Evil star general - Extra 9 – Fausse mort (2)

 

 

Zhao Yelan resta hébété un moment. Puis il se souvint que ses paupières étaient également gonflées et qu'il portait un masque. Il y avait une légère différence par rapport à son apparence habituelle, sinon Yan Mingting l'aurait déjà reconnu.

Il poussa un soupir de soulagement à cette pensée et regarda Yan Mingting d'un air vide.

« Qui es-tu ? » demanda de nouveau Yan Mingting,  exerçant un peu de force avec sa main.

Cela faisait mal, et Zhao Yelan baissa la tête, agrippant sa main.

En observant le sommet de sa tête, Yan Mingting eut l'impression qu'il ressemblait encore plus à Zhao Yelan.

Lorsqu'il marchait sur la route un peu plus tôt, il avait été attiré, presque par inadvertance, par la personne devant lui.

La silhouette était presque exactement la même. Le même corps, la même taille fine et la même posture droite en marchant. Cela l'avait poussé à se précipiter vers l'autre sans hésiter.

Il l'avait pris dans ses bras, mais malgré ses caresses, il n'avait eu aucune réaction, et une odeur nauséabonde se dégagea. Surpris, il l'avait relâché avec doute et avait baissé la tête pour sentir son cou.

Zhao Yelan savait qu'il était en train de le renifler, et pour la première fois, il se réjouit que les herbes sentent mauvais.

Yan Mingting rassembla son dernier courage et tendit la main tremblante pour retirer le masque, mais fut stoppé par l'autre.

Zhao Yelan pointa son propre visage, fit plusieurs "ah" et gesticula avec ses mains.

« Tu ne peux pas parler ? » Yan Mingting fut surpris un instant.

Zhao Yelan acquiesça.

Plein de doutes, Yan Mingting resta silencieux. Mais il voulait toujours savoir la vérité, alors il dit : « Je veux voir. »

Voyant qu'il allait toucher le masque, l'autre personne pressa soudainement sa main fermement.

« Qui es-tu ? Que veux-tu faire à mon cousin ?! » Un homme d'âge moyen parla avec férocité et pointa du doigt Yan Mingting.

Yan Mingting fut momentanément déconcerté. En voyant l'apparence de l'homme d'âge moyen, il s'aperçut qu'il était originaire du sud du Xinjiang et avait un accent marqué. Yan Mingting ne put s'empêcher de froncer les sourcils : « C'est ton cousin ? »

« Oui, c'est mon cousin ! » L'homme le foudroya du regard et attrapa Zhao Yelan pour l'emmener. « Rentrons à la maison. »

Cet homme était un serviteur que Zhao Yelan avait embauché sur place. Pour éviter que sa présence ne soit découverte par des gens de la dynastie Xuan, il avait spécialement choisi un homme d'âge moyen et malin. Il l'avait averti à l'avance que, si des gens de la dynastie apparaissaient, il devait se faire passer pour son parent. Les gens du quartier avaient entendu dire que cet homme avait un cousin qui vivait chez lui, et personne n'en doutait.

Comme d'habitude, il portait les vêtements d'une personne du sud du Xinjiang et avait emmené ce « cousin » avec lui aujourd'hui. Il était allé seul se renseigner sur Yan Mingting et s'était accidentellement séparé un moment. Heureusement, l'autre homme était arrivé à temps.

« Attendez, attendez une minute, quel est votre nom ? Êtes-vous du coin ? » Yan Mingting les suivit, insistant malgré lui.

« Pourquoi voulez-vous savoir tout ça ? Que comptez-vous nous faire ?! » répliqua férocement le cousin.

« Ah, ah, ah. » Zhao Yelan en profita pour rappeler à son cousin qu'il était censé être muet.

L'homme réagit immédiatement, poursuivant : « Vous pensez que parce qu'il est muet, il est facile à intimider ? Je vous le dis, tant que je serai là, personne ne pourra l'intimider ! »

Il fallait admettre que ce serviteur était une bonne recrue. Sans révéler la supercherie et avec un ton naturel, il l’avait presque convaincu lui-même, sans parler de Yan Mingting.

« Désolé, peut-être que j'ai bu et que je l'ai confondu avec quelqu'un d'autre. » Yan Mingting s'arrêta, abattu.

Zhao Yelan soupira de soulagement, mais ne pouvait pas dire s'il se sentait content ou déçu.

Il jeta un coup d'œil en direction de Yan Mingting.

Il venait à peine de le regarder qu'il remarqua que Yan Mingting les suivait discrètement.

