Little mushroom - Chapitre 15 – Verse-moi un verre d’eau.

 

An Zhe et Lu Feng se regardèrent. Lu Feng gardait son expression habituelle, froide et détachée, son regard calme et sérieux. An Zhe ne parvint pas à articuler clairement ses mots : "Je… Je n’ai pas besoin d'aide."

S'il s'était agi de n'importe quoi d'autre dans la valise, il aurait peut-être accepté l'aide du Juge, même s'il n'appréciait pas vraiment de côtoyer cet homme. Mais dans le cas présent, il était catégorique.

An Zhe posa sa main sur la poignée du chariot pour tenter de la reprendre des mains de Lu Feng : "Je peux le faire tout seul."

“Habites-tu au rez-de-chaussée ?" demanda Lu Feng, son regard scrutant An Zhe, les sourcils légèrement levés.

"Non, je vis au cinquième étage, mais je peux vraiment le gérer moi-même," répondit An Zhe.

"D'accord."

D'un geste sûr, il prit le chariot, éloignant la main de An Zhe de la poignée. An Zhe était sous le choc, impuissant. Il y a eu un clic et la poignée se rétracta dans la boîte, Lu Feng tint le levier sur le côté d'une main et souleva facilement toute la boîte.

An Zhe, "……!"

Il affirma à la hâte: "Je peux vraiment le faire."

Lu Feng marmonna : "Cinquième étage ?"

An Zhe réalisa qu'il avait involontairement révélé où il vivait. Avant qu'il puisse réagir, Lu Feng s’avança vers l'ascenseur. An Zhe jeta un dernier regard inquiet vers Qiao Xi, qui les observait toujours, conscient que la situation venait de prendre une tournure inattendue.

Le patron Shaw avait dit que s'il se connectait avec un puissant mercenaire, Qiao Xi devrait faire un détour chaque fois qu'il verrait An Zhe. Maintenant, il semblait que cette déclaration était vraie. Même s'il était à côté du juge, pas un mercenaire, et n'avait rien à voir avec Lu Feng.

Cependant, dans ce moment de distraction, An Zhe avait pris du retard sur Lu Feng, et les jambes plus longues du colonel l'obligèrent à accélérer le rythme pour suivre Lu Feng dans le couloir.

Pour économiser l'électricité, seules de petites lumières de secours éclairaient le couloir, sombre et étroit. Le bruit des bottes de Lu Feng retentissait, chaque pas résonnait dans son cœur. À en juger par ce qu'il savait de Lu Feng, l'homme allait certainement demander : "Qu'y a-t-il dans la valise ?"

De manière étrange, mais finalement à son avantage, Lu Feng garda le silence jusqu'à ce qu'ils atteignent le cinquième étage.

An Zhe s'arrêta devant la porte n°14, sortit sa carte d'identité, et la glissa dans la fente pour ouvrir la porte. Les rideaux de la chambre n'étaient pas fermés, laissant entrer l'aurore qui inondait la majeure partie du ciel sombre, principalement teinté de vert, avec des reflets d'orange-violet. An Zhe entra dans la chambre, alluma la petite lampe, et par respect pour les conventions sociales, il invita le colonel à entrer en disant : "Veuillez entrer ».

 


Lu Feng entra avec entrain et déposa la valise à roulettes contre le mur. An Zhe observa son expression et réalisa que l'homme semblait d'excellente humeur, et il n'avait pas l'air pressé de partir.

An Zhe tenta prudemment de lui demander : "Allez-vous continuer votre patrouille ?"

Lu Feng, les bras croisés, s'appuya contre le mur et répondit d'un ton neutre : "Non, ce n'est pas nécessaire."

Les yeux verts et froids de Lu Feng étaient fixés sur An Zhe. Ce dernier avait l'impression que l'homme, malgré tout ce qui s'était passé, n'avait pas encore totalement accepté qu'il était humain. Il continuait de scruter minutieusement, à la recherche de la moindre faille possible.

An Zhe demanda doucement : "Alors que prévoyez-vous de faire ensuite ?"

"Retourner à la caserne de la défense de la ville pour me reposer," répondit Lu Feng d'un ton tranquille.

An Zhe demanda prudemment : "Et vous ne retournez pas au Tribunal ?"

Lu Feng répondit : "C'est trop loin."

"Oh."

Il s’était senti obligé de le faire entrer chez lui, comme c'était courtois entre les membres de la société. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de vouloir que Lu Feng parte au plus vite, car il n'y avait de place que pour un Colonel dans cette pièce, pas deux.

