I met a ghost - Chapitre 3 - « Va-t’en !!! »
Après de fermes négociations, le fantôme accepta à contre-coeur la proposition : à l’avenir, sans son autorisation, il ne recommencerait pas ce genre de choses. Mais il posa en même temps une condition : Xiao Lin devait finir dix pages du «Cinq ans de préparation au Gaokao et trois ans de simulations» dans les trois jours, sinon il continuerait à puiser son énergie vitale de cette manière.
Xiao Lin, exaspéré, répondit : « Tu es fou ? Serais-tu l’auteur du « Cinq-trois » ? »
Le fantôme répliqua : « Ou bien dix pages du « Longmen ti ku », ça marche aussi. » (NT : recueil reprenant certaines des inscriptions gravées sur les parois des grottes de Longmen, un site célèbre de sculptures bouddhistes en Chine.)
Xiao Lin, désespéré : « Pourquoi es-tu si obsédé par les exercices ? »
Le fantôme expliqua : « Parce qu’à chaque fois que je te vois faire des erreurs à l’examen, ça me rend mal à l’aise. »
Xiao Lin se trouva bien malchanceux. Ce fantôme aurait-il été un fanatique des examens, un candidat au bac ayant passé plusieurs dizaines d’épreuves, ou quelqu’un devenu psychologiquement instable à force de subir des examens ? Comment se faisait-il que même un fantôme qu’il croisait ait un comportement si étrange ?
Le fantôme demeurait calme : « Les esprits vengeurs sont tous ainsi. Comme récompense, si tu finis en avance, je peux aussi te rendre service gratuitement, comme tout à l’heure, mais sans aspirer ton énergie vitale. »
Xiao Lin demanda : « Puis-je refuser ? »
Le fantôme répondit : « Non. »
Le lendemain était un week-end. Pour aider le fantôme à se souvenir de son identité, Xiao Lin l’emmena se promener en ville. Il se demanda soudain : « Toi, en tant que fantôme, pourquoi peux-tu sortir en plein jour avec moi ? Ne devrais-tu pas craindre la lumière ? »
Le fantôme répondit : « Je ne sais pas vraiment, à part que je ne peux pas m’éloigner trop de toi, il n’y a pas d’autre restriction. »
Sous un soleil éclatant, au milieu de la circulation dense, la ville bourdonnait de vie, mais le fantôme ne ressentait plus rien.
Xiao Lin sentit soudain une pointe de tristesse et demanda : « Tu ne te souviens vraiment d’aucun proche ? Même un nom, ce serait une piste. »
Le fantôme déclara : « Je me souviens. »
Xiao Lin, ravi, lui demanda ce dont il se souvenait.
Le fantôme répondit : « Ce grand immeuble devant nous m’est familier, comme si une force invisible me guidait pour y entrer. »
« Le bâtiment Qianlong (NT : litt. ‘ciel prospère’, c’est aussi le nom d’un empereur de la dynastie Qing)? » demanda Xiao Lin, en observant cette tour immense s’élevant dans le ciel. Il sembla dubitatif : « C’est une entreprise célèbre dans le pays, es-tu sûr de bien connaître cet endroit ? Aurais-tu travaillé là ? »
Le fantôme répliqua : « Pourquoi ta façon de parler laisse entendre que je ne pourrais pas y travailler ? »
Xiao Lin répondit : « Parce que tu ressembles plus au professeur qui passe son temps à espionner par la fenêtre de notre classe pour voir si nous étudions bien. »
Le fantôme ricana : « Donc, dans ton esprit, je suis ce genre de personne. »
Xiao Lin expliqua : « Bien sûr que non, ce n’est pas un être humain ! »
Le fantôme fit une pause, puis déclara : « Le « Cinq-trois » passe à quinze pages. »
Xiao Lin, s’adaptant rapidement, dit : « Grand frère Fantôme, très beau et charmant frère fantôme, je reconnais mes torts, j’étais jeune et ignorant ! Non seulement tu y travailles, peut-être en es-tu même le patron ! »
Le fantôme ne répondit plus. Peut-être que ce bâtiment réveillait de vrais souvenirs en lui. Il dit alors à Xiao Lin : « Allons voir à l’intérieur. »
Xiao Lin hésita : « Il faut s’enregistrer pour entrer, non ? Je suis juste un étudiant, ils ne vont sûrement pas me laisser entrer… »
À ce moment, une voiture ralentit devant l’entrée du bâtiment. Peu après, plusieurs personnes sortirent : des hommes en costume, semblant être des cadres supérieurs, accompagnant une belle femme au visage soucieux. Ils lui firent des révérences respectueuses avant qu’elle ne monte dans la voiture.
