HSAV - Chapitre 55 – Ce doit être la mauvaise façon d’aider.

 

Au milieu du marché de rue animé et vivant, les quatre personnes se regardèrent, et l’atmosphère autour d’elles devint soudain étrange et délicate.

Xiao YuAn toussota doucement et décida d’être celui qui romprait le silence : « Ning-er, pourquoi es-tu sortie du palais sans garde du corps impérial ? »

« Cela n’a pas d’importance, PingYang me protégera. » répondit la princesse Yongning avec un sourire envoûtant.

Quel est ce mensonge ? Depuis quand le rôle principal féminin et le second rôle féminin ont-elles scellé une amitié révolutionnaire ? Est-ce la première étape vers l’harmonie du futur harem du protagoniste masculin ?!

Et si tu veux te sentir protégée, tu dois chercher Yan HeQing pour ça, d’accord !!!

Attends une seconde… est-ce que c’est aussi le face-à-face historique entre le rôle principal masculin et le rôle principal féminin ?!

Xiao YuAn inspira profondément, tourna la tête pour observer Yan HeQing, puis la princesse Yongning. Il se retira alors lentement, essayant de leur laisser un peu d’espace.

En agissant ainsi, il se retrouva collé à Xiao PingYang. Celle-ci, repoussée sans comprendre, se contenta de se tenir un peu à l’écart.

Yan HeQing vit chacun des gestes de Xiao YuAn. Il fronça légèrement les sourcils et, malgré lui, jeta un regard en direction de Xiao PingYang.

Xiao YuAn l’observa, songeur : Yan-ge, Yan-ge, viens-tu de commencer à regretter de m’avoir donné l’épingle à cheveux en jade ? Peu importe, je… attends, pourquoi…

Pourquoi regardes-tu la deuxième protagoniste !!!

Tu vas réduire ta durée de vie ! L’aura de la première protagoniste ne peut pas contenir celle de la deuxième femme !

Xiao YuAn se perdit dans ses pensées trois secondes durant, mais finit tout de même par décider d’agir comme l’entremetteur officiel du couple principal. Il se tourna vers la princesse Yongning et lui demanda : « Ning-er, où comptais-tu aller ? »

La princesse Yongning répondit : « J’ai entendu dire qu’il y avait des lanternes au bord de la rivière ! J’avais prévu d’y emmener PingYang pour les admirer. »

Xiao YuAn acquiesça, l’esprit déjà en train de manigancer. Il jeta un coup d’œil à Yan HeQing et ordonna : « Accompagne d’abord la princesse Yongning à la rivière, j’ai quelque chose à discuter avec l’ambassade du royaume occidental de Shu. » Il ajouta ensuite :
« Protège-la. »

Laissons un peu seuls le rôle principal masculin et le rôle principal féminin !!!

Xiao YuAn ne croyait pas qu’il n’y aurait aucune étincelle !!!

Et le ciel viendra sûrement en aide. Par exemple, un petit personnage de chair à canon pourrait surgir, ignorant qu’il vient de signer son arrêt de mort, et se mettre à flirter avec la princesse Yongning… puis, notre beau protagoniste, Yan HeQing, surgira pour la sauver !

Ah, ce fichu sang de chien ! (NT : expression pour qualifier un drama exagéré)
Mais on ne peut nier que ces clichés fonctionnent ! Ils marchent ! Et sont extrêmement utiles.

Xiao YuAn observa Yan HeQing, mais à sa grande surprise, il ne vit aucune joie sur son visage. Bien au contraire, le visage de Yan HeQing était sombre, et ses yeux très froids. Il répondit d’un ton glacial : « Sur l’ordre de Votre Majesté Impériale. »

Bon… faire semblant d’être froid et détaché peut aussi être une technique de drague. Xiao YuAn comprenait encore plus ou moins la logique de Yan HeQing.