An Zhe demanda : "Quand avez-vous l'intention de partir ?"

Lu Feng le regarda du coin de l'œil.

An Zhe baissa les yeux et se mordilla la lèvre. Lu Feng demanda : "Pourriez-vous me verser un verre d'eau ?"

Le ton de Lu Feng ne laissait aucune place à la négociation ou à la proposition. C'était comme si quoi qu'il dise, il donnait des ordres.

An Zhe s'exécuta : "Bien sûr."

Il prit un verre, s'approcha de la porte et sortit dans le couloir.

Lorsqu'il arriva à la fontaine d'eau, An Zhe hésita. Il se demanda s'il devait donner de l'eau chaude ou froide à Lu Feng. Mais il se rappela que les robinets ne délivraient que de l'eau froide, il appuya donc sur le bouton bleu pour de l'eau froide.

Il remplit le verre et retourna vers sa chambre avec un cœur lourd à l'idée de continuer à faire face à Lu Feng. Le juge l'avait aidé à monter les escaliers tard dans la nuit et avait même demandé un verre d'eau. Il se demanda pourquoi Lu Feng avait vraiment fait tout ce chemin pour venir chez lui. Peut-être avait-il soif après sa patrouille nocturne ?

S'il racontait tout à son patron le lendemain. Son employeur, en homme simple, allait sûrement dire quelque chose comme : "Il veut coucher avec toi."

C’était mauvais.

An Zhe cessa de bouger. Il se souvint soudain pourquoi Patron Shaw avait laissé la boîte avec lui.

C'était parce que Jin Sen qui vendait des téléphones portables au marché noir n'avait soudainement pas pu être contacté. Patron Shaw avait senti que quelque chose était étrange et ne pouvait plus ramener le mannequin du juge au magasin.

Il fronça les sourcils et commença à se remémorer chaque mouvement de Lu Feng. Les patrouilles du Tribunal étaient généralement effectuées en groupe, comme lorsqu'ils l'avaient arrêté à l'entrée du marché noir. Pourquoi Lu Feng se tenait-il seul en bas de son immeuble à cette heure tardive de la nuit ? Pourquoi n'avait-il posé aucune question sur le contenu de la valise ?

An Zhe venait de poser sa main sur la poignée de la porte et maintenant il s'arrêta. Il eut un pressentiment que le juge était peut-être venu pour l'arrêter. Il prit rapidement son communicateur et composa le numéro AE77243, celui de patron Shaw.

L'écran électronique en noir et blanc du communicateur afficha trois mots : "Impossible de répondre."

Une sonnette d'alarme retentit dans le cœur d'An Zhe. Cependant, à ce moment précis, il entendit une voix glaciale provenant de derrière la porte à moitié ouverte lui ordonner froidement : "Entrez."

Le cœur d'An Zhe fit un bond dans sa poitrine. Il prit une profonde inspiration, puis ouvrit la porte.

Il vit Lu Feng toujours debout à l'endroit où il était, la tête légèrement baissée, perdu dans ses pensées. À côté de lui, le chariot à roulettes était toujours là.

An Zhe fit quelques pas en direction de Lu Feng, lui tendit le verre d'eau et dit : "Colonel, voici votre eau."

Lu Feng resta immobile.

Soudain, An Zhe réalisa quelque chose. Il s'arrêta lentement et tourna la tête vers l'autre côté de la pièce.

Et là, il rencontra les yeux du véritable Lu Feng.

Le vrai Lu Feng était assis à son bureau, les jambes croisées, dans une posture hautaine. Il tenait une feuille de papier dans la main et releva les yeux pour le regarder.

An Zhe comprit soudainement l'ampleur de sa désolation.

Mais dans cet instant précis, il ne pouvait faire que quelques pas lents en direction de l'autre homme et poser le verre sur le bureau, en disant d'une voix basse : "Votre eau."

Lu Feng prit le verre, le porta à ses lèvres et but une gorgée. Puis, il fronça légèrement les sourcils et demanda : "Elle est froide ?"

An Zhe ne voulait pas parler, car il avait l'impression d'avoir commis une autre erreur. Lu Feng remit la tasse d'eau et le papier sur la table avant de le regarder.

An Zhe ouvrit rapidement la bouche. "J'ai eu tort."

Lu Feng ne dit rien. Après 10 secondes complètes, il demanda: "Quel crime avez-vous commis?"

"Je ne vous ai pas donné d'eau chaude."

Lu Feng dit alors : "L'eau froide convient aussi."

An Zhe vit le dépliant ensanglanté qui protestait contre les atrocités du tribunal et son cœur est redevenu froid. "J'ai participé à un événement illégal."

