CM-Chapitre 23

 

Après que Han Yang eut terminé ses examens, il ne rentra pas immédiatement chez lui. Il devait encore consulter le docteur Chen Qingqing, son traitement n’étant pas achevé.

Habituellement, lorsqu’il retournait dans sa ville natale, Han Yang prenait le train. C’était abordable, et les étudiants bénéficiaient de la réduction de moitié sur le prix des billets. Ainsi, bien que le trajet fût nettement plus long, il profitait du temps pour dormir. Mais cette fois-ci, Helian Qing lui offrit un billet d’avion, et le jour du départ venu, il le conduisit lui-même à l’aéroport.

Helian Qing avait initialement prévu de revenir avec lui, mais en cette fin d’année, son entreprise était particulièrement sollicitée, et il ne put finalement pas s’absenter. Tout ce qu’il put faire, ce fut afficher un air renfrogné en l’accompagnant jusqu’à l’entrée.

« Tu es toujours si beau, ne fais pas une tête pareille, d’accord ? » Han Yang lui pinça la joue, le taquinant.

Helian Qing, en réponse, le fixa longuement, manifestant son irritation dans un silence obstiné.

S’appuyant sur les épaules de l’homme, Han Yang se haussa sur la pointe des pieds et l’embrassa sur les lèvres, le cajolant : « Je reviendrai au début du nouveau trimestre scolaire. Tu seras bien à la maison avec tante Su et les autres. »

Ce baiser eut le mérite d’adoucir quelque peu les traits d’Helian Qing, mais en entendant la suite, il se renfrogna de plus belle et demanda, d’un ton sec : « Le début du trimestre scolaire ? Il reste presque un mois avant la rentrée. »

« Je veux passer un peu plus de temps avec grand-père. » Han Yang serra les mains de l’homme dans les siennes. « Tu sais qu’il est seul à la maison, et il se sent très isolé là-bas. »

Helian Qing grogna, puis changea de sujet : « As-tu réfléchi ? »

Han Yang l’entendit poser une nouvelle fois cette question. Il toussota légèrement avant de répondre : « Je vais d’abord rentrer et en parler à grand-père. »

La dernière fois qu’il avait posé cette question, c’était durant la conférence de presse. Puis, cette même nuit, il était revenu, avait plaqué Han Yang contre un mur, et lui avait à nouveau posé la question. Quant à leur mariage, Han Yang n’y voyait aucune objection. En réalité, on pouvait même dire qu’il en avait hâte. Il voulait, lui aussi, une cérémonie officielle entourée de leurs proches. Mais avant cela, il souhaitait en discuter avec son grand-père. C’était un moment important pour lui, et il espérait que le vieil homme pourrait y assister afin de leur donner sa bénédiction.

Helian Qing comprenait naturellement cette manière de penser. Il savait à quel point ce seul membre de la famille comptait pour Han Yang. S’il n’avait pas pris cela en compte, il l’aurait déjà enlevé de force pour l’emmener dans une église !

Voyant que l’homme pinçait silencieusement les lèvres, Han Yang saisit les coins de sa bouche entre ses doigts et dit en souriant : « Je te promets que ce sera bientôt. Grand-père est une personne très gentille, et je ne te tournerai certainement pas le dos. »

« Ah. » Helian Qing émit un rire froid. « Qui, exactement, compte tourner le dos à qui ? »

« Ne te détourne pas de moi. » Han Yang rectifia aussitôt sa dernière phrase. « Satisfait maintenant ? »

Helian Qing sembla alors légèrement apaisé. Il tendit la main pour resserrer l’écharpe que Han Yang portait autour du cou et dit : « Enveloppe-toi un peu plus, et attends que je vienne te retrouver. »

« Tu veux me retrouver… » Le regard perçant qu’Helian Qing posa sur lui lui fit changer de ton. « D’accord, j’attendrai que tu viennes me voir. »

Le moment du contrôle de sécurité approchait. Han Yang prit sa valise et déclara : « Je dois y aller maintenant. Rentre vite, je t’appellerai une fois arrivé. »

Helian Qing ouvrit les bras et l’enlaça fermement, puis le repoussa doucement. « Allez, dépêche-toi ! »

Han Yang trouva le geste avec lequel il l’avait repoussé plutôt amusant. Tirant sa valise derrière lui, il s’avança vers le poste de contrôle.

Une fois l’inspection terminée, Han Yang se retourna et constata qu’Helian Qing se tenait toujours au même endroit, les yeux braqués sur lui. Il lui fit un signe de la main, auquel Helian Qing répondit d’un hochement de tête, puis mima : Je t’appellerai, avant de tourner les talons et de partir.

