Evil star general - Chapitre 78 - Ce qu'il possèdait, c'était le présent et l'avenir de Zhao Yelan.

 

Zhao Yelan, en entendant qu'il avait encore l'esprit pour plaisanter, poussa un léger soupir de soulagement et l'emmena hors de la grotte. Cependant, il l'entendit dire une autre phrase : "Ah, la peau de tigre n'est pas encore récupérée."

"À un tel moment, qui se soucie encore de la peau de tigre ?" Zhao Yelan appela rapidement les serviteurs.

"Mais c'était préparé pour toi," répondit Yan Mingting en se retournant pour aller la chercher.

"Attends ici, je vais la chercher." Zhao Yelan ordonna à ses subordonnés de bien le surveiller, puis retourna prendre la peau de tigre. En chemin, il croisa Zhao Xuan, soutenu par des serviteurs qui l’aidaient à sortir. Zhao Yelan lui demanda : "Votre Majesté, êtes-vous blessé ?"

"Je vais bien, je..." Zhao Xuan n'eut pas le temps de finir sa phrase que Zhao Yelan était déjà sorti avec la peau de tigre. "..."

*

De retour au manoir du général, quelques médecins impériaux ne tardèrent pas à arriver, ainsi que quelques récompenses du palais. Après que les médecins eurent soigné les blessures de Yan Mingting, ils lui donnèrent quelques recommandations avant de partir.

Heureusement, ce n'étaient que des blessures superficielles, qui guériraient après un certain temps de repos.

Zhao Yelan, toujours préoccupé, fronçait les sourcils. Il aida Yan Mingting à changer de vêtements, le soutint pour qu'il s'allonge sur le lit, puis fixa ses blessures pendant un long moment.

"Ce n'est rien, juste quelques égratignures." Yan Mingting lui ébouriffa les cheveux.

"Repose-toi, tu as eu une journée épuisante," dit Zhao Yelan.

"D'accord." Yan Mingting ferma les yeux, et après un moment, il sentit quelqu'un lui toucher doucement le bras, comme pour vérifier s'il dormait.

Il décida de faire semblant de dormir.

Peu après, la personne à côté de lui commença à lui caresser doucement le bras, évitant toujours la blessure, hésitant à s'approcher.

Cela dura un moment, puis Yan Mingting, ne pouvant plus se contenir, l'attira dans ses bras avec son autre main : "Qu'est-ce que tu fais en cachette ?"

"Tu es réveillé ?" s'exclama Zhao Yelan, surpris. "Je t'ai réveillé ?"

"Non, je ne dormais pas du tout."

"Qu'est-ce qui ne va pas ?" Zhao Yelan lui caressa la joue dans l'obscurité, pressant légèrement ses doigts sur son front, et ne se détendit que lorsqu'il s'aperçut que ses sourcils étaient décontractés. "Est-ce que ce qui s'est passé aujourd'hui t'a effrayé ? Ou as-tu quelque chose en tête ?"

"Ce genre de chose ne m'effraie pas, mais peut-être que cela a effrayé l'empereur," dit Yan Mingting avec un certain plaisir malicieux. "Il a failli perdre la vie, je me demande s'il osera encore aller chasser des tigres la prochaine fois."

"Donc, tu as bien quelque chose en tête." Zhao Yelan, voyant qu'il se taisait, ajouta : "Vous avez dû passer un bon moment ensemble dans cette grotte, vous avez dû discuter de beaucoup de choses, non ?"

"Oui."

"Vous avez parlé de moi ?" demanda Zhao Yelan avec une pointe de prudence.

"Oui."

"Est-ce qu'il t'a parlé de ce qui s'est passé avant ?"

"Mm."

Zhao Yelan s'inquiéta, se redressa à moitié et demanda : "Est-ce qu'il t'a parlé de l'histoire où je suis allé au bordel ?"

Quoi ? Il y a une histoire comme ça ?

Grâce à la lumière tamisée de la lune, Yan Mingting pouvait voir clairement l'expression sur son visage. Il resta silencieux, et Zhao Yelan, pensant à tort que son silence équivalait à une confirmation, s'expliqua rapidement : "Je suis allé voir Gu Niaoniao. Je l'ai accidentellement croisée dans la rue et c'est là que j'ai appris qu'elle était allée à la maison Hongxiu."

