HSAV - Chapitre 153 - Les ossements de guerre seront exposés à la lumière du jour.

 

(NT : le titre du chapitre provient d’un poème de Xin Qiji)

 

La nuit était longue, la ville était lointaine, les arbres étaient pâles et le crépuscule, sombre. Devant une grotte, plusieurs soldats fouillaient minutieusement, torches à la main. Après avoir confirmé qu’il n’y avait personne à l’intérieur, un soldat se précipita hors de la grotte et s’agenouilla devant un général à cheval : « Je fais rapport au général Yang ! Il n’y a aucun signe de l’Empereur ennemi, Yan HeQing, dans cette grotte ! »

Le général Yang, dont le nom était Yang Liye, fronça les sourcils et demanda froidement : «Avez-vous fouillé chaque centimètre de la grotte ? Chaque motte de terre, chaque brin d’herbe ? S’il reste un seul endroit inexploré, votre stupide tête ne restera pas sur vos épaules. Elle finira sur l’herbe, servant de ballon pour les chevaux, puisque de toute façon elle ne sert à rien. »

Le soldat agenouillé serra les poings et répondit : « En réponse au général Yang, j’ai cherché partout. »

« Très bien alors. Allons à la grotte suivante. » Yang Liye serra les rênes de son cheval et tourna la tête de l’animal pour partir.

Cependant, avant qu’il ne puisse bouger, un général à ses côtés lui demanda à voix basse : «Général, peut-être qu’après être tombé de la falaise, l’empereur du royaume du Sud de Yan a fini dévoré par des chiens sauvages, et qu’il ne reste plus aucun os derrière ? »

Avant que le général n’eût fini ses mots, il fut frappé du fouet de Yang Liye, ce qui le fit aussitôt se taire, transpirant de peur.

Yang Liye lui lança un regard glacé et répondit : « Même si l’empereur du royaume du Sud de Yan a été mangé par des chiens sauvages et qu’il ne reste qu’un seul os de doigt, vous devez le trouver pour moi ! Ainsi, nous pourrons en rendre compte au monde, puis enterrer cet os. Assez de bêtises. Accélérez les recherches. »

Juste à ce moment, Yang Liye aperçut le cadavre d’un soldat du Sud de Yan, adossé à la falaise devant lui.

La falaise venait de subir une bataille féroce, il n’était donc pas surprenant d’y voir un corps. Yang Liye passa simplement devant, impassible. Une fois qu’il eut dépassé le cadavre, il le fouetta, le faisant tomber lourdement sur la route. Ensuite, il tira délibérément sur les rênes pour forcer son cheval à enjamber le corps. Un sourire satisfait et cruel se dessina sur son visage tandis qu’il dirigeait l’armée du royaume oriental de Wu pour poursuivre la recherche du corps de l’empereur du Sud de Yan, Yan HeQing, près de la falaise.

*

Au loin, deux silhouettes sombres se cachaient derrière les branches feuillues d’un arbre, observant la scène. À cela, l’une des ombres noires ne put s’empêcher de jurer : « Enfoiré. »

Lorsque l’armée du royaume oriental de Wu disparut enfin de leur vue, les deux ombres descendirent silencieusement de l’arbre. En atterrissant, Chen Ge déclara : « Le royaume oriental de Wu ne s’arrêtera pas tant qu’ils n’auront pas retrouvé l’empereur. Ils craignaient Sa Majesté auparavant, n’est-ce pas ? Il ne leur a pas été facile de tendre une embuscade à nos troupes d’élite, alors maintenant, ils veulent exterminer jusqu’au dernier survivant. Médecin Xiao, nous devons retrouver Sa Majesté avant eux. »

« Mmm-hmm. » Xiao YuAn hocha la tête.

« Ils ont déjà fouillé les grottes derrière nous, nous devons donc avancer. » Chen Ge descendit de l’arbre et proposa de longer le ruisseau de montagne pour devancer l’armée du Wu oriental. Xiao YuAn n’émit aucune objection.

Lorsqu’ils commencèrent à marcher et passèrent près du cadavre piétiné, ils s’arrêtèrent d’un même mouvement. Le corps du soldat du Sud de Yan, impitoyablement écrasé sous les sabots du cheval, était si déformé qu’il était difficile de distinguer ses traits.

Chen Ge poussa un long soupir, traîna le cadavre vers un sentier inusité et commença à creuser une fosse à la hâte, craignant que Xiao YuAn ne s’impatiente. Mais en tournant la tête vers lui, il vit Xiao YuAn hocher calmement la tête, alors il continua à creuser de toutes ses forces jusqu’à former une fosse peu profonde, puis y déposa le corps.

Après cela, Xiao YuAn se pencha pour lui rendre hommage. Lorsqu’il leva la tête, il remarqua que le défunt tenait fermement une plaque de bois dans sa main. À ce moment, Xiao YuAn retira doucement la plaque des doigts du cadavre. Il la remettrait à Chen Ge plus tard, afin qu’il puisse la rapporter à la caserne du Sud de Yan.

Ainsi, au moins, ceux qui connaissaient autrefois ce soldat sauraient qu’il était mort en combattant pour son pays — sachant que son corps ne reposait pas dans le désert du champ de bataille, et que donc ses os n’avaient pas été perdus dans la poussière.

Chen Ge essuya la poussière de ses mains et demanda à Xiao YuAn : « Comment s’appelait-il? »

Xiao YuAn regarda la plaque de bois qu’il tenait, s’aidant du pâle clair de lune. Dès qu’il lut les caractères gravés sur la plaque, son souffle se suspendit et ses yeux se rétrécirent brusquement.

« Médecin Xiao, qu’est-ce qui ne va pas ? » Chen Ge, remarquant l’étrange réaction de Xiao YuAn, lui posa la question, confus.

La poitrine de Xiao YuAn se souleva violemment ; il haletait, incapable de prononcer un seul mot. Tout ce qu’il put faire fut de tendre la plaque à Chen Ge. Devant ce geste soudain, Chen Ge prit le morceau de bois, intrigué. En l’examinant de près, il distingua quelques mots à peine reconnaissables, gravés d’une main tremblante :

« Au fond… le toit de la grotte… sauve Sa Majesté… »

 

Traducteur: Darkia1030