La princesse Yongning jeta un dernier regard à contrecœur vers Xiao PingYang et dit à Xiao YuAn : « Dans ce cas, Frère… toux, gege, rejoins-nous au bord de la rivière dès que tu auras fini ta discussion. Ne parlons pas d’affaires à ce moment-là, profitons simplement de l’instant. »

Xiao YuAn acquiesça et observa en silence les rôles principaux s’éloigner ensemble. Il ressentit une grande satisfaction dans son rôle d’entremetteur. Et juste au moment où il se félicitait intérieurement, la voix hésitante de Xiao PingYang le tira de ses pensées :
« Empereur du Royaume du Nord, de quoi vouliez-vous discuter ? »

Oups. Il avait oublié qu’elle était toujours là.

Xiao YuAn fut légèrement embarrassé. Il se retourna et tenta de trouver un sujet de conversation : « Eh bien… tu aimes les sucreries ? Il y a un marchand ici qui vend des bonbons, tu en veux ? Veux-tu que je t’en achète ? »

Xiao PingYang : « … Est-ce que Yongning aime les sucreries ? »

Xiao YuAn : « …… »

Non mais, quel genre de situation était-ce ?

Ne disait-on pas qu’en connaissant ton ennemi et toi-même, tu sortiras indemne de cent batailles ?

« Ning’er n’aime pas les sucreries. »

Xiao PingYang hocha la tête, perdue dans ses pensées : « Oh, alors je n’aime pas ça non plus. »

Xiao YuAn : « …… »

Même si elle avait comprit que Xiao YuAn n’avait rien à lui dire, Xiao PingYang demeura indifférente et ne posa aucune question. À la place, elle déclara soudainement : « Monarque du Royaume du Nord, puis-je oublier nos identités et parler librement avec toi ? »

Xiao YuAn s’arrêta net, puis, avec un sourire, répondit : « Bien sûr que tu le peux. »

Xiao PingYang lui jeta un coup d’œil, le regarda droit dans les yeux, puis déclara : « J’ai soudain l’impression que tu es à peu près comme un frère pour moi. »

« Hein ? Pourquoi donc ? »

« Ta façon de parler, ton comportement… et surtout, tes yeux sont très similaires. J’ai juste dit cela comme ça, j’espère que le Monarque du Royaume du Nord ne s’en offusquera pas. »

« Non, cela ne me dérange pas. »

Xiao PingYang fixa Xiao YuAn, puis murmura quelque chose ressemblant à : « Ils sont tous les deux très similaires. »
Puis elle poursuivit : « Le Monarque du Royaume du Nord croit-il au destin ? »

Ce changement de sujet était un peu trop brusque.

Xiao YuAn secoua la tête et affirma : « Je n’y crois pas. »

Il était un héritier du socialisme ! Bien sûr qu’il ne croyait qu’au matérialisme.

Xiao PingYang insista : « Est-ce vrai ? Alors, penses-tu que tes choix de vie devraient venir de toi-même plutôt que d’attendre simplement la mort ? »

Xiao YuAn sentit que, derrière ces paroles, se cachaient des pièges prêts à se refermer. Après réflexion, il répondit : « Oui. »

« Hm. » Xiao PingYang feignit la désinvolture et ajouta : « J’espère qu’un jour, Yongning pourra aussi faire ses propres choix de vie, au lieu que quelqu’un d’autre choisisse à sa place. »

Pourquoi faut-il que tu mentionnes le rôle principal féminin toutes les trois phrases !!

À ce dernier sujet, Xiao YuAn tomba lentement dans une sorte de transe.

Parce qu’il se souvenait de la cause de la mort de la princesse Yongning dans le livre original.

Dans cette version, le plan de rébellion du Prince Wuning fut exposé et Yan HeQing s’y retrouva impliqué. L’Empereur du Royaume du Nord décida de le faire exécuter une bonne fois pour toutes. Il jeta Yan HeQing en prison et envoya quelqu’un le torturer cruellement. La princesse Yongning, incapable de le supporter, aida Yan HeQing à s’évader du palais. Pourtant, l’Empereur du Royaume du Nord ne la punit pas, car il l’aimait profondément.