Zhao Yelan : « ...... »

Il tourna la tête et marcha lentement, écoutant les pas derrière lui. Ils étaient tout aussi lents, gardant toujours une courte distance entre eux.

Quand il arriva chez lui, il jeta un dernier regard en arrière. Yan Mingting s'était arrêté à quelques mètres de la porte, le regardant silencieusement.

« Allez, allez, allez ! Va-t'en ! » Le cousin prit un balai pour le chasser.

Yan Mingting jeta quelques pièces d'argent au cousin. C'était un tour qu'il avait appris de Zhao Yelan. Avec de l'argent, il n'y avait rien que l'on ne puisse obtenir.

« Pourquoi porte-t-il un masque ? » demanda Yan Mingting.

Le cousin prit les pièces comme prévu et répondit : « Quand il était enfant, il est tombé sur un brasier et s'est brûlé le visage. Il ne supporte pas que les gens le voient et est très introverti, alors j'ai préparé un masque pour lui. »

Zhao Yelan se tenait à l'intérieur de la maison, pensant qu'il devrait donner plus d'argent à ce ‘cousin’.

Une demi-heure plus tard, Zhao Yelan s'assit dans la cour pour préparer des médicaments. Il s'était récemment pris d'affection pour cette activité, et lorsqu'il n'avait rien à faire, il s'occupait ainsi.

Mais aujourd'hui était différent. Dès qu'il leva la tête, il vit Yan Mingting assis sur le mur de la cour, le regardant calmement sans dire un mot.

Le cousin pensait qu'il était parti, mais ce n'était pas le cas. Cet homme s'était caché dans l'ombre et n'était apparu que lorsque Zhao Yelan était sorti.

Zhao Yelan agita ses mains, faisant semblant d'être paniqué, et rentra précipitamment dans la maison. Peu après, le cousin sortit avec un balai pour le chasser : « Va-t'en ! Tu ne comprends pas la langue humaine ? Éloigne-toi de chez nous ! »

Yan Mingting regarda l'homme derrière le cousin. Il tremblait, terrifié. Cela attrista Yan Mingting – Zhao Yelan n'aurait jamais eu peur de lui.

Zhao Yelan avait vraiment disparu du monde. Les gens du manoir disaient qu'ils l'avaient vu mourir, qu'ils l'avaient vu allongé dans son cercueil pendant trois jours sans le moindre son. Il n'y avait aucune possibilité de résurrection.

Il tombait souvent dans un entrelacs de réalité et de rêves, et pendant un moment, il avait pensé que Zhao Yelan pouvait encore être en vie. Peut-être, comme dans les livres qu'il avait lus, Zhao Yelan était un esprit séduisant ou un être divin. Il était venu sur terre pour une calamité, puis était reparti, mais continuait de vivre quelque part, invisible. Après un certain temps, comme à cet instant précis, il devait accepter la réalité.

Il baissa les yeux, serra son épée avec force et continua son chemin, prêt à s'occuper de ses affaires.

Zhao Yelan observa son dos s'éloigner, le scrutant désespérément de haut en bas.

Après être retourné dans la maison, le cousin lui demanda : « Il n'est pas venu pour t'enlever, n'est-ce pas ? Vous vous connaissez ? »

« Ne pose pas de questions que tu ne devrais pas poser. » Zhao Yelan le récompensa avec une pièce d'argent.

Le lendemain, Zhao Yelan passa la journée entière, assis distraitement chez lui. Il resta dans la cour pour préparer des médicaments, ne remarquant personne aux alentours.

Après le dîner, le cousin lui dit qu'il y avait un festival Gu unique à Nanjiang ce soir-là, et que les rues seraient animées. Il lui demanda s'il voulait y aller.

(NT : Lors de ces festivités traditionnelles typiques sud de la Chine , les villageois pratiquaient des rituels pour invoquer ou apaiser les esprits associés au Gu, créature venimeuse, ou pour s'assurer de ne pas être affectés par ces malédictions.)

Il n'aimait pas le bruit, mais pour une raison inconnue, il ne refusa pas.

La plupart des gens dans les rues étaient originaires de Nanjiang. Ils portaient des paniers remplis de fleurs et de plantes exotiques, et chacun présentait ses marchandises aux autres.

Au bout d'un moment, il se retrouva séparé de son cousin. Il le chercha aux alentours, puis s'arrêta soudainement, regardant droit devant lui. Yan Mingting se tenait dans la foule, le fixant intensément.

Aucun des deux ne bougea jusqu'à ce que quelqu'un bouscule Zhao Yelan, le forçant à se déplacer. Il se retourna et fit demi-tour.

