KOD -Chapitre 13 – Un autre monde

 

 

Départ

 

En fin de compte, Lin Qiushi n'avait aucun moyen de traiter avec Ruan Baijie chaque fois qu'elle commençait à sangloter comme ça.

Tous deux discutaient lorsque Xiao Ke et Xiong Qi sortirent de la cuisine avec de la nourriture. Ruan Baijie interrompit donc temporairement la discussion, souriant aux côtés de Lin Qiushi et changeant de sujet.

Le dîner était simple, et personne ne sembla vraiment se concentrer dessus. Ils mangeaient tout en discutant des endroits possibles où la porte pourrait se trouver.

« Je pense qu'il faudrait aussi fouiller la maison du charpentier, » proposa Xiong Qi. « Il ne semble pas être un villageois ordinaire. »

« Oui, » acquiesça Xiao Ke. Maintenant que les plus grandes inquiétudes étaient réglées, son humeur semblait bien meilleure. Elle suggéra activement divers endroits où la porte pourrait être.

Pendant que les autres discutaient, Cheng Wen restait silencieux à côté. Par rapport à lorsqu'il venait de se réveiller, ses yeux n'étaient plus aussi hagards, mais il avait encore l'air plutôt sombre. Il ne tenait pas rigueur à Lin Qiushi de l'avoir assommé, ou pour être plus précis, depuis qu'il s'était réveillé, il n'avait pas échangé un mot avec Lin Qiushi.

Voyant que la discussion touchait à sa fin, Cheng Wen commença enfin à parler : « Lin Qiushi. »

Lin Qiushi le regarda avec méfiance : « Qu'est-ce qu'il y a ? »

Cheng Wen demanda : « Wang Xiaoyi était-elle un monstre ? »

Lin Qiushi secoua la tête, indiquant qu'il n'en savait rien non plus, mais le fait que Cheng Wen pose cette question révélait son état mental très préoccupant.

Cheng Wen ajouta : « Elle doit être un monstre. Je l'ai vu. » Il inclina la tête, interrogeant nerveusement les autres : « Vous avez tous vu, non ? Son ombre, et ce qu'elle crachait... »

Tout le monde resta silencieux. En fait, Lin Qiushi pensait que Wang Xiaoyi était probablement encore humaine, sinon elle n’aurait pas été tuée si facilement par un coup de hache de Cheng Wen. Mais maintenant que la personne était morte, discuter de cela n’avait pas beaucoup de sens.

Cependant, Cheng Wen semblait obsédé par la question, demandant sans cesse si Wang Xiaoyi était un monstre. Finalement, Xiao Ke, agacée, lança : « Peu importe si c’est un monstre ou non, tu l’as tué. Est-ce que ça a encore un sens d'en parler ? Ou as-tu peur d'avoir tué la mauvaise personne ? »

À ces mots, le visage de Cheng Wen changea brusquement. Il se leva précipitamment de sa chaise et tourna les talons.

Xiao Ke continua de se moquer : « Quoi, tu étais si déterminé à tuer, mais maintenant tu as peur ? Tu fais le mal sans en assumer les conséquences, quel lâche. »

« Tuer des coéquipiers ici est-il vraiment si grave ? » demanda Lin Qiushi, une question qu'il avait longtemps voulu poser.

« Dans le monde de la porte, tout a une âme, pour le dire franchement, tout ce qui meurt pourrait devenir un fantôme, » expliqua Xiong Qi avec une expression complexe. « Donc il ne faut pas tuer arbitrairement. »

Lin Qiushi acquiesça, puis réfléchit un moment. « Mais cela crée une faille, non ? Vous avez dit qu'il doit au moins y avoir une personne qui sorte vivante. Si cette personne tue tout le monde, cela signifie-t-il que les conditions de rester seul sont remplies ? »

« Tu rêves, » répondit Xiao Ke. « Personne n'attendra qu'il tue tout le monde. Tant qu'il ne peut pas anéantir tout le groupe en une fois et s'enfuir rapidement, il mourra ici. »

« Celui qui tue le matin, peut-être que les créatures viendront le chercher à midi, » ajouta Xiong Qi. « Je l’ai déjà vu. » Il fit un geste vers l’endroit où Cheng Wen était parti et secoua la tête.

« Je vois, » dit Lin Qiushi avec une expression de compréhension.

Au matin, ils déplacèrent le cercueil. L'après-midi, tout le monde chercha la porte partout, mais jusqu'à la tombée de la nuit, aucun indice sur la porte ne fut trouvé. Lin Qiushi et Ruan Baijie allèrent chez le charpentier, et en chemin, Ruan Baijie dit à Lin Qiushi de rester en alerte pour ce soir, car ils partiraient.

