KOD -Chapitre 45 - Retour au monde réel

 

Départ

 

Selon Ruan Nanzhu, il était évident que même s'ils avaient été entraînés dans le tableau, la femme ne pouvait pas les attaquer directement.

Mais puisque le cadre était incrusté derrière la vitre, cela signifiait que presque toutes les personnes venues aux toilettes ici avaient été enfermées dans le cadre du tableau — on ignorait seulement pourquoi la femme avait finalement choisi Lin Qiushi.

« Ça doit être à cause de son visage, » remarqua Ruan Nanzhu avec désinvolture. « Il est mignon. »

En entendant cela, Tan Zhaozhao écarquilla les yeux : « Alors pourquoi je n'ai pas été attirée à l'intérieur ? »

Ruan Nanzhu demanda : « Tu es mignonne, toi ? »

Tan Zhaozhao resta sans voix : « ... » Ruan Nanzhu, si tu dis ça à l'extérieur, tu risques de mourir, tu le sais ?

Quoi qu'il en soit, il semblait qu'il y avait beaucoup de cadres cachés dans ce vieux château. En fait, après être retourné dans la chambre, Ruan Nanzhu en trouva plusieurs autres. L'un était caché à droite du miroir, un autre dans la table de chevet. Ruan Nanzhu découvrit même une cachette secrète au plafond contenant un cadre. Pas étonnant qu'il ait été l'une des victimes attirées dans le tableau. Quant aux actions de Yang Meishu, elles n'étaient que des diversions créées par la maîtresse des lieux. Il semblait que les fantômes de ce monde possédaient vraiment une intelligence redoutable.

Après avoir déniché tous les cadres de la chambre, Ruan Nanzhu les détruisit sans ménagement. Puis, il informa l'équipe de sa découverte, leur demandant de fouiller les autres pièces pour trouver tous les cadres possibles.

Lin Qiushi ne savait pas si c'était une illusion, mais il avait l'impression que le regard de la maîtresse de maison envers Ruan Nanzhu ce matin-là débordait de haine et d’amertume, comme si elle voulait l'écorcher vif.

Ruan Nanzhu semblait soit insensible à cette hostilité, soit totalement indifférent. Il resta impassible à table comme d’habitude, dégustant son steak sans la moindre inquiétude.

Même si l'équipe commença à chercher les cadres, il était déjà trop tard. Le lendemain matin, une autre personne disparut, devenant un personnage peint dans un tableau.

Ruan Nanzhu alla voir le tableau et trouva un cadre plat sous le tapis. Lin Qiushi soupira en tenant le cadre : « Ça fonctionne comme ça aussi ? »

Il posa le cadre à côté et secoua la tête : « C'est vraiment imprévisible. »

Ruan Nanzhu acquiesça : « En effet. C'est pourquoi nous devrions trouver la clé au plus vite.» Il ajouta : « J'ai l'impression qu'elle devient de plus en plus effrénée de minute en minute. »

Lin Qiushi hocha la tête.

Comme toujours, l'intuition de Ruan Nanzhu était juste. Cette nuit-là, la femme réapparut à nouveau à l'extérieur de leur fenêtre.

Sous la pluie nocturne, elle se tenait au milieu de la cour déserte. La pluie ruisselait sur elle en cascade du ciel lugubre tandis qu'elle levait légèrement la tête, adressant un sourire sinistre au balcon où se trouvait Ruan Nanzhu.

Ruan Nanzhu fumait à l'extérieur. En voyant la femme, il ne dit rien, affichant une froide indifférence. Il se contenta de déclarer : « Elle est dehors. »

Lin Qiushi le rejoignit et observa la scène à son tour.

N'importe qui aurait été terrifié en voyant cette femme, sauf Ruan Nanzhu, qui la regarda fixement sans montrer le moindre signe de peur. Finalement, c'est elle qui disparut en premier.

« Tu n'as pas peur ? » demanda Lin Qiushi en se tournant vers lui.

Ruan Nanzhu expira un nuage de fumée : « Peur ou pas, ça ne change rien. » Puis, il lui tendit une cigarette.

