ETILH - Chapitre 61

 

 

Avertissement : Contenu mature (R18)



Début juillet, tous les examens furent enfin terminés, et la plupart des étudiants du dortoir rentrèrent chez eux. À la fin, seuls Ye Zhou et Shang Jin restèrent.

Le dortoir devant fermer le lendemain, Ye Zhou ne montrait pourtant aucun signe d’emballer ses affaires. Shang Jin dut lui demander : « Quand rentres-tu à la maison cette fois ? »

« Je n’ai pas acheté de billet. Trop paresseux pour rentrer. Je vais simplement trouver un emploi à temps partiel ici », répondit Ye Zhou en feuilletant un guide touristique allongé sur son lit. « Ou alors, je pourrais partir en voyage. De toute façon, je n’ai aucune envie de rentrer. »

Shang Jin en resta stupéfait. « Le dortoir ferme demain, et tu restes aussi désinvolte ? Depuis quand es-tu devenu une personne sans plan ? »

« Parfois, j’ai aussi envie d’être volontaire, de vider mon esprit et de faire ce que je veux », répondit Ye Zhou en reposant son téléphone. « Mais il fait tellement chaud que je n’ai aucun intérêt à voyager. Dis-moi, et si j’allais simplement à la bibliothèque municipale lire tous les jours ? Qu’en penses-tu ? Je pourrais profiter de la fraîcheur et enrichir mon esprit. Je me demande si la bibliothèque recrute des bibliothécaires. Je pourrais les aider à ranger les livres gratuitement. »

« Et où vivras-tu ? »

« À l’hôtel, je suppose. »

« Même si tu n’es pas à court d’argent, tu ne devrais pas le gaspiller ainsi », répliqua Shang Jin en s’approchant du lit de Ye Zhou. « Et si tu venais chez moi ? »

Ye Zhou se redressa brusquement et agita les mains, paniqué. « Non, je n’y vais pas, je n’y vais pas ! »

« Je ne te demanderai pas de loyer. Qu’est-ce qui t’inquiète ? »

S’ils avaient été de simples amis, Ye Zhou n’aurait peut-être pas autant hésité. Mais leur relation n’était pas ordinaire. Il se sentait déjà coupable envers la famille de Shang Jin ; comment aurait-il osé vivre chez lui ? Quand ils finiraient par devoir s’expliquer, ce serait bien trop gênant.

Il insista donc : « Je n’y vais vraiment pas. »

« Ce n’est pas dans la maison familiale, mais dans un autre appartement », expliqua Shang Jin. « Mon père l’a acheté pour que je l’utilise quand je me marierai plus tard. » Il marqua une pause, puis ajouta intentionnellement : « Il n’y a donc rien de mal à t’y emmener. »

Utiliser après le mariage…
Rien de mal à t’y emmener…

Le cœur de Ye Zhou battit deux fois plus vite. Cela sonnait étrangement comme une proposition.

Il se reprit et demanda : « Ta famille n’y va vraiment jamais ? »

« Ils n’y sont jamais allés auparavant, mais il y a un petit problème… »

Le cœur de Ye Zhou se serra. « Quel problème ? »

« Cela fait trop longtemps que personne n’y est allé, alors il faudra sûrement nettoyer un peu. »

« Ce n’est pas grand-chose », répondit Ye Zhou avec légèreté. Ranger une maison n’était qu’un jeu d’enfant pour lui.

La nouvelle maison de Shang Jin se trouvait en plein centre-ville. Tout avait été pensé pour la vie d’un jeune : rues commerçantes, transports pratiques, commodités. Elle n’était même qu’à une demi-heure de l’université.

Ils arrivèrent tous deux à la porte de l’appartement tôt le matin.
Shang Jin n’avait pas exagéré : personne n’y avait mis les pieds depuis longtemps, et une fine couche de poussière couvrait le sol. Heureusement, les meubles étaient protégés par des housses ; il suffisait de nettoyer les sols.

Les deux jeunes portèrent des masques et passèrent toute la matinée à faire le ménage préliminaire.

Ye Zhou s’affala ensuite sur le canapé, haletant : « Pourquoi acheter une maison aussi grande ? Je suis épuisé ! »

Shang Jin ouvrit la bouche, hésita, puis se tut.

