ISMM - Chapitre 18 – Je ne veux pas te soulever

 

  1.  

La seconde précédente, nous étions encore sur la Montagne Hua (NT : montagne sacrée et site important du taoïsme), avec nos épées invisibles, l'esprit de combat à son comble. Si on mettait une petite table devant nous, nous pourrions immédiatement jurer fidélité et devenir frères de sang.
La seconde suivante, nous nous retrouvions allongés ensemble, nous regardant avec un sourire, pleins d'affection, et si on mettait une bannière au-dessus de nos têtes, nous pourrions immédiatement nous marier et lier nos vies à jamais.

 

  1.  

Où est-ce que ça avait mal tourné ?
Pourquoi la ligne temporelle avait-elle dévié ainsi ?
Et surtout, si je suis tombé en essayant de soulever quelqu'un, qu’allaient penser les fans de moi ? Combien de petites filles allaient être déçues ? Où allais-je cacher mon vieux visage ? Que devais-je faire pour redresser la situation ?
Bien que ça semblait un peu à côté du sujet, se concentrer sur ces questions semblait bien plus simple que de comprendre comment nous en étions arrivés à « Gu Yiliang m'a coincé contre le mur en kabedon devant des centaines de milliers de spectateurs ».

 

  1.  

Je poussai doucement Gu Yiliang et murmurai : « S'il te plaît, s'il te plaît, lève-toi de sur moi... ! »
Il sourit et se redressa, je jetai un œil craintif au chat de commentaires.
En dépit des moqueries acides de certains fans, qui disaient que je nourrissais des intentions malveillantes et avais délibérément fait trébucher leur fils, tandis que de l'autre côté on affirmait que l'autre côté se vantait et que leur fils était intelligent et ne faisait que le démasquer…. La majorité des commentaires étaient... hm...
Certaines personnes, manifestement des fans Consort Impériale Gu, écrivaient : « Hahahaha, je savais que ça allait se passer ainsi, il n’a pas blessé notre dieu, j’espère ! »
Certaines, manifestement fans Meiyan, disaient : « Hahahaha, je savais que Yanyan ne réussirait pas à le soulever, c’est trop difficile pour lui, hihi ! »
Et d’autres, clairement des membres de l’armée Niangzi, disaient simplement : « Ahhhh. »

 

  1.  

Aucune surprise, aucun réconfort.
Et moi ?
Bonjour ? Vous n’aviez vraiment aucune espérance en moi, n'est-ce pas ?
Je pouvais comprendre que les Consort Impériale Gu se moquent, mais pourquoi les Meiyan s’y mettaient-elles aussi ? Vous n'êtes pas censées être de mon côté ?
Quel genre de personne suis-je à vos yeux ?
Non mais, les filles, un peu d'encouragement, non ?!

 

  1.  

Gu Yiliang, voyant les commentaires, sourit agréablement et me tapota l'épaule : « Continue ton bon travail, jeune homme, essaie de me soulever la prochaine fois. »
Moi : « D’accord, je vais essayer. »
Moi : « Mais attends, pourquoi devrais-je te soulever ? Je n’ai rien à prouver ! »
Lui : « Ah ? Tu ne veux pas réessayer ? Ce serait une bonne occasion de prendre ta revanche. »
Moi : « Pourquoi te soulever ? À quoi ça sert ? Non, je ne le ferai pas ! »
Moi : « ... »
Lui : « ... »

 

  1.  

Je ne veux plus regarder les commentaires.

 

  1.  

De l'embarras visible à deux, entre nous deux, à cette situation gênante sous les yeux de milliers de spectateurs, j’ai traversé beaucoup d’épreuves.
Ah, ma bouche qui crée des problèmes…
Gu Yiliang se couvrit les yeux et rit de tout son cœur, je restai là, appuyé sur le canapé, le regard vide, me transformant en une statue de pierre parfaite.

 

  1.  

Finalement, c'est Xiao Chen qui me sauva.
Il ouvrit doucement la porte, appela : « Yanyan, Yanyan ! »
J'avais l'impression d'avoir obtenu une amnistie. Je me précipitai, le sourire aux lèvres, bondissant comme une flèche vers Xiao Chen, tout joyeux comme une brise printanière faisant fondre la neige : «Qu’est-ce qui se passe ? »
Il me regarda, un peu surpris, en agitant une boîte de médicaments et une bouteille d'eau, et dit à voix basse : « C’est l’heure de prendre tes médicaments. »

 

  1.  