Puisqu'ils étaient à l'intérieur de la porte, Lin Qiushi accepta la cigarette, l'alluma et regarda le ciel de minuit sans étoiles : « Que fait-on maintenant ? »

Ruan Nanzhu répondit : « On attend. »

Il ne précisa pas pourquoi ni ce qu'ils attendaient. Lin Qiushi ne lui posa pas de questions non plus. Une fois sa cigarette terminée, il retourna dans la chambre avec Ruan Nanzhu.

Tan Zhaozhao dormait déjà sur le matelas par terre, les fesses en l'air. Son apparence était loin de celle de la froide actrice de cinéma qu'elle incarnait à l'extérieur. Ni particulièrement belle, ni particulièrement distante, elle dormait comme une chenille recroquevillée, une posture disgracieuse qui aurait sûrement déçu ses fans s'ils l'avaient vue ainsi, et l'image si royale qu'elle s'était efforcée de se créer pendant des années se briserait en quelques secondes..

Lin Qiushi la recouvrit d'une couverture, puis monta dans son lit et s'allongea à côté de Ruan Nanzhu.

« Tu te tiens sur le pont, admirant le paysage, pendant que ceux qui contemplent la vue, te scrutent de l'étage. La pleine lune illumine ta fenêtre et luit, et toi, tu embellis les songes d'autrui. » cita Ruan Nanzhu : « As-tu de nouvelles réflexions sur ce poème ? »

Après un instant de réflexion, Lin Qiushi répondit : « Nous sommes dans le château à regarder les tableaux. Une autre personne nous regarde, nous et les peintures, d'un point de vue différent. Les cadres décorent nos fenêtres, et nous décorons le rêve de quelqu'un d'autre... »

Il poursuivit, pensif : « Mais à la fin du poème, le rêve... Est-ce qu'il fait référence au monde dans lequel elle nous attire, ou à autre chose ? »

Ruan Nanzhu répondit : « Je pense que le rêve désigne le tableau à l'étage. »

Ruan Nanzhu se tourna sur le côté et se pencha en avant, regardant Lin Qiushi qui était également allongé sur le côté. Leurs visages étaient si proches qu'ils pouvaient sentir le souffle de l'autre.

Si cela avait été quelqu'un d'autre, Lin Qiushi aurait probablement été mal à l'aise. Mais après avoir partagé le lit avec Ruan Nanzhu d'innombrables fois auparavant, il n'y voyait plus rien de gênant.

« Tu parles de la peinture du banquet ? » demanda Lin Qiushi.

Ruan Nanzhu acquiesça.

Lin Qiushi cligna des yeux : « Et si on brûlait ce tableau ? »

Ruan Nanzhu réalisa que Lin Qiushi était sérieux : « Tu n'as plus peur ? »

Lin Qiushi répondit : « Il y a bien toi, non ? Et puis, si le rêve de la maîtresse est vraiment ce tableau, on va attendre qu'elle le termine ? »

Ruan Nanzhu répondit : « Elle ne le terminera jamais. »

Lin Qiushi fut d'abord stupéfait par sa déclaration, mais il comprit vite ce que Ruan Nanzhu suggérait. : le tableau montrait dix personnes, ce qui signifiait qu'elle devait en attirer dix dans le cadre. Mais selon les règles du monde, l'équipe ne pouvait pas être entièrement anéantie, donc il manquerait toujours un visage dans le tableau.

« Allons voir demain, » déclara Ruan Nanzhu. « Rester ici devient de plus en plus dangereux. »

Lin Qiushi hocha la tête.

L'intuition de Ruan Nanzhu se confirma. Le lendemain matin, un membre de leur équipe disparut à son tour. Cette fois, les gens ne réagirent pas autant, ayant désormais pris l'habitude de ces événements.

Le portrait de la personne disparue fut emporté par le majordome. Lin Qiushi le suivit des yeux alors qu'il montait au sommet du château.

« Il va où avec ce tableau ? » demanda Lin Qiushi, curieux.

Ruan Nanzhu répondit : « Je ne sais pas, suivons-le. »

Les deux hommes échangèrent un regard complice avant de déposer leurs couteaux et fourchettes et de sortir. Tan Zhaozhao, qui n'avait pas encore compris ce qui se passait, les suivit précipitamment, un morceau de pain dans la bouche.