Ye Zhou lui lança un regard curieux. « Hmm ? »

« Ce n’est rien. »

« J’ai tellement faim », déclara Ye Zhou en se redressant. Il attrapa le bras de Shang Jin et proposa :
« Descendons manger. »

Shang Jin s’allongea sur le canapé. « Je n’ai pas envie de bouger. Je vais commander un repas. »

« Allez, lève-toi ! Descendons, ça nous fera du bien de marcher un peu », insista Ye Zhou en le tirant hors du canapé.

Shang Jin se laissa entraîner dehors, et, bien qu’ils venaient à peine d’arriver, il s’imagina soudain la même scène dix ans plus tard.
S’il pouvait passer sa vie entière avec Ye Zhou, il n’aurait aucun regret.

Lorsqu’ils sortirent de l’ascenseur, Ye Zhou se souvint soudain d’une chose. « Est-ce que c’est vraiment OK pour toi de ne pas rentrer chez toi ? »

« Oui. Ils se portent très bien sans moi. »

Ye Zhou était habitué à ce ton désinvolte, mais il ne put s’empêcher de ressentir une pointe de tristesse.

La maison fut enfin nettoyée après qu’ils y eurent consacré une journée entière.
Les draps lavés le matin s’étaient séchés le soir. Ye Zhou les étendit sur le lit, et l’odeur fraîche du détergent emplit aussitôt la pièce. Épuisé, il se laissa tomber sur le matelas et eut envie de s’endormir sur-le-champ.

Shang Jin sortit de la salle de bain. Il remarqua que le lit de la chambre principale était déjà fait, mais Ye Zhou n’était pas là. Il dut se tourner vers la pièce voisine pour apercevoir enfin la silhouette de son compagnon.

Il s’appuya contre l’encadrement de la porte et demanda : « Pourquoi as-tu fait deux lits ? »

« Hein ? »
Après une journée aussi harassante, l’esprit encore embrouillé, Ye Zhou ne réagit pas tout de suite.

« Pourquoi as-tu fait deux lits ? » répéta Shang Jin avec un sourire où ne perçait aucune douceur. «Quel gaspillage. »

En comprenant enfin le sens des paroles de Shang Jin, Ye Zhou sentit ses joues s’échauffer. Il répondit d’un ton égal : « Je ne vois pas de quoi tu parles. »

Shang Jin s’approcha du lit en quelques pas, agitant entre ses doigts une petite clé USB. « Tu veux la regarder ? »

En apercevant de nouveau cette clé USB familière et en entendant les paroles de Shang Jin, Ye Zhou comprit aussitôt ce qu’elle contenait. « Tu es vraiment trop insistant ! Tu as donc caché un petit film ! »

Shang Jin prit un air innocent. « Comment suis-je insistant ? Mais il paraît qu’il y a quelqu’un dont les désirs ne sont pas satisfaits, et d’autres n’en peuvent plus de le voir ainsi ; ils n’ont cessé de me harceler pour que je garde cette clé. »

Ye Zhou s’exclama avec colère : « Qui raconte ces idioties ? »

Shang Jin ôta calmement ses chaussures et s’allongea sur le lit. En regardant Ye Zhou, il se moqua :
« Est-ce vraiment des idioties ? »

Ye Zhou le repoussa d’un geste brusque. « Tu t’allonges sur le lit sans même changer de vêtements ? »

« Cela n’a aucune importance », répondit Shang Jin avec désinvolture. Il se pencha légèrement vers Ye Zhou et ajouta d’un ton équivoque : « De toute façon, il sera sale dans un instant. »

Ce n’était pas la première fois qu’ils s’embrassaient, mais aucun de leurs baisers précédents n’avait été aussi passionné et intense qu’en cet instant. Leurs langues s’entrelacèrent, et même leurs baisers semblaient devenir une compétition.

Après un long moment, Shang Jin libéra Ye Zhou. Le visage de ce dernier était rouge, sa respiration irrégulière. Il tendit la main et essuya la sueur sur le visage de Shang Jin. Shang Jin, d’ordinaire si calme, affichait une expression pleine d’agressivité, comme une bête prête à dévorer sa proie.

