ISMM - Chapitre 19 - Un snack de fin de soirée ajouté à la note

 

  1.  

Qu’on chante l'enfer !
La société nous avait demandé de "vendre" de la romance entre hommes, pas de nous y plonger réellement !
En y repensant, nous vivions déjà ensemble, dormions ensemble, et devions même porter des vêtements assortis dans la série. Si nous chantions encore une chanson "Niangzi", autant quitter le cercle et aller à l'étranger pour nous marier directement.

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Je fis semblant de ne pas comprendre : « Jay Chou a cette chanson ? »
Gu Yiliang, étonné, me regarda : « Tu es né après 2000 ? »
« ...Oh, 'Niangzi', c'est une vieille chanson », répondis-je en faisant semblant de comprendre soudainement, « Je ne me souviens même plus des paroles. »
Il prit mon téléphone et le secoua ouvertement devant la caméra : « Ce n'est pas grave, je peux chercher. »

  1.  

Téléphone ! Coque !
299.
Je me sentis brisé à l'intérieur, j’essayai de contrôler mon langage corporel, comme si je devais convaincre un criminel armé de relâcher ses otages. Mes mains s'abaissèrent lentement, lui faisant signe qu'il devrait poser mon téléphone, tout en disant : « Cette chanson a un rythme étrange, il y a du rap, c'est difficile à chanter. »
Il ignora mes signaux et jeta un coup d'œil au chat en direct : « Beaucoup de gens veulent l'entendre, ils l'écrivent partout, allez, chante un peu, même si ce n'est pas parfait, c'est pour le public. »
Non, leur Niangzi n'est pas le nom de la chanson !
Je le regardai désespérément alors qu'il déverrouillait mon téléphone.

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Je fus stupéfait, il l'était aussi. Un silence de dix secondes s'installa dans le chat en direct.
Il regarda l'écran de mon téléphone, qui clairement ne lui appartenait pas, réalisa son erreur et me le tendit : « Désolé, je pensais que c'était mon téléphone... Ton mot de passe est aussi 8888 ? »
Je ris nerveusement : « Oui, c'est un chiffre porte-bonheur. »
Il hocha la tête : « Le mien aussi, c'est facile à retenir. »

  1.  

Ne lutte plus !
Il avait entrer le mot de passe sans même regarder, je pensais même qu'il utilisait son empreinte digitale pour le déverrouiller. Franchement, il n'y avait plus rien à nettoyer, même si on vidait le fleuve Jaune, on ne pourrait pas laver ça !

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Je souris avec des larmes : « Alors chante, vas-y, chante, après, je t'invite à manger un snack nocturne. »
De toute façon, chanter ou ne pas chanter ne changeait rien, il fallait finir ce désastre rapidement, j'espérais juste avoir le temps de manger un bol de nouilles avant d'être forcé de quitter l'industrie.
Je craignais de ne plus pouvoir en manger après ça.

  1.  

Une fois la chanson terminée.
Gu Yiliang me regarda, légèrement surpris, et sourit en me complimentant : « Je ne savais pas que tu chantais aussi bien, tu étais si modeste tout à l'heure. »
Oui, je savais chanter, j'avais étudié la musique. Tout à l'heure, je m'étais concentré à 120 % pour chanter.
C'était probablement la dernière chanson que je chanterais devant la caméra.
Je lui lançai un regard en coin et me redressai pour saluer : « Ma voix n'est pas aussi bonne que la tienne, je me contentais de suivre le rythme. »
Il sourit, me donna un petit coup amical sur l'épaule et se tourna vers le chat en direct avec un air de faux désespoir : « Yanyan dit que je ne suis pas à l'aise avec le rythme et que j'étais désaccordé. »
Assez avec ce « Yanyan » !
Je le tirai vers moi et lui dis en riant et en pleurant : « Je t'ai dit que c'était difficile, mais tu voulais absolument chanter... »
« Alors, la prochaine fois, tu veux une chanson plus facile ? » me demanda-t-il en souriant.
Je répondis avec enthousiasme « Oui, oui, d'accord », mais je me dis intérieurement, qu'il n'y aurait pas de prochaine fois, qu'il change de partenaire pour la prochaine chanson.