La voiture passa ensuite en trombe devant Xiao Lin, qui se retrouva inévitablement à respirer l’échappement.
Xiao Lin demanda au fantôme : « Veux-tu toujours entrer ? Si c’est indispensable, je trouverai un moyen. »
Le fantôme ne répondit pas, comme absent.
Xiao Lin ne s’en inquiéta pas : ces derniers jours, le fantôme ne cessait de l’importuner, il appréciait donc ce rare moment de calme. Il se promena les mains dans le dos, un petit sourire aux lèvres.
Mais à son retour chez lui après une partie de basket avec des camarades, le fantôme resta silencieux, sans un mot.
Xiao Lin commença à trouver cela étrange.
Il tourna en rond dans sa chambre, tentant d’appeler le fantôme : « Frère Fantôme ? Frère Fantôme, fantôme ? Bébé fantôme ? »
« Ce ne serait pas possible, il serait parti se réincarner sans un bruit ? »
Quelle bonne nouvelle ! Enfin, plus personne ne viendrait l’importuner sans cesse pendant qu’il faisait ses exercices.
Après un long moment de réflexion sans comprendre comment le fantôme était arrivé ni parti, il jugea qu’il méritait une célébration. Il sortit du réfrigérateur un soda et un gâteau, mangea en regardant la télévision.
Avant, dès qu’il changeait de chaîne, le fantôme ne cessait de le critiquer : programmes trop idiots, animateurs peu compétents, invités au visage refait... Regarder la télé, c’était comme suivre une émission pleine de commentaires sarcastiques qui remplissaient son cerveau.
Alléluia, le monde était enfin redevenu paisible !
Xiao Lin fit un geste de victoire dans le vide et regarda son émission avec joie, puis retourna dans sa chambre s’asseoir, prêt à faire ses exercices.
Très vite, il se sentit un peu mal à l’aise.
À chaque exercice terminé, il n’y avait plus personne pour lui murmurer sans cesse la réponse ou la méthode.
Xiao Lin avait pris l’habitude, sans s’en rendre compte, de consulter fréquemment les corrigés après chaque question.
« Lin Yinian, serais-tu masochiste ? » se dit-il, comme pour se donner une claque virtuelle et se forcer à se concentrer pour continuer à faire ses exercices.
Ainsi passèrent deux jours, puis un appel téléphonique arriva soudainement sur son portable. « Allô ?»
« Xiao Lin ? » C’était une voix masculine inconnue, profonde et agréable.
« C’est moi, puis-je savoir qui vous êtes ? » Les appels frauduleux commençaient souvent ainsi ; Xiao Lin redoubla de vigilance.
« Je suis ton frère fantôme. »
« ??? »
Un peu perplexe, il crut avoir mal entendu.