En pensant qu'ils allaient enfin quitter cet endroit, Lin Qiushi marcha avec plus de vigueur. Il toucha son lobe d'oreille et sentit son nouvel ornement : un clou d'oreille en forme de pierre rouge, semblant en verre. Il ne savait pas d'où venait cette compétence de Ruan Baijie ; il n'avait rien ressenti quand il l'avait mis. Avec toute son attention sur la porte, il n'avait pas eu le temps de se renseigner davantage sur ce bijou.

« C'est un petit cadeau pour toi, » dit Ruan Baijie. « Dans le monde de la porte, nos destins sont liés, chéris ce lien... »

Lin Qiushi décida de ne pas s'attarder sur ce détail. Après tout, une fois sortis, il se pourrait qu'ils ne se revoient plus jamais. Il jeta un regard furtif au visage gracieux de Ruan Baijie, et soupira intérieurement. Si seulement il l’avait rencontrée dans des circonstances normales...

À quatre heures de l’après-midi, la nuit commença à tomber.

Aujourd'hui, il n'avait pas neigé, mais le temps était sombre et le vent fouettait le visage, faisant mal à la peau. Lorsque Lin Qiushi et Ruan Baijie revinrent, Xiong Qi et Xiao Ke étaient déjà à la maison.

« Vous avez trouvé quelque chose ? » demandèrent-ils.

En entendant la réponse négative, Xiong Qi soupira et expliqua que cela ne servait à rien de se presser. Il semblait qu’ils allaient encore passer la nuit ici, alors tout le monde devait se reposer tôt et continuer les recherches le lendemain.

Ruan Baijie et Lin Qiushi acceptèrent. Les deux rentrèrent donc dans leur chambre plus tôt que d'habitude, mais au lieu de se coucher, ils s’assirent sur le bord du lit, attendant la nuit.

Ruan Baijie, s'assit près la lampe à huile, et grignota des graines de tournesol pour passer le temps.

Lin Qiushi pensait qu'ils pourraient enfin partir ce soir, mais il ne s'attendait certainement pas à ce qu'un imprévu se produise. Cheng Wen, qui habitait la chambre voisine, poussa soudain des cris perçants et terribles, presque comme s'il allait se déchirer la gorge.

« Au secours ! Au secours ! » frappait-il le mur, « Sauvez-moi, quelqu'un ! »

Les cris de Cheng Wen étaient accompagnés de pleurs de femme, un son que Lin Qiushi reconnaissait bien, celui de Wang Xiaoyi.

Autrefois, c'était Wang Xiaoyi qui appelait à l'aide ; maintenant, c'était Cheng Wen qui le faisait.

En peu de temps, les cris de Cheng Wen s'affaiblirent, suivis par des bruits de tranchage sur de la chair, répétitifs et incessants, comme si celui qui tenait l'arme tranchante ne se fatiguait jamais.

Les appels à l’aide de Cheng Wen cessèrent, mais Wang Xiaoyi continuait de pleurer.

L'expression de Ruan Baijie se fit sérieuse. Elle regarda Lin Qiushi et lui demanda : « As-tu peur ? »

Lin Qiushi répondit : « Pas vraiment. »

Ruan Baijie remarqua : « Il se peut que la situation ait changé. Nous ne pouvons plus attendre, partons.»

Lin Qiushi hocha la tête et suivit Ruan Baijie hors de la chambre.

En sortant, il remarqua une flaque de sang sur le sol de la pièce à leur droite ; Cheng Wen avait, de toute évidence, rencontré un désastre tragique.. Bien que la mort ne soit pas quelque chose qu'il voyait souvent, Lin Qiushi savait qu'il était impuissant face à ces créatures. Il n'était qu'un homme ordinaire, sans défense contre ces monstres.

Ruan Baijie prit la main de Lin Qiushi d’un geste naturel et tous deux descendirent à l'étage.

Lin Qiushi voulait demander à Ruan Baijie où ils allaient, mais elle le guida directement dans la cour en bas.

Il n'y avait rien dans la cour, seulement un puits vide. Ruan Baijie conduisit Lin Qiushi jusqu'au bord du puits et se pencha pour regarder à l'intérieur.

Lin Qiushi imita ses gestes et regarda également dans l'ouverture du puits.

L'intérieur du puits était plongé dans l'obscurité totale. Une odeur de terre nauséabonde s'en dégageait, rendant l'atmosphère très inconfortable.