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Nous échangèrent quelques mots de politesse avec des sourires commerciaux, puis Gu Yiliang prit mon téléphone et dit quelques mots de fin avant d’'appuyer sur le bouton pour arrêter le direct. Cette heure de tension était enfin terminée pour moi.
...
Je me laissai tomber sur le canapé comme un poisson séché, respirant fort, les yeux vides, en silence.
Gu Yiliang rangea rapidement ses affaires, puis me voyant toujours affalé, s'approcha et me poussa doucement par la taille.
Je n'avais plus de forces : « Qu'est-ce que tu fais ? »
Il répondit : « Je t'aide à te tourner ? »
Je me redressai d'un coup, furieux : « Gu Yiliang ! »
Il me regarda naïvement avec ses yeux innocents : « Hmm ? »
Je le fixai, les mots de reproche sur le bout de ma langue, puis je soupirai et fis un geste : « ... Laisse tomber, allons manger quelque chose. »
Il sourit en plissant les yeux : « D'accord. »

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Avec un sourire aux lèvres, il marcha vite, tandis que j’avais un visage amer et mes pas étaient instables.
Une fois arrivés au restaurant, nous nous assîmes. Je soutenais ma tête lourde, le regardant déballer les couverts et verser de l'eau chaude pour les désinfecter.
Il sembla avoir remarqué que j'étais silencieux depuis un moment et tendit la main pour caresser ma tête, mais je l'arrêtai d'un geste sec.
Il rit discrètement et poussa mes couverts devant moi, puis prit des baguettes pour lui-même : « Tu es fâché ? C'est ce que la société veut... »
Je l'interrompis d'une voix basse : « Mais il faut savoir doser... »
Attends.
Je me tus, mes yeux s'écarquillèrent en le fixant : « Tu savais que la société nous demande de vendre du yaoi ? »
Et cette première partie pleine de camaraderie intense, qu'est-ce que c'était ???
Il se gratta le nez : « ...Oui. »
Je le regardai, abasourdi : « Quoi ?! »



  1.  

Les brochettes arrivèrent en premier. Il retira les bâtonnets en bambou et plaça la viande dans mon bol : « Je n'avais pas prévu de suivre les directives de la société. On n'a pas besoin de cette popularité, et je ne suis pas arrivé ici grâce à ça. »
Il s'arrêta un instant avant de reprendre : « Et puis, j'ai vu que tu jouais bien le jeu, tu semblais vraiment prendre plaisir à résister à la compagnie… »
N'était-ce pas parce que je ne pouvais pas être surpassé par toi ?
Je fis une petite pause et ajustai mon expression, prenant une paire de baguettes, simulant une interview de journaliste, je les plaçai près de sa bouche comme un micro: « Alors, qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? »
Il resta silencieux un moment avant de répondre : « Je me suis soudain rendu compte que plus de popularité n'est jamais un problème. Ajouter un peu de popularité, pourquoi pas, peut-être que ça ouvrira d'autres possibilités pour ma carrière ? »
Sans attendre que je réponde, il adopta un ton accusateur : « Je pensais juste te demander de t'appeler Yanyan et de partager une part de fruit avec toi, mais tu n'as pas voulu coopérer… Ça te dérange vraiment de jouer ce rôle ? »
Ah, donc c'était encore de ma faute ?! Je ne suis pas ta concubine, ton visage triste ne m'atteint pas…
Enfin, un peu quand même.
Ma voix trembla légèrement : « C'est de ma faute, oui, de ne pas avoir réagi à temps. Mais l'important, c'est de savoir doser… Allez, sois un bon garçon, d'accord ? »
Il se figea un instant sous mes mots, me regarda avec une expression pleine de faux reproches, puis éclata de rire : « De quoi tu as peur, hein ? »
Cette attitude sûre d'elle était vraiment irritante. Je mordis dans ma brochette avec frustration : «Avec ton talent et ta compétence, c'est sûr que tu n'as pas peur. Moi, je suis déjà un cran en dessous de toi, dans tous les domaines. Si on échoue avec cette histoire de couple fictif, ce sera de ma faute, tu en es conscient, non ? »

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Il me dit : « … Tu devrais réfléchir à ce que tu viens de dire. »
Je répondis : « … Ce n'est pas petit, pas petit du tout, c'est même gros ! »