« As-tu bien rempli dix pages du «Cinq ans de préparation au Gaokao et trois ans de simulations» ? »
« … Très bien, je te crois. »
Puis, d’autres questions lui vinrent à l’esprit : « Comment peux-tu téléphoner ? Où es-tu pour appeler ? T’es-tu réincarné ou bien empruntes-tu un corps ? »
L’autre répondit après un moment d’hésitation : « Je ne peux pas tout expliquer au téléphone. Viens me voir après les cours. »
Sans réfléchir, Xiao Lin répondit : « J’ai encore mes devoirs à faire. »
« Je t’aiderai à les faire. »
À cet instant, Xiao Lin eut l’impression de revivre un cauchemar. « Non, non, non, pas besoin que tu m’aides, je peux tout faire tout seul ! Donne-moi simplement l’adresse ! » s’exclama-t-il.
L’interlocuteur rit doucement : « Viens au bâtiment Qianlong, donne ton nom à l’accueil, ils te conduiront jusqu’à moi. »
À l’entente du nom du bâtiment, Xiao Lin s’exclama : « Tu es donc vraiment lié à cet endroit ! »
Poussé par une curiosité insatiable, Xiao Lin brûlait de voir à quoi ressemblait ce fantôme une fois devenu humain. Après les cours, il se rendit directement au bâtiment Qianlong. À l’accueil, lorsqu’il donna son nom, on ne lui posa aucune question et on le conduisit au trente-quatrième étage. Un secrétaire élégant prit ensuite le relais et l’emmena au trente-cinquième étage.
Lorsque les deux grandes portes s’ouvrirent et que l’homme assis à un bureau luxueux se retourna, Xiao Lin fut complètement stupéfait.
Le tapis de laine douce et coûteuse, les grandes baies vitrées illuminant l’espace vaste et clair, l’homme au visage beau et à l’allure impeccable, vêtu d’un costume taillé sur mesure — chaque détail de ce bureau respirait le succès et la réussite.
Xiao Lin ouvrit grand la bouche, sans pouvoir articuler : « Tu… tu es donc le Grand Frère fantôme ? »
L’homme se leva et s’avança vers lui, chaque pas dégageant une aura invisible d’hormones. Xiao Lin, instinctivement, afficha une expression nerveuse et mal à l’aise, son corps légèrement penché en arrière, tel une proie traquée prête à fuir à tout instant.
« C’est moi, » dit l’homme. « Te souviens-tu du jour où tu étais au bord de la route et qu’une voiture est passée à côté de toi ? »
« Oui, » répondit Xiao Lin, « elle venait du bâtiment Qianlong. »
« Après cela, une force m’a arraché violemment de tes côtés. Quand j’ai repris conscience, j’étais déjà dans ce corps. » Cet homme était Qu Heng, président du groupe Qianlong, qui avait été plongé dans le coma quelques jours auparavant pour une raison inconnue, apparemment suite à des problèmes cardiaques.
Xiao Lin sourit largement : « En somme, j’ai hébergé un président tyrannique ? Tu viens me voir aujourd’hui pour me remercier, n’est-ce pas ? »
L’homme répondit : « Que dirais-tu d’un lot d’épreuves réelles d’une valeur d’un million, pour que tu puisses travailler sans relâche ? »
« Va-t’en ! Je m’en fiche, ne m’insulte pas avec ton argent bon marché ! »
L’homme continua : « Le problème est là : je n’ai aucun souvenir de Qu Heng . Bien que je sois dans ce corps, rien ne m’est familier. Or, le problème de Qu Heng est cardiaque, pas cérébral. Logiquement, je ne devrais pas avoir perdu la mémoire. »
Xiao Lin demanda : « Peut-être que la maladie a causé des trous de mémoire ? »
« Je ne sais pas, mais pendant que j’étais fantôme, j’étais constamment près de toi. Je pensais qu’en te voyant, je trouverais des indices. »
À ce moment, un tumulte se fit entendre dehors, puis la porte fut brusquement ouverte. Le secrétaire tenta en vain d’empêcher une femme élégante d’entrer.
Xiao Lin reconnut la femme qu’il avait vue devant le bâtiment ce jour-là.