Lorsqu'il atteignit un endroit isolé, il s'arrêta et se tourna vers l'autre, inclinant la tête, comme pour lui demander pourquoi il le suivait.

« Pourquoi ne continues-tu pas ? » Yan Mingting marcha lentement vers lui et ajouta : «Continue, ne t'arrête pas. »

Zhao Yelan ne bougea pas, attendant toujours une réponse.

Après un long silence, Yan Mingting dit doucement : « Tu ressembles à quelqu'un, surtout quand tu marches. »

Zhao Yelan pinça les lèvres, mais l'autre ne pouvait pas le voir.

« Continue, je ne te ferai pas de mal. Je veux juste te raccompagner chez toi, » dit Yan Mingting. « Bien sûr, si tu veux aller ailleurs, ça me va aussi. Cela ne me dérange pas de marcher un peu plus longtemps. »

Zhao Yelan secoua la tête, indiquant qu'il ne voulait pas partir, et s'assit sous un arbre à proximité.

Yan Mingting s'assit à côté de lui, le regardant de côté.

Zhao Yelan réfléchit un instant, puis s'accroupit discrètement, baissant maladroitement la tête pour jouer avec ses doigts.

« Mais tu ne lui ressembles pas quand tu es assis. Lui, il est toujours assis bien droit, la tête haute. Il n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, » dit Yan Mingting.

Zhao Yelan le regarda en coin.

« Tu veux boire un verre ? » demanda soudainement Yan Mingting, en sortant une bourse d'argent. « Je te donne le reste de mon argent pour boire, qu'en dis-tu ? »

Zhao Yelan accepta, mais ne prit pas l'argent. Yan Mingting sembla un peu déçu : « S'il s'agissait de lui, il préférerait ne pas boire et prendrait l'argent. »

Zhao Yelan : « …… »

Tous deux allèrent à la taverne la plus proche. Yan Mingting commanda une douzaine de jarres de vin d'un coup, et sans lui adresser la parole, en ouvrit une et commença à boire seul.

Zhao Yelan savait que Yan Mingting était un bon buveur, capable de boire des milliers de coupes avec les soldats, mais il ne l'avait jamais vu boire ainsi, jarre après jarre, comme s'il voulait absolument se saouler.

Après qu'il eut vidé plusieurs jarres l'une après l'autre, Zhao Yelan ne put plus le supporter. Il fit tomber plusieurs jarres de vin à côté de lui par terre, et lorsque l'autre le regarda, il fit semblant de les avoir accidentellement renversées et retira sa main dans la panique.

« Oh, j'avais oublié que tu étais encore là. Tu veux boire ? » Yan Mingting agita la jarre et dit d'une voix ivre : « Comment tiens-tu l'alcool ? »

Zhao Yelan ne répondit pas.

"Il ne peut pas boire. Il ne peut pas du tout boire," sourit Yan Mingting, puis il s'affala soudain sur la table, fixant son profil. Il dit : "Sais-tu de qui je parle ?"

Zhao Yelan secoua la tête.

"Je parle de ma femme. Nous avons adoré le ciel et la terre ensemble. Oh, j'ai oublié de mentionner, c'est aussi un homme." Yan Mingting éclata de rire. "Tu aimes les hommes ? Sais-tu ce que c'est d'aimer les hommes ?"

Zhao Yelan resta silencieux.

"Je l'aime, il sent bon." Yan Mingting réfléchit un long moment, sans parvenir à l'expliquer. Il prit une autre gorgée de vin et ajouta : "Il est vraiment enivrant."

Zhao Yelan lui versa une tasse d'eau et la posa devant lui. L'autre ne la prit pas, continuant simplement à boire, la bouche pleine d'alcool : "Sais-tu ce qu'il aime par-dessus tout ? Il aime se faire beau. Je n'ai jamais vu un homme comme lui qui se pomponne tous les jours, tel un paon."

Zhao Yelan profita de la nuit pour lui lancer discrètement un regard glacial.

"Mais il a juste battu des ailes et s'est envolé droit dans mon cœur." Yan Mingting se redressa lentement, observant le vin dans sa coupe, puis demanda mot après mot : "Dis-moi, pourquoi est-il parti ?"

Zhao Yelan baissa les yeux, ses longs cils noirs comme des plumes de corbeau cachant ses émotions.

"Ils disent tous qu'il a eu une rechute de son ancienne maladie et qu'on n'a pas pu le sauver, mais j'ai toujours eu l'impression qu'il est parti exprès. Il m'a offert le plus heureux des anniversaires, il a tout arrangé. Il a même acheté un nouvel enclos pour le lapin dans la cour, mais il a refusé d'attendre pour me voir une dernière fois !"