À l'âge de seize ans, Zhao Yelan, qui était sorti pour exécuter une mission pour Zhao Xuan, avait rencontré Gu Niaoniao par hasard. À l'époque, elle était traînée par la tenancière pour acheter des ornements en jade et des robes en soie, tout en la réprimandant de bien traiter les clients. La tenancière menaçait de la déshabiller et de la jeter dans la rivière si elle continuait à se comporter mal.

C'était leur première rencontre depuis des années, depuis leur sortie du cachot. Au début, il la trouva simplement familière, car son apparence était très différente de celle qu'il avait vue quelques années auparavant en prison. Mais en la regardant de plus près, il reconnut cette haine dans ses yeux, une haine semblable à la sienne, bien qu'exprimée différemment.

Il avait appris à cacher sa haine, à la garder dans son cœur plutôt que dans ses yeux.

Cette nuit-là, il était allé à Hongxiu avec de l'argent pour demander plusieurs jeunes filles, dont Gu Niaoniao. Zhao Yelan avait endormi les autres et lui avait demandé : "Veux-tu rester ou t'enfuir ?"

"Je veux rester," répondit Gu Niaoniao d'une voix grave. Elle releva sa manche pour lui montrer des éruptions rouges sur son bras. "Si je ne suis pas obéissante, la tenancière me donne du poison, me faisant souffrir atrocement sans laisser de cicatrices. Seulement des éruptions qui disparaissent après quelques jours. Je veux qu'elle goûte à sa propre médecine. Aide-moi."

Zhao Yelan lui demanda : "Qu'est-ce que tu peux faire pour moi ?"

Gu Niaoniao répondit : "Tout ce que tu veux. Argent, beauté, mon corps… tout ce que tu veux."

Zhao Yelan entendit une voix au-dessus d'eux, celle d'un officiel, parlant des secrets de la cour avec une femme. Un léger sourire apparut sur ses lèvres : "Bien, je ne veux rien d'autre que tu deviennes mes oreilles."

Cette nuit-là, Gu Niaoniao lui remit un couteau et dit : "Je ne veux plus jamais servir de clients. Fais-moi une dernière faveur."

Zhao Yelan resta silencieux un moment avant de répondre : "Fais-le toi-même. Si tu ne peux pas être impitoyable avec toi-même, comment comptes-tu te venger ?"

"Tu as raison," dit Gu Niaoniao après un long silence. Puis, face à un miroir, elle traça une longue entaille en diagonale à partir de son sourcil, et le sang coula, rendant son visage méconnaissable.

Plus tard, Zhao Xuan entendit que Zhao Yelan avait eu une altercation avec une fille du bordel et l'avait défigurée. Il se précipita pour emmener Zhao Yelan et paya une lourde compensation à la tenancière et à Gu Niaoniao pour étouffer l'affaire.

Yan Mingting écouta calmement son récit, se disant qu'il n'était plus étonné que la cicatrice de Gu Niaoniao lui ait toujours semblé étrange. Il y avait des différences subtiles entre une blessure infligée par une autre personne et celle qu'on s'inflige soi-même, mais il n'y avait jamais prêté attention auparavant. Maintenant, il serra fermement Zhao Yelan dans ses bras, réalisant que même les souvenirs que Zhao Yelan partageait avec une certaine désinvolture pouvaient être profondément troublants.

Voyant que Yan Mingting restait silencieux, Zhao Yelan se mit à réfléchir à nouveau : "Ou bien est-ce qu'il t'a raconté autre chose ? Peut-être qu'il t'a dit que je l'avais escroqué d'argent ? Ou que j'avais été assommé par un taureau en portant une robe rouge ?"

Quoi ??

"Quel taureau ?" Yan Mingtang, intrigué, montra soudainement de l'intérêt.

En entendant le ton de sa voix, Zhao Yelan comprit qu'il n'était pas au courant, et il se tut aussitôt.

"Comment ça, un taureau ? Raconte-moi," insista Yan Mingting avec un léger rire.