C’étaient en réalité des vitamines, des compléments alimentaires et des pilules de blanchiment de la peau.
Je pris la boîte lentement, comptai les pilules lentement, puis dévissai le bouchon lentement en écoutant les bruits derrière moi, espérant que Gu Yiliang trouverait un autre sujet pour détourner l’attention et que je pourrais revenir devant la caméra.
« Laisse-moi faire, laisse-moi le faire. » Xiao Chen, voyant que j'étais trop lent, se précipita, compta les pilules et les versa dans ma paume, avant de me donner la bouteille d'eau.
Pourquoi Gu Yiliang ne changeait-il pas de sujet pour parler d’autre chose ? Aucune coordination !
Je pris les pilules et l’eau d’un coup, quand j’entendis la voix légèrement grave de Gu Yiliang : « Ce n’est pas mon manager, c’est l’assistant de vie de Yanyan. »

Il semblerait que ma gorge soit destinée à souffrir aujourd'hui. Son "Yanyan" (NT : appellation très familière) prononcé si calmement m'a presque fait m'étouffer avec de l'eau. Xiao Chen, paniqué, me tapa dans le dos.

 

  1.  

Je me retournais, incrédule, vers Gu Yiliang.
C'est quoi ce changement soudain ? Il a mis trois tours autour de la Terre avant d'atterrir ? Il a eu un éclair de génie ? Ou bien une divinité est-elle passée par là pour le sauver ?
Je ne comprenais pas pourquoi il avait changé d'avis aussi soudainement, mais bon, c'était à peu près la mission que l'entreprise lui avait donnée, donc j'avalai la pilule et me dirigeai vers le canapé. Xiao Chen me retint par le bras et me donna deux pêches.
Je secouai la tête : « J'ai déjà mangé, je n'ai pas faim. »
Xiao Chen s'approcha de mon oreille et murmura à voix basse : « Je vous ai regardés en train de faire votre live juste à côté. »
Je le regardai d'un air perplexe et baissai aussi la voix : « Et alors ? »
Il sourit avec sincérité et chuchota : « Vous jouez si bien la camaraderie entre frères, j'ai même demandé à l'équipe de production de me donner deux pêches. »
Je lui répondis, sans comprendre : « Pêches ? »
Il répondit avec un sourire malicieux : « Je pensais que vous alliez vouloir vous jurer fidélité et devenir frères de sang quand vous vous laisseriez aller dans l'émotion, alors j'ai pris des pêches comme accessoire pour vous. »

(NT : la pêche est symbole d’immortalité. Le roman « les trois royaumes » a rendu célèbre le « jardin des pêchers », qui est le lieu ou les trois héros principaux se jurent fraternité.)

 

  1.  

Pendant une fraction de seconde, environ un millième de seconde, je voulais vraiment quitter ce monde.
C’était trop difficile. Gu Yiliang d'un côté, Xiao Chen de l'autre, j’étais pris entre deux feux !

 

  1.  

Je quittai Xiao Chen comme un automate, portant les deux pêches juteuses et m'assis sur le canapé.
Quand je revins, Gu Yiliang fronça les sourcils en me regardant et demanda : « Tu es malade ? »
Il n’y a rien de mal à dire qu’on prend des vitamines et des suppléments devant les fans, donc je secouai la tête : « Non, c'est juste des compléments alimentaires, je dois les prendre à des horaires réguliers. »
Il répondit simplement « Oh » et détendit son visage, son bras se leva et se posa naturellement sur mon épaule, me rapprochant légèrement. Puis, il désigna les pêches dans ma main et sourit : « Tu m'invites à ton dîner ? »
Je secouai à nouveau la tête : « Ces pêches ne peuvent pas être mangées. »
Il hésita un instant, semblant mécontent des pêches, avant de se tourner vers le chat et de faire une moue en disant : « Yanyan ne veut pas me donner de pêches. »
Mais qui est ce « Yanyan » que tu interpelles aussi familièrement ? Où est passé le petit frère dont tu tapais l'épaule, hein ?
Il avait l'air de l'avoir fait exprès, sa voix soudainement adoucie, provoquant un vacarme dans le chat, les fans criaient qu'ils allaient lui envoyer des pêches à distance.
Je ne bougeai pas, secouant lourdement la tête : « Non, vraiment, ces pêches sont pour Guan erge (NT : deuxième frère Guan), je dois les lui offrir. »
Gu Yiliang : « … »

 

  1.  