"Non."

C'était fini. Il n'y avait qu'un seul crime qu'il aurait pu commettre. Qen quoi fabriquer un mannequin  du juge serait-il un crime ? An Zhe détestait ne pas avoir examiné de plus près les lois de la base. Il chercha dans son esprit des noms, Mannequin, un mauvais usage pour une mannequin...

Soudain, les mots que Lu Feng avait prononcés en bas à Qiao Xi sont apparus dans son esprit et An Zhe lâcha d’un ton désespéré. « ... Le crime d'attentat à la pudeur ? »

Un léger sourire apparut dans les yeux de Lu Feng comme s'il essayait de ne pas rire. «Avez-vous lu les lois de la base ? »

"Non."

Lu Feng ordonna d'un ton impérieux : "Approche."

An Zhe s'exécuta et s'approcha.

"Tend la main," réclama Lu Feng.

An Zhe tendit la main.

Les mots de Lu Feng restaient concis et autoritaires. "Pose-la."

An Zhe : "Où est-ce que je la mets ?"

Lu Feng : "Sur moi."

An Zhe hésita un instant, puis appuya lentement sa main sur le côté gauche de la poitrine de Lu Feng. Les boutons en argent de son uniforme et l'insigne sur sa poitrine étaient froids, avec quelques motifs en surface. An Zhe ne comprenait pas pourquoi Lu Feng lui demandait de faire cela.

Clic.

Les menottes en argent froid se refermèrent une fois de plus sur le poignet d'An Zhe.

Lu Feng, avec un visage impassible, déclara : "Agression indécente."

An Zhe : "...?"

Immédiatement après, Lu Feng prit son communicateur.

"Capture terminée, un objet prohibé saisi", dit-il. "Demande de renfort."

*

Les couloirs du bâtiment de la Défense de la Cité étaient encore plus sombres et plus froids que les immeubles résidentiels. An Zhe fut emmené au sous-sol, où des lumières tamisées éclairaient la pièce, entourée de portes en fer. Il réalisa que c'était probablement une prison pour les humains.

Il fut enfermé dans l'une des cellules.

"Interrogatoire demain", déclara Lu Feng en verrouillant la porte en fer. "Tu as dix heures pour préparer ta défense."

An Zhe : "Je n'ai pas de défense."

Lu Feng : "C'est bien ce que je pensais."

Sur ce, il se retourna et partit sans se retourner, ne laissant que les mots : "Repose-toi bien."

An Zhe s'accrocha à la porte en fer, regardant la silhouette de Lu Feng disparaître dans le couloir.

Des chuchotements venant d'en face lui parvinrent.

"Je te l'avais bien dit, on ne laisse personne de côté."

"Comment se fait-il qu'Hubbard soit dehors ? Sinon, il serait lui aussi en prison avec nous. Il m'a demandé de prendre une photo et vous deux m'avez entrainé. Une fois que nous serons sortis, payez-moi. »

"Alors vas trouver Dusai. Elle a passé la commande et le paiement final n'a pas encore été effectué."

"Dans ce cas, emmène-moi la voir."

Les voix appartenaient à Patron Shaw et Jin Sen.

An Zhe regarda à travers le couloir sombre, essayant de distinguer les deux personnes enfermées en face. "Vous êtes ici aussi ?"

Jin Sen : "J'étais en train de vendre des téléphones portables quand le Bureau de la Justice m'a arrêté."

Patron Shaw soupira. "Après notre séparation, je n'ai même pas réussi à atteindre la gare avant d'être arrêté."

Jin Sen : "Et toi ? Comment t'ont-ils attrapé ?"

An Zhe ne répondit pas immédiatement.

Xiao Lao Ban : "Qu'est-ce qui se passe ?"

An Zhe : "Est-ce que je donne vraiment envie aux gens de m'intimider ?"

Patron Shaw répondit paresseusement : "Tu ne t'en rends compte que maintenant ? Pourquoi tu demandes ça ?"

An Zhe ne répondit pas non plus et demanda : "Quels crimes avez-vous commis ?"

Xiao Lao Ban : "Pas besoin de le dire. Accès non autorisé aux informations du Bureau de la Justice."

An Zhe : "C'est ainsi."

Patron Shaw: "Pourquoi ? Toi aussi, n'est-ce pas ?"

An Zhe : "Si."

Patron Shaw rit : "Tu parles différemment, quelqu'un t'a intimidé ?"

An Zhe répondit froidement : "Non."

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L'auteur a quelque chose à dire :

Très en colère!