Little mushroom - Chapitre 53 - Ce n’est pas une catastrophe, mais un piétinement.

 

An Zhe ferma doucement les yeux.

Il savait ce que venait de se passer signifiait pour l'humanité. La disparition des mères et des enfants signifiait que cette base humaine avait complètement perdu son avenir. Dans cette situation, peu importe ce que ferait le colonel, il ne serait pas surpris.

Juste à ce moment-là !

"Colonel !" Une voix familière résonna au bout du hall.

C'était le docteur.

An Zhe regarda dans cette direction.

"Il est de l'Éden, il aide maintenant le Phare dans une recherche." Le docteur ajouta : "Veuillez me remettre cet homme."

"Tout le monde est infecté, et il est le seul à être en vie. Il est également recherché ce soir pour avoir prélevé un échantillon." La voix du colonel était grave: "Le Phare va le protéger? Quelles recherches faites-vous, et pourquoi l'infection se propage-t-elle sans contact ?"

"Que cette affaire soit liée au Phare ou non, vous devez me remettre cet homme." Insista le docteur: "Au moins je sais que si vous le tuez, tout sera fini."

Le colonel ricana : "Ensuite, vous continuerez vos expériences dangereuses ?"

"Ce qui s'est passé ce soir n'a absolument rien à voir avec les expériences du Phare." La voix calme du docteur : "Au contraire, nous allons enquêter sur la raison de tout cela."

«Votre groupe dit depuis plus de 100 ans que vous pouvez trouver la cause de l'infection. Pourtant, vous êtes toujours dans le noir et aucun indice n'a été trouvé. Comment le Phare peut-il garantir qu'il ne sera pas plus dangereux de le laisser en vie ? »

"Je ne peux pas le garantir", le docteur fixa le colonel, "mais je sais que la situation de la base ne sera pas pire qu'elle ne l'est maintenant."

Après un bref silence, la main tenant le pistolet du colonel trembla, il semblait avoir perdu toute énergie à ce moment-là.

Il céda : "Dans une heure, il doit y avoir des progrès."

Le docteur répondit : "D'accord."

La porte de la salle d'interrogatoire se ferma alors que les soldats qui l'escortaient montaient la garde à l'extérieur.

An Zhe et le docteur se regardèrent à travers une couche de verre. Les actions du soldat avaient été brutales et le dos et les épaules An Zhe lui faisaient encore mal.

La première phrase du docteur fut exactement la même que celle du colonel : "Que s'est-il passé ce soir ?"

An Zhe le lui dit honnêtement. Contrairement au colonel, le docteur le crut.

"Tu veux dire qu'il y avait un gène étranger qui se cachait en elle depuis longtemps, mais il s'est manifesté maintenant ?"

An Zhe hocha la tête.

"Elle a tué les femmes de la base et leur descendance parce qu'elle a choisi de le faire par haine envers la base ? Tu veux dire qu'elle a mené une infection sans contact dans un certain périmètre tout en étant consciente ?"

"Non." An Zhe secoua la tête. "Quand elle venait de devenir une abeille, elle voulait juste partir d'ici, mais ensuite les abeilles sont revenues."

"Penses-tu que son esprit avait déjà été remplacé à ce moment-là ?"

"Oui."

Le docteur rit soudainement, mais son rire était rauque. Les sourcils se froncèrent, les coins des yeux tombèrent, c'était un sourire plus laid que les larmes : "Elle n’a pas pu y échapper non plus."

An Zhe le regarda silencieusement.

"Ne me regarde pas avec ce regard", le docteur inspira profondément, "tu sembles ne rien savoir et en même temps tout savoir."

An Zhe affirma : "Je ne sais rien du tout."

"Si Nan... Si Nan peut maintenir une lucidité occasionnelle, c'est une chance sur un million." Remarqua le docteur.

Il le questionna ensuite : "Connais-tu la faction Fusion ?"

An Zhe secoua la tête.

"Il y a cent ans, à l'époque, la puissance de recherche de la base était encore très forte. Beaucoup de scientifiques pensaient que d'autres organismes pouvaient obtenir des corps plus grands et des pouvoirs plus puissants par mutation, capables de développer des capacités d'adaptation à l'environnement grâce à l'infection et la mutation mutuelles, tout comme les humains." expiqua le docteur.