Zhao Yelan répondit : "Je ne dirai plus rien, allons dormir !"

Yan Mingting n’a pas réussi à savoir exactement comment il s’était fait assommer par un taureau, mais il n’était pas pressé d’obtenir une réponse. Après tout, ils avaient toute la vie devant eux, et tôt ou tard, il apprendrait tout de sa bouche, petit à petit.

Le dernier soupçon de frustration qu’il ressentait s’était également dissipé.

Peu importe que Zhao Xuan ait grandi avec lui, ce que Yan Mingting possédait, c'était le présent et l’avenir de Zhao Yelan.

En raison de sa blessure, l'empereur l’avait exempté de la séance matinale, lui permettant de se reposer complètement avant de retourner à la cour.

Cela convenait parfaitement à Yan Mingtang.

Chaque matin, il restait au lit jusqu'à ce que Zhao Yelan ouvre les yeux, puis se levait en même temps que lui. Après avoir pris le petit déjeuner, il l’accompagnait en palanquin jusqu’à l’Académie Hanlin. À la tombée du jour, il retournait en palanquin pour le chercher.

De plus, en raison de son incapacité à se déplacer facilement, Zhao Yelan faisait preuve d'une grande patience envers lui. Il se mettait rarement en colère, et s’il s’énervait, il récitait le Sūtra du Diamant (NT : texte fondamental du bouddhisme Mahāyāna, offrant une vision de la vacuité et de la non-dualité.) pour se calmer, puis se retirait dans son bureau pour apaiser sa colère.

Yan Mingting menait une vie agréable, se promenant dans la cour avec sa canne toute la journée. Dès que Zhao Yelan revenait à la résidence, il tournait autour de lui comme un petit chien, lui demandant s’il était fatigué de son travail, si sa main était fatiguée d'écrire, si ses vêtements étaient assez chauds...

En temps normal, Zhao Yelan répondait à ses questions, mais lorsqu'il était occupé, il demandait à Yan Mingting de s’éloigner un peu. Et si Yan Mingting n'obéissait pas, il le punissait en l'embrassant fougueusement, ce qui le rendait docile, tout en se demandant avec un peu de honte quand il pourrait obtenir un autre baiser.

Après une dizaine de jours de ce bonheur tranquille, Yan Mingting commença à se sentir insatisfait la nuit. Il attrapa la main de Zhao Yelan et la guida sous lui : « Mengting... »

« Ta jambe est cassée et tu penses encore à ça ? » répondit Zhao Yelan d'un ton glacial.

« Elle n’est pas cassée, elle est presque guérie. » Yan Mingting frotta sa tête contre lui pour l’amadouer. « Mengting... »

« Il ne faut pas risquer de te blesser à nouveau au mauvais moment, tu devrais rester sagement allongé pour te soigner. »

Yan Mingting se retourna, le plaqua sous lui et dit : « En fait, ma jambe est déjà guérie, tu ne me crois pas ? Essaie ! »

« Je sais bien qu'elle est guérie. » répondit Zhao Yelan avec une pointe d'exaspération. « Tu ne trouves pas ça fatigant de porter un faux bandage toute la journée ? »

« Ah, tu l’as remarqué ? » Yan Mingting rit doucement et commença à lui enlever ses vêtements, mais Zhao Yelan l'arrêta.

« Dégage. » Zhao Yelan le repoussa d’un coup de pied vers le bout du lit. « Tu as déjà oublié ce que tu as dit au dîner ? »

Le sourire de Yan Mingting se figea.

Lors du dîner, ils avaient invité un groupe de généraux ainsi que Zuo Ran, Yin Pinglu, car c’était l’anniversaire de He Cuizhang, et les boissons n'avaient cessé de circuler.

Yan Mingting n’avait pas quitté Zhao Yelan des yeux, ce qui l'intrigua : « Qu’est-ce que tu fais ?»

« J’ai envie de manger un ravioli, tu peux me le donner ? »

« Tu n’as pas de mains ? »

« Elles sont blessées, je ne peux pas les lever. »

Zhao Yelan le regarda en silence, puis esquissa un léger sourire. Il attrapa un ravioli et le fourra dans la bouche de l’autre, les dents serrées.

