HSAV - Chapitre 108 - Il lui est impossible d'être tendre.
Xiao YuAn fourra rapidement un petit fruit rouge dans sa bouche, attendit quelques secondes que sa voix change puis demanda : « Yan-gongzi, tu craches du sang ! Où ressens-tu de la douleur ?! »
Yan HeQing baissa les yeux, inspira lentement et essuya le coin de ses lèvres avec sa manche. Son visage resta inexpressif : « Ce n’est… rien. »
« Il n’y a rien de mal à avoir des moments de faiblesse, d’accord ?!!! Où est-ce que ça fait mal ? Pourquoi ne me le dis-tu pas ?!! »
Xiao YuAn posa quelques questions supplémentaires, mais Yan HeQing fit comme s’il ne se souciait guère de sa propre santé. Xiao YuAn en fut si en colère qu’il éclata d’un rire amer. Puisque l’attitude de Yan HeQing lui faisait perdre patience, il ne prit pas la peine d’insister davantage.
Les journées à la cabane étaient un peu folles et Xiao YuAn ne parvenait pas à vivre en paix. Depuis qu’il avait vu Yan HeQing cracher du sang, il sortait chaque jour pour chercher des herbes médicinales aux alentours. Avec elles, il préparait une décoction chaude et inoffensive pour soigner les blessures internes de Yan HeQing.
Un jour, alors qu’il grimpait dans la montagne, Xiao YuAn aperçut des graines de cassia (NT : arbuste au feuillage persistant), réputées pour guérir les maladies des yeux. Il se souvenait vaguement que, dans le livre original, Lin Shengling avait appliqué une herbe médicinale pour soigner les yeux de Yan HeQing, mais il ne parvenait pas à se rappeler laquelle.
Xiao YuAn hésita un instant, mais à la fin, il mit quand même les graines de cassia dans son panier de médicaments ; il les rapporta à la cabane en bois et les ajouta aux décoctions qu’il faisait bouillir pour soigner les blessures de Yan HeQing.
Comme Yan HeQing parlait rarement de lui-même et demeurait fermé, il ne demanda jamais : « Quand mes blessures guériront-elles ? » ou « Quand pourrai-je me lever ? » à Xiao YuAn.
Parfois, Xiao YuAn ne pouvait s’empêcher d’avoir envie de lui crier : « Ge ! Si tu veux guérir vite, ne sois pas si têtu quand j’applique les médicaments ! »
Pendant ce temps, Yan HeQing restait souvent ailleurs, ne sachant lui-même à quoi il pensait. Ses yeux et son esprit semblaient chargés de milliers de soucis et de rancunes. On peinait à reconnaître en lui le protagoniste du livre original, qui tentait désespérément de dissimuler ses véritables sentiments.
Xiao YuAn, qui n’osait rien demander de peur de se dévoiler, passa ainsi plusieurs jours avec Yan HeQing dans un silence complet.
Lorsque les blessures cessèrent enfin de saigner, Yan HeQing commença à essayer de se lever et de marcher quelques pas ; bien qu’il titubât, il parvenait malgré tout à avancer un peu. Xiao YuAn n’aurait pas pu l’arrêter même s’il l’avait voulu, alors à la fin, il n’insista pas. C’est alors qu’il se souvint qu’il y avait du riz et du sel dans la cabane. En cherchant, il en trouva effectivement.
Depuis plusieurs jours, ils se contentaient de fruits et de légumes sauvages ; le goût, toujours simple et astringent, finissait par lui donner l’impression que, s’il continuait ainsi, il deviendrait bientôt un immortel aux pouvoirs illimités.
Ayant découvert le riz et le sel, Xiao YuAn se sentit transporté d’enthousiasme à l’idée de préparer du porridge. Il installa une petite marmite et attendit longuement que le riz cuise. Il ne se rendit pas compte qu’il avait déjà cuit ; ce ne fut qu’au bout d’un moment, lorsqu’il aperçut les grains devenus gluants et sentit l’odeur caractéristique du riz, qu’il remplit un bol pour Yan HeQing et un autre pour lui-même. Il les remua avec une cuillère en bois, puis en porta une bouchée à ses lèvres, son visage s’illuminant aussitôt d’une expression choquée et stupéfaite.