"Ils ont d'abord observé les effets de la radiation sur le corps humain, mais plus les gènes des organismes sont complexes, plus la probabilité de mutations favorables est faible, les humains exposés à la radiation spatiale ne peuvent contracter que des cancers généralisés ou d'autres maladies génétiques."

"Ensuite, ils ont pensé que l'infection génique était un moyen d'évolution humaine, et ils ont été appelés 'la faction Fusion' à cause de cela. Ils ont fait beaucoup d'expériences folles, infectant des monstres avec des monstres, infectant des humains avec des monstres. Ils ont créé d'innombrables hybrides pour observer comment les gènes humains changent, comment la volonté humaine peut être préservée dans la mémoire. Ils ont découvert la fragilité de la volonté humaine et ont également découvert que l'intelligence humaine est facilement acquise par les hybrides. Cependant, il y a eu quelques individus qui ont réussi à rester lucides, à contrôler leur corps mutant avec la pensée humaine, bien que pour un temps limité."

An Zhe écoutait silencieusement, mais il vit le docteur esquisser un sourire ironique, une expression de moquerie : "C'était une bonne nouvelle. Ils ont demandé plus d'échantillons et, finalement, après avoir éliminé tous les facteurs perturbateurs, ils ont obtenu une conclusion. Aucune méthode externe ne peut aider une personne à conserver sa volonté. Que quelqu'un reste lucide après avoir été infecté dépend également de la force de sa volonté. Une personne infectée a une chance sur cent mille de conserver sa conscience, et 99 999 chances sur 100 000 de perdre sa volonté. C'est simplement une question de probabilité, tout est aléatoire, tout est imprévisible. L'aléatoire est la chose la plus effrayante pour la science. Le jour où cette conclusion a été tirée, au moins trois scientifiques de la faction Fusion se sont suicidés."

"Mais il y a aussi des gens qui n'ont pas perdu espoir et qui ont continué la recherche. Ils pensaient que le caractère aléatoire des résultats était dû au fait que nous n'avons pas encore trouvé le facteur décisif, ou que ce facteur décisif dépasse la portée de la compréhension de la technologie humaine."

An Zhe : "Et ensuite ?"

"Ensuite, il n'y a plus de faction Fusion, tous les échantillons ont été éliminés, toutes les recherches ont été interrompues en urgence." La voix du docteur tomba doucement : "Cette année-là, une espèce hybride ressemblant à une sangsue humaine a contaminé l'approvisionnement en eau de toute la ville extérieure, exposant toute la ville. Le tribunal a été créé, et le sang a coulé pendant dix jours de massacre,. Cette espèce hybride était un spécimen de la faction Fusion qui avait acquis l'intelligence humaine."

An Zhe essaya de penser, de digérer le sens de la phrase du docteur.

Mais il entendit soudain le docteur dire : "J'ai parlé assez, avez-vous formé un jugement?"

An Zhe resta figé, il leva les yeux et vit une porte s'ouvrir sur le côté du mur de la salle d'interrogatoire. Sé Lan et un autre juge sortirent et se dirigèrent vers le docteur.

Il regarda soudain du côté de la salle d'interrogatoire où il se trouvait un miroir lisse.

"Un miroir unidirectionnel." Confirma le docteur: "Sé Lan te surveillait tout ce temps."

"Selon les règles de l'interrogatoire," Sé Lan regarda An Zhe, dit : "Je pense toujours qu'il est humain."

"Je le pense aussi." Le docteur sembla enfin soupirer de soulagement, dit : "Même Lu Feng l’a laissé près de lui."

"Lu Feng..." À ce stade, le docteur écarquilla les yeux soudainement : "Si Madame Lu a été infectée depuis longtemps, et au cours de ces jours elle a progressivement perdu conscience, avant de perdre complètement sa raison, elle aurait encore pu infecter Si Nan. Pourquoi Lu Feng n'a-t-il pas remarqué ?"



"Désolé," Sé Lan baissa légèrement ses paupières douces, et poursuivit : "Le tribunal n'a jamais pu déterminer si les dames de l'Éden avaient été infectées."

Le docteur resta stupéfait.

Cinq secondes plus tard, il éclata soudain de rire, se pliant en deux, son corps tremblant, ses mains agrippant fermement les accoudoirs de la chaise.

""La source du désastre dans la ville extérieure il n'y a pas si longtemps, vous vous en souvenez ?" demanda soudain le médecin.