Ye Zhou s’accrocha au cou de Shang Jin, se souleva et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Ce geste agissa comme un déclic. Shang Jin embrassa à nouveau Ye Zhou avec fougue, sa main glissant du visage de Ye Zhou vers des zones plus intimes. Ye Zhou portait ce jour-là un large t-shirt en coton, et la main de Shang Jin se faufila facilement sous l’ourlet.

« D’abord… les vêtements d’abord… oh… » Ye Zhou ne put même pas terminer sa phrase, ses lèvres étant immédiatement scellées par celles de Shang Jin.

Après un long baiser, Shang Jin réalisa que les vêtements les gênaient et empêchaient tout contact peau contre peau. « Lève les mains. » Shang Jin souleva directement le vêtement de Ye Zhou, échangea un bref baiser, puis le relâcha. En moins d’une seconde, le t-shirt en coton de Ye Zhou atterrit au chevet du lit.

Shang Jin embrassa de nouveau Ye Zhou, mais cette fois, ce ne fut qu’un baiser léger, presque coquin. Peu à peu, le baiser s’estompa, et les lèvres de Shang Jin se posèrent sur le cou de Ye Zhou. Il embrassa sa gorge, et Ye Zhou laissa échapper un léger gémissement. Shang Jin sourit et descendit encore.

La main de Ye Zhou se perdit dans les cheveux de Shang Jin, et il murmura, presque suppliant : «Qu’est-ce que tu fabriques… »

Shang Jin passa beaucoup de temps sur le cou de Ye Zhou, puis soudain, il le suça avidement. « Aïe… » Ye Zhou ne put s’empêcher de s’agripper à la tête de Shang Jin. Une fois libéré, il s’exclama, furieux : « Qu’est-ce que tu fais ? »

Shang Jin leva la tête et contempla la marque rouge sur la clavicule de Ye Zhou. Il déclara, l’air satisfait : « Je plante des fraises. » (NT : métaphore chinoise pour laisser des marques de succion sur la peau.)

Ye Zhou s’immobilisa un instant, puis éclata soudain de rire : « Ça me donne envie d’en planter une aussi. »

Shang Jin se retourna et s’allongea sur le lit. « Viens. »

Ye Zhou s’assit sur le côté. Shang Jin portait toujours ses vêtements. Comme il avait un pantalon de survêtement, on distinguait clairement son excitation. Ye Zhou toucha cette partie de son corps. Shang Jin, surpris par ce geste soudain, laissa échapper un gémissement étouffé.

Comme s’il y trouvait un plaisir particulier, Ye Zhou retira directement le pantalon de Shang Jin. Grâce à la fine couche du sous-vêtement, la forme du bas de son corps se dessina plus distinctement.

Ye Zhou ne retira pas les sous-vêtements de Shang Jin, mais y glissa directement sa main. Ce fut le premier contact intime de Ye Zhou avec cette partie d’un autre homme, et la sensation de chaleur lui brûla le cœur.

Dès que Shang Jin sentit le toucher de son amant, bien qu’il fût déterminé à garder le contrôle, il atteignit rapidement sa limite. Il tira Ye Zhou sous lui et commença à baisser son pantalon.

« Hé, je n’ai pas encore planté de fraises ! »

« Tu pourras les planter une fois que nous aurons terminé ! » déclara Shang Jin, tirant directement le pantalon de Ye Zhou, sous-vêtements compris, jusqu’à ses genoux.

Le sexe de Ye Zhou était déjà dressé, et Shang Jin le saisit d’une main, commençant un mouvement de va-et-vient. « Mmh… » La main de Ye Zhou, qui agrippait encore le bas du corps de Shang Jin, se relâcha. Il s’accrocha inconsciemment au dos de Shang Jin, sa bouche laissant échapper de légers gémissements.

Mais au moment où Ye Zhou était sur le point de se libérer, Shang Jin arrêta sa main, le laissant dans une position intenable, le cœur déchiré par un désir insupportable.

