HSAV - Chapitre 34 - Tu ne peux pas partir sans revenir.

 

L'autel du Temple du Ciel se trouvait à quatre-vingt-dix-neuf marches, à mi-hauteur de la montagne. Le coucher du soleil teintait le crépuscule d’un rouge sanglant. Cet autel solennel imposait le respect.

Le temple s’élevait au sommet de marches splendides, faites de jade et d’or. Il baignait dans la fumée d’encens, dans un silence lourd, empreint de solennité.

Yan HeQing fronça les sourcils : « Est-ce ici ? »

« C’est l’endroit où le Royaume du Nord vénère ses ancêtres et conserve les reliques. Tu peux m’attendre ici un moment, je vais entrer. » Xiao YuAn observa prudemment le visage de Yan HeQing en prononçant ces mots.

Après tout, la plaque commémorative du défunt empereur y reposait encore.

Yan HeQing acquiesça d’un signe de tête.

Xiao YuAn tapota ses vêtements pour en ôter la poussière, les arrangea, puis s’avança et pénétra dans le temple.

Le lieu de culte était étroitement surveillé par les soldats. Bien que surpris par l’apparition soudaine de Xiao YuAn, les gardes n’osèrent pas l’arrêter. Il entra calmement, sans la moindre entrave.

À l’intérieur de la salle principale reposaient les plaques commémoratives des ancêtres, finement décorées et gravées de caractères dorés. L’encens brûlait doucement, et des assiettes garnies de fruits et de têtes de porc avaient été disposées en offrande. Xiao YuAn réfléchit un instant, puis se prosterna.

Dans le roman original, le troisième jour après l’assaut de Yan HeQing contre le Royaume du Nord, ce lieu avait été réduit en cendres, incendié.

Les plaques commémoratives, y compris celle du défunt empereur, avaient été brisées, puis jetées à la porte de la ville et piétinées par des milliers de personnes, comme s’il ne s’agissait que d’ordures.

Xiao YuAn releva la tête et contempla les objets solennels qui s’étendaient devant lui. Sachant que Yan HeQing l’attendait à l’extérieur, il eut l’étrange impression d’être plongé dans un rêve.

Après avoir soupiré, ému, Xiao YuAn se rappela le but de sa visite et se mit à inspecter les lieux.

Yan HeQing attendit patiemment à l’extérieur du temple, et, au bout d’un quart d’heure, la silhouette de Xiao YuAn se dessina enfin devant lui.

Xiao YuAn était entré les mains vides ; lorsqu’il ressortit, il portait une épée. Il s’approcha de Yan HeQing et la lui tendit : « Tiens, elle est à toi. »

Les yeux de Yan HeQing s’écarquillèrent de surprise. Il prit l’épée et effleura soigneusement le fourreau.

Sur la poignée, un dragon d’or avait été sculpté. Le corps de l’arme, fin et acéré, dégageait une faible lumière glacée. Yan HeQing expira longuement, baissa les yeux et, au bout d’un moment, murmura d’une voix étranglée : « C’est… »

« Oui, » confirma Xiao YuAn.

Cette épée appartenait autrefois à l’empereur du Royaume du Sud de Yan, le père de Yan HeQing. Après la chute de ce royaume, écrasé par le défunt empereur du Royaume du Nord, le père de Yan HeQing s’était suicidé avec cette même épée à l’intérieur des murs de la ville, en pleurant des larmes de sang.

Mais le défunt empereur du Nord l’avait conservée comme trophée de guerre, l’utilisant ensuite comme la sienne. Finalement, elle était devenue la seule relique non enterrée après sa mort. Au lieu de reposer dans une tombe, elle avait été placée dans le temple, pour être vénérée par les générations futures. C’était pour cela que Yan HeQing haïssait tant cet endroit.

Yan HeQing se calma, leva les yeux vers Xiao YuAn et demanda : « Que signifie tout ceci ? »

Xiao YuAn répéta avec un sourire : « Elle est à toi. Prends-en soin. »

Cette épée lui appartenait de toute façon. Tôt ou tard, il l’aurait récupérée.

Yan HeQing fixa longuement Xiao YuAn. Dans ses yeux vacillait un tourbillon de pensées complexes. Finalement, il murmura : « Merci. »

Xiao YuAn haussa les épaules : « Elle t’appartient. Je ne fais que la rendre à son légitime propriétaire. »

Yan HeQing le regarda encore un instant, puis se détourna du temple. Il posa l’épée au sol, la tenant des deux mains, souleva l’ourlet de sa robe et s’agenouilla sans hésitation.

Face à sa patrie détruite, devant le silence éternel des montagnes et des rivières, sous l’immensité du ciel bleu.

Xiao YuAn se détourna, ne voulant pas voir cela, craignant que Yan HeQing ne lève les yeux avec un regard empli de ressentiment envers ce pays, qu’une colère sourde ne se transforme en une lame acérée lui tranchant la gorge.

Au bout d’un moment, Xiao YuAn entendit soudainement Yan HeQing l’appeler. Il se retourna et vit que Yan HeQing s’était déjà relevé. Il tenait l’épée, et il n’y avait plus ni ressentiment ni tristesse dans ses yeux : ils brillaient, calmes, tels une eau paisible. Puis, il proposa : « On rentre ? »

Xiao YuAn répondit avec un sourire : « Oui, repartons. »

On disait qu’il était plus facile de gravir la montagne que de la redescendre, mais pour Xiao YuAn, l’ascension avait déjà été extrêmement éprouvante ; à présent, il ne souhaitait plus qu’une chose : rouler comme une balle jusqu’en bas.