Arrivé dans la ville de Y, Han Yang appela immédiatement Helian Qing en sortant de l’aéroport. Il l’informa qu’il venait de descendre de l’avion et qu’il prévoyait de se rendre directement à la gare pour retourner dans son village. Helian Qing était alors en pleine réunion. Il l’exhorta brièvement à faire attention pendant le trajet, puis mit fin à l’appel.

Lorsque Han Yang arriva à la gare, le train venait tout juste d’entrer en gare lorsqu’un appel de son grand-père retentit. Celui-ci lui demanda à quel moment il comptait rentrer à la maison.

Han Yang ne lui avait pas mentionné son retour ce jour-là, car chaque fois qu’il revenait, le vieil homme l’attendait toujours à l’entrée du village. Il s’inquiétait à l’idée que son grand-père reste trop longtemps dehors, alors il avait préféré ne rien dire cette fois.

« Je rentre aujourd’hui, je suis déjà en route », répondit-il finalement, puisque le voyage était déjà à moitié fait.

« Vraiment ? Pourquoi ne me l’as-tu pas dit ? Je vais vite aller acheter de quoi te préparer un bon repas ! » s’exclama son grand-père avec une voix remplie d’enthousiasme.

« Ne te presse pas, on ira ensemble quand je serai arrivé », dit Han Yang en souriant.

« D’accord, d’accord », acquiesça rapidement le vieil homme. « Oh, au fait, c’est vraiment bien que tu reviennes aujourd’hui, parce qu’il y a quelque chose que j’ai besoin que tu confirmes en venant. »

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Han Yang, intrigué.

« Je t’expliquerai quand tu seras là. Inutile d’en parler maintenant. Les appels téléphoniques coûtent cher. N’oublie pas de faire attention sur la route, tu m’entends, n’est-ce pas ? » Vu son ton enjoué, cela devait être une bonne nouvelle.

« Oui. Ne viens pas m’attendre, ça ira », ajouta Han Yang avant de raccrocher.

L’appel terminé, il comptait faire une sieste lorsqu’il remarqua une notification WeChat. Un message de Qing Gege. Il l’ouvrit et découvrit une image représentant un poisson salé portant un sac sur le dos, marchant sous le soleil.

Était-ce censé me représenter ? Han Yang éclata de rire.

Poisson salé : « La réunion est-elle terminée ? »

Qing Gege : « Oui. Où es-tu ? »

Poisson salé : « Je suis à mi-chemin. Où as-tu trouvé autant de poissons salés ? »

Qing Gege : « Ils sont élevés à la maison. »

Amusé par ces échanges, Han Yang garda son téléphone en main pour continuer à discuter avec lui sur WeChat.

Le compte utilisé par Helian Qing était celui que Han Yang avait créé pour lui la dernière fois. Son nom était simplement Qing Gege, et sa photo de profil montrait une coiffe de princesse en dessin animé. Le sien, à lui, s’appelait Poisson salé, avec une photo de profil représentant un poisson salé caricatural. Sa signature affichait : Mi Qing Gege, tandis que celle d’Helian Qing indiquait : Mon poisson salé.

Une fois, alors qu’il était en cours, Han Yang avait échangé de cette façon avec Helian Qing sous le regard consterné de She Zhang, qui avait crié : « Mes yeux brûlent ! » avant de lancer : « Ils ne laissent vraiment aucun espoir aux amis célibataires, hein ?! »

Après quelques messages supplémentaires, Helian Qing retourna à son travail. Han Yang rangea son téléphone dans son sac, puis se reposa un moment.

Il lui fallut deux heures pour atteindre la petite ville voisine. Une fois arrivé, il prit un moto-taxi pour rejoindre son village.

Lorsque le véhicule parvint à l’entrée du village, Han Yang descendit et distribua quelques collations qu’il avait apportées aux enfants des familles vivant près de l’entrée. La maison de Han Yang se trouvait non loin, à environ trois à cinq minutes de marche. La route du village, récemment pavée, facilitait le déplacement avec une valise.

Parvenu dans la cour avant de sa maison, Han Yang ouvrit la porte et cria : « Grand-père ! »

Puis il entra. À ce moment précis, un vieil homme de petite taille, vêtu d’un manteau matelassé vert militaire et d’une casquette assortie, sortit de la maison.

« Oh mon Dieu, mon bébé est enfin de retour ! » s’écria-t-il en s’avançant rapidement vers lui, essayant de lui prendre la valise qu’il faisait rouler.