La femme, furieuse, s’élança vers lui en criant. « Qu Heng, espèce de salaud ! Tu demandes le divorce et tu joues avec un petit garçon dans ton bureau ! »
Sans hésiter, Xiao Lin se cacha derrière l’homme, observant la scène où la femme hurlait, reprochant à cet homme obsédé par son travail de la laisser seule, menaçant de divorcer et de la faire partir sans rien.
Lorsque les agents de sécurité expulsèrent la femme, Xiao Lin vit le visage de l’homme pâlir, il se porta la main sur la poitrine et s’effondra lentement.
En route vers l’hôpital, il mourut.
*
S’ensuivit une période chaotique, mais cela n’avait plus beaucoup à voir avec Xiao Lin.
Il était complètement perdu, incapable d’exprimer ce qu’il ressentait ce jour-là.
Être témoin d’un accident, rencontrer un fantôme, voir celui-ci prendre possession d’un corps pour devenir un président tyrannique, puis voir la femme de ce président faire scandale et l’homme mourir d’une crise cardiaque ?
Un tel scénario, même écrit en roman, serait difficilement crédible !
De retour dans sa chambre, Xiao Lin resta longtemps agité, incapable de se concentrer sur ses devoirs.
Puis une voix douce résonna près de son oreille. « Je suis revenu. »
Surpris, heureux, confus et perplexe, Xiao Lin se sentit incapable de décrire ses émotions avec des mots humains.
« Grand frère Fantôme, tu es revenu ! »
Le fantôme répondit d’un ton calme : « Tu ne m’accueilles pas ? »
« Non, non, bien sûr que si ! Te voir me rend tellement heureux. Quand tu n’étais pas là, je n’avais même plus de compagnon pour faire mes exercices, ou plutôt, plus de fantôme avec qui les faire ! » s’empressa de dire Xiao Lin.
Un fantôme devenu humain, puis redevenu fantôme : qui ne serait pas déconcerté ? C’était la nature même des fantômes.
Xiao Lin demanda : « Que se passe-t-il exactement ? Es-tu vraiment Qu Heng, président du groupe Qianlong ? »
Le fantôme répondit : « Je ne sais pas, mais je ne pense pas. Non seulement je ne suis pas Qu Heng, mais la victime de l’accident que tu as vue sur la route n’est probablement pas mon véritable corps non plus. »
Xiao Lin était abasourdi : « Veux-tu dire que tu es à l’origine un fantôme, qui cherche un corps à habiter ? »
Le fantôme expliqua : « Ce n’est pas exact non plus, rien de tout cela n’est de mon propre choix. Je ne sais même pas ce qu’il en est moi-même. »
Sentant la tristesse dans la voix du fantôme, Xiao Lin tenta de le rassurer : « Tu as juste perdu la mémoire. Un jour, quand tu la retrouveras, tout sera clair. Et puis, je ne t’ai jamais dit de partir. Reste auprès de moi. Peut-être qu’avec toi dans la salle d’examen, j’entrerai à Tsinghua ou à Beida. » (NT : deux universités réputées de Beijing)
Le fantôme rétorqua : « Tu n’as même pas fini les dix pages du « Cinq ans de préparation au Gaokao et trois ans de simulations » promises, et tu veux aller à Tsinghua ou Beida ? »
Xiao Lin répondit : « Je m’inquiète pour toi, c’est tout. Tu n’as jamais dit que j’étais loyal ou dévoué. »
Le fantôme soupira : « Je crois que tu fais exprès. »
Xiao Lin : « ??? »
Le fantôme expliqua : « Tu fais exprès de ne pas finir pour que je puise ton énergie vitale. »
Le visage pâle de Xiao Lin vira lentement au rouge.
Le fantôme le consola : « En réalité, je n’aime pas vraiment aspirer ton énergie vitale, mais si tu insistes, fais huit pages et je m’arrêterai là. »
Xiao Lin prit une grande inspiration et s’écria : « Va-t’en !!! »
Traducteur: Darkia1030
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