Little mushroom - Chapitre 33 - Il allait déborder.

 

Arrivés en bas de la résidence, après être descendu de la voiture de Lu Feng, An Zhe dit : "Merci."

"De rien," répondit Lu Feng. "Comment tu manges habituellement ?"

"Je cuisine moi-même," dit An Zhe.

"Soupe de pommes de terre ?"

"Oui."

"Tu aimes ça ?"

An Zhe y réfléchit sérieusement.

"Oui," dit-il. "Mais je n'ai pas non plus d'argent pour acheter autre chose."

"Je vois," dit Lu Feng. "Ce soir, je t'invite à manger autre chose."

"Pourquoi ?"

Lu Feng répondit simplement : "Merci de m'avoir aidé à découvrir le xénogène."

Cela semblait être une raison valable. C'était grâce à An Zhe que Lu Feng avait remarqué Sinan.

An Zhe eut ainsi l'occasion de choisir des ingrédients dans la zone alimentaire. Comparant les options du menu fourni par la base, il opta finalement pour des tomates, des pommes de terre et de la viande de bœuf congelée. Le prix du bœuf était très élevé, et une indication spéciale signalait qu'il serait bientôt en rupture de stock. An Zhe hésita un moment avant de décider s'il devait acheter, mais pendant ce temps, Lu Feng avait déjà passé sa carte. Le solde affiché sur la machine à cartes montra la disparité entre les gens.

À côté des ingrédients se trouvait un mode d'emploi simplifié. An Zhe ne savait toujours pas faire grand-chose d'autre, alors il se contenta de faire une soupe.

En cuisinant, An Zhe réalisa quelque chose.

Il resta immobile, fixant silencieusement la surface de l'eau qui bouillonnait légèrement dans la casserole.

La soupe était déjà très épaisse, les pommes de terre étaient complètement ramollies, l'arôme sucré-acide des tomates se mêlait à l'odeur de la viande de bœuf, créant une saveur différente de celle de la soupe aux pommes de terre, très délicieuse.

Mais...

Lu Feng le regarda. "Qu'est-ce qui ne va pas ?"

"Je..." An Zhe leva les yeux vers lui.

Mais les yeux verts de Lu Feng, regardant à travers une couche de buée blanche, ne semblaient pas trop sévères.

"Je..." An Zhe dit : "Je crois que j'en ai fait trop."

"Trop ?" Lu Feng s'approcha de lui, se penchant légèrement pour regarder dans la casserole.

C'était vraiment trop, An Zhe le savait.

Il avait mis trop d'ingrédients, trop d'eau aussi.

Lorsqu'il cuisinait de la soupe de pommes de terre, pour que les pommes de terre soient un peu plus molles et la soupe un peu plus épaisse, il avait l'habitude de mettre beaucoup d'eau, puis de faire mijoter lentement cette grande quantité d'eau jusqu'à en obtenir une petite portion de soupe.

Mais maintenant, cette soupe semblait suivre une logique différente de celle de la soupe aux pommes de terre. Si elle continuait à bouillir, les ingrédients allaient se disperser, puis se transformer en un mélange indistinct d'objets non identifiés.

Il fit une estimation mentale : même pour trois personnes, cette soupe serait largement suffisante.

"Il y en a beaucoup," dit Lu Feng.

An Zhe a essayé de réfléchir et a finalement trouvé une solution. "Je peux inviter Colin à venir manger."

Lu Feng le regarda. De ce regard léger, An Zhe a vivement saisi un soupçon des émotions de Lu Feng. Il semblait que cuisiner beaucoup de soupe était une grave erreur.

Lu Feng ordonna : "Sè Lan habite au 3202, apporte-lui une portion."

Après avoir sonné à la porte du 3202, Sè Lan l'ouvrit rapidement.

"C'est toi ?" Il semblait légèrement surpris.

An Zhe lui tendit la bouteille isotherme : "J'ai fait de la soupe, je t'en apporte une portion."

"Ouaah."s’exclama Sè Lan: "Merci. Je m'apprêtais à sortir dîner."

An Zhe lui remit la soupe, disant : "De rien."

Sè Lan ajouta : "Pourquoi... me l'offres-tu ? Peut-être que le Colonel aimerait."

An Zhe ne savait pas comment répondre pendant un moment.

Finalement, il dit : "Le Colonel en a aussi."

Sè Lan sourit : "Je le pensais. Donc, le Colonel t'a dit que je vivais ici ?"

An Zhe hocha la tête.

Sè Lan invita An Zhe à entrer. Après avoir posé la bouteille isotherme sur la table du salon, il sortit quelque chose d'emballé dans du rose d'un tiroir - cela ressemblait à une collation humaine.

Il le fourra dans la main d'An Zhe en disant : "Prends des bonbons."

An Zhe dit : "Merci."

Sè Lan ajouta : "Es-tu habitué à vivre dans la Cité Principale ? Tu es à quel étage ?"

An Zhe dit : "Je suis au 3702."

"Mon Dieu." Sè Lan sourit : "Quelle coïncidence."

À ce moment-là, une tempête soufflait à l'extérieur, et le bruit du vent s'entendait également dans la chambre de Sè Lan.

An Zhe regarda vers la source du bruit.

"Le conduit de ventilation est normalement fermé, mais en été, quand le vent est fort, il s'ouvre pendant un certain temps pour éviter que l'intérieur du conduit ne devienne trop humide. Pendant cette période, il fait du bruit. C'est très fort, parfois même les gens de la Cité Principale ont du mal à dormir à cause du bruit. Mais ne t'inquiète pas." Sè Lan parlait d'un ton doux. Après avoir terminé, il sourit à nouveau et dit : "Mais le Colonel a probablement dû te rassurer."

