ISMM - Chapitre 7 - Ce gars aux sourcils épais et aux grands yeux a trahi la révolution !

 

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Bien qu'il y ait un petit écart entre Gu Yilian et moi, le nombre de fans venus pour notre rencontre était à peu près similaire.
Les deux groupes de personnes, dès qu’ils virent les objets de soutien dans les mains de l’autre, prirent immédiatement de la distance, se séparant en deux groupes, se tenant de part et d’autre du petit chemin, tous fixant la sortie. Chacun resta respectueux de son propre groupe, et même lorsqu'ils croisèrent le regard des autres, il n’y eut pas de tension comme sur internet.
Des personnes des deux côtés prenaient des photos avec tout un matériel, après tout, les fans suivent leur idole et chaque groupe se donne beaucoup de mal pour montrer la bonne image de leur cercle de fans, essayant de dominer l'autre sur ce terrain.
C’était une guerre sans poudre à canon.

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Finalement, Gu Yiliang et moi arrivâmes en discutant et en riant.

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La scène devint un peu gênante.

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"Nous n’avons qu'une demi-heure, peux-tu m'appeler quand le temps sera écoulé ?" dis-je.
Gu Yiliang hocha la tête. "D'accord, donne-moi un peu de tes collations, je n’en ai pas préparé."
Est-ce qu'on pouvait vraiment être aussi dédaigneux face à ses propres fans en présentiel ?
Je partageai la moitié de mes snacks avec lui devant tout le monde.

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Je saluai les fans Meiyan (NT : "美言" (Měi yán), litt. Belles paroles, nom du fan club de Wei Yanzi) autour de moi et donnai tous les snacks que j'avais dans les bras à une grande fan que je connaissais bien : "Je ne pense pas que ce soit suffisant pour tout le monde, vous pouvez les partager sur le chemin du retour ?"
"Oui, oui," répondit la jeune fille en toute confiance, plaçant les snacks dans un sac, puis elle me tendit deux gros sacs. "La nourriture et les boissons préparées pour l'équipe ont été remises au personnel. Dans le sac vert, il y a des fruits frais et des desserts, il faut les manger rapidement avant qu’ils ne se gâtent. Le sac bleu est plus varié, il contient des cadeaux et des lettres, tu regarderas."
Je souris, c’était un peu comme quand je retrouvais ma mère pendant ma scolarité, il manquait juste qu’elle me dise de bien m’entendre avec les autres et de ne pas me laisser intimider.
"… Tu dois bien t'entendre avec les membres du personnel," la jeune fille jeta un regard furtif à Gu Yiliang et, d’un ton nerveux, murmura, "Est-ce que l’autre groupe t’a mis dans l’embarras ?"
Moi : "…"

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Moi : "Gu Yiliang !"
Gu Yiliang se tourna vers moi, avec un regard légèrement confus.
Moi : "Souris !"
Gu Yiliang me sourit, un sourire sincère et charmant.

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Je me tournai vers la grande fan et tous les autres fans qui avaient l'air totalement choqués, et je souris. "Vous avez compris maintenant, tout va bien."
Je vis qu'elles étaient encore en état de choc, alors je sortis mon téléphone et ouvris Alipay. "Combien avez-vous dépensé cette fois ?"
Les autres se réveillèrent en sursaut et se précipitèrent pour m’arrêter. "Cette fois, c’est l’argent des fans Meiyan qui travaillent, les étudiants n'ont rien payé."
D’accord, je retroussai mes manches. "Il y a beaucoup d’autographes à signer, non ? Allez, allez, il ne nous reste qu'une demi-heure."
Elles sortirent alors, comme par magie, une pile de banderoles, éventails, affiches…
Je laissai mes mains faire le travail, signant et discutant un peu avec elles en même temps.

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Soudain, ma grande fan tira doucement mon bras, avec air mélangeant confusion et mystère, me faisant signe de baisser la tête.
Je la regardai, un peu perplexe, et baissai la tête pour l’écouter. Elle murmura à mon oreille : "…Niangzi ?"

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Je ne m’attendais pas à ce que toi, ce gars aux sourcils épais et aux grands yeux trahisse la révolution ! (NT : métaphore humoristique exprimant que quelqu'un a agi de façon inattendue, voire contraire à ce qu'on attendait de lui.)

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Le contexte actuel n'était pas vraiment sain, supporter des couples fictifs et voir les véritables protagonistes y mettre leur sceau d'approbation en public étaient deux choses très différentes. Si les choses tournaient mal, cela pouvait ruiner la carrière de Gu Yiliang.
J’étais totalement perdu, perplexe, je mis trois doigts sur mes lèvres, et murmurai : "A ha ?"
Elle : "…"

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Merci Phoenix Legend (NT : groupe de musique chinois très populaire, connu pour ses chansons dynamiques). Merci à ‘Lover temptation’ ! Je réussis à esquiver la situation et respirai un peu.

(NT : "–Niangzi ! –A ha ! » sont deux lignes des paroles de la chanson ‘Lover Temptation’ de Phoenix Legend. Donc, le MC utilise la chanson pour faire semblant de ne pas connaître le ship Niangzi.)

Alors que j’écrivais "pour...", Gu Yiliang m’appela : "Tu viens ici un instant ?"
Je jetai un coup d’œil aux fans autour de moi, elles m’envoyèrent toutes des regards insistants et firent des gestes pour me pousser à y aller, comme si elles voulaient me pousser physiquement.
C’était comme si j’étais vendu par ma propre mère.
Je rendis le stylo et la feuille de signature, et courus vers lui. "Qu’est-ce qu’il y a ?"
Gu Yiliang sourit : "Elles veulent une photo de nous deux."

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Il posa sa main autour de mon cou, et instinctivement, je mis ma main autour de sa taille.
Nous sourîmes ensemble pour la photo.
C’était en fait notre première photo ensemble, trois ans après nous être rencontrés.
Une fan underground regardait tout ça, et je comptais le relâcher immédiatement après la photo, mais le flash de l’appareil ne cessait de clignoter, avec un bruit de déclencheur incessant qui m’empêcha de bouger à temps.
Il me regarda tendrement, légèrement désolé, et je le regardai dans ses yeux noirs profonds, souriant avec indifférence.

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Au moment où nos regards se croisèrent, une partie de mon âme de fan se sépara pour observer la scène de l’extérieur, sachant clairement que si cette photo était publiée, le forum de Niangzi allait exploser.

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Puis Gu Yiliang m’entraîna vers la grande fan qui prenait des photos, et je vis comment il choisit deux photos pour les lui envoyer directement.

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Les photos étaient :
La première, où nous sourions tous les deux à l’objectif, mes yeux se plissant sous mon sourire, et lui, avec ses lèvres légèrement souriantes.
La deuxième, où nous nous regardions dans les yeux, comme si mille mots se retrouvaient dans ce regard.
J’étais vêtu de gris-bleu, et lui en rouge brique. Comme je l'avais dit la veille, nous étions parfaitement assortis.

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À cet instant, je sus avec certitude que ces deux photos allaient être postées par Gu Yiliang.

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C’est aussi à ce moment précis que je compris profondément que Gu Yiliang était celui qui dirigeait tout le jeu.

 

Traduction: Darkia1030