Trois mois plus tard, Yan HeQing mena son armée à l’assaut du Royaume du Nord.

Quand Yan HeQing captura l’Empereur devant les portes du palais, il déversa sur lui toute sa haine et le fit mourir sous la torture. La princesse Yongning se pendit à une poutre, avec une bande de soie blanche de trois pieds de long, dans le palais de Yongning.

Elle ne laissa aucun mot pour Yan HeQing, seulement de la honte pour le Royaume du Nord.

Jusqu’à sa mort, la princesse Yongning n’exprima jamais ses pensées à propos de Yan HeQing. Personne ne sut jamais si elle l’avait aimé ou haï à la fin, ou peut-être les deux, ou encore aucun des deux.

Ce qu’elle laissa à Yan HeQing, ce fut un corps froid, et toute une vie de regrets et de douleur.

Mais… si Yan HeQing avait eu la chance de revenir dans le passé, aurait-il choisi de ne pas briser le Royaume du Nord ?

Xiao YuAn ne le pensait pas. Parce que Yan HeQing n’était pas seulement accablé par la haine, il portait aussi le poids de son royaume du Sud de Yan et des milliers de soldats qui lui confiaient leur vie.

Il ne pouvait pas croire au destin, mais il pouvait choisir lui-même.
Mais pourquoi ce livre, rempli de mots aussi cruels, avait-il été écrit avec du sang ?

Au milieu du marché de la rue, Xiao YuAn leva les yeux, l’esprit ailleurs, alors qu’un enfant enjoué passait à côté de lui. Un colporteur criait, les bougies brillaient, éblouissantes, et les passants parlaient fort. Tout cela paraissait irréel.

« Seigneur ? Seigneur du Royaume du Nord ? » Xiao PingYang l’appela plusieurs fois pour tenter de le ramener à la réalité.

« Ah… » Xiao YuAn toucha sa joue, mal à l’aise. « Mon esprit vagabondait, oublie ça. Allons vers la rivière. »

Au bord de la rivière, femmes et enfants riaient et bavardaient, tandis que les lanternes s’accumulaient à la surface de l’eau. Elles flottaient lentement sur la rivière, semblables à des étoiles voguant sur les flots.

Tous deux retrouvèrent Yan HeQing et la princesse Yongning. Cette dernière était assise au bord de l’eau, en train d’écrire un vœu sur une lanterne. Lorsqu’elle les aperçut, elle se leva joyeusement et tira Xiao PingYang à ses côtés : « PingYang, viens vite, lançons les lanternes ensemble. »

Xiao YuAn s’approcha de Yan HeQing et lui demanda : « Est-ce qu’il s’est passé quelque chose tout à l’heure ? »

Yan HeQing répondit froidement : « Il ne s’est rien passé. »

Ah ? Ciel, où est ton coup de pouce ?

Sentant poindre un léger mécontentement chez Yan HeQing, Xiao YuAn, surpris, lui demanda : « Qu’est-ce qui ne va pas avec toi ? »

Yan HeQing rassembla ses pensées et secoua la tête.

La princesse Yongning et Xiao PingYang achevèrent d’assembler la lanterne. La princesse sauta légèrement, tenant sa jupe, puis adressa à Xiao YuAn un sourire tendre : « Gege, nous avons terminé les lanternes. Nous sommes prêtes à rentrer au Palais. »

Xiao YuAn s’exclama : « Hein ? Déjà ? Dans ce cas, rentrons ensemble… »

« Non, toi et ton garde du corps impérial devriez encore faire un tour au marché. Achetez quelques babioles. Nous rentrerons seules. »
La princesse Yongning ne laissa aucune chance à Xiao YuAn de répondre. Ses yeux étincelaient de malice, et, toujours souriante, elle saisit la main de Xiao PingYang et la mena dans la foule. En un instant, elles disparurent toutes deux dans la masse.

« Attendez… » Xiao YuAn tendit la main et termina sa phrase, impuissant : « Ce n’est pas le chemin pour retourner au Palais… »


Traducteur: Darkia1030