Le majordome monta au sixième étage, ouvrit la porte d'une pièce où étaient conservés les tableaux inachevés, y entra, puis en ressortit rapidement.

Lin Qiushi et Ruan Nanzhu se cachèrent dans le coin d'un escalier, observant le majordome disparaître au bout du couloir.

« On entre voir ? » demanda Lin Qiushi.

Ruan Nanzhu acquiesça.

Avec une habileté parfaite, Ruan Nanzhu crocheta la porte de la pièce où étaient stockés les tableaux inachevés. En entrant, ils firent une nouvelle découverte.

« … Ce sont de nouveaux tableaux ? » Tan Zhaozhao regarda les tableaux, les cheveux hérissés d'effroi. Dans la pièce, de nombreux tableaux, qui étaient auparavant vides, avaient été remplis. Les cadres étaient tous occupés par la silhouette d'une femme en noir sous la pluie. Elle se trouvait près des fenêtres, dans les couloirs, dans les escaliers, dans le jardin. Sa silhouette apparaissait partout. Elle était même présente dans le tableau de Xiao Su.

Cela donna à Lin Qiushi un sentiment étrange, comme si les tableaux avaient été contaminés.

Ruan Nanzhu regarda les centaines de tableaux avec attention, puis s'arrêta dans ses mouvements et dit : « Cherchons. »

Tan Zhaozhao, encore un peu perdue, mangeait son morceau de pain : « Chercher quoi ? »

« Chercher une porte, » dit Ruan Nanzhu. « La porte doit être dans l'un des tableaux. »

« Vraiment ? » Tan Zhaozhao, bien que sceptique, se mit à fouiller avec lui parmi les centaines de tableaux.

Environ une demi-heure plus tard, alors que Lin Qiushi retournait un tableau qui était tout au fond, il finit par trouver ce qu'il cherchait et appela à voix basse : « Trouvé — »

C'était un tableau qui semblait très banal au premier abord. Il représentait l'intérieur du château, mais dans cette scène, il y avait un détail particulier : une porte en fer noire.

La porte se trouvait dans un coin sombre, à peine visible si l'on ne faisait pas attention.

Ruan Nanzhu prit le tableau : « C'est l'escalier à droite du deuxième étage. Allez, on va voir.»

Ils montèrent directement au deuxième étage avec le tableau et trouvèrent rapidement l'endroit représenté sur l'image, mais ce n'était pas exactement comme dans le tableau. Là où se trouvait la porte en fer dans le tableau, il y avait un mur blanc, et sur ce mur était accroché un tableau de paysage tout à fait ordinaire.

Ruan Nanzhu tendit la main et prit ce tableau, et découvrit qu'il y avait réellement un interrupteur derrière. Après avoir vu l'interrupteur, il appuya dessus, et un léger bruit sourd se fit entendre. Le mur devant eux s'ouvrit brusquement, créant une large fissure, et une porte noire apparut devant les trois personnes.

« La porte est trouvée ! » s'écria Tan Zhaozhao, toute excitée. « Maintenant, il nous manque juste la clé… »

Lin Qiushi et Ruan Nanzhu échangèrent un regard.

Ruan Nanzhu : « On y va ou pas ? »

Lin Qiushi : « On y va. »

Tan Zhaozhao ne comprit pas tout de suite leur conversation, jusqu'à ce qu'elle voit Ruan Nanzhu sortir un briquet de sa poche. Elle s'exclama, stupéfaite : « Vous ne voulez quand même pas vraiment… »

Ruan Nanzhu : « Si tu as peur, reste là. »

Tan Zhaozhao haussa les épaules, puis décida de les suivre. « Oublie ça. Je préfère rester avec vous les gars. Au moins, nous nous soutiendrons au cas où quelque chose arriverait. Peu importe ce qui se passe tant que nous sommes ensemble, n'est-ce pas ? »

Lin Qiushi : « …» Vraiment être mieux ensemble, mais mourir ensemble aussi ?

