486.
Je n'aurais jamais imaginé que le terme "grandiose" s'appliquerait un jour à moi.
— Ce mot pour décrire une porte de placard.

 

487.
Personne ne saura jamais ce qui a traversé mon esprit lorsque la porte du placard s'est ouverte et avant qu'elle se referme.
C'était une route céleste magique.
Un petit train avec son sifflement strident emporta les 18 types d'arts martiaux (NT : référence traditionnelle à une grande variété d'habiletés ou de compétences) et les 72 transformations (NT : référence à l’œuvre classique chinoise "Le Voyage en Occident », où un des personnages, le Roi des Singes, utilise 72 formes de transformation pour se métamorphoser), passant bruyamment et majestueusement, écrasant au passage le petit personnage appelé "raison" et le piétinant sans fin.
De chaque côté du train, il y avait une file de wagons, parfois alignés en forme de "1", parfois en forme de "0".
La scène était tellement grandiose et impressionnante.
À tel point qu'aujourd'hui, je me sentais comme dans un état de sagesse, mon esprit calme, sans vagues.

 

488.
Mensonge !

 

489.
La vie est en fait si courte —
Tu fermes les yeux, ne les rouvres pas, et toute une vie s'est écoulée.
Une porte de placard s'ouvre, qu'elle se referme ou non, on ne peut plus revenir en arrière.

 

490.
Je regardai Gu Yiliang courir partout dans la maison sans toucher le sol, alternant entre allumer son ordinateur pour jouer à des jeux, déplacer des chaises dans le bureau, laver des fruits, prendre des boissons, et appeler ses amis pour leur emprunter un compte —
— Une pluie torrentielle s'abattait dans mon cœur, plus intense encore que le jour où la concubine Qi fut tuée à coups de bâton, mais elle ne l'atteignait jamais. (NT : personnage fictif issu du roman ‘la Légende de Zhen Huan’, également adapté en série télévisée sous le titre ‘Impératrices dans le Palais’).
Il avait fini tout ce qu'il pouvait faire, transformant presque le bureau en un cybercafé, puis il s'assit droit devant l'ordinateur, ouvrit un navigateur et chercha des guides d'objets pour les héros, avec une concentration plus sérieuse que pour préparer un plan de cours.
Il ne détourna même pas son regard vers moi une seule fois.

 

491.
Mais pourquoi ?!
Il avait déchaîné une tempête pour m'emporter, puis il avait lancé des vagues, et m'avait laissé en plan ?!
Nous deux ! C'est trop injuste ! L'amour et la haine ! Tout est sous son contrôle !
Je pleure de douleur ! Chaque mot est écrit avec du sang et des larmes !

 

492.
Quand il avait baisé les yeux pour me regarder tout à l'heure, j'ai même eu l'illusion d'entendre le son d'une serrure qui se fermait, claire, agréable, frappant mon cœur.
Ah, ma serrure, brillante, (gesticulant) si petite, si délicate, si jolie, et pourtant, elle n'avait même pas eu le temps de se réchauffer dans ma paume avant qu'il me la prenne et la jette dans la rivière, l'emportant avec le courant !
Pourquoi était-il aussi cruel ?!
Non, il fallait que j'exige des explications.
Sinon, le jeu n'avait même pas commencé, que déjà, mon état s’était à moitié effondré.

 

493.
Je me sentais plein de contradictions, alors je m'assis près de lui en paraissant décontracté, et j'ouvris doucement la conversation : "… Pourquoi ne joues tu pas à DOTA ?"
Dès que j'ai ouvert la bouche, il relâcha soudainement sa posture rigide, ses yeux brillèrent et il répondit précipitamment, tout en appuyant sur la fin de ma phrase : "Jouer à LOL, c'est pareil, après tout, ce sont des jeux de type MOBA, c'est à peu près la même chose. Je veux jouer à ce que tu aimes, ne t'inquiète pas, j'ai aussi joué à LOL pendant un moment, je ne suis pas si mauvais."
Pourquoi est-ce qu'il semblait si préoccupé à ce que je parlais avec lui ?
Je le regardai un peu surpris : "Oh… d'accord, alors la prochaine fois, jouons à DOTA ensemble, je vais apprendre."
Ses yeux s'illuminèrent encore plus, et Wangwang hocha vivement la tête : "hmm, hmm !" (NT : ‘wāng wāng’ est une onomatopée qui imite le bruit d'un aboiement de chien)

 

494.
Je trouvais que quelque chose clochait.
Qu'est-ce qu'il voulait dire en disant qu'il voulait jouer à ce que j'aimais ? C'était quoi ça ? Un mec hétéro dirait-il des trucs comme ça ? Moi-même, je ne pourrais même pas dire ça ! Etait-il vraiment direct, ou était-ce juste qu'il jouait le rôle du mec naïf ?
Est-ce que tout à l'heure, il y avait eu un malentendu ?
En pensant à tout ça, mes sentiments se firent encore plus compliqués, alors je pesai mes mots et essayai prudemment de tester les eaux : "En fait, si jamais une opportunité se présente devant toi, hmm, que tu pourrais venir avec moi, eh bien, gravir des sommets ensemble, et créer un bel avenir…"
En voyant l'expression sérieuse de Gu Yiliang, mon cœur se serra un peu et je ralentis le ton : "… Que choisirais-tu ?"
À peine avais-je terminé ma phrase qu'il répondit immédiatement, tout sérieux :
"Tu veux dire jouer à des parties classées ? Dans ce cas, je prendrais Kha’Zix comme jungler, je maîtrise très bien Kha’Zix." (NT : champion évolutif de LOL, assassin furtif très mobile)

