HSAV - Chapitre 33 - Tu n'as pas à t’en soucier.

 

Personne ne les suivit, et ils n’utilisèrent pas la voiture impériale. Tous deux marchèrent lentement de l’Est à l’Ouest du Palais, du petit matin jusqu’à midi, jusqu’à ce que finalement, Xiao YuAn s’arrête.

Yan HeQing leva la tête et avança. Il y avait du feu et de la fumée, et une délicieuse odeur de nourriture flottait dans l’air. À l’extérieur de cet endroit, une plaque était accrochée, portant deux mots : Cuisine Impériale. (NT : le Palais est très grand, plusieurs centaines d’hectares.)

Yan HeQing, perplexe, demanda : « C’est ici ? »

Xiao YuAn arborait un sourire inoffensif : « Pour te dire la vérité, je me suis perdu. »

Yan HeQing : « …... »

« Ne me regarde pas comme ça, je ne connais pas le Palais. Hier, j’ai étudié l’itinéraire, mais au final, le Palais est trop vaste et tous les chemins se ressemblent. Je me suis égaré en marchant. » Xiao YuAn écarta les bras avec innocence.

Yan HeQing le fixa, commençant à sentir une migraine poindre : « Alors pourquoi t’es-tu arrêté de marcher ? »

Xiao YuAn se frotta le ventre et laissa échapper un long soupir : « J’ai faim. Je me suis souvenu que la cuisine impériale n’était pas loin, alors je me suis dirigé par ici. »

Les yeux de Yan HeQing brillèrent d’impuissance : « Très bien, va prendre quelque chose à manger. Attends… Qu’est-ce que tu fais ? »

Xiao YuAn sortit de nulle part un morceau de tissu de soie, se couvrit la moitié du visage et noua le tissu derrière sa tête : « Je vais remplir nos estomacs discrètement, sans provoquer de remous. »

Yan HeQing : « … »

Si l’Empereur vole de la nourriture dans la cuisine impériale, cela ne va-t-il pas justement provoquer un remous ?!

Xiao YuAn tendit un autre morceau de tissu à Yan HeQing. Sans attendre, il se déplaça rapidement, se plaquant contre le mur. Bien que Yan HeQing hésitât face à ce plan, il finit par couvrir le bas de son visage et suivit Xiao YuAn jusqu’au bout du mur de l’arrière-cour.

Là, Xiao YuAn se retrouva dans une situation embarrassante.

Après tout, au 21e siècle, il avait été président d’une entreprise et pratiquait l’autodéfense depuis son enfance, mais il ne savait pas escalader les murs.

« Je n’arrive pas à monter. » déclara Xiao YuAn en se tournant vers Yan HeQing pour lui demander de l’aide.

Yan HeQing leva les yeux, estima la hauteur du mur, recula de quelques pas, puis s’élança à grande vitesse. Il prit appui du bout des orteils, tourna gracieusement, aussi léger qu’une hirondelle, glissant entre les nuages et les eaux. (NT : aérien et rapide.)

Xiao YuAn soupira encore et encore dans son cœur, ne pouvant s’empêcher de l’applaudir intérieurement.

Il est vraiment digne d’être le protagoniste masculin, si beau lorsqu’il a franchi le mur.

*

Yan HeQing se stabilisa au sommet du mur et s’apprêta à tirer Xiao YuAn vers le haut. Mais il vit celui-ci avancer tranquillement, ouvrir une petite porte en bois dans l’arrière-cour et y pénétrer sans un bruit.

Yan HeQing s’étonna : « … Tu savais que la porte était ouverte ? »

Xiao YuAn répondit : « Oui, je l’ai vue en approchant du mur. Elle n’était pas verrouillée. »

Yan HeQing insista, partagé entre plusieurs émotions : « Alors pourquoi as-tu voulu escalader le mur ? »

Xiao YuAn répliqua avec un doux sourire : « Parce que cela donnait une sensation plus clandestine, ce qui collait mieux avec ce que nous nous apprêtons à faire. »

Yan HeQing ne put le supporter davantage. Il attrapa Xiao YuAn par la nuque et asséna d’une voix glaciale : « Je te reverrai sur la route de Huangquan. » (NT : les sources jaunes, aux portes du monde souterrain, où vont les âmes après la mort.)

« On se battra après avoir bien mangé ! Le combat après avoir mangé à notre faim ! » gémit Xiao YuAn en répétant la phrase plusieurs fois, avant de se libérer de la prise et de reculer prestement.

Yan HeQing lui lança un regard, puis se retourna vers la cuisine.

Il était midi, et la cuisine impériale grouillait d'activité ; il y avait du monde partout. Tous deux firent un tour paisible et découvrirent finalement une hutte tranquille à côté de la pièce à bois.

Cette hutte servait probablement aux esclaves pour leurs repas ; elle était simple, petite, propre, mais désolée. À cet instant, les domestiques, occupés ailleurs, l’avaient laissée vide.

Xiao YuAn entra et sortit deux petits pains blancs cuits à la vapeur d’une marmite. Il en garda un pour lui et tendit l’autre à Yan HeQing.

Yan HeQing prit le petit pain en silence et le mâcha sans hésitation.

« Il n’y a pas de viande… » marmonna Xiao YuAn en commençant à fouiller dans le placard.

