Fox demon usurping the throne daily - Chapitre 1
01
Il y a très longtemps, un empereur régnait sur un vaste royaume.
Un jour, il partit à la chasse et aperçut un renard. Lorsque son arc fut prêt à tirer, l’animal le remarqua et, en un éclair, se transforma en une femme d’une beauté envoûtante. Son apparence surpassait celle des trois mille concubines du harem impérial. L’empereur, subjugué, sentit son cœur s’animer.
02
Ignorant les réprimandes de ses courtisans, il fit entrer cette créature enchanteresse au palais et lui conféra le titre de Noble Consort. Dès lors, il ne prêta plus attention qu’à elle, délaissant toutes les autres femmes de son harem.
Bientôt, la démone renard conçut et donna naissance à un enfant. Mais ce fut un petit renard qui vit le jour. L’empereur, ravi, le prit dans ses bras et déclara avec amour :
« Regardez ce petit prince ! il ressemble tellement à zhen.» (NT : ‘je/moi’, façon dont l’Empereur parle de lui-même).
Le vieil eunuque, au service de l’empereur depuis plus de vingt ans : « … »
Sa Majesté était décidément bien aveuglée par l’amour.
L’empereur poussa un profond soupir, contemplant le renardeau emmailloté : « Ces sourcils… Ils sont taillés dans le même moule que lceux de zhen. ! »
Le vieil eunuque allongea le cou, observant l’animal avec perplexité : « … Où sont les sourcils ?! »
03
Ainsi, la démone renard vécut dans un luxe sans pareil et donna même naissance à un renardeaut. L’empereur, qui n’avait pas d’autres enfants, fit du renardeau un prince. Outrés, les ministres s’y opposèrent avec véhémence, mais il refusa de les écouter.
Désespérés, les courtisans rédigèrent un Qing Ci (NT : un rituel taoïste) pour implorer le ciel. À une date jugée propice, ils le brûlèrent en offrande, priant pour une intervention divine.
Le ciel exauça leur requête. La démone renard, qui devait encore attendre cinq cents ans avant de subir sa Tribulation Céleste (NT : Épreuve pour devenir immortel), dut y faire face prématurément. La foudre s’abattit sur elle, lui ôtant la moitié de sa force vitale. Gravement blessée, elle reprit sa véritable apparence et s’enfuit dans les montagnes pour se rétablir.
L’empereur, accablé de chagrin, perdit tout goût pour la vie. Il cessa de manger et de boire, son corps s’amincit à vue d’œil, et en quelques mois, il succomba à son mal d’amour.
Son frère cadet le Prince, qui convoitait le trône depuis longtemps, s’en empara aussitôt. Comme il avait un fils à qui il comptait transmettre l’empire, il ordonna que l’on traque le petit renardeau, dernier vestige de la lignée de son frère. Il voulait extirper toutes les mauvaises herbes pour assurer son propre règne.
04
Le vieil eunuque, fidèle serviteur du défunt empereur, rassembla quelques trésors et s’enfuit avec le petit renardeau. Après un long périple, il trouva refuge dans un paisible village entouré de montagnes.
Bien que l’enfant impérial ne soit qu’un simple renard, il portait néanmoins le sang de l’ancien souverain. On ne pouvait l’abandonner. Au pire, il suffirait de lui donner deux poulets par jour et de le protéger toute sa vie.
Ainsi, le vieil eunuque éleva le renardeau en pleine campagne.
Le temps passa, et le petit prince du nouvel empereur grandit en même temps que le petit renard.
Quand le prince apprit à marcher, le renardeau gambadait déjà sur ses quatre pattes.
Quand le prince gazouilla ses premiers mots, le renardeau, lui, apprit à aboyer en compagnie du gros chien jaune du village.
Quand le jeune prince étudia les Quatre Livres et les Cinq Classiques confucéens, le petit renard, lui, perfectionna quarante-cinq cris destinés à attirer ses proies.
Quand le prince s’entraîna à monter à cheval pour chasser, le petit renard, lui, se contenta de voler des poulets chez les villageois tous les soirs… Et le vieil eunuque dut payer chaque famille, essuyant leurs reproches.
« Que puis-je faire ? » soupirait-il, accablé. « Moi aussi, je suis désespéré… »
05
Les années passèrent.
Le petit prince devint un jeune homme élégant, droit comme un arbre de jade sous la brise. À la mort de son père, il monta sur le trône et unifia le pays.
Quant au petit renard, il devint un magnifique renard au pelage soyeux… et un tyran régnant sans partage sur les poules, les canards, les chats et les chiens du village.
Une nuit, alors que tout semblait paisible, la démone renard, enfin rétablie, descendit des montagnes.
Dans une ferme, elle retrouva son fils, caché dans un poulailler. Émue, elle sacrifia son noyau de cultivation, le coupa en deux et le lui fit avaler.
Aussitôt, le petit renard se transforma : d’un renard voleur de poulets, il devint un beau garçon… voleur de poulets, mais cette fois sous forme humaine.
Sa ressemblance avec sa mère était frappante : mêmes traits délicats, même regard enchanteur. Seule différence, l’un était un homme, l’autre une femme ; l’un était jeune, l’autre plus mûre.
Mais quant à ses sourcils… ils ne ressemblaient en rien à ceux du défunt empereur.
La démone renard soupira, pleine de remords : « J’ai passé tant d’années à me soigner dans les montagnes que je t’ai négligé… »
Le beau garçon, gêné, serra dans ses bras le poulet qu’il tenait, l’empêchant de pousser le moindre cri.
D’un geste, sa mère fit apparaître un vêtement et le lui lança : « Il n’est pas trop tard. À partir d’aujourd’hui, je vais t’enseigner la sorcellerie. »
Ainsi, pendant que le jeune empereur apprenait à examiner les mémoires impériaux, le petit renard, lui, étudiait les arts de la séduction et de l’illusion.
Le vieil eunuque, désemparé, leva les yeux au ciel : « … »
D’abord, ce prince empruntait un chemin bien singulier… Ensuite, ces maudits sourcils ! Ils ne ressemblaient vraiment pas à ceux de l’empereur !
Traducteur: Darkia1030
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