Putain, la texture et le goût de ce porridge, qui avait cuit tout seul, étaient vraiment…
« C’est vraiment trop mauvais !!! »
« Ce genre de bouillie n’est-elle pas faite simplement en versant de l’eau sur du riz ? »
« Serait-ce parce que j’y ai mis du sel ? Ou des légumes sauvages ? Ou bien les oignons verts ? Hein ? Est-ce à cause du gingembre ? »
« Tch, qu’est-ce qu’on n’est pas censé ajouter dans la bouillie ? Ou qu’est-ce qui n’a pas bon goût quand on mélange tout ça ? »
Xiao YuAn se caressa le menton et s’efforça de trouver une réponse à ses propres questions, réfléchissant intensément. Lorsqu’il se retourna pour observer Yan HeQing, il le vit lutter pour avaler sa première bouchée de bouillie. Après un long effort, Yan HeQing porta la main à sa poitrine ; il avait l’impression que cette bouchée avait en réalité le potentiel de le tuer.
Afin de sauver sa vie, Yan HeQing posa silencieusement le bol de côté, indiquant qu’il n’avait pas faim.
Xiao YuAn, qui n’était pas convaincu, prit une autre bouchée et son âme meurtrie faillit retourner dans sa ville natale, accompagnant une grue volant vers l’Ouest (NT : métaphore pour mourir).
Le président Xiao, qui savait que la valeur de sa vie n’avait rien à voir avec la cuisson de ce plat, jeta tranquillement tout le porridge restant. Il alla ensuite cueillir des fruits sauvages, les lava et les rapporta à la cabane, en tendant quelques-uns à Yan HeQing.
Yan HeQing reçut les fruits sauvages avec un remerciement, posant ses yeux sur celui qu’il tenait dans la main ; comme sa vue était à moitié éteinte, il ne distinguait rien clairement. Il avait l’impression de perdre la raison, car il ne voyait plus qu’une brume grise et floue, comme si le printemps avait cessé d’exister et que la récolte d’automne s’était éteinte.
Xiao YuAn s’écarta et mordit dans un fruit sauvage. Comme Yan HeQing ne pouvait pas le voir, il s’autorisa à l’observer en silence.
Xiao YuAn ne comprenait pas Yan HeQing : Pourquoi m’a-t-il laissé partir sans hésiter, après m’avoir ordonné de me faire castrer ? Que voulait-il dire en me rendant l’épingle à cheveux pour ensuite la jeter à terre lorsque nous nous sommes séparés ?
Ce n’est sûrement pas parce qu’il est soudainement devenu tendre ?
Le Yan HeQing du livre original ne sait même pas comment épeler le mot “doux”.
Xiao YuAn sentit qu’il ne se comprenait pas lui-même non plus : Pourquoi ai-je encore une fois sauvé Yan HeQing ?
Xiao YuAn n’était pas du genre à rechercher vengeance pour le moindre grief. Mais il n’était pas non plus, en aucune manière, une personne docile qui se laissait intimider. Quand il s’était vengé de son père au nom de sa mère et de son frère, il n’avait pas fait preuve de la moindre indulgence.
Se pourrait-il ?!!
Que ce que je ressens… !!
Pour Yan HeQing !!!
Est-ce en fait… un amour paternel ?!!!
Après tout, dans le livre original, Yan HeQing s’était élevé jusqu’aux cieux, progressant étape par étape. Xiao YuAn avait été témoin de son amertume, de ses joies et de ses chagrins, de la manière dont il maniait son épée et la pointait vers le monde entier, et ces émotions restaient profondément enfouies dans son cœur. Si quelqu’un affirmait à Xiao YuAn que celui qui régnerait un jour sur les Quatre Royaumes ne serait pas Yan HeQing, il avait l’impression qu’il ne pourrait pas l’accepter.
Même si tout lui paraissait confus, il avait au moins la chance d’être quelqu’un de simple et de se laisser porter par le courant. Pour le dire franchement, il faisait ce qu’il avait envie de faire, sans trop se soucier d’y réfléchir davantage, quitte à paraître sans cœur.
Xiao YuAn prit la dernière bouchée du fruit sauvage, ne laissant que le noyau pour jouer entre ses doigts. Soudain, il entendit Yan HeQing parler : « Jeune femme ? »
La main de Xiao YuAn trembla et le noyau tomba au sol, roulant sur le côté. Il n’eut pas le temps de le ramasser, trop occupé à chercher un petit fruit rouge et à le mettre dans sa bouche. Après avoir attendu que sa voix change, il demanda : « Qu’y a-t-il, Gongzi ? »
Même si Xiao YuAn avait mis un certain temps à répondre, Yan HeQing ne parut pas ennuyé. Il continua calmement : « Pourrais-je te déranger afin que tu m’accompagnes en bas de la montagne demain ? Tu es libre de demander ce que tu veux comme récompense. »
Traducteur: Darkia1030
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