Han Yang évita ses mains en souriant et dit : « Je peux la porter moi-même. Rentrons vite, il fait trop froid ici. »

« Oui, c’est ça. Entre vite et réchauffe-toi près du feu. Alors, il faisait froid pendant le voyage? » demanda le grand-père tout en le guidant à l’intérieur de la maison.

« Non, il ne faisait pas froid. Je portais suffisamment de vêtements. » Han Yang sourit en entrant avec lui, ajoutant en marchant à ses côtés : « Mais la maison est si agréable et chaleureuse... Me réchauffer près du feu avec toi, c’est encore mieux. »

« C’est vrai. Grand-père va t’apporter une pomme de terre au four. As-tu déjà déjeuné ? » demanda le vieil homme.

« Oui. Tu n’as pas besoin de t’en occuper, s’il y a quelque chose que je peux… »

Les mots de Han Yang s’interrompirent brusquement. Avec un pied encore hors du seuil, il demeura figé, regardant un instant les deux personnes à l’intérieur de la maison, sans la moindre réaction.

Voyant son malaise évident, les deux individus, qui se tenaient près de la cheminée, n’osèrent pas croiser son regard.

Han Yang déposa sa valise à l’intérieur, fronça légèrement les sourcils, et les observa avant de demander : « Pourquoi êtes-vous ici tous les deux ? »

Dans la pièce se trouvaient en effet les deux personnes qui l’avaient autrefois utilisé pour rembourser une dette envers Helian Qing : ses parents. Il n’aurait jamais imaginé les revoir un jour, encore moins dans sa propre maison.

Remarquant son mécontentement, les deux adultes semblèrent encore plus mal à l’aise. Évitant son regard, ils tournèrent les yeux vers son grand-père.

Ce dernier prit Han Yang à part et expliqua : « Xiao Yang, ces deux invités sont arrivés aujourd’hui. Ils ont dit vouloir retrouver le fils qu’ils avaient perdu depuis de nombreuses années, et la description qu’ils ont donnée correspondait étrangement à toi. Ils se trouvaient à l’entrée du village quand ils ont rencontré la femme d’A’Gui, qui les a conduits ici. Je leur ai même posé quelques questions à ton sujet, et tout concordait aussi. Alors… pourrais-tu voir s’ils sont ou non ton père et ta mère ? »

« Xiao Yang... » l’appela la femme d’âge moyen.

Han Yang lui lança un regard froid, ne répondit pas, et se tourna plutôt vers son grand-père pour dire : « Grand-père, ne t’ai-je pas dit de ne pas ramener n’importe qui à la maison ? Tu es seul ici, et s’il t’arrivait quelque chose ? »

« Non… nous ne sommes pas… » tenta d’expliquer l’homme d’âge moyen.

Mais Han Yang le coupa net : « Je ne te parlais pas. »

L’homme resta bouche bée, choqué, sans savoir quoi dire.

Grand-père, ignorant leur échange tendu, ajouta : « Que pouvais-je faire ? La femme d’A’Gui était avec moi depuis le début, et elle n’est partie qu’il y a un instant. »

« Xiao Yang, tu ne dois pas mal comprendre. Nous n’avons pas d’autres intentions. Nous fêtions simplement le Nouvel An et avons pensé venir te voir », expliqua la femme d’une voix inquiète, les yeux embués.

Han Yang ne la regarda pas. Il aida son grand-père à s’asseoir avant de dire calmement : «Maintenant que vous m’avez vu, vous pouvez partir tous les deux. »

« Xiao Yang… » La femme voulut encore dire quelque chose, mais Han Yang l’interrompit : «Va-t’en. »

« Qu’ils partent ? Que se passe-t-il ici ? » demanda grand-père, désemparé. Il regarda les trois personnes, puis se tourna vers Han Yang : « Xiao Yang, tu les connais, non ? Ce ne sont pas tes parents ? »

« Oui, oui, oui ! Nous le sommes ! » déclara la femme d’âge moyen avec empressement, craignant que Han Yang ne le nie. « Nous sommes les parents de Xiao Yang… »

« Ils ne le sont plus ! » répliqua Han Yang d’un ton plus ferme, en se tournant vers la femme. Puis il répéta : « Maintenant, vous n’êtes plus mes parents. »

La femme sembla réfléchir. Elle garda le silence quelques secondes, baissa la tête, puis se couvrit la bouche, comme si elle retenait ses sanglots. À côté d’elle, l’homme afficha un air figé, se tenant là, mal à l’aise.

« Alors, le sont-ils ou ne le sont-ils pas, hein ? » Grand-père n’y comprenait plus rien.