"Je me souviens." Nota Sé Lan: " C'était la saison de reproduction des arthropodes."


"Cela pourrait expliquer pourquoi Madame Lu a infecté tant de personnes. Elle cherchait à quitter l'Éden, dont l'unique objectif est la reproduction humaine. Même si elle a sacrifié sa forme humaine et sa conscience dans ce but, afin d'être libre... au moment où elle s'est totalement débarrassée de son corps humain, elle a été assujettie aux instincts biologiques de la reine des abeilles... c'est actuellement la saison de reproduction pour les arthropodes. Ce qu'elle faisait en tant qu'humaine et ce qu'elle fait en tant que reine des abeilles, elle..."

Plus le médecin parlait, plus sa voix devenait intermittente. À la fin, il ferma les yeux de douleur. "Elle ne pourra jamais s'en défaire."

Après un long silence, sa voix était rauque. "Elle ne peut pas échapper à cela."

Les yeux d'An Zhe s'écarquillèrent lorsqu'il réalisa ce que le docteur était en train de dire. L'instinct fondamental d'une créature était de vivre et de se reproduire.

Personne ne pouvait y échapper, absolument personne.

Peut-être, peut-être seulement à ce moment-là, ce moment éphémère — le moment où elle allait se transformer en abeille, elle a brièvement obtenu ce qu'elle voulait.

Ensuite, l'éternel rideau noir de l’ignorance est tombé abruptement devant elle.

"La 'Déclaration de la Rose' est le choix inévitable pour le développement à long terme de la base, mais elle viole effectivement les normes de l'humanité — le Tribunal Judiciaire, les mercenaires, le système de réponse d'urgence... De nombreux systèmes ont été violés. Si je n'étais pas du côté de la base, je soutiendrais la résistance de Madame," sa voix était extrêmement basse, "mais est-ce que sa résistance a du sens ? Elle a même... emporté tous nos embryons."

"Personne n'a rien fait de mal," il fixa le mur blanc, son regard près de l'effondrement, semblant au bord de la rupture, ne pouvant maintenir la cohérence qu'à travers des murmures, "C'est cette... cette putain d'époque."

Cette ère de disparition magnétique, ce n'était pas une catastrophe pour l'humanité mais un piétinement.

Elle a d'abord fait prendre conscience à l'humanité de sa conscience fragile, puis lui a fait réaliser le vide de leur technologie fière, a ensuite nié la légitimité du fonctionnement de toute la base, et a finalement prouvé que même la volonté de l'humanité elle-même, indépendante des animaux, n'était pas digne d'être mentionnée.

Mais dire cela n'était pas tout à fait exact.

Parce que ce monde se moquait simplement de l'existence de l'humanité.

An Zhe plaça sa main sur la vitre de la salle d'interrogatoire, essayant de s'approcher du docteur, voulant le réconforter.

"C'est bon." Il vit alors le docteur prendre quelques respirations profondes, reprenant péniblement une certaine dose de calme, "Maintenant c'est à ton tour d'expliquer deux questions."

"Premièrement, puisque Sé Lan pense que tu es humain, pourquoi n'as-tu pas été infecté par Madame Lu ? Deuxièmement, pourquoi es-tu entré dans le laboratoire d1344 et as-tu pris l'échantillon dormant ?"

An Zhe baissa les yeux, restant silencieux.

"Tu dois me le dire," dit le docteur, "Si je ne peux rien obtenir en te questionnant, tu finiras entre les mains du Colonel."

An Zhe resta silencieux, secouant la tête.

"Tu n'as pas vu les méthodes d'interrogatoire militaires," le docteur se leva de sa chaise, se tenant devant la vitre, et le fixa, "si tu ne sais pas pourquoi tu n'as pas été infecté, nous attendrons que Lu Feng revienne, que l'électricité soit rétablie, et nous ferons une inspection complète au Phare. Mais tu dois me dire où se trouve l'échantillon d1344."

An Zhe resta silencieux. Le docteur dit enfin, "Y a-t-il quelque chose que tu ne peux pas dire à Sé Lan et moi ?"

An Zhe hocha la tête.

"Pourquoi ? Tu es un bon enfant." Le regard du docteur était complexe, répétant une fois de plus, "Cet échantillon est trop important, où est-il exactement ?"

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L'auteur a quelque chose à dire :

Dans mon ventre.

 

Traducteur: Darkia1030

 

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