ISMM - Chapitre 23 - Journal de Yiliang - 3

 

[Journal de Yiliang - Extrait 11]
Je… Je soutiens mon rival.

En écrivant cette phrase, je n'arrive toujours pas à calmer mes émotions. En regardant ces mots en noir sur blanc, moi-même, je n'arrive pas à y croire. C’est tellement irréel.

Ah... Comment les choses ont-elles pu en arriver là ?

 

[Journal de Yiliang - Extrait 12]
La compagnie nous a ordonné de jouer un peu sur la « fraternité virile ». Au départ, ça me dégoûtait. Après tout, ça fait trois ans que je m’en sors très bien sans jamais avoir eu besoin de rumeurs fabriquées de toutes pièces.

J'ai observé mon rival : lui non plus ne semblait pas apprécier l'idée. Pour contrer les attentes de la compagnie, il a même dit des choses totalement à l’opposé de son image publique, comme cette histoire d'« haltérophilie ».

Je ne voulais pas spécialement le démasquer ; c'est sorti tout seul. Résultat : il est resté là, figé, les yeux écarquillés me regardant. C’était trop mignon (barré), enfin… ça ne collait pas à son image d’idole parfaite. Ses fans n’auraient pas dû le voir comme ça, alors je l'ai couvert un moment devant la caméra.

En milieu de notre diffusion, son assistant est venu lui apporter des affaires. Il avait l’air tellement heureux de le voir.

C’est probablement le fait de me retrouver seul à l'écran qui m’a permis de réfléchir : au fond, suivre les ordres de la compagnie et jouer sur cette « fraternité » n’est pas si mal. L'orgueil et la complaisance peuvent faire reculer les gens au sommet de leur carrière. Les gens doivent toujours aller de l'avant.

Et puis… ça me donne une excuse parfaite pour l'appeler « Yanyan ».
Hmm… Ça sonne plutôt bien.

Il faut dire qu’il n’a pas l’air très habitué à ce genre de fanservice, mais il a fait de son mieux pour jouer le jeu. Le voir aussi perdu, un peu gêné, ça m’a fait ressentir un léger pincement de culpabilité.

Mais quand j'y pense, si ce n’est pas moi, ce sera quelqu’un d’autre. Et si la compagnie le met en duo avec un autre acteur, est-ce que ça ne reviendrait pas à offrir ce qui devrait être à moi à un autre? Alors je m’y fais.

Je parle de la popularité, évidemment. Pas de lui.
Quoique… lui non plus, je n’aimerais pas trop le céder.

Même si, techniquement, il n’est pas à moi. Mais maintenant… d'une certaine manière, il m'appartient, non?

Ah… Comment ai-je pu en arriver à le soutenir ?

Au fil des années, j'ai vu passer pas mal de rumeurs sur lui.

Ce n’est pas que j’aie voulu en savoir plus activement, mais comme il est toujours lié à moi dans les médias, impossible d'y échapper.

Parmi toutes ces spéculations, celle sur son prétendu « protecteur » est la plus tenace. Tout le monde se demande qui le soutient dans l'ombre.

Soyons francs : avec son niveau de jeu d’acteur, le fait qu'il soit toujours aussi en vue dans l’industrie est déjà un miracle en soi.

Mais il paraît tellement pur… Rien en lui ne colle à l’image de quelqu’un qui se ferait entretenir. Si je n’avais pas entendu cet appel téléphonique, moi-même, je n’y aurais pas cru.

Écouter aux portes, c'est mal. Je le reconnais.

Quand je suis avec lui, je ne fais rien de spécial, pourtant il semble penser que je suis gentil avec lui. Je n’ose imaginer ce que ce directeur Huang lui a fait endurer… Ça doit être un vrai salaud.

Parler dans le dos des gens, c’est mal aussi. Je m’en excuse.

 

[Journal de Yiliang - Extrait 13]
Après trois ans dans l’industrie, j’ai tout fait pour éviter toute possibilité de règles tacites (NT : le fait de se faire entretenir pour gagner des ressources). Jamais je n'aurais imaginé me retrouver dans le rôle du « protecteur ».

Ma montée en grade a été trop soudaine ; je n’étais pas du tout préparé à ça.

Mais ce n'était pas une décision impulsive. J'y ai mûrement réfléchi… le temps de trois cigarettes.

Première cigarette :
Je me suis demandé : « Est-ce qu'il n’y a vraiment pas d’autre moyen ? »
Je ne m’attendais pas à une réponse, mais il m’a regardé avec une confiance absolue, a réfléchi un instant, puis a souri : « Si, maintenant que tu es là. »

… Impossible de dire non.
Je ne pouvais pas trahir cette confiance. J'ai posé la question, donc j’en assume la responsabilité.

