HSAV - Chapitre 59 - Bien sûr, je choisis de garder rancune.
L'un des soldats s’interrogea : « L’Empereur ne s’est jamais intéressé à la caserne. Pourquoi est-il soudainement venu aujourd’hui ? »
Un autre soldat, au visage acéré et aux yeux étroits, ricana et lui répondit : « Idiot, le général Sun est gravement malade. L’Empereur est sûrement venu à cause de l’affaire concernant le successeur du général. »
« La position de général doit définitivement revenir au général Li ! » affirma quelqu’un.
Le soldat au visage acéré toucha son menton : « Je ne pense pas. Après tout, l’ami proche du Prince Wuning est… toux… »
Se rendant compte qu’il avait presque laissé échapper un propos imprudent, il toussa violemment et se tut.
Les soldats qui sortaient de la tente se dirigèrent vers l’arène de compétition, lorsqu’ils aperçurent soudain un garde du corps impérial debout devant la tente militaire.
Ce garde était vêtu de vêtements sombres aux motifs noirs. Ses sourcils, semblables à des lames, et ses yeux brillants comme des étoiles ne pouvaient passer inaperçus.
En pensant à l’Empereur, les soldats ne purent s’empêcher de le dévisager plus attentivement.
Après un bref instant, le soldat au visage acéré s’arrêta net, fixa Yan HeQing, puis s’exclama soudainement : « Ce… ce n’est pas… »
Sur ces mots, il s’avança et attrapa le revers de Yan HeQing. Sa bouche émit un son étrange :
« Yooohhh ! N’est-ce pas Yan HeQing ? »
Les autres, stupéfaits, se précipitèrent : « Nie Er, qu’est-ce que tu fais ? C’est un homme de Sa Majesté ! »
« Enfoiré, quel homme de l’Empereur ? Il vient du royaume du Sud de Yan. » ricana Nie Er.
« Qu’est-ce que… le royaume du Sud de Yan ? » s’exclamèrent les autres, interloqués.
À cet instant, Yan HeQing sembla aussi frappé de stupeur. Il observa plus attentivement le visage de Nie Er, et son expression changea brusquement.
« Eh ? Yan-huangzi se souvient-il de moi ? » ricana Nie Er avec dédain. « C’est moi qui t’ai escorté jusqu’au Royaume du Nord. Oohh, ai-je laissé une petite impression sur toi ? Je t’ai brisé le bras en chemin… aïe ! Mais on dirait que c’est déjà guéri ? »
En disant cela, Nie Er tendit la main pour toucher l’épaule droite de Yan HeQing. Celui-ci l’en empêcha froidement, mais Nie Er lui donna un coup de genou, le projetant au sol. Il posa ensuite son pied sur lui et, avec un sourire cruel, déclara : « Je m’attendais à ce que tu sois mort en prison. Je n’aurais jamais cru que tu deviendrais le chien de Sa Majesté. Tu es vraiment coriace. »
En réalité, Yan HeQing aurait pu écraser Nie Er en quelques secondes. Mais il ne le fit pas. Ils étaient dans la caserne du Royaume du Nord. S’il levait la main contre un soldat ici, ce serait une humiliation pour Xiao YuAn.
Quelqu’un intervint pour apaiser la situation : « Ça suffit, Nie Er. Si Sa Majesté l’apprend, tu en paieras chèrement les conséquences. »
« L’Empereur ? Il est même possible que Sa Majesté considère un prisonnier ennemi plus précieux que nous, soldats qui nous battons pour lui. » répliqua Nie Er avec mépris.
Agenouillé, il écrasa la tête de Yan HeQing dans le sable. Ses yeux le transperçaient :
« Yan HeQing, même si tu es devenu le chien de l’Empereur, tu portes encore le sang du royaume du Sud de Yan dans tes veines. Le Royaume du Nord n’accepte pas les chiens comme toi, tu comprends ? »
Rapide comme l’éclair, Yan HeQing tendit soudainement la main et saisit le cou de Nie Er. Son geste fut fluide, précis, et brusquement, il retira sa force. Tout cela s’était déroulé si vite et proprement que les soldats présents en furent presque terrifiés.