Nous répondîmes à quelques autres questions sans trop de passion, échangeâmes quelques plaisanteries. Il ne me lâchait toujours pas, son regard se dirigeant encore et encore vers les pêches. Je pouvais voir qu’il en rêvait. Alors, je lui donnai les pêches en les lui poussant dans les bras : «Tiens, si Guan erge ne reçoit pas de pêches, il viendra nous déranger dans la nuit. »
Il fit semblant de ne pas vouloir les manger, les posa sur la table en souriant : « J’irai ouvrir la porte, je ne te dérangerai pas. »
Moi : « ? Mais comment pourrais-tu me déranger ? Nous ne vivons même pas dans — »
Lui : « Eh, un fan nous demande à quelle heure nous nous couchons et si on est fatigués après les tournages. »
Moi : « Oh, on est un peu fatigués parfois, mais si on finit tôt et qu’il n’y a pas de scène de nuit, on se couche généralement vers une ou deux heures du matin. »
Moi : « Attends, il semble y avoir une faille, ce que je viens de dire… »
Lui : « Eh, un fan du roman original nous demande ce que nous pensons de nos costumes des rôles.»
Moi : « Eh bien, je suis censé être un érudit, donc le styliste a fait du bon travail, en restant fidèle à la description du livre. Le gris-bleu qu’il a choisi me va bien. »
Lui : « Oui, c’est parfait, et ça s’accorde bien avec mon ensemble brique-rouge. »

  1.  

Moi : « … »
Gu Yiliang, que fais-tu ?! Est-ce que le grande maître endormi vient enfin de se réveiller après une heure de sommeil ? Fais attention à tes limites ! Faire trop ouvertement des blagues sur la romance peut vraiment mal finir !
Il semblait ne pas comprendre le concept de « modération ». Dans son dictionnaire, il n’y avait que « silence » ou « grand impact quand il parle ».

  1.  

C’est déjà trop tard, c’est irréversible.
Adieu, un milliard de GIFs d’intimité découpés par les fans.
Bonjour, un documentaire sur notre histoire d’amour.avi créé par les fans Niangzi.

  1.  

Voyant la situation glisser de l'autre côté du gouffre hors de mon contrôle, je jetai un coup d’œil à la feuille de programme qui traînait sur le côté.
Interactivité, c'est fait. Les fans des deux côtés s'amusent, et il semble que les fans de l'autre groupe ont commencé à discuter entre eux.
Publicité, c'est fait. Nous sommes déjà un sujet populaire devant la caméra.
Questions-réponses, c'est fait. Nous avons répondu à toutes les « 100 questions sur l'affinité ».
Personnage, c’est fait. Il est parfait, moi, je suis hors course.
Romance, c’est fait. Il ne manque plus que le serment de frères de sang ou le mariage.
Démonstration de talent ?…

  1.  

Je vis un rayon de lumière, pensant que nous devrions chanter un peu pour terminer cette épreuve ! J’attrapai doucement la manche de Gu Yiliang et souris légèrement : « Hé, l’heure approche, et si on demandait aux fans de choisir une chanson ? »
Il semblait que l’entreprise avait inclus cette partie dans le programme. Avant même que je n'aie fini ma phrase, les commentaires furent remplis de titres de chansons. Certains continuaient à discuter des questions précédentes et insistaient pour que nous chantions des chansons comme "Xiao Baiyang" (NT : ‘petit saule blanc’, chanson populaire) ou "Gan wen lu zai hefang" (NT : ‘où est le chemin’, chanson de la série télévisée "La Romance des Trois royaumes").
Même si les gains de la diffusion ne nous reviendraient pas forcément à nous deux, beaucoup de fans ont continué à envoyer des cadeaux tout au long du stream. Je voulais les remercier, mais je n'osais pas, de peur de les encourager à dépenser encore plus.
Gu Yiliang, lui, ne sembla pas y réfléchir trop longtemps. Il parcourut les commentaires à la recherche de chansons qu'il savait chanter et remercia les fans en notre nom à tous deux.

 

  1.  

Soudain, l'écran explosa de feux d'artifice, les fusées partaient les unes après les autres, des flottes de cadeaux défilaient à un rythme effréné.
C'était toujours la même personne qui envoyait tout, et il semblait ne pas vouloir s'arrêter de si tôt.
Gu Yiliang se rendit compte de ce qui se passait et secoua la main en désespoir : « Ah non, ce n’est pas ce que je voulais dire, arrêtez, arrêtez, je n’encourage pas l'envoi de cadeaux… »
Sur la plateforme de streaming, ceux qui envoient beaucoup de cadeaux ont des privilèges, et le message de ce fan défilait sur l'écran avec une police multicolore extrêmement voyante :
"Je suis en retard ! Niangzi, Niangzi, Niangzi, Niangzi !!!"

 

  1.  

Cette police était tellement voyante qu'il était impossible de ne pas la voir, elle défilait même devant nos visages sur l'écran.
Gu Yiliang : « Niangzi ? »
Je sentis un choc dans mon cœur et fis de mon mieux pour afficher une expression innocente et confuse, clignant des yeux innocemment et regardant la caméra d'un air perplexe.
Il sourit à la caméra : « C'est la chanson de Jay Chou ? Alors chantons "Niangzi". »
Moi : « ? »
Il me regarda : « Tu veux chanter avec moi ? »

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

 

 

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