 

495.
Moi qui ajustais mon expression et me préparais à le serrer tendrement dans mes bras : "………………………………"

 

496.
Je me retire!
Cette retraite durera toute une vie !

 

497.
Mon état d'esprit explosa totalement, comme une avalanche, comme un dessin animé mal financé qui s'effondre.
Je regardai sans vraiment voir Gu Yiliang.
Il me regarda avec un regard de "Tu me fais tellement confiance, tu veux vraiment jouer à des parties classées avec moi, je suis trop heureux" et de "Ma réponse était-elle parfaite ? Complimente-moi, s'il te plaît, complimente-moi !"
Et il osait encore sourire légèrement.

 

498.

Je réprimai la douleur dans mon cœur et le frémissement de mes lèvres, puis je souris légèrement.
Attends-moi, je vais devenir maléfique, je vais mettre de l'eye-liner noir charbonneux et des lèvres rouges, je vais m'asseoir seul dans la pièce et sourire méchamment au miroir en bronze, je vais caresser la moitié de mon visage avec mes manches larges puis changer d'expression, il n'y aura pas de reflets dans mes pupilles, et quand j'apparaîtrai, il y aura une musique de fond étrange et intense.

 

499.

La mise à jour du jeu fut terminée, nous nous connectâmes tous les deux à nos comptes, et avec un bruit de "clang", nous nous retrouvâmes dans une partie.
Nous avons interdit et choisi les champions tout en discutant joyeusement de diverses anecdotes et blagues liées au jeu, évoquant aussi comment nous allions jouer dans le spectacle de demain soir, puis nous parlâmes de nos arrangements de travail récents.
Gu Yiliang me tendit les en-cas à portée de main, je lui passai la boisson à portée de main, nous nous sourîmes mutuellement.
C'était vraiment l'image d'un couple amoureux, comme des mariés en harmonie.

 

500.

Pendant que le jeu se chargeait, Gu Yiliang me fit un clin d'œil et me dit avec un ton mignon : "Ça faisait longtemps que je n'avais pas joué à LOL, si je ne joue pas bien, tu ne me gronderas pas, hein ?"
Je lui tirai doucement la joue, un sourire bienveillant sur le visage : "Ne t'inquiète pas, je suis un joueur zen."
Il sourit doucement, me tapota la tête.

 

501.

Le match commença.

A la 12ème minute.
Moi : "Gu Yiliang, je t'avais dit d'aller au milieu, tu n’a pas compris? Pourquoi es-tu resté là, attendais-tu que quelqu'un vienne te sauver ?"
Moi : "Gu Yiliang, tu sais au moins utiliser tes compétences ? Peux-tu appuyer sur R avec tes petites mains ? C'est si difficile que ça ?! RRRRR !"
Moi : "Gu Yiliang, tu n'es vraiment pas clair dans ta tête, pourquoi couris-tu là-bas tout seul, veux-tu tuer dix personnes ou quoi ?! Rentrons tout de suite !"
Moi : "Gu Yiliang, viens rejoindre l'équipe ! Pourquoi traînes-tu dans la jungle, es-tu là pour une balade, pour regarder le paysage ou choisir des souvenirs ?"
Moi : "Gu Yiliang, si tu ne me sauves pas cette fois, vas te suicider dignement près de Dalong pour t'excuser !"
Moi : "Gu Yiliang, pourquoi attends-tu l'année prochaine pour utiliser ta compétence ? As-tu fait un nœud chinois avec tes doigts ou quoi ?!"
Moi : "Gu Yiliang ——"

 

502.

Gu Yiliang : "…Zen ?"
Dans la foule ennemie, je traversai et tuai trois ennemis tout en sauvant un allié, puis je répondis sans détour : "Oui, Bouddha qui combat."

 

503.

Mon regard était féroce et menaçant, tel un loup ou un tigre, fixé sur les héros ennemis.

Ezreal—son nom contient un "Yi" (NT : Ezreal伊泽瑞尔 contient le caractère Yi 伊)? Tuez-le ! Pourchassez-le ! Qu'il n'ose plus sortir de la fontaine !
Maître Yi—son nom contient "Yi" (NT : il s’agit d’un Yi différent 易)? Tuez-le ! Traquez-le ! Qu'il n'ose plus mettre un pied dans la jungle !
Nunu et Willump—leurs compétences ont l’air trop glaciales ? Tuez-les ! Qu’ils se fassent balayer comme une tempête de neige !
Malzahar—habillé tout en violet flashy ? Tuez-le ! Qu'il abandonne casque et armure en fuyant !
Jayce—il a une tête de mec hétéro ? Tuez-le ! Qu’il détale en catastrophe !