Zhao Yelan déplaça ses mains sous la table et serra lentement ses manches sans dire un mot.

"Pourquoi suis-je allé à Jiangnan, pourquoi y suis-je allé, ah ?" Yan Mingting se leva, la jarre de vin vacillant, et marcha vers la balustrade. Il regarda en direction de la dynastie Xuan, puis tomba accidentellement au sol. Il n'eut aucune envie de se relever. Il se contenta de se retourner et de rester allongé là, puis leva la jarre et versa du vin dans sa bouche. Le vin coula sur ses joues, son cou et ses vêtements.

Zhao Yelan s'approcha pour l'aider, et il fallut un long moment pour réussir à appuyer cet ivrogne contre la balustrade derrière lui. Il s'assit également contre la balustrade, épuisé.

Yan Mingting secoua lentement la tête, puis le regarda et demanda : "Comment t'appelles-tu ?"

Zhao Yelan pointa sa bouche, indiquant qu'il ne pouvait pas parler.

"Tu portes un masque, alors je vais t'appeler Petit Visage. Enchanté, Petit Visage," dit Yan Mingting.

Zhao Yelan : "……."

"Petit Visage, puis-je venir boire avec toi encore une fois ?" demanda Yan Mingting.

Zhao Yelan : "……."

"Si ça ne marche pas, je te regarderai juste boire. Tu auras simplement un suiveur de plus." Yan Mingting fouilla dans ses robes pour sortir de l'argent, mais il avait oublié qu'il avait donné sa bourse tout à l'heure. Après un long moment, au lieu d'argent, il sortit un sachet.

Zhao Yelan le reconnut immédiatement. C'était celui qu'il portait le plus souvent.

Yan Mingting tenait le sachet. Quoi qu'il ait pu penser, il pressa son front contre le sachet et se mit soudain à sangloter, les épaules tremblantes.

Les yeux cachés sous le masque devinrent rouges, impuissants, mais Zhao Yelan tenta de réprimer ses émotions. Il était sur le point de sortir un mouchoir, mais repensa à quelque chose et le rangea avant d'essuyer le visage de Yan Mingting avec sa manche, tremblant.

Yan Mingting attrapa sa manche et s'essuya le visage vigoureusement, disant d'une voix rauque : "Merci."

Zhao Yelan secoua la tête, indiquant qu'il n'y avait pas de quoi.

Yan Mingting lui tendit le sachet : "Sens-le, ça sent bon, non ?"

Zhao Yelan le renifla et secoua la tête.

"Tu ne reconnais pas la qualité !" Les yeux de Yan Mingting étaient rouges et gonflés. Il rangea soigneusement le sachet dans ses vêtements et sortit un pendentif en jade, le secouant devant lui. "Je te donne une autre chance. C'est ce qu'il porte toujours sur lui. Regarde. C'est beau, non ?"

Zhao Yelan secoua la tête.

"Aucun goût !" Yan Mingting termina ses mots d'un ton acerbe, puis l'ignora.

Après un long moment, alors que Zhao Yelan pensait que Yan Mingting s'était endormi, il l'entendit soudain demander à voix basse : "Tu penses qu'il m'a jamais aimé ?"

Les yeux de Zhao Yelan bougèrent légèrement, il le regarda sans rien dire.

Le temps passa, jusqu'à ce que la lumière de la lune soit cachée par des nuages sombres. Il hocha légèrement la tête.

Les yeux de Yan Mingting s'illuminèrent. Il devint immédiatement plus énergique et demanda : "À ton avis, quand est-ce qu'il est tombé amoureux de moi ? À quel point il m'aime ?"

Ces questions ne pouvaient pas être répondues par un simple hochement ou mouvement de tête. Zhao Yelan fit donc quelques gestes aléatoires avec ses mains. De toute façon, l'autre ne comprendrait pas et ne s'en souviendrait probablement pas.

Qui aurait cru que Yan Mingting dirait joyeusement : "Tu veux dire qu'il est tombé amoureux de moi dès notre première rencontre ? Mais à cause de son statut, il a réprimé ses émotions ? Et après m'avoir épousé, il a continué à refouler son amour ? Bien que, en apparence, il m'ignorait, son amour était profondément enraciné depuis longtemps, et il m'aimait tellement qu'il ne pouvait plus s'en sortir ?"

Zhao Yelan : " ? "

 

Traducteur : Darkia1030