Alors que Lin Qiushi examinait attentivement, il sentit soudainement une poussée violente dans son dos. Il chancela en essayant de se stabiliser, mais la personne derrière lui le maintenait fermement.

Ruan Baijie dit : « Vas-y. » À ces mots, une forte poussée le fit tomber directement dans le puits.

Cette situation inattendue surprit complètement Lin Qiushi. Il tomba dans le puits et essaya de saisir quelque chose pour se rattraper, mais les parois du puits étaient trop glissantes, ne lui laissant aucune chance de lutter. Alors qu'il pensait qu'il allait être gravement blessé, il se rendit compte qu'il avait atterri sur quelque chose de mou.

Cette chose était très douce, semblable à un coussin en satin, et Lin Qiushi ne se blessa pas du tout en tombant dessus. Il se releva difficilement et, grâce à la faible lumière de la lune entrant dans le puits, il réussit à voir ce sur quoi il se trouvait.

Ce n'était pas un coussin, mais plutôt un amas dense de cheveux noirs en train de bouger. Lin Qiushi changea légèrement de couleur en voyant cette scène inattendue dans le puits. Heureusement, il se calma rapidement, observa les environs, et découvrit un petit chemin peu visible au fond du puits.

Lin Qiushi voulait initialement appeler Ruan Baijie, mais il craignait que ses appels ne dérangent ces étranges cheveux sous lui, alors il se résigna et avança prudemment vers le chemin.

Le chemin était étroit, mais il semblait avoir été spécialement aménagé. Lin Qiushi devait se courber pour avancer, et les cheveux noirs s'étendaient devant lui comme un tapis.

Il ne savait pas combien de temps il marcha, mais il atteignit finalement le bout du chemin. Il découvrit alors la source des cheveux : ils semblaient pousser depuis le mur. Au bout du mur se dressait une grande porte en fer noir, avec une serrure en bronze bien visible.

Lin Qiushi avait déjà vu cette porte dans le couloir de chez lui, la seule différence étant que là-bas, elle n'avait pas de serrure. Il sortit la clé qu'il avait dans sa poche et s'approcha lentement.

Clé en bronze, serrure en bronze. Lin Qiushi inséra la clé dans la serrure, la tourna doucement, et un clic se fit entendre : la serrure était déverrouillée.

En ouvrant la serrure, il vit quelque chose tomber par terre depuis l'arrière du cadenas.

C'était un morceau de papier blanc. Lin Qiushi se pencha pour le ramasser et vit que les quatre caractères suivants étaient écrits dessus : "菲尔夏鸟" (NT : L’oiseau Fitcher) (1).

Lin Qiushi ne comprit pas immédiatement la signification de ces quatre caractères, mais il ne voulait pas perdre de temps ici, alors il glissa le papier dans sa poche et saisit la poignée de la porte en bronze, la tira avec force.

La porte s'ouvrit sur une lumière douce. Bien qu'il ne puisse voir autre chose, la lumière apportait un sentiment de sécurité.

Lin Qiushi se tourna pour regarder derrière lui. Les cheveux noirs semblaient perturbés par la lumière, devenant agités. Lin Qiushi n'osa pas rester davantage et avança vers la lumière.

‘Ruan Baijie doit absolument sortir vivante...’ Ce fut la dernière pensée de Lin Qiushi avant de quitter les lieux.

 

--

L'auteur a quelque chose à dire :

Lorsque Lin Qiushi rencontrera à nouveau Ruan Baijie, il pourrait ne plus autant apprécier cette connexion, hahaha.

Lin Qiushi : « Pourquoi diable a-t- elle quelque chose de plus grand que moi ??? »

Ruan Baijie : « Yih yih yih. »

 

Note du traducteur

(1) L’oiseau Fitcher (ou ‘l’oiseau d’ourdi’ - conte de Grimm)

Le conte raconte l'histoire d'un sorcier (Fitcher) qui se fait passer pour un riche prétendant et attire les jeunes femmes. Il leur propose le mariage, mais une fois qu'elles acceptent, il les emmène dans sa maison. Là, il les enferme et les tue si elles ne respectent pas ses conditions.

Plusieurs femmes ont déjà disparu de cette manière, et la clé pour échapper à leur sort réside dans le fait de suivre les instructions laissées par les victimes précédentes. Dans le conte, une jeune femme parvient à tromper le sorcier grâce à sa ruse et son intelligence, ce qui conduit à la libération des femmes emprisonnées et à la défaite du sorcier.

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

Créez votre propre site internet avec Webador