pa,” Pan Zhi était un peu confus. “Ce n'est pas si lointain, si ? Ce n'est qu'à un an.”

“Très loin,” affirma Jiang Cheng.

“…Oh.” Pan Zhi ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais n'émit aucun son. Après quelques secondes, il remua la bouteille de bière dans sa main et demanda, “Tu vas me faire voir tes photos demain?”

“Mhm,” Jiang Cheng acquiesça. “C'est juste un peu ennuyeux.”

“Il y a des mannequins féminins?” demanda Pan Zhi.

“Il y en a,” confirma Jiang Cheng en le regardant. “Toutes assez belles.”

“Pourquoi ça serait ennuyeux alors,” dit immédiatement Pan Zhi avec un sourire. “C'est intéressant, si par hasard ou par destin je rencontre l'une d'elles…”

“And ensuite une relation longue distance?” Jiang Cheng lui lança un regard sur le côté.

“Qu'est-ce qu'il y a de mal avec la distance ? De toute façon, je ne suis pas comme toi,” Pan Zhi alluma une cigarette et posa le paquet devant Jiang Cheng. “Personne ne s'attend à ce que ça dure éternellement. Ce n'est que de la rencontre.”

“Salopard,” Jiang Cheng  continua à lui jeter des regards sur le côté.

“…D'accord, d'accord, je suis un salopard,” Pan Zhi se résigna à ce titre. Il s'absorba un moment avec la cigarette dans sa bouche, puis, comme s'il avait enfin pris sa décision, regarda Jiang Cheng et demanda, “Tu ne penses pas vraiment au long terme, n'est-ce pas ? Avec Gu Fei.”

Jiang Cheng ne répondit pas. Il sortit également une cigarette et l'alluma. Après deux bouffées, il la tapota, mais aucune cendre ne tomba. Il dit, “Pourquoi pas?”

“Tu penses que c'est possible?” demanda Pan Zhi en retour. Ce n'était que parce que la personne posant cette question était Pan Zhi qu'il ne versa pas directement un verre de bière sur le visage de l'interlocuteur. Au lieu de cela, quelque chose dans sa poitrine fut violemment secoué par ces mots. Pan Zhi était son meilleur ami. Normalement, personne n'abandonnerait son bon sens pour dire quelque chose comme ça, seul Pan Zhi osait être si franc avec lui.

Après le dîner, ils se promenèrent un moment, puis retournèrent à l'appartement. Ils prirent chacun une douche avant de s'effondrer sur le canapé, ne voulant plus bouger. Ils ne poursuivirent pas la conversation précédente, n'étant de toute façon pas en mesure de le faire.

Et donc ils discutèrent de choses futiles. Entre eux, il y avait beaucoup de bavardages sans importance. Même en regardant la télévision, ils pouvaient parler et rire d'un moment stupide spécifique pendant au moins une demi-heure.

“On devrait dormir,” Jiang Cheng consulta l'heure sur son téléphone quand il se sentit fatigué de parler, et réalisa qu'il était déjà passé minuit. “J'ai un shooting photo demain matin, je dois y être à 9 heures.”

“Laisse-moi utiliser ton unique oreiller,” Pan Zhi remua et se coucha sur le canapé. “Ne me fais pas utiliser un rouleau de couverture comme oreiller.”

Jiang Cheng rit en récupérant l'oreiller dans sa chambre, “Tu ne veux pas dormir sur le lit avec moi?”

“Nah,” Pan Zhi fit claquer sa langue. “Ce serait gênant si Gu Fei te surprend au milieu de la nuit. Un gars hétéro comme moi.”

Jiang Cheng fit demi tour pour retourner dans sa chambre. Quand il s'assit au bord de son lit, il entendit Pan Zhi dire dans le salon, “Cheng-er, ce que j'ai dit tout à l'heure, c'était peut-être un peu déplacé…”

« Ca ne l'est pas » répondit Jiang Cheng.

« Je suis juste un peu inquiet. Parce que tu… », Pan Zhi marqua une pause. « Tu ne peux pas tout traiter comme si c'était une étude pour des examens... n'est-ce pas ? »

Jiang Cheng ne répondit pas.

« Bonne nuit, grand-père », ajouta Pan Zhi.

Jiang Cheng resta assis au bord de son lit. Il était très fatigué, mais il sentait qu'il ne pourrait pas dormir même s'il se couchait.

Il prit son téléphone et vérifia ses messages. Rien de la part de Gu Fei.

Après avoir parcouru l'intégralité de leur historique de chat, Jiang Cheng sentit qu'il avait du mal à garder les yeux ouverts. Il s'écroula sur son oreiller et envoya un message à Gu Fei.

As-tu pensé à ce qui se passera après ?

Au moment où il s'endormit, Gu Fei n'avait toujours pas répondu.

« Je vais bientôt commencer à rêver », pensa Jiang Cheng alors qu'il se retournait, somnolent.

Qu’est devenue la promesse de me laisser un lien.

Tsk.