Ye Zhou serra les dents et murmura : « Shang Jin… tu… »

Shang Jin n’était guère en meilleur état que Ye Zhou. Mis à part le bref soulagement lorsque Ye Zhou avait touché son sexe, il n’avait connu aucun apaisement. Il sortit le lubrifiant de son sac et en versa un peu dans sa main.

Ye Zhou sentit soudain une fraîcheur derrière lui, alors que Shang Jin le frôlait. Il plissa les yeux et aperçut un objet supplémentaire sur le lit. Un peu distrait, il demanda : « Quand l’as-tu acheté ? » Shang Jin chuchota à son oreille, d’une voix basse : « Quand nous sommes allés au supermarché. »

« Insistant… mm… » Ye Zhou sentit le doigt de Shang Jin tenter de pénétrer son trou arrière. Il prit immédiatement une profonde inspiration et tenta de détendre son corps. Lorsqu’il avait découvert son orientation sexuelle, il s’était renseigné pour acquérir des connaissances générales sur le sujet. C’était la première fois pour eux deux, et Ye Zhou ne voulait pas se blesser.

La sueur perla sur le front de Shang Jin et tomba. Il tapota les fesses de Ye Zhou pour qu’il se mette à plat ventre. Après avoir versé généreusement du lubrifiant dans sa main, et une fois qu’un doigt eut glissé en douceur, il en ajouta un autre.

Ye Zhou comprit alors que Shang Jin n’était pas omnipotent.

Même si les gestes de Shang Jin étaient doux, Ye Zhou ressentait une certaine douleur. Le sexe de Ye Zhou, qui était sur le point de se libérer, s’était progressivement amolli, et désormais, il ne pouvait compter que sur lui-même pour trouver du plaisir.

Dès que les doigts purent entrer sans difficulté, Shang Jin couvrit le corps de Ye Zhou et commença à déposer une pluie de baisers sur son cou. De sa main libre, il saisit celle de Ye Zhou et l’aida.

Ye Zhou tourna la tête et échangea un baiser avec lui.

« D’accord ? »

À peine les mots furent-ils prononcés que Ye Zhou sentit une pression dure derrière lui.

Le rythme cardiaque de Ye Zhou résonna comme un tonnerre, et toute sa conscience se concentra sur son trou arrière. Bien que son dos fût tourné vers Shang Jin, Ye Zhou semblait pouvoir sentir ce dernier pénétrer son corps, centimètre par centimètre.

« Mm… » Ye Zhou se mordit la lèvre inférieure et gémit. Shang Jin s’arrêta immédiatement, attendant que Ye Zhou se relâche lentement avant de progresser par petites poussées.

Shang Jin croyait entrer en douceur, mais pour Ye Zhou, c’était comme être coupé par mille couteaux. Il gronda : « Viens d’un seul coup… fais-moi passer un bon moment. »

Shang Jin embrassa l’oreille de Ye Zhou et poussa soudain plus fort. « Ah… » Ye Zhou ne put s’empêcher de serrer les draps sous lui. La rougeur sur son visage s’estompa, ne laissant qu’une pâleur mortelle.

Ye Zhou se sentait mal, et Shang Jin n’était pas en meilleur état. Il embrassa le cou de Ye Zhou avec fougue et murmura : « Ye Zhou… Ye Zhou… Zhou… Zhou… »

Ye Zhou se rétablit lentement. En entendant Shang Jin l’appeler ainsi à son oreille, il eut un moment de distraction. À l’école, la plupart des gens appelaient affectueusement Ye Zhou « Zhou », mais Shang Jin, cet amant sérieux, l’appelait toujours « Ye Zhou ». Entendre pour la première fois un prénom aussi intime lui donna l’impression que des vagues de chaleur continuaient de le submerger, et la douleur disparut progressivement, remplacée par la satisfaction de ne faire qu’un.

« Je vais bien. » Ye Zhou voulut se retourner et toucher le visage de Shang Jin, mais dans leur position actuelle, il était évident qu’il ne pourrait pas bouger librement tant que Shang Jin serait encore en lui. « Doucement, bouge un peu. »

Shang Jin déposa baiser après baiser sur le corps de Ye Zhou et sentit ce dernier commencer à se détendre. Déplaçant son corps, sa main se dirigea vers l’avant de Ye Zhou et l’aida à réconforter son sexe déjà amolli.