Deuxième cigarette :
J'ai évalué mes moyens financiers et les ressources que je pouvais lui offrir. En les comparant à ce qu'il obtenait avant… Oui, je pourrais lui apporter mieux. (Avec ses atouts, pourquoi le directeur Huang ne lui donnait-il pas de meilleurs rôles ? C’est sûrement un enfoiré…)

Troisième cigarette :
J'ai envisagé les conséquences si notre relation venait à être découverte… Bah, rien de catastrophique. On pourrait toujours prétendre que c’est pour le fanservice. Et si ça tournait mal, il y aurait mille façons de s’en sortir : on parlerait de « frères de cœur », les attachés de presse feraient leur boulot.
Et si vraiment ça devenait incontrôlable, on pourrait toujours tourner ça en romance, suivre la voie du véritable amour et essayer de viser le marché international…

D’ailleurs… En parlant de cela, mes sentiments envers ma famille sont toujours très subtils.
J'ai aussi pensé que, peut-être, juste peut-être… Si jamais j’avais des sentiments pour lui, ça ferait quoi ?
Mais il a interrompu le fil de mes pensées avant que j'allume la quatrième cigarette.

 

[Journal de Yiliang - Extrait 14]
Ah… J’ai beaucoup soupiré aujourd’hui.

Mais… je n’ai vraiment aucune idée de comment on « soutient » quelqu’un.

Il refuse mes cadeaux, ne veut pas que je lui trouve des rôles, et même pour le salaire de son assistant, il insiste pour rembourser…

Quand je l'ai raccompagné à sa chambre, j’ai hésité un long moment. Est-ce que j’aurais dû… l’embrasser?

Non, ce n’aurait pas été correct. Je ne lui ai encore rien donné ; je ne peux pas profiter de lui comme ça.

Même s'il m'a dit de me comporter « comme un petit ami »… Mais je ne suis pas son petit ami.

… Ça ne se demande pas à voix haute, ce genre de choses, non ?
Et on ne trouve pas de guide pratique sur Internet pour « comment soutenir quelqu’un »… Enfin, peut-être que si. Je vais aller vérifier.

De retour.

Alors… J'ai cherché, et j’ai trouvé des liens vers des nouvelles… réalistes, je suppose.
Je vais en lire quelques-unes ce soir, pour « m’instruire ».

Il faut bien apprendre quelque part, non ?

Ah, et… J'ai décidé d'arrêter de fumer. Je l’ai entendu dire au directeur Huang de fumer moins.

Puisque j'ai pris la décision de m'occuper de lui, autant faire mieux que ce salaud de Huang.

 

[Journal de Yiliang - Extrait 15]
Après avoir parcouru quelques articles, le sommeil m’a échappé. Je me suis donc levé pour écrire ce que je ressentais.
En feuilletant un recueil de textes littéraires, j’ai réalisé que j’avais accordé trop d’importance à l’aspect physique dans la relation de tutelle. En réalité, le parrain et la personne sous sa protection n'ont même pas de contact en dessous du cou.
Il s’avère que toutes les histoires effrayantes que mes amis du milieu m’avaient racontées n’étaient que des mises en garde pour m’empêcher de suivre cette voie facile.
C’est plutôt rassurant. En fait, je n’ai pas envie que la relation entre mon rival et moi soit aussi ancrée dans des intérêts... enfin.
Hélas (je l'ai écris spontanément, donc je vais le barrer.)

 

[Journal de Yiliang - Extrait 16]
C’est effrayant. J’ai lu un autre lot de documents, et les scénarios horribles qui y étaient décrits dépassaient même les avertissements de mes amis du milieu : contrôle par les drogues, transferts de propriété, et bien d'autres choses... Mieux vaut ne pas en écrire davantage, je ne veux pas salir mon journal avec ça.
J'ai sous-estimé jusqu'où pouvait aller la noirceur humaine.
Je suis désormais déterminé à protéger mon rival et à l’éloigner de ces choses sordides.

 

[Journal de Yiliang - Extrait 17]
J’ai lu plusieurs articles à la suite, en ai extrait l’essentiel tout en éliminant le superflu, puis j’ai conçu plusieurs approches différentes.
Demain, je les essaierai une par une pour voir laquelle mon partenaire préfère.

 

[Journal de Yiliang - Notes diverses sur l’autre personne]

Mon ami aime manger des os croustillants et commande toujours beaucoup de plats, ne prenant qu’une bouchée de chacun. À l’avenir, j’essaierai de l’aider à finir pour éviter le gaspillage.

Son chant est magnifique, bien meilleur que le mien. En y réfléchissant, puisqu’on est ensemble maintenant, pourrait-il chanter juste pour moi en échange des ressources que je lui fournirais ? (À voir…)

Mon rival ne joue pas à DOTA, mais il maîtrise LOL. Enfin, ce sont tous les deux des jeux MOBA. On pourrait s'affronter de temps en temps. J’espère qu’il acceptera de jouer à DOTA avec moi. Sinon, je pourrai toujours me plier à LOL pour être avec lui. On pourrait briser cette barrière de snobisme entre jeux et évoluer ensemble.

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

 

 

Créez votre propre site internet avec Webador