Yan Mingting était tout fier de lui, jetant un coup d'œil triomphant à ses subordonnés, ce qui les fit grincer des dents.

« Si tu ne peux même pas lever les bras, il est encore moins probable que tu puisses bouger tes jambes. Reste tranquille. » ordonna Zhao Yelan.

On récolte ce que l'on sème, et Yan Mingting n'eut d'autre choix que de retourner sagement s'allonger.

*

L'hiver arriva tôt cette année, et en un clin d'œil, le vent glacial se leva, piquant douloureusement les visages.

Zhao Yelan sortit de l'Académie Hanlin, ses cheveux balayés par le vent. Il resserra le col de sa cape et se dirigea vers l'extérieur, apercevant au loin Yan Mingting qui l'attendait devant le palanquin.

Ce dernier l'aperçut aussi et se précipita vers lui, posant ses mains sur son visage glacé.

La chaleur de ses paumes était réconfortante. Zhao Yelan soupira : « Je t'avais dit de ne pas venir.»

Avec cette habitude de venir le chercher tous les jours à l'Académie Hanlin, ses collègues se moquaient de lui. Une ou deux fois, ça allait, mais à force, même s'il faisait semblant de ne rien entendre, il commençait à se sentir un peu gêné.

« Le temps a changé aujourd'hui, j'avais peur que tu attrapes froid. Demain, je ne viendrai vraiment pas. »

« Tu as dit la même chose hier. »

Yan Mingting sourit, portant son regard derrière Zhao Yelan, remarquant Ruan Xian qui s'approchait.

« Vous êtes parti précipitamment, et vous avez oublié quelque chose. Je suis venu vous le rapporter. » dit Ruan Xian avec un sourire embarrassé, sentant qu'il avait peut-être compris pourquoi Yan Mingting ne l'appréciait pas. Cela devait être parce qu'il perturbait leurs moments ensemble !

En passant à côté d'eux, Ruan Xian remarqua que Yan Mingting tenait toujours le visage de Zhao Yelan entre ses mains. Il fit mine de rien voir, remit le livre à Zhao Yelan, puis s'éclipsa rapidement.

Oh là là, il n'avait même jamais fait ce genre de chose douce avec sa propre épouse. Il avait appris quelque chose, et comptait bien l'appliquer dès son retour !

Zhao Yelan s'assit dans le palanquin, se frottant les mains. Il faisait bien plus chaud à l'intérieur.

Yan Mingting lui donna une chaufferette qu'il avait préparée à l'avance et demanda en riant : «Comment as-tu pu oublier quelque chose ? Pourquoi étais-tu si pressé de partir ? »

Zhao Yelan réchauffa ses mains sur la chaufferette sans lui répondre.

Yan Mingting continua en souriant : « Est-ce que tu te dépêchais pour venir me voir ? »

Zhao Yelan resta silencieux, levant simplement les yeux pour lui jeter un regard furtif, avec une expression qui semblait à la fois éloquente et retenue. Yan Mingtang, troublé, tourna la tête pour déposer un baiser à la commissure de ses yeux.

La demeure du général était chauffée par des braseros souterrains (NT : équivalent historique du chauffage au sol). Dès qu'ils furent dans la chambre, Zhao Yelan retira sa cape et remarqua la peau de tigre posée sur le lit. Elle était vraiment laide, gâchant l'esthétique de la pièce.

« On ne peut pas la remplacer ? » demanda Zhao Yelan.

« Elle tient chaud. »

« Elle est trop laide. »

« Mais elle tient chaud. »

« ... »

Rapidement, Yan Mingting se rendit compte qu'il fallait trouver un autre endroit pour cette peau de tigre. Après une nuit où ils avaient bien transpiré, quelques poils de tigre s’étaient collés sur eux. Après l'avoir emmené prendre un bain, Yan Mingting mit la peau de tigre de côté, décidant de la transformer en simple couverture. Il remplaça ensuite les draps par une literie plus agréable et s'endormit en le tenant dans ses bras.

