HSAV - Chapitre 155 - Vous comprendrez à quel point il est difficile pour les gens de dire au revoir.

 

(NT : Une partie du poème « Zhègu Tiān · Regret de la séparation » écrit par Yan Ren de la dynastie Song [960-1279]. « Si vous jetez un coup d'œil à la rivière tumultueuse qui coule vers l'est, vous serez naturellement en mesure de comprendre ce que ressentent les gens lorsqu'ils doivent dire au revoir à leurs amis et parents lorsqu'ils quittent leur ville natale ».)



« L'Empereur, comment va l'Empereur ? Il… est-il… » Chen Ge ne put prononcer ces mots.

« Il est toujours en vie. » Xiao YuAn détacha les vêtements de Yan HeQing et commença à soigner ses blessures.

Le visage de Yan HeQing paraissait extrêmement pâle à cause de la perte de sang excessive ; il sombra bientôt dans le coma. Son pouls et sa respiration étaient très faibles ; Xiao YuAn le soigna avec des plantes médicinales pour arrêter l’hémorragie. Puis il ôta son manteau et enveloppa fermement Yan HeQing. Dès que Chen Ge vit cela, il fit de même sans hésiter.

« Nous devons le ramener à la caserne au plus vite. » Quand Xiao YuAn eut fini de parler, Chen Ge porta aussitôt Yan HeQing sur son dos.

« Médecin Xiao, il n’est pas trop tard dehors, partons maintenant. »

Xiao YuAn hocha la tête, prit la torche et suivit Chen Ge vers la sortie de la grotte. Cependant, avant qu’ils eussent atteint l’entrée, une lueur de feu trembla au loin et des pas désordonnés se firent entendre.

Pris de peur, Xiao YuAn éteignit prestement la torche ; Chen Ge rentra rapidement dans la grotte. Ils retinrent alors leur souffle, se blottissant dans les profondeurs sombres, n’osant plus bouger.

De l’extérieur, ils entendirent faiblement la voix d’un homme passant par l’entrée : « Le général Yang est trop prudent, ah. Il nous fait encore fouiller les premières grottes. »

« Tu crois qu’il nous laissera là toute la nuit ? »

« J’ai ouï dire que le général Yang n’aura pas l’intention de se reposer tant qu’il n’aura pas trouvé cet empereur. »

« Même si c’est un travail ennuyeux et pénible, je comprends pourquoi le général Yang agit ainsi. Après tout, il faut couper l’herbe pour en ôter la racine. (NT : idiome chinois signifiant éradiquer complètement la menace, ne laisser aucune trace.) De toute façon, cet endroit regorge déjà de pièges. Ce n’est pas comme si l’empereur du royaume du Sud de Yan pouvait se laisser pousser des ailes et s’envoler. »

« D’accord, d’accord. Vous deux, cessez de bavarder et hâtez-vous ! Le général Yang reviendra ici en personne d’un instant à l’autre, et s’il vous surprend en train de jacasser au lieu de travailler, vous perdrez votre tête ! »

Après ces paroles, l’extérieur de la grotte retrouva un silence absolu. Seul le bruit des pas restait audible, tant près que loin.

De leur côté, dans l’obscurité, Chen Ge serra les dents et murmura : « Médecin Xiao, que devons-nous faire ? Devons-nous nous cacher sur le toit de la grotte ? »

Xiao YuAn se frotta les mains jusqu’à les réchauffer, puis couvrit les joues glacées de Yan HeQing. D’une voix inquiète, il répondit : « Le toit de la grotte ne peut pas abriter trois personnes. De plus, nous ignorons quand les soldats du Wu oriental partiront, et Yan-ge ne survivra guère plus longtemps dans l’état où il se trouve. »

La lumière d’une torche à l’extérieur chassa le clair de lune : les soldats rôdaient autour de la grotte. Les deux hommes s’agrippèrent au mur de pierre autant qu’ils le purent, n’osant émerger de l’ombre. Heureusement, l’attention des soldats du royaume oriental se portait surtout à l’extérieur de la grotte plutôt qu’à l’intérieur.

« Non, si nous restons ainsi, on nous découvrira. » Chen Ge posa Yan HeQing sur son dos et dit : « Je vais les faire partir. Quand j’aurai attiré leur attention, médecin Xiao, tu devras prendre Sa Majesté et t’enfuir ! »

Avant que Chen Ge ne se précipitât dehors, Xiao YuAn lui saisit fermement le bras et répliqua : « Les faire partir ? »

Chen Ge grimaça : « Oui, médecin Xiao. Quand il n’y aura plus de lumière de torche à l’extérieur et que tu n’entendras plus de bruits, tu devras immédiatement porter Sa Majesté vers l’Est. Ne te retourne pas ! Et ne m’attends pas ! »

Xiao YuAn le regarda, répondit calmement : « Laisse-moi le faire à la place. »

Chen Ge s’emporta d’un ton pressant et colère : « Médecin Xiao ! Comment pourrais-je te laisser faire ?! Tu— »

« Chen Ge, je ne veux pas jouer à ce jeu d’hypocrisie. Tu peux jouer ton rôle. D’ailleurs, tu sais que Huang Yue veut ma mort. Puisque Yan-ge demeure dans le coma, il ne peut me protéger ; je ne peux donc pas retourner à la caserne du Sud de Yan comme si de rien n’était ; et même si j’y retournais, ce serait une impasse pour nous deux. Yan-ge ne peut être ramené que par toi. Chen Ge, tu es un homme sagace : réfléchis-y. » Xiao YuAn analysa la situation d’un ton posé. Sa voix et son attitude étaient si calmes que même Chen Ge en ressentit un étouffement.

« Je… » Chen Ge voulut se défendre, mais, au bout du compte, il ne put prononcer un mot. La colère le submergea ; il se donna un coup de poing sur la tête, puis se tint le crâne entre les mains, lâchant plusieurs jurons d’affilée.

Xiao YuAn observa longuement Yan HeQing, entrelaça ses doigts avec les siens, puis caressa doucement son visage de l’autre main. Le bout des doigts de Xiao YuAn glissait sur sa peau comme un pinceau fait de nuages, traçant avec tendresse la ligne de ses sourcils. « Chen Ge, je vais devoir te déranger pour une dernière chose. »

 

Traducteur: Darkia1030