HSAV - Chapitre 13 : Je n'ai jamais vu un protagoniste aussi sombre et misérable.

 

Xiao YuAn se cachait derrière les buissons du jardin impérial. Le vent d’hiver était glacial, et une épaisse couche de neige recouvrait les branches. Même si le froid mordait sa peau, il était en réalité très excité.

Car, dans le livre original, quinze jours après la remontrance de l'ancien général, Yan HeQing et la princesse Yongning devaient se rencontrer pour la première fois au pavillon Jinfeng Yulu. Et ce pavillon se trouvait juste en face de lui !

La fiction allait devenir réalité sous ses yeux. Xiao YuAn trépignait d'impatience et se frottait les mains avec excitation.

Cependant, le crépuscule tomba, mais le protagoniste masculin, Yan HeQing, ne se montra toujours pas.

La neige continuait de tomber. Xiao YuAn, transi de froid, ne pouvait plus parler, mais il refusait de partir. Il resserra ses robes autour de lui et tenta de réchauffer ses doigts engourdis.

Soudain, il entendit des bruits de pas approcher.

Il se baissa et observa discrètement la direction d’où venait le son.

C'était Yan HeQing. Comme toujours, son visage était couvert de noir de charbon, ce qui déçut Xiao YuAn. Mais une fois la déception passée, ce fut la surprise qui le submergea.

Aujourd’hui était le huitième jour du douzième mois lunaire, un jour où l’eau ruisselante se transformait en glace. Pourtant, Yan HeQing ne portait que de simples vêtements de lin. Pas même une robe extérieure pour le protéger du vent mordant !

Ses mains semblaient gelées, craquelées par le froid, tâchées de sang séché. Ce spectacle était bouleversant. Il tenait un balai et se mit à balayer la neige. Xiao YuAn devina aussitôt que c'était là une tâche que l’eunuque Zhao lui avait imposée.

Lorsque Yan HeQing s’approcha du pavillon Jinfeng Yulu, il ne balaya pas immédiatement la neige. Il s’arrêta, le visage marqué par la douleur. Une main pressée contre son abdomen, il se pencha et ramassa une poignée de neige du sol avant de la porter à sa bouche.

« Mon Dieu, n’est-ce pas trop misérable ??? » Xiao YuAn soupira de tristesse, avant de penser avec indignation : Comment le rôle principal masculin d’un roman d’étalon peut-il être réduit à une telle humiliation ?! Il est affamé au point de manger de la neige !!

Bah, peu importe. Il rencontrera bientôt la princesse Yongning, et quelqu’un sera puni pour ça.

Xiao YuAn poussa un léger soupir et continua d’observer en silence.

Cependant, bien que Yan HeQing ait été contraint à une situation aussi humiliante, lorsqu’il reprit son balai, son allure demeura droite et fière, telle un pin sous la tempête. Son tempérament était hors du commun, et il dégageait une aura imposante.

Xiao YuAn ne put s’empêcher de s’exclamer intérieurement :

Regardez-le ! Ce protagoniste masculin pourrait faire passer un simple balai pour une épée tranchante et mortelle ! Si vous osez encore l’intimider, vous devez être aveugles ! Ne voyez-vous donc pas son aura impériale ? Son halo de protagoniste ?!! En le harcelant, ne ressentez-vous pas un frisson glacer votre colonne vertébrale ? Une douleur monter dans votre nuque?!

Mais évidemment, ces idiots ne ressentaient rien de tout cela. Car à peine Xiao YuAn eut-il fini de crier en lui-même, qu’un serviteur surgit de nulle part et donna un coup de pied au genou de Yan HeQing.

Xiao YuAn : « … »

Un méchant chair à canon ! Sais-tu seulement ce que tu fais ?! Tu oses donner un coup de pied au protagoniste masculin ! C’est le moment le plus glorieux de ta misérable existence ! Tu dois bien t’en souvenir !!!

Pris au dépourvu, Yan HeQing trébucha, mais il parvint à se stabiliser sans tomber. Malheureusement, le serviteur, loin d’en rester là, lui décocha un second coup de pied et s’écria avec mépris : « Oh, tu as encore du courage, hein ? Tu refuses de t’agenouiller ? »

Cette fois, Yan HeQing chuta à genoux dans la neige. Pourtant, son dos resta droit, inébranlable.