Une fois la décision prise, Ruan Nanzhu se montra particulièrement déterminé. Les trois se dirigèrent directement vers l'atelier de la maîtresse, au septième étage. Bien sûr, avant d'entrer dans l'atelier, ils ne oublièrent pas de frapper à la porte, car entrer directement et tomber sur la maîtresse assise là aurait été extrêmement gênant.

Il semblait que la maîtresse ne peignait jamais le jour, elle ne le faisait que la nuit. Cela offrait une opportunité à Ruan Nanzhu. Il s'approcha du tableau, ouvrit son briquet, en baissa la tête pour allumer la flamme (NT : il doit s’agir d’un briquet de type zippo), et tout le processus se déroula de manière fluide, comme s'il l'avait fait des centaines de fois auparavant.

Tan Zhaozhao, qui le regardait, en frissonnait d'horreur, frottant nerveusement ses bras pour chasser les frissons.

La flamme toucha le papier et se mit à dévorer rapidement le tableau, mais alors que les flammes s'étendaient, Lin Qiushi entendit un bruit léger, comme un cri humain, ou peut-être le grincement d'un bois humide en train de brûler.

« Vous entendez ça ? » demanda Lin Qiushi, incertain.

En effet, Ruan Nanzhu et Tan Zhaozhao secouèrent la tête, signalant qu'ils n'avaient rien entendu.

En un instant, le tableau devint un tas de braises mourantes et de cendres noires. Alors que le dernier coin était également dévoré par les flammes, un bruit métallique retentit sur le sol, comme si quelque chose en métal était tombé.

Lin Qiushi baissa les yeux et, comme prévu, il aperçut une clé en bronze.

« Aaaaah !! » Juste à ce moment,un cri de femme furieux se fit entendre en bas. Ce cri fit trembler Lin Qiushi, qui manqua de perdre l'équilibre. Il n'eut pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir que c'était sûrement la voix de la maîtresse.

« Vite, partons ! » Ruan Nanzhu attrapa la clé et se retourna pour courir.

Lin Qiushi et Tan Zhaozhao le suivirent de près.

Ils descendirent les escaliers en courant, mais à leur arrivée au quatrième étage, ils virent la maîtresse arriver, l'air totalement folle. Sa grande silhouette était maintenant courbée, et elle hurlait furieusement, son visage semblait divisé en deux, sa mâchoire pendant incroyablement bas, révélant sa bouche écarlate aux dents fines d'où s'échappaient des hurlements de colère, ses yeux noirs trahissant une rage et une folie incontrôlées. Mais ce qui attirait vraiment l'attention, c'était le grand cadre qu'elle tenait dans sa main droite. Elle le brandissait vigoureusement, et naturellement personne ne voulait être frappé par une telle chose.

« Prenez l'escalier de côté ! » Ruan Nanzhu connaissait bien la configuration du château et changea immédiatement de direction en voyant la femme.

La femme se précipita vers eux, agitant ses membres de manière désordonnée, ressemblant presque à une créature arthropode géante dont les pattes ne se coordonnaient pas avec son esprit. Même alors, elle se déplaçait à une vitesse étonnante ; en un instant, elle réussit à combler le large fossé entre elle et eux.

Lin Qiushi n'osa pas ralentir d'un seul pas, craignant qu'une fois arrêté, le cadre ne le frappe immédiatement.

Ils descendirent rapidement au quatrième étage, et Ruan Nanzhu, sans se retourner, dit : «Lin Qiushi, attire-la, donne-moi un peu de temps pour ouvrir la porte. »

Lin Qiushi grimaça : « D'accord ! » Il tourna la tête et jeta un coup d'œil à la maîtresse gigantesque derrière lui. Sans hésiter, il attrapa un tableau accroché à côté de lui et le lança sur elle.

Le tableau frappa la femme de plein fouet, et elle poussa un cri presque féroce avant de se précipiter vers Lin Qiushi.

Lin Qiushi esquiva d'un bond, évitant le cadre qui se dirigeait vers lui. Il jeta un regard à Ruan Nanzhu et se précipita vers le rez-de-chaussée.