Mes doigts virevoltaient sur le clavier, ma souris cliquait frénétiquement—j’avais complètement perdu la raison, ivre de sang.

Je te reproche de flirter avec tout le monde sans distinction !
Je te reproche d’être un hétéro de Schrödinger !
Je te reproche de me chanter make me feel your love !
Je te reproche de me serrer dans tes bras sans me lâcher !
Je te reproche de semer le trouble !
Je te reproche de bafouiller quand tu parles !
Je te reproche de vouloir jouer avec moi en duo !
Je te reproche de choisir Kha'Zix et de jouer comme un dieu, bordel !
Je te reproche de—

 

504.

...Nous avons gagné.

 

505.

Je regardai l'explosion de la base ennemie, j'écrasai la canette de cola vide à côté de moi, détendu et soulagé. Je me tournai et demandai à Gu Yiliang : "Tu veux continuer ?"
Gu Yiliang resta silencieux pendant un moment, puis, avec précaution, il prit la canette de cola vide de mes mains : "...Je vais chercher une nouvelle bouteille."

 

505.5

[Journal de Yiliang - Paragraphe 4]

Il était effectivement en colère. Si cela m'était arrivé, j'aurais aussi trouvé cela embarrassant, puis je serais en colère.
C'était de ma faute, je n'avais pas bien préparé le terrain mental.
Comment faire cela correctement ? Ce n'était pas bien de monter dans un train sans billet.
Mais il ne me donna même pas l'occasion d'acheter mon billet...
En fait, je ne veux toujours pas – non, je ne veux vraiment pas, je ne veux pas transformer notre relation en un simple échange de bénéfices.
Soupir, avant de trouver une solution à ce problème, je ne peux qu'être un peu plus gentil avec lui pour compenser.

 

506.

Gu Yiliang a dit qu'il allait chercher la canette de cola, mais il a dû aller jusqu'à l'Océan Pacifique, car il ne revint pas après un moment.
Je m'appuyai sur ma chaise tournante, levai les yeux vers le plafond, pivotant d’un côté du bureau à l'autre, perdu dans mes pensées.

Est-ce que j'avais été un peu trop dur tout à l'heure ?

 

507.

Je ne comprenais vraiment pas ce qu'il se passait avec lui, il était parfois aussi noir que du charbon (NT : litt. "il avait le ventre aussi noir que de l'encre", signifiant qu’il était plein de malice) et parfois plus faible qu'une paramécie (NT : organisme unicellulaire).
Il était tout ce qu'on pouvait désirer, le seul défaut qu'il avait, c'était qu'il était trop séduisant, sans même le savoir, il flirtait, puis s'en allait, courant si vite, laissant tout le monde derrière lui.
Quand je pensai que j'avais été séduit par une paramécie et que j'avais sauté comme un fou entre les portes du placard, cela me mettait en colère.
Je poussai un long soupir.
Et puis je m'arrêtai brusquement en plein milieu du soupir.
Hmm.
Le flirt était-il vraiment un défaut ?
Quand j'étais séduit, je... me sentais plutôt content en fait ?
Ce fut comme si un courant électrique me traversait, une petite ampoule s'allumant dans ma tête, je me frappai le front –
Je n'avais pas vraiment perdu, non ?

 

508.

Je frappai ma paume.
Laisse-le flirter comme il le veut, cela donne l'impression que personne d'autre ne sait flirter.

S'il flirtait encore avec moi, je lui donnerais simplement une réponse tout aussi forte et explosive !
Viens, faisons du flirt commercial, agissons avec amour , amusons-nous ensemble !

 

509.

La musique du jeu Happy Landlord (NT : un jeu de cartes populaire en Chine) tournait en boucle dans ma tête, et je pensais joyeusement à comment faire fondre les haricots heureux (NT : attirer l'affection. Signifie aussi récompense dans le contexte d’un jeu vidéo) de Gu Yiliang , quand soudain une canette de cola froide se colla à ma joue. Je jetai un coup d'œil à l'écran de mon ordinateur, et je vis Gu Yiliang debout derrière moi, souriant avec les coins de ses lèvres retroussés.
Ça arrivait ! Super doublé ! Je sursautai, me retournai et dis immédiatement : "Doublé !"

510.

lui : "... ?"

Moi : "..."
Moi : "...C'est ça, c'est la bonne, alors où est-ce que je dors ce soir ?"
Il : "... Tu voulais dormir avec moi ?"

 

511.

Un maître ! Un roi du jeu ! Fa ge ! Cette manche, c’est moi qui l’avais perdu !

(NT : Fa Ge (发哥) est un surnom respectueux et affectueux qui désigne Chow Yun-fat, un acteur hongkongais très célèbre et populaire).

 

--

L'auteur a quelque chose à dire :
Une paire de 2! Une paire de 2 ! Le 2 des cartes à jouer ! (Dans certaines régions, cela se prononce "duì dì" ?)

(NT : la prononciation normale de 2 (二) est èr en mandarin et non dì)

 

Traduction: Darkia1030