« Regarde-moi ça, ricana le serviteur en désignant la neige autour d’eux. L’eunuque Zhao ne t’a-t-il pas ordonné de balayer avant l’heure Youshi ? » (NT : heure du coq, 17h à 19h)

Yan HeQing, ni soumis ni arrogant, répondit calmement :

« L’heure de Xushi. » (NT : heure du chien, 19h à 21h)

À peine eut-il terminé sa phrase que le serviteur le gifla brutalement. « Tu n’as pas fait ton travail correctement, et tu oses encore répondre ?! »

Se cachant derrière les buissons, Xiao YuAn sentit qu’à la place de Yan HeQing, il n’aurait jamais pu supporter une telle humiliation. À cet instant, il commença à éprouver de la compassion pour lui. Après tout, le livre original n'était qu’une description textuelle, mais le voir de ses propres yeux rendait la situation infiniment plus cruelle.

Le serviteur gronda Yan HeQing pendant un long moment, puis le condamna à rester agenouillé là toute la nuit : « Si tu oses t’enfuir, je te briserai les jambes demain ! »

Après ces mots, il renifla avec mépris, tourna les talons et s’éloigna.

Xiao YuAn ne put s’empêcher d’applaudir sarcastiquement en pensée.

Le style de ce méchant de chair à canon est un grand classique !

Mais pourquoi faire agenouiller le protagoniste toute une nuit ?! Tu ne crains pas de devenir la risée de l’histoire ?! Dans une demi-heure, la princesse Yongning fera son entrée triomphale ! Et ! Sauvera ! Le ! Protagoniste !

Se raccrochant à cet espoir, Xiao YuAn tenta de réconforter Yan HeQing en silence.

Yan HeQing, tiens bon encore un peu… Ta véritable âme sœur, ta rose blanche, ton clair de lune immaculé viendra bientôt te sauver !

Une demi-heure plus tard…

La princesse Yongning n’était toujours pas là.

Une autre demi-heure passa…

Toujours aucune trace de la princesse.

Encore une demi-heure…

La princesse Yongning était introuvable.

La nuit s’épaississait, le vent se mêlait à la neige. Agenouillé devant le pavillon Jinfeng Yulu, Yan HeQing serra les poings, tremblant de froid. Ses lèvres devinrent livides, son corps tout entier frissonnait.

Après avoir attendu encore le temps d’un demi-bâton d’encens (NT : environ quinze minutes), Xiao YuAn rugit intérieurement :

Princesse Yongning ! Attends-tu qu’il devienne un vieillard avant d’arriver ?! Où es-tu ?! Que fais-tu ?! Ne réalises-tu pas que si tu ne viens pas tout de suite, ton mari va mourir de froid ?!

Mais la princesse Yongning ne se montra jamais.

Il y a quelque chose qui cloche.

L’angoisse envahit Xiao YuAn. Il repassa rapidement les événements dans son esprit.

Tout correspondait : quinze jours s’étaient bien écoulés depuis la remontrance du général Sun. Le général Sun était effectivement venu protester, aucun doute là-dessus. Ils étaient bien devant le pavillon Jinfeng Yulu. Même l’intimidation de Yan HeQing correspondait à l’intrigue originale…

Mais alors, pourquoi le personnage clé, la princesse Yongning, ne s’est-il pas présenté ?!

Dans le livre, la princesse Yongning avait accompagné le général Sun dans son retour à sa ville natale. En repassant par le palais impérial, elle était tombée par hasard sur Yan HeQing en plein châtiment. Ne supportant pas cette injustice, elle avait…

Attends.

Quoi ?! Attends une minute !!!

Dans le roman, la princesse Yongning ne se trouvait là que parce qu’elle revenait d’avoir escorté l’ancien général après sa démission…

Mais cette fois, en raison de l’attitude humble de Xiao YuAn face à sa remontrance, le vieux général n’avait jamais eu l’intention de partir cultiver des légumes à la campagne !

Par conséquent, la princesse Yongning n’avait jamais eu besoin d’accompagner son grand-père dans sa ville natale !

Sans cet événement, pourquoi serait-elle passée par ici ? Comment pourrait-elle sauver Yan HeQing maintenant ?!

Quoi…?!

Soudain, Xiao YuAn, réalisant l’ampleur de la catastrophe, arracha sa robe extérieure et se précipita vers Yan HeQing. (NT : les chinois portaient des robes extérieures, l’équivalent d’un manteau, et des robes intérieures

 

Traducteur: Darkia1030