La femme le suivit, comme prévu. Lin Qiushi n'avait jamais été aussi calme, il savait qu'une fois qu'il serait sûr qu'elle le suivait, il se précipiterait vers l'autre escalier du corridor. Ces quelques secondes suffiraient sûrement à Ruan Nanzhu pour ouvrir la porte en fer !

Tout se déroula selon le plan; lorsqu'il arriva à nouveau au deuxième étage, Lin Qiushi aperçut la porte en fer déjà ouverte.

La porte dégageait une lumière douce, les invitant à l'intérieur, et signalant que c'était le chemin vers la vie. Lin Qiushi haletait lourdement, épuisé, mais il se donna un dernier élan pour courir vers la porte. Mais, juste au moment où il allait entrer, il sentit une paire de grandes mains saisir fermement sa cheville et le tirer violemment en arrière, le forçant à re sortir de la porte.

La maîtresse se tenait devant lui, le regard tordu de rage, regardant de haut Lin Qiushi. Elle tenait fermement son pied, leva la main droite, et le cadre s'abattit lourdement.

À cet instant, la respiration de Lin Qiushi se bloqua, tout sembla se ralentir, comme si c'était la dernière image qu'il verrait avant la mort. Une clarté et une vivacité absolues submergeaient sa vision ; il pouvait même voir les cheveux noirs de la femme flotter dans l'air…

Le cadre tomba, et instinctivement, Lin Qiushi ferma les yeux.

« Aaaah !!! » Cependant, l'obscurité attendue ne tomba pas. Lin Qiushi entendit plutôt un cri horrible de la femme. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il se rendit compte qu'il était couvert de sang, et la poche de son pantalon semblait être la source du flot de sang qui continuait de s'écouler. Il semblait que ce sang avait un effet hostile sur la femme. Elle lâcha le cadre et commença à reculer, comme si elle en avait peur.

Lin Qiushi n'osa pas réfléchir à ce qui venait de se passer, il se retourna et courut à travers la porte. Traversant le tunnel baigné de lumière, il s'arrêta et finit par revenir dans le monde réel, qu'il n'avait pas vu depuis longtemps.

« Ouf, ouf, ouf... » Lin Qiushi s'effondra sur le lit, tout en sueur. Il essuya son front, se leva et se dirigea vers la chambre de Ruan Nanzhu. Il frappa à la porte.

La porte grinça, et Ruan Nanzhu apparut à la porte. En le voyant, son expression se détendit légèrement : « Tu es sorti. »

Lin Qiushi hocha la tête. L'événement juste avant de sortir l'avait tellement effrayé qu'il n'avait plus de force : « Quand je suis sorti, cette femme m'a attrapé. »

Ruan Nanzhu fronça les sourcils : « Tu n'es pas blessé, au moins ? »

Lin Qiushi secoua la tête : « Non. » Il semblait un peu perplexe. « J'ai clairement été attrapé par elle, mais il me semble que quelque chose m'a sauvé. » Il fouilla dans ses poches, mais ne trouva rien de bizarre. « Il y avait beaucoup de sang qui débordait de mes poches… Tu sais ce que c’est ? »

Ruan Nanzhu, appuyé contre le cadre de la porte, secoua la tête pour indiquer qu’il ne savait pas : « L'essentiel, c'est que tu sois sorti, pourquoi s'en soucier davantage ? »

Lin Qiushi répondit d'un « Oh » distrait. Il avait l'impression que Ruan Nanzhu lui cachait quelque chose, mais bien sûr, il n'osa pas le dire en face. Il hocha la tête et se tourna pour partir.

Ruan Nanzhu regarda son dos et dit : « Ce soir, Tan Zhaozhao nous a invités à dîner. »

« D'accord. » répondit Lin Qiushi, « Je vais prendre une douche pour me détendre. »

*

Le soir.

Lin Qiushi et Ruan Nanzhu arrivèrent au restaurant que Tan Zhaozhao avait réservé. Lin Qiushi s'attendait à ce qu'elle les invite à manger un steak ou à tout autre repas luxueux de ce genre, mais il fut surpris de découvrir qu'elle avait réservé une fondue chinoise.