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Il riait tellement qu'il semblait sur le point de se briser. Ce ne fut qu'après que je le poussai avec indignation qu'il réussit à se calmer, ajusta sa voix et dit : « Je gère très bien les choses, ne t'inquiète pas. »
Je le fixai froidement : « Peut-être que ta gestion et la mienne ne sont pas tout à fait les mêmes. »
Il demanda : « Où vois-tu des problèmes, dis-moi ? »
Je répondis : « Yanyan ? »
Il sourit : « Tu sais bien que tes assistants et tes fans t'appellent comme ça, et dans les commentaires, personne ne trouvait ça problématique. »
Je répliquai : « Est-ce que tu déranges mon repos ? »
Il répondit : « On est voisins, hein. Frère Guan est très fort et puissant, quand il tape à la porte, c'est forcément bruyant. »
Je lui demandai : « À quelle heure tu vas te coucher ? »
Il répondit en souriant : « Tu as tout compris, la langue chinoise est vaste, et si les fans ont mal compris, c'est leur problème. »
Je demandai : « On est bien assortis dans la série ? »
Il répondit : « C'est toi qui l'as dit, non ? »
Je restai sans voix.

  1.  

C'est de ma faute ! Tout est de ma faute !
Mon existence est une erreur !

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Je secouai mon téléphone dans ma main : « … Et la coque du téléphone, tu l'expliques comment ? »
Il prit une gorgée de Jiaduobao et cligna des yeux : « Tu n'as qu'à revenir, et on en signera quelques-uns ensemble, tu peux organiser un tirage au sort sur Weibo pour distribuer des cadeaux à tes fans. »
...Vraiment un génie, il trouvait une explication même pour ce post sur Weibo.
Il me tira légèrement la joue : « Au début, vendre du yaoi, c'était juste un petit jeu. Le reste, c'est à tes fans d'imaginer. Nos interactions sont totalement claires, sans malice. Tu te prends trop la tête. »
Ah… peut-être que c'étaitt ce qu'il fallait penser ? Mais, comment ne pas trop réfléchir, moi, j’étais un fan de notre CP dans la vie réelle !
Après avoir écouté son explication qui semblait plausible, mon cœur se calma légèrement.
Je pointai mes baguettes vers les nouilles frites dans mon bol, hésitant : « … Pourquoi as-tu insisté pour chanter "Niangzi" ? »
« Hein ? » répondit-il en me regardant d'un air perplexe. « N’était-ce pas un choix des fans ? »

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Donc tu sais bien chanter "Niangzi", mais tu ne connais même pas le nom du CP ?
Un chef d'équipe qui ne connaît même pas son propre couple fictif, mais qui réussit à semer du sucre à chaque bouchée… Quelle chance il a !

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Je levai les yeux vers le ciel, me disant que c'était peut-être mieux de demander à sœur Man (ma manager) d'intervenir un peu, pour manipuler l'opinion publique. J'espérais qu'un autre scandale éclate dans l'industrie du divertissement pour enterrer cette affaire. Sinon, je pourrais peut-être aussi faire circuler quelques rumeurs à propos de mes amourettes pour faire baisser la popularité de "Niangzi", et dans quelques temps, avec Gu Yiliang, nous pourrions reprendre chacun notre chemin.
Gu Yiliang, voyant que je commençais à paraître un peu moins tendu, se détendit aussi et sourit : «Tu n'es vraiment pas content, hein ? Est-ce que travailler avec moi sur ce projet te dérange à ce point ? »
Je mordis dans une brochette de viande et murmurai : « Ce n'est pas ça, c'est juste que je manque de compétences, on n'est pas du même monde, tu mérites mieux que moi. »
Il sourit en plissant les yeux : « Je t'ai dit que je t'apprendrais à jouer, tu n'as qu'à faire un petit effort. »
Ce sous-entendu… est-ce que ça veut dire qu'il a déjà décidé ?
Je fus charmé par son sourire au point d'oublier que l'entreprise ne prévoyait pas forcément que nous continuions à vendre ce couple fictif à long terme. D'un air naïf, je répondis : « Oh, d'accord. »
Il hocha la tête et me donna une autre brochette, mettant les os croustillants dans mon bol.

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Je réfléchis à ses actions et je me sentis légèrement touché.
Il pinçait mon visage, frottait ma tête, me parlant gentiment, et dès qu'il voyait que je n'étais pas bien, il essayait de me réconforter. Il ne se moquait pas de mes compétences professionnelles et disait vouloir m'aider à les améliorer.
Il faisait attention à moi en me donnant des bons moments, en me conseillant sur les angles de caméra, en me demandant de finir mon dîner, en désinfectant mes couverts, en notant mes préférences pour les os croustillants.
Mon partenaire commercial était vraiment parfait, et tous les moments "sucrés" étaient délicieux.

  1.  

Et puis, soudain, je réalisai…
Tout cela n'avait pas été fait selon les directives de l'entreprise, ni devant les caméras, non ?

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

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