Malgré la lune éclatante dans le ciel étoilé, le sentier de la montagne demeurait obscur. Chaque pas devait être mesuré avec précaution, ce qui ralentissait considérablement leur progression. Xiao YuAn relevait les pans de ses longs vêtements encombrants, et se moqua de lui-même : « Je ne veux plus avancer. Je veux juste m’allonger ici et attendre qu’on vienne ramasser mon cadavre. »

Yan HeQing désigna une pierre plate et propre au bord du chemin : « Assieds-toi et repose-toi un moment. »

Xiao YuAn s’assit sur la pierre et se frotta les chevilles en souriant : « Je marche si lentement, n’es-tu pas pressé ? »

Sans Xiao YuAn à ralentir son rythme, Yan HeQing aurait pu rejoindre la Cité Impériale en une heure à peine.

Yan HeQing le regarda calmement et répondit d’un ton léger : « Tu as aussi renoncé à voyager dans la voiture impériale à cause de moi. »

Xiao YuAn ne s’attendait pas à ce que Yan HeQing remarque ce détail. Il resta interdit un instant, incapable de trouver une réponse.

Tous deux gardèrent le silence un moment. Autour d’eux, la montagne reposait dans un calme profond. Xiao YuAn toussota légèrement, voulant rompre le silence, lorsque Yan HeQing plissa soudain les yeux et se précipita vers lui : « Attention, derrière toi ! »

Xiao YuAn tourna la tête et aperçut soudain un serpent vert, marqué de taches rouges sur la tête !

Yan HeQing lança une petite pierre, atteignant le serpent long de sept pouces, puis l’étrangla devant Xiao YuAn. Terrifié, ce dernier tenta de reculer, mais perdit l’équilibre, tomba au sol et dévala les marches.

Après sa chute, Xiao YuAn resta allongé, les bras en croix, les yeux fixés sur les étoiles.

Un visage d’une beauté irréelle apparut soudain, le scrutant, masquant une partie du ciel.

Xiao YuAn demanda : « Tu es venu récupérer mon cadavre ? »

Yan HeQing répondit brièvement : « … Non. »

Xiao YuAn agita la main et lui demanda de s’écarter : « Alors laisse-moi compter les étoiles, je viens de repérer une constellation. »

Yan HeQing lui tendit la main avec douceur, craignant qu’il ne se soit blessé : « Peux-tu te relever ? »

Xiao YuAn attrapa la main de Yan HeQing et tenta de se lever, mais une douleur aiguë lui vrilla la cheville. Il grimaça : « Aïe, ça fait mal. Je ne sais pas si c’est foulé ou disloqué. »

Yan HeQing l’aida à s’asseoir, puis posa deux doigts sur sa cheville et la palpa délicatement. Xiao YuAn poussa un cri de douleur, et Yan HeQing retira aussitôt sa main. « C’est peut-être effectivement disloqué. »

Xiao YuAn tapota avec impuissance les feuilles mortes et les brindilles qui le recouvraient. Il n’était ni en colère ni abattu. Au lieu de cela, il plaisanta avec Yan HeQing : « De toute façon, tu peux me laisser ici. Nous sommes déjà hors de la cité impériale. Avec tes compétences, fuir devrait être facile. »

Yan HeQing fixa ses yeux rieurs, se leva sans mot dire, puis s’éloigna à grands pas, sans se retourner.

Xiao YuAn resta stupéfait.

Hé !! Je plaisantais !! Tu ne peux pas vraiment partir !!

« Yan… » Xiao YuAn reprit ses esprits et voulut l’appeler, mais constata que la silhouette de Yan HeQing avait déjà disparu dans la nuit profonde.

Tu es vraiment sans cœur !

Au nom des valeurs fondamentales socialistes, je condamne fermement ton comportement hostile !!

Il avait été abandonné si soudainement sur un chemin désert. Il était difficile de ne pas se sentir lésé ; Xiao YuAn poussa un soupir mélancolique. Il s’allongea sur le dos et reprit son activité : « Dubhe, Merak, Phecda… » (NT : étoiles de la Grande Ourse)

Alors qu’il contemplait Phecda, Xiao YuAn entendit soudain un bruit : celui d’un bâton de bois qu’on tranchait.

Pris de panique, Xiao YuAn se redressa brusquement, et vit Yan HeQing — dont il ignorait le retour — occupé à couper des branches avec son épée. Xiao YuAn ne comprit pas pourquoi.

Wow… cette magnifique épée est donc utilisée à couper du bois. N’entends-tu pas ses pleurs ?

Non, je me trompe, ce n’est pas la question ici.

Xiao YuAn déclara : « Tu… tu n’es pas parti. »

Yan HeQing ne comprit pas pourquoi Xiao YuAn le regardait avec autant d’injustice. Il était simplement trop paresseux pour laisser quelqu’un derrière lui. Il coupa deux bâtons de bois, déchira un morceau de ses vêtements, banda la cheville blessée de Xiao YuAn, puis s’accroupit pour le porter sur son dos.

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

 

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