Dès qu'il entra, il aperçut Tan Zhaozhao habillée de manière décontractée avec des manches retroussées, alternant entre manger de la fondue et boire de la bière. Sans même lever les yeux, elle leur fit signe d'un geste : « Vite, vite, venez ici ! Après avoir mangé des steaks pendant si longtemps, ça m'a vraiment donné envie de manger ça ! »

Lin Qiushi : « … » C’était un contraste si surprenant.

Ruan Nanzhu, lui, semblait habitué. Il s'assit à côté de Tan Zhaozhao et dit : « N'oublie pas de transférer le reste maintenant. »

Tan Zhaozhao, d’un air un peu irrité, répondit : « Je ne dis pas que je ne vais pas payer, pourquoi tu es si pressé ? Je viens juste de sortir, laisse-moi quelques jours pour me remettre. » Elle avala une grande gorgée de bière glacée. « Ah, c’est tellement rafraîchissant… »

Lin Qiushi, en regardant l'actrice sans prétention devant lui, eut une sensation étrange, comme si il était dans un rêve. Il s'assit tranquillement à côté et commença à manger.

Tan Zhaozhao et Ruan Nanzhu commencèrent à discuter de diverses affaires, principalement des négociations concernant la quatrième porte. Lin Qiushi se rendit compte que le prix des services de Ruan Nanzhu dans le monde des portes n'était pas bon marché du tout, chaque porte coûtant un million, pas un centime de moins. Dès la cinquième porte, le prix augmentait, tout dépendait de l’humeur de Ruan Nanzhu.

« Nous sommes amis maintenant, tu ne peux pas faire un prix plus bas ? » dit Tan Zhaozhao, « Je suis un peu comme une membre VIP, non ? »

Ruan Nanzhu répondit froidement : « Entre frères, il faut être clair dans les comptes. »

Tan Zhaozhao : « Tu es vraiment un obsédé de l'argent. » C'est drôle que ce même obsédé d'argent ait l'air si indifférent, elle avait naïvement pensé au début qu'il était un sage détaché des choses du monde.

Ruan Nanzhu : « Tu paies ou pas ? »

Tan Zhaozhao, un peu déprimée, sortit son téléphone pour faire le virement.

« Ding dong, » un bruit de notification se fit entendre, mais c'était le téléphone de Lin Qiushi qui avait émis ce son. En regardant son téléphone, il remarqua qu’une somme de 200 000 avait été transférée. Son visage se mit à douter : « Frère Ruan… »

Ruan Nanzhu agita la main : « Si je te dis de prendre, prends-le. C’est l'argent de la vie de Tan Zhaozhao. Si tu ne le prends pas, c’est que tu la méprises. »

Tan Zhaozhao : « … » Elle aurait bien voulu qu’on la méprise…

Chaque secteur d'activité avait ses propres règles et étiquette, que les opérateurs et les clients respectaient. En tant que nouveau venu, il ne devait pas remettre en question ces transactions et simplement suivre le courant. Pensant cela, Lin Qiushi accepta l'argent avec gratitude à la fin, complètement inconscient des larmes silencieuses de Tan Zaozao.

Tous trois sortirent du bâtiment, un peu fatigués, surtout Lin Qiushi qui avait été attrapé par la femme avant de sortir. Bien qu'il n'ait pas été blessé, cela restait une expérience terrifiante.

Tan Zhaozhao mangea son repas et partit en premier, laissant Ruan Nanzhu et Lin Qiushi seuls.

« Tu es fatigué ? » demanda Ruan Nanzhu.

« Un peu. » répondit Lin Qiushi.

« Alors rentrons. » dit Ruan Nanzhu. « Il se fait tard. »

Lin Qiushi hocha la tête.

Ils sortirent tous deux du restaurant de fondue. Il faisait encore assez chaud, mais le soleil était déjà couché. Le bruit assourdissant des cigales et des véhicules, qui aurait normalement été un peu dérangeant, semblait paradoxalement rassurant. Lin Qiushi et Ruan Nanzhu restèrent silencieux pendant tout le trajet, jusqu'à ce qu'ils arrivent à la villa, où Ruan Nanzhu lui dit : « Repose-toi bien. »

« Toi aussi. » Lin Qiushi sourit.