An Zhe était perplexe.

Premièrement, il n'avait pas ressenti de peur, donc il n'avait pas besoin d'être rassuré, et deuxièmement, Lu Feng ne l'avait tout simplement pas rassuré.

Il remarqua : "Il ne l'a pas fait."

Sè Lan : "... Peut-être qu'il a oublié."


An Zhe pensa que Sè Lan imaginait Lu Feng trop gentil et idéalisait trop leur relation à tous les deux.

De retour au 3702, le Colonel avait étrangement disposé les bols et les baguettes lui-même, mais malheureusement, même s'il en avait déjà servi une portion, il en restait encore un peu trop.

Les yeux verts glaciaux d'un certain Colonel le fixaient. "Tu peux."

An Zhe : "Je ne peux pas."

Lu Feng : "Tu ne peux pas gaspiller les ressources de la base."

An Zhe prit une petite portion de viande avec une cuillère, essaya de la faire descendre difficilement. Après avoir mangé sa propre part, Lu Feng le força à affronter le reste dans la casserole, qui était maintenant à moitié vide.

Lu Feng, d'un ton neutre, dit : "Continue."

An Zhe prit une bouchée de pomme de terre et une cuillerée de soupe.

Il sentait que cela ne fonctionnait pas.

La capacité humaine à manger est limitée, même si cette soupe était délicieuse.

Il allait déborder.

Il leva les yeux et regarda Lu Feng.

Mais il vit que cet homme le regardait, les sourcils légèrement relevés, une expression de satisfaction discrète dans son regard.

An Zhe : "..."

Il aurait dû le savoir depuis longtemps. L'objectif de Lu Feng n'était pas du tout d'économiser les ressources de la base, son bonheur était basé sur le fait de le taquiner.

Il fronça les sourcils, un peu en colère. Cette fois, il fut catégorique : "Je n'en veux plus."

Lu Feng : "C'est un crime de gaspillage alimentaire."

An Zhe répliqua : "Alors, tu l'as aussi commis."

Lu Feng leva les bras croisés, comme s'il le détaillait de haut en bas, puis dit d'un ton décontracté : "Intelligent."

An Zhe comprit ce qu'il voulait dire.

Il jura qu'à la prochaine visite de cet homme pour le dîner, il mettrait un morceau de son propre mycélium empoisonné. Il n'avait pas l'intention de s'occuper à nouveau de cet homme et posa la cuillère.

Mais Lu Feng sourit plutôt. Il tendit la main et plaça le reste de la soupe devant lui. Il semblait que le Juge allait s'auto-absoudre. An Zhe observa un moment son comportement, puis décida de réduire une portion de moitié.

Après le dîner, il accompagna Lu Feng jusqu'à la porte, car le Colonel avait une réunion téléphonique prévue pour le soir.

En arrivant à la porte, Lu Feng sembla soudain se rappeler quelque chose.

Il sortit une boîte semi-transparente de la poche de sa tenue militaire et la jeta à An Zhe.

"Utilise-le si tu ne peux pas dormir." dit-il.


Après son retour dans sa chambre, An Zhe ouvrit la boîte. Il y trouva une paire de bouchons d'oreilles en caoutchouc blanc en forme de parapluie pour atténuer le bruit.

Après mûre réflexion, An Zhe resta indécis sur la question de savoir si Lu Feng était une personne bienveillante ou malveillante. Finalement, il décida de définir temporairement cet homme comme quelqu'un de versatile.

*

Le vent à l'extérieur continuait de s'intensifier. Les chants stridents des insectes dans le trou de la cave devenaient de plus en plus aigus, ce qui rendait effectivement difficile pour les humains de dormir. Cependant, il n'avait pas l'intention de mettre les bouchons d'oreilles, du moins pas pour le moment.

An Zhe se tenait devant son lit. Tout l'après-midi, il avait réfléchi à une chose.

Si on ne lui permettait pas de se déplacer librement dans le Phare, quand pourrait-il trouver sa spore ?

Autrefois, il pensait que c'était un problème insurmontable, mais maintenant il avait une solution. Tous les bâtiments de cette ville étaient reliés par des conduits de ventilation.

Il se tourna vers la fenêtre de la chambre.

La fenêtre était petite, seulement aussi grande que deux cahiers empilés, avec deux portillons coulissants en métal à côté. Il s'approcha de la fenêtre, poussa fort le portillon coulissant vers l'intérieur, un clic retentit, le portillon se ferma hermétiquement, de sorte que personne ne pouvait voir à l'intérieur de la chambre depuis l'extérieur.

Le mycélium.

Le mycélium se répandit depuis le corps d'An Zhe. Ses vêtements et le médaillon de la balle autour de son cou glissèrent doucement au sol, émettant un léger bruit. En même temps, une masse de mycélium blanc émergea du col de sa chemise, roula sous le lit et fit face silencieusement à l'orifice noir.

Lorsqu'il était un champignon, An Zhe avait une perception floue du monde extérieur, fusionnant la vision et l'ouïe, de plus l'odorat et le toucher ne pouvaient plus être distingués. Ce n'était plus une image ou un son, mais une sensation particulière que le langage humain ne pouvait décrire.

À l'ouverture de l'orifice se trouvait une fine grille métallique, à trois couches, suffisante pour bloquer tous les insectes de petite ou grande taille.

Mais elle ne pouvait pas arrêter un champignon mou.

 

Traducteur: Darkia1030

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