L'hiver battait désormais son plein. Les princes vassaux et les émissaires de diverses régions arrivaient progressivement à la capitale, rendant la ville à nouveau animée.

Cette fois-ci, la responsabilité complète de la défense fut confiée à Yan Mingting, car le commandant de la garde impériale avait été destitué pour sa négligence lors de la dernière chasse royale.

Pour célébrer le Nouvel An, l'empereur organisa un grand banquet, invitant les dignitaires venus de tout le pays. Seuls les fonctionnaires de rang quatre et au dessus pouvaient y assister.

Xiao Gao aida Zhao Yelan à se vêtir chaudement, ajoutant une cape couleur abricot par-dessus, tout en lui rappelant : « Le général a dit que vous devriez y aller tôt. Il vous rejoindra dès que possible. »

Yan Mingting était parti avant l'aube pour assister aux audiences et n'était pas encore revenu.

« Compris, » répondit Zhao Yelan en montant dans son palanquin pour se rendre au palais. En entendant le bruit animé à l'extérieur, il souleva le rideau pour jeter un coup d'œil. Une jeune femme dans une calèche, entourée de nombreuses caisses, attirait l'attention d'une foule curieuse.

Les deux calèches se croisèrent, et la propriétaire de l'autre véhicule souleva également son rideau, révélant un visage fier.

C'était la huitième princesse du Sud.

Alors qu'il s'apprêtait à détourner le regard, Zhao Yelan remarqua un vendeur ambulant sur le bord de la route et demanda à Xiao Gao d'acheter quelques articles, profitant de l'occasion pour s'arrêter et laisser la princesse passer en premier.

En arrivant aux portes du palais, plusieurs collègues étaient déjà présents. Kan Chuan s'approcha discrètement et murmura à Zhao Yelan : « Je viens de voir la princesse du Sud. Serait-elle ici pour un mariage diplomatique ? »

« C'est possible. Attendons de voir. »

« Oui. » répondit Kan Chuan avant de s'éloigner naturellement pour saluer d'autres collègues.

La grande salle du palais était déjà préparée pour le banquet, avec des sièges disposés selon le rang des invités. En entrant, Zhao Yelan aperçut immédiatement Yan Mingting, qui lui tournait le dos, en train de discuter avec plusieurs personnes.

Sentant son regard, Yan Mingting se retourna, lui sourit et lui indiqua une table d'un geste, lui suggérant par là de s'y installer.

Bien que Zhao Yelan, en tant que fonctionnaire de quatrième rang, ne soit pas censé être assis au premier rang, cette table semblait avoir été réservée par Yan Mingting, avec seulement deux sièges. Il s'y assit donc sans hésiter.

À la table voisine, le ministre de droite, Li Jinyu, se tourna vers lui avec un sourire et lui dit à voix basse : « Je n'ai pas eu l'occasion de vous remercier en personne, Maître Zhao. Mon fils semble enfin s'être assagi ces derniers temps. »

Zhao Yelan hocha la tête : « Vous pouvez être rassuré et le laisser faire. Même s'il rencontre des difficultés, ne soyez pas trop indulgent. »

« Oui, vous avez raison. Je l'avais trop protégé auparavant. » soupira Li Jinyu.

Alors qu'ils discutaient, la princesse du Sud passa devant eux, accompagnée du roi du Sud, pour s'asseoir à la table la plus prestigieuse. Ils furent suivis par les envoyés de Mongolie, les émissaires des régions de l'Ouest, et des princes locaux.

Une fois tous les invités réunis, Zhao Xuan arriva avec l'impératrice et Sun Muyun.

Le ventre de Sun Muyun s'était arrondi, et son statut avait récemment été promu. Elle occupait désormais une position si prestigieuse qu'elle pouvait assister à ce genre d'événements aux côtés de l'empereur et de l'impératrice.

Après s'être installée, elle sourit chaleureusement en faisant le tour de la salle du regard. Lorsqu'elle aperçut Zhao Yelan, son sourire devint sincère, dévoilant une rangée de dents blanches.