Nie Er resta figé, la gorge dans la main de son ennemi. Il ne comprit pas ce qui s’était passé. Mais la douleur qu’il redoutait ne vint jamais, car Yan HeQing relâcha sa prise en silence.
Quand Nie Er se remit du choc, il éclata de rire : « Tu n’oses pas ? Oui, tu n’oses pas te battre, parce qu’on est dans le Royaume du Nord. Mais tu peux toujours essayer. Tu veux te battre ? Yan HeQing, je te le dis : tu n’as pas le courage. Mais moi, j’en ai. »
Sur ce, Nie Er leva son poing pour frapper la joue de Yan HeQing. Mais à cet instant, une autre main l’arrêta.
Xie Chungui bloqua fermement le poing de Nie Er et fronça les sourcils : « Nie Er-dage, qu’est-ce que tu fais ? Il y a des règles dans la caserne, les combats sont interdits. »
Lorsque Nie Er vit que Xie Chungui l’avait arrêté, il ne parut nullement contrarié. Il lui répondit : « Xie’er, on ne peut pas appeler ça un combat. »
« Si ce n’est pas un combat, alors qu’est-ce que c’est ? » Sortant de nulle part, une voix pleine d’autorité retentit derrière eux. Li Wuding apparut, foudroyant Nie Er du regard.
Conscient qu’il était en tort, Nie Er relâcha simplement Yan HeQing et se redressa.
Li Wuding le fixa avec irritation, puis, d’une voix grave, lui lança : « Nie Er ! Cherches-tu à être puni ? »
Quelqu’un tenta d’intercéder : « Général Li, je vous en prie, calmez-vous. Cet homme vient du royaume du Sud de Yan. Le frère de Nie Er a été tué par des soldats de Yan, alors Nie Er… Général Li… c’est que… »
« Très bien. Après la fin de la compétition, je le punirai de dix coups de bâton militaire. »
La voix de Li Wuding claqua sèchement dans l’air, puis il se détourna et retourna à la tente militaire.
Chacun savait que Li Wuding récompensait et punissait avec droiture ; personne n’osa donc protester davantage, et tous se dispersèrent peu à peu.
Nie Er lança un dernier regard à Yan HeQing, puis se retourna, passa son bras autour des épaules de Xie Chungui et déclara : « Huh, je soulageais juste un peu la colère que j’avais dans le cœur. Ces dix coups de bâton en valent la peine. Allez, Xie’er. Avant que la compétition ne commence, laisse ce Gégé t’apprendre quelques astuces. »
Quelqu’un le railla : « Sois un peu plus modeste, veux-tu ? Xie Chungui en sait plus que toi sur le combat. »
Nie Er relâcha son emprise sur les épaules de Xie Chungui et poussa son camarade en plaisantant : « Va-t’en ! Tu débites des absurdités. »
Xie Chungui jeta un regard à Yan HeQing, qui ne s’était toujours pas relevé. Ne pouvant discerner son expression car sa tête restait baissée, il cessa de s’en préoccuper et suivit les autres soldats, qui s’éloignaient en riant et en bavardant.
Alors que la foule se dispersait, Yan HeQing commença à se relever très lentement. D’une main, il tenait la poignée de l’épée attachée à sa taille. Sa paume, rouge et ensanglantée, trahissait la violence de l’effort, mais il n’en semblait pas conscient. Il se redressa entièrement, redonna à son dos toute sa droiture.
Puis, calmement, il arrangea son apparence, épousseta son vêtement couvert de poussière. Ses yeux, froids, étaient vides de toute émotion.
Il leva la tête et contempla la caserne du Royaume du Nord avec ce regard-là : calme, distant, comme s’il regardait un objet mort.
Traducteur: Darkia1030
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