Après quelques poussées, Ye Zhou s’y habitua enfin et gémit lorsque Shang Jin toucha accidentellement sa prostate. Il gémit et se couvrit immédiatement la bouche. Est-ce qu’il venait vraiment de laisser échapper ce son ? Trop honteux !

C’était comme si Shang Jin avait entendu un signal : il s’efforça à nouveau d’atteindre cette zone.

« Mm… » Ye Zhou mordit le coin de la courtepointe, s’efforçant de réprimer sa voix. Même s’il aimait Shang Jin, il ne voulait pas laisser échapper ce genre de cri devant lui.

En tant qu’être exceptionnel qui comprenait Ye Zhou, Shang Jin perçut son raisonnement et ne le força pas. Sentant que son trou arrière commençait à se resserrer, Shang Jin comprit que Ye Zhou cherchait à se soulager, et il insista plus fort vers l’endroit que Ye Zhou aimait.

« Mm… je ne peux pas… » Ye Zhou haleta rapidement, et dès que Shang Jin poussa à nouveau, son cerveau se déconnecta et il jouit.

Shang Jin bougea encore un moment, puis, tenant tendrement Ye Zhou, il jouit à son tour.

Ye Zhou se calma et resta allongé sur le lit, le temps de reprendre son souffle. « Je pense que je suis déjà un poisson mort. » (NT : métaphore chinoise pour décrire quelqu’un d’épuisé, sans énergie)

Shang Jin gloussa et se retira du corps de Ye Zhou. Sa main continuait de caresser le dos de Ye Zhou et remontait parfois jusqu’à sa joue.

Ye Zhou dit avec dégoût : « Ne mets pas la main qui était là sur mon visage. »

Shang Jin plaisanta : « C’était où ? »

« Tu es vraiment énervant ! »

Après s’être rafraîchi, Shang Jin constata que son corps était collant et inconfortable. Il s’assit et déclara : « Allons prendre un bain. »

Ye Zhou posa sa main sur lui et demanda : « Aide-moi à me lever. »

Shang Jin le taquina : « Princesse Carry ? » (NT : fait référence à une personne qui exige d’être portée ou aidée comme une princesse, souvent utilisé pour moquer quelqu’un de capricieux.) « Pas même si tu me bats à mort ! »

Mais Ye Zhou n’était pas si faible : après un temps de repos, il put marcher seul.

La salle de bain de la chambre principale était équipée d’une baignoire surdimensionnée. Lorsqu’il y entra, Shang Jin l’avait déjà remplie d’eau. « Prenons un bain et allons dormir. » C’était la première fois pour eux deux. Shang Jin n’avait aucune expérience et craignait de blesser Ye Zhou.

Pourtant, Ye Zhou se blottit sans hésiter dans les bras de Shang Jin et le laissa l’aider à se nettoyer.

Après une première fois, son trou arrière était déjà assez détendu. Il ne sentit pas trop de douleur lorsque les doigts le pénétrèrent à nouveau.

Ye Zhou se retourna et enlaça le cou de Shang Jin. « Ce n’était pas facile de me détendre. Ce serait trop dommage de ne le faire qu’une fois. Pourquoi ne pas réessayer ? »

Shang Jin, bien sûr, se soumit à ses souhaits.

Après ce second round, Ye Zhou fut complètement épuisé. Shang Jin le tint sous l’eau de la douche, puis le porta jusqu’au lit.

Après avoir rapidement nettoyé la salle de bain, il serra Ye Zhou dans ses bras et sombra dans un profond sommeil.

*

En se réveillant dans la chambre principale le lendemain matin, Ye Zhou se frotta les yeux et sentit sa peau effleurer les draps secs et doux. Il se rendit compte qu’il avait eu bien raison, la veille, de préparer deux lits.

Shang Jin dormait sur le dos, le visage tourné vers lui. Sur son épaule demeurait la marque de morsure que Ye Zhou y avait laissée la veille, dans la passion du moment.