Après avoir dit cela, Ruan Nanzhu monta les escaliers. Lin Qiushi s’assit dans le salon un moment.

À ce moment, Cheng Qianli revint de sa promenade avec Toast. Il vit Lin Qiushi et lui fit un grand sourire : « Tu es revenu ? »

Lin Qiushi : « Oui. »

« Il ne s'est rien passé, hein ? » Cheng Qianli caressa le derrière de Toast.

« Rien de grave. » répondit Lin Qiushi d’un ton calme.

Cheng Qianli pencha légèrement la tête, comme s'il trouvait que Lin Qiushi semblait un peu étrange. Il demanda : « Tu ne te sens pas bien ? »

« Pas bien ? » Lin Qiushi secoua la tête. « Non, je crois que je suis juste un peu fatigué. »

Cheng Qianli acquiesça et, sans trop réfléchir, lui conseilla de bien se reposer.

Lin Qiushi dit : « Tu as vu Lizi? »

« Non, je ne l’ai pas vu. Je ne sais pas où il est allé, probablement dans la chambre de frère Ruan. » répondit Cheng Qianli. « Tu veux aller voir ? »

Lin Qiushi y pensa un instant, puis décida finalement de ne pas y aller.

Il rentra dans sa chambre pour dormir, mais resta un bon moment allongé dans son lit sans réussir à s'endormir. Il fixa le plafond et, finalement, il ne put s'empêcher d'envoyer un message à Ruan Nanzhu : « Tu dors ? »

Après un long moment, il reçut enfin une réponse : « Non, il y a quelque chose ? »

Lin Qiushi : « J'ai une question à te poser. »

Ruan Nanzhu : « Quelle question ? »

Lin Qiushi regarda son écran de téléphone, et, mot par mot, il tapa ce qu'il voulait dire : «Est-ce que c'est toi qui as mis quelque chose dans mes poches ? »

Ruan Nanzhu ne répondit pas.

Lin Qiushi : « C'était quoi ? Tu ne peux pas me le dire ? »

Ruan Nanzhu lui répondit par quelques mots : « Viens dans ma chambre. »

Lin Qiushi se sentit un peu joyeux, lança son téléphone et se précipita dans la chambre de Ruan Nanzhu. Lorsqu'il ouvrit la porte, il aperçut Ruan Nanzhu qui venait de sortir de la douche, portant uniquement une serviette. Ses cheveux étaient encore mouillés, gouttant lentement, les gouttes d'eau glissant le long de ses clavicules, dévalant son torse musclé et ses jolis abdominaux en V, pour finalement tomber sur le sol.

« Assieds-toi. » dit Ruan Nanzhu en levant le menton.

Lin Qiushi s'assit sur le canapé près de Ruan Nanzhu.

Ruan Nanzhu avait l'intention de fumer, mais après avoir jeté un coup d'œil à Lin Qiushi, il rangea finalement sa cigarette. Il prit une serviette et se sécha les cheveux : « Oui, c'est moi qui ai mis quelque chose dans tes poches. »

Lin Qiushi demanda directement : « Alors pourquoi m'as-tu menti ? »

Ruan Nanzhu : « Tu préfères que tout soit fait ouvertement à la place?? »

Lin Qiushi se sentit un peu perdu : « Pourquoi cela ne pourrait-il pas être direct ? Qu'est-ce qu'il y a de mal dans cette histoire ? »

Ruan Nanzhu le regarda de haut, avec une expression étrange : « Tu n'as jamais pensé que, peut-être, je voulais te nuire ? »

Lin Qiushi secoua honnêtement la tête : « Je n'y ai jamais pensé. »

Ruan Nanzhu : « … » Lin Qiushi, tu es tellement mignon.

 

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L'auteur a quelque chose à dire :

Ruan Nanzhu : « J'aime bien embêter les gens sérieux. » (se frotte ses mains avec enthousiasme.)

Lin Qiushi : « ????? »

Lin Qiushi n'est qu'un débutant après quatre portes. Il n'a que peu d'expérience, il ne faut pas toujours le comparer à un grand connaisseur, il a besoin de temps.

 

Traducteur: Darkia1030