À ce moment-là, Yan Mingting revint et s'assit à côté de Zhao Yelan, ignorant totalement les salutations de l'empereur avec d'autres invités. Il sortit discrètement un sac de cacahuètes de sa poche et demanda à voix basse : « Tu as faim ? »

"Ca va." Zhao Yelan avait anticipé qu'il n'aurait peut-être pas le temps de manger, alors il avait pris quelques encas avant de venir. Mais à peine avait-il fini de parler que Yan Mingting lui tendit des cacahuètes déjà épluchées.

Les deux hommes commencèrent à grignoter leurs cacahuètes en douce. Zhao Yelan tourna la tête et remarqua que Li Jinyu les regardait avec envie. Par gentillesse, il lui en donna une poignée.

Peu de temps après, les compagnons de table de Li Jinyu commencèrent aussi à les regarder avec insistance.

Zhao Yelan : "..."

Yan Mingting n'avait emporté que trois sachets de cacahuètes. Après en avoir distribué deux, il refusa catégoriquement de partager le dernier.

Il épluchait les cacahuètes avec une habileté particulière, sans faire le moindre bruit, contrairement aux autres. Voyant que Yan Mingting épluchait ses cacahuètes, les autres commencèrent à faire de même bruyamment.

Les rois et les émissaires, qui discutaient à l'avant, furent soudain interrompus par le bruit des cacahuètes craquant sous les doigts, créant une atmosphère légèrement embarrassante.

Sun Muyun, assise au-dessus, avait déjà remarqué les petites manigances de Yan Mingting et Zhao Yelan. Elle aurait aimé se joindre à eux pour manger des cacahuètes, mais se contenta de les regarder. Les voir, les têtes proches l'une de l'autre, murmurer et se lancer des sourires complices, la fit sourire intérieurement. C'était encore plus doux que la soupe sucrée qu'elle avait bue ce jour-là.

Zhao Xuan toussa, et tout le monde, se sentant pris en flagrant délit, se redressa immédiatement, les yeux fixés vers l'avant, reprenant le silence pour écouter la conversation.

Yan Mingting donna la dernière cacahuète à Zhao Yelan et soupira, déçu par l'inefficacité des autres.

À ce moment-là, Zhao Yelan tira sur la manche de Yan Mingting. Ce dernier se tourna et vit Zhao Yelan, le regard fixé devant lui, sortir discrètement un tanghulu enrobé de sucre rouge de sa poche, qu'il lui tendit sous la table.

Les yeux de Yan Mingting s'illuminèrent. Il prit la sucette, déballa le papier et croqua une première bouchée. Sa main droite posée sur la table, il soutenait son front, cachant la moitié de son visage pour que l'empereur ne remarque rien. Puis, il regarda Zhao Yelan pour s'assurer qu'il n'avait pas été découvert.

Zhao Yelan jeta un coup d'œil vers le trône doré, hocha la tête pour indiquer que personne ne l'avait remarqué.

Rassuré, Yan Mingting mordit à nouveau dans le tanghulu. C'était sucré et délicieux.

Après avoir mangé une autre bouchée, il tira de nouveau sur la manche de Zhao Yelan, lui proposant de goûter à son tour.

Face au regard plein d'attente de Yan Mingting, Zhao Yelan se pencha pour croquer une bouchée. Yan Mingting en profita pour en prendre une autre, et tous deux échangèrent un sourire complice, si bien qu'ils n'entendirent même pas Zhao Xuan les appeler, "Yan Qing, Zhao Qing".

Tout le monde les regarda soudainement. Zhao Yelan, surpris, releva la tête avec un léger décalage.

Zhao Xuan demanda alors : "Le roi du Sud vient de proposer que sa princesse épouse Yan Qing pour sceller une alliance. Qu'en pensez-vous ?"

"Ah, cette affaire..." Zhao Yelan, l'air de rien, regarda la scène devant lui. Il décida de ne plus faire semblant, croqua délibérément dans le tanghulu qu'il avait en bouche, puis répondit d'un ton décontracté : "Je ne suis pas d'accord."

Yan Mingting, charmé par l'assurance de Zhao Yelan, imita son geste avec élégance en mâchant le tanghulu : "Moi non plus, je ne suis pas d'accord."

 

Traducteur : Darkia1030