Ye Zhou se pencha vers lui, détaillant les traits de Shang Jin du regard.
Il se souvenait encore que Zhou Wendao lui avait autrefois envoyé une photo du visage endormi de Shang Jin. À ce moment-là, il l’avait supprimée avec irritation. Qui aurait pu prévoir que, moins d’un an plus tard, il se réveillerait à ses côtés ?

Il ne put que soupirer devant les arrangements imprévisibles du ciel (NT : expression signifiant que le destin dépasse souvent les attentes humaines).

Soudain, une sonnerie stridente de téléphone retentit dans la chambre silencieuse. Shang Jin fronça les sourcils, se retourna et tira la couette sur son visage. Ye Zhou se redressa et attrapa le téléphone posé sur la table de chevet, près de Shang Jin.

La fine couverture glissa, révélant le haut du corps de Ye Zhou, couvert de marques. Il se demanda quand ces traces finiraient par disparaître. Ce qu’il trouvait détestable, c’était qu’elles se situaient sur sa clavicule. Comment pourrait-il sortir ainsi habillé ?

Ye Zhou jeta un coup d’œil à Shang Jin, encore endormi, puis regarda l’écran du téléphone : l’appel venait du père de Shang Jin.

Ye Zhou le poussa doucement et dit : « Réveille-toi, c’est ton père qui appelle. »

Shang Jin souleva la couette avec irritation et prit le téléphone des mains de Ye Zhou. Les yeux encore clos, il répondit d’une voix grave et ensommeillée : « Allô ? »

Ye Zhou le tapota légèrement et murmura : « Je vais prendre une douche. »
Shang Jin fit un geste vague de la main.

La veille au soir, ils avaient été trop fatigués après leurs ébats ; ils s’étaient simplement laissés glisser sous l’eau sans vraiment se laver. Ye Zhou sentait qu’il avait besoin de se nettoyer.

Lorsqu’il ouvrit la douche et se mit à se laver les cheveux, la porte s’ouvrit brusquement : Shang Jin entra.

Ye Zhou le regarda, stupéfait : « ??? »

Shang Jin ne dit rien et s’approcha pour se glisser sous la douche avec lui. Ye Zhou tenait encore le gel douche.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda-t-il.

« Est-ce que ton corps va bien ? » répondit calmement Shang Jin.

Ye Zhou sentit son visage s’enflammer : « Oui, ça va. J’ai une bonne constitution. »

« Très bien », conclut simplement Shang Jin, avant de se taire.

Ye Zhou resta troublé par la question. Distrait, il pressa le flacon de gel douche… mais c’était du shampoing qui en sortit. En voyant la mousse dans sa paume, il jeta un coup d’œil à Shang Jin, puis l’appliqua directement sur ses cheveux.

Shang Jin resta silencieux : « …… »

Une demi-heure plus tard, ils avaient terminé leur toilette.

Shang Jin s’habilla, passa la main dans ses cheveux encore humides et déclara : « Il semble que nous ne pourrons plus vivre ici. »

Ye Zhou répondit avec calme : « Si nous ne pouvons plus vivre ici, alors nous n’y vivrons plus. »

Shang Jin rangea une carte bancaire dans le sac de Ye Zhou et ajouta : « Prends cette carte et réserve d’abord une chambre d’hôtel. Apporte ton ordinateur portable et, une fois installé, cherche un appartement à louer. »

« Ce n’est pas comme si je n’avais pas d’argent pour réserver un hôtel. Je n’ai pas besoin que tu me donnes de l’argent », protesta Ye Zhou. « Que se passe-t-il ? »

« Je vais probablement être chassé de chez moi d’un moment à l’autre. »
Malgré la gravité de ses mots, Shang Jin les prononça avec la même légèreté que s’il avait parlé d’aller déjeuner. « Prends ma carte, c’est mon propre argent, cela n’a rien à voir avec ma famille. Nous devrons sans doute rester à l’hôtel un certain temps avant de trouver un logement. »

Ye Zhou demanda avec inquiétude : « Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-il arrivé ? »

Shang Jin embrassa doucement son front et dit : « Une fois que tu auras trouvé un hôtel, envoie-moi l’adresse. »

Shang Jin ne voulut pas en dire davantage, et Ye Zhou ne posa plus de questions. Après le départ de Shang Jin, il emballa leurss affaires à tous deux. En repensant aux paroles de celui-ci, il n’osa pas non plus dépenser son argent à la légère. Il se rendit dans un hôtel bon marché et y réserva une chambre. Après avoir envoyé l’emplacement à Shang Jin, il commença à chercher un logement à louer.