Yan HeQing resta à l’écart, observant Xiao YuAn mettre un grand désordre en fouillant et en renversant tout sur son passage. En même temps, il tendait l’oreille aux bruits alentours, jusqu’à percevoir soudain un mouvement à l’extérieur.

Après avoir retourné tout le placard, Xiao YuAn poursuivit ses recherches dans le four. Yan HeQing le vit se décourager. Un instant, il sembla vouloir dire quelque chose, mais se ravisa.

« Ah ! Il y a des patates douces rôties ! » s’écria Xiao YuAn, comme s’il venait de trouver un trésor. Il prit les patates douces encore couvertes de cendres dans ses bras et tourna la tête pour recevoir les félicitations de Yan HeQing. Cependant, les yeux de ce dernier s’emplirent soudain d’alerte. Il se précipita, attrapa Xiao YuAn par le col et le projeta par la fenêtre, la refermant juste après leur passage.

Xiao YuAn roula deux fois sur le sol, sonné. Il vit le ciel se retourner au-dessus de lui. Puis une voix de jeune fille perça l’air : « Aah !! À l’aide ! Il y a un voleur ! »

Yan HeQing atterrit légèrement. Il s’avança, souleva Xiao YuAn — qui se frottait encore la tête — et s’élança en pas légers. Sa vitesse était fulgurante, et tous deux échappèrent aisément à la moindre poursuite.

Après avoir confirmé qu’aucun garde ne les suivait, Yan HeQing reposa Xiao YuAn au sol.

Xiao YuAn baissa rapidement les yeux et poussa un long soupir.

Les patates douces étaient toujours là, bien nichées dans ses bras. Elles n’étaient pas tombées.

Frottant son bras endolori, il tendit un morceau de patate douce à Yan HeQing, et dit avec patience : « En fait, je suis très rapide quand je dois sauter par une fenêtre. Sérieusement, la prochaine fois qu’on se retrouve dans ce genre de situation, pourrais-tu me prévenir à l’avance ? »

Voler de la nourriture à la cuisine impériale… y aura-t-il une prochaine fois ? Yan HeQing esquissa un sourire et prit la patate douce sans répondre.

Après avoir rempli son estomac, Xiao YuAn regarda autour de lui. Il n’y avait ni salle ni dortoir à proximité, seulement des jardins. Aucun garde ne patrouillait. L’endroit semblait extrêmement isolé, bien différent de l’intérieur du Palais.

Xiao YuAn s’éclaircit la gorge, tourna la tête vers Yan HeQing et sourit : « Il me semble que…»

« Demande le chemin. » l’interrompit Yan HeQing d’un ton oppressant.

Xiao YuAn se retourna docilement pour chercher quelqu’un. Le lieu était vaste, et ils tournèrent en rond jusqu’à croiser enfin un garde impérial.

Le garde était probablement venu ici pour faire la sieste. Lorsqu’il les aperçut, il paniqua aussitôt et tenta de les éviter. Mais, pris de soupçon, il brandit son épée et courut vers eux en criant : « Qui êtes-vous ? Où allez-vous ? »

Xiao YuAn essuya la suie qui noircissait son visage, révélant des traits qu’on discernait à peine auparavant.

Dès que le garde impérial reconnut son visage, il tomba à genoux, sidéré : « V-Votre Majesté ?! »

« Ne t’agenouille pas, relève-toi. » dit Xiao YuAn en levant la main, incapable de supporter cette posture.

Le garde impérial se releva, tremblant : « Votre Majesté, pourquoi êtes-vous ici ? Cet endroit se trouve hors de la Cité Impériale. »

Xiao YuAn lui expliqua : « Je veux simplement te poser une question : où se trouve l’autel du Temple du Ciel ? »

Le garde répondit : « Répondant à Sa Majesté, il est situé au sud, à environ six li. » (NT : environ 3 km)

Xiao YuAn le remercia avec un sourire, tourna la tête vers Yan HeQing et lança : « On y va ? »

« Oui. » acquiesça Yan HeQing.

Le garde les observa s’éloigner côte à côte. Soudain, quelque chose lui revint à l’esprit. Il courut après eux à grandes enjambées : « C’est vraiment loin ! La route est difficile, il y a de nombreux sentiers en pleine forêt. Ne préféreriez-vous pas d’abord retourner à la Cité Impériale pour prendre le carrosse impérial ? »

« Ce n’est pas la peine, ne t’inquiète pas. » répondit Xiao YuAn en agitant la main, un sourire chaleureux sur les lèvres. La lumière du jour illuminait son beau visage, soulignant ses traits doux.
Soudain, le garde ne reconnut plus en lui le tyran dont tout le monde parlait. Il resta figé. Et lorsqu’il revint à lui, les deux hommes avaient déjà disparu au loin.

Ils marchèrent de midi jusqu’au crépuscule.

Xiao YuAn portait une robe. Non seulement il ne pouvait faire de grandes enjambées, mais il s’accrochait sans cesse aux branches. Il dut avancer lentement, un pas après l’autre. Et s’il n’avait pas fait si froid, il aurait probablement déchiré son ourlet encombrant.

Le soir tomba, le ciel s’assombrit peu à peu, et l’autel du Temple du Ciel apparut enfin devant eux.

 

Traducteur: Darkia1030