De son côté, Shang Jin descendit de sa voiture et poussa la porte de la maison paternelle.
Shang Qingping, qui avait toujours montré une attitude indifférente à son égard, lui avait ordonné d’un ton inflexible de rentrer, peu de temps après qu’il eût rencontré Liang Jingmin. Shang Jin n’avait pas besoin d’y réfléchir longtemps pour comprendre ce qui se passait.

Il avait simplement cru que, pour préserver la « grande image » (NT : la stabilité familiale et la réputation publique), Liang Jingmin ne révélerait pas à son père qu’il sortait avec des garçons. Mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle le lui dise malgré tout.

L’atmosphère à la maison ne pouvait plus être qualifiée d’harmonieuse. Shang Qingping était assis au centre du canapé ; à ses côtés, Qin Fei tremblait légèrement. Lorsqu’elle aperçut Shang Jin, elle lui adressa un regard lourd de signification.

« Papa, tante. » Shang Jin s’assit avec un calme apparent. « Où sont Youyou et Xiao Ji ? »

Shang Qingping frappa violemment la table et s’écria avec fureur : « Tu veux qu’ils assistent aux choses honteuses que toi, leur grand frère, fais ?! »

Shang Jin répondit d’un ton sombre : « J’ai toujours agi la conscience tranquille, et je n’ai pas le sentiment d’avoir fait quoi que ce soit de déshonorant. »

« Tu oses encore discuter ! » hurla Shang Qingping en se levant, le souffle court sous la colère. «Sortir avec des hommes, ce n’est pas perdre la face ?! Quand ta mère m’en a parlé, je ne savais même plus quoi répondre. Après tant d’années, c’est la première fois que je n’ai pas pu lever la tête devant elle ! Le fils que je croyais exemplaire ose faire une chose aussi honteuse ! »

Shang Jin ricana. À ses yeux, ce n’était pas son homosexualité qui dérangeait le plus son père, mais le fait d’avoir perdu la face devant Liang Jingmin. « Peu importe ce que tu dis. De toute façon, je suis sincère dans mes sentiments. »

« Sincère, mon cul ! Deux hommes peuvent-ils vivre ensemble toute leur vie ?! »

Shang Jin eut un sourire moqueur et répliqua : « Mais un homme et une femme ne peuvent pas forcément le faire non plus. Cette leçon, papa, tu devrais la connaître mieux que moi. »

« Tu… ! » Shang Qingping leva la main, prêt à le gifler. Mais en voyant l’expression de son fils, il s’arrêta. Il ne savait plus à quel moment l’enfant qu’il avait si longtemps ignoré était devenu cet adulte indépendant. À contrecœur, il abaissa lentement la main et dit d’une voix glaciale : « Très bien. Tu as grandi et tu veux voler de tes propres ailes ? Alors vas-y, vole. Et ne reviens plus. »

« Je n’ai pas l’intention de me disputer avec vous. Mais, papa… »
Shang Jin se leva, sortit de son sac la carte bancaire et la clé de l’appartement du centre-ville que son père lui avait offertes, et les posa sur la table.
« Puisque tu ne t’es jamais vraiment occupé de moi pendant toutes ces années, ne t’en soucie pas davantage cette fois. »

Ces mots furent comme une aiguille crevant le ballon de colère de Shang Qingping. Sa main retomba mollement, et il demeura muet.

Shang Jin quitta la maison sans un mot et ne contacta pas Ye Zhou. Il alla s’asseoir sur un banc du parc voisin et leva les yeux vers le ciel, l’esprit ailleurs.

Pendant toutes ces années, il avait cru avoir laissé derrière lui toute rancune, tout ressentiment. Pourtant, certaines émotions enfouies au plus profond de son cœur ne s’étaient jamais vraiment effacées.

 

Traducteur: Darkia1030