Han Yang serra les lèvres sans répondre. Après un moment d’hésitation, l’homme finit par dire : « Xiao Yang, nous savons que nous ne te méritons pas. Mais nous ne voulons rien d’autre que passer le Nouvel An avec toi. »

« Nouvel An ? » répéta Han Yang. Puis il ajouta : « Alors pourquoi, pendant toutes ces années, n’êtes-vous jamais venus me chercher pour célébrer le Nouvel An ? Si vous pouvez le faire aujourd’hui, pourquoi pas avant ? »

Le regard glacial du jeune homme força l’homme à détourner les yeux. Gêné, il s’efforça d’expliquer : « Je sais que tu nous en veux de t’avoir utilisé pour rembourser des dettes, mais tu dois comprendre que nous étions au bout du rouleau ! Et puis… même si M. Helian est un homme, le fait que tu l’aies épousé n’est pas sans avantages. Tu vois, il n’y a pas de raison que tu ne t’en sortes pas bien… »

« Tais-toi ! » cria Han Yang avec fureur, le coupant. Il jeta un regard à son grand-père, toujours dans l’incompréhension, puis s’écria : « Je vous ai dit de quitter ma maison. Tout de suite ! »

« Quelle dette ? Quel homme ? » répéta grand-père, tentant de rassembler les pièces du puzzle, perdu dans la confusion.

« C’est bon, grand-père. Tu n’as pas à t’inquiéter. » Han Yang tapota l’épaule du vieil homme.

En homme qui avait vécu la majeure partie de sa vie, grand-père avait vu beaucoup de choses. Dès qu’il aperçut l’attitude de Han Yang, il comprit qu’ils s’étaient déjà rencontrés. Mieux encore, il devina que ces deux-là lui avaient fait du tort. Sinon, Han Yang, compte tenu de son tempérament, ne les aurait pas traités avec tant de froideur. Même s’il ignorait encore les détails, il se concentra sur une chose : son précieux petit-fils avait peut-être été blessé. Alors, son cœur se hérissa comme un bouclier prêt à exploser.

Grand-père saisit un balai et chassa les deux intrus. « Sortez d’ici ! Allez, allez, allez ! Ne soyez pas une nuisance dans notre maison ! » Il les força littéralement à partir, mettant fin à l’affaire.

« Je suis tellement fâché. » Assis sur un tabouret, haletant, le balai toujours à la main, grand-père souffla : « J’ai invité ces loups chez nous ! »

Han Yang prit le balai des mains du vieil homme, le rangea de côté, puis lui tapota le dos.

Après avoir repris son souffle, grand-père se tourna vers lui et demanda : « Que se passe-t-il ? Xiao Yang, ces deux-là sont-ils vraiment tes parents ? »

Han Yang hocha la tête. Bien qu’il ne souhaitât pas l’admettre, ils étaient bien ses parents de sang.

« Alors, qu’est-ce que tout ce qu’ils ont dit signifie ? Les as-tu déjà rencontrés ? » poursuivit grand-père.

« Nous nous sommes rencontrés. » Han Yang s’assit à ses côtés et lui raconta la situation liée au paiement de la dette de ses parents.

« Absolument inadmissible ! » Découvrant que ceux qui avaient donné naissance à Han Yang l’avaient utilisé pour rembourser leurs dettes, grand-père se leva, prit le balai avec l’intention de les chasser, voire de les frapper. Han Yang s’empressa de l’arrêter.

« Comment peut-il exister des parents aussi sans cœur dans ce monde ? » jura grand-père. « Ils ont même utilisé leur propre fils comme compensation ! »

Autrefois, Han Yang aurait peut-être ressenti de la tristesse, mais désormais, il ne ressentait plus rien. Ne pas se soucier des liens du sang revenait à dire qu’ils ne valaient pas la peine d’être pris en compte.

Après avoir fulminé un instant, grand-père s’arrêta, se rappelant quelque chose. Il demanda alors : « Qu’est-ce que c’était, ce truc ‘d’être marié’ que ce fils de pute a mentionné ? N’as-tu pas payé la dette par ton travail ? Pourquoi es-tu marié ? »

Han Yang se frotta le nez, puis révéla qu’il avait déjà enregistré son mariage avec Helian Qing.

« Quoi ?! » Grand-père bondit de son siège en entendant cela. « Est-ce que ce type s’est imposé à toi ? Grand-père va arranger ça ! » Il se précipita de nouveau vers le balai, mais Han Yang l’en empêcha.

« C’est bon, je vais bien. Grand-père, écoute d’abord tout ce que j’ai à dire ! »

« Explique-toi. » Grand-père s’assit, posa le balai sur ses genoux, avec une expression signifiant : ‘ Après que tu m’auras tout expliqué, j’irai quand même lui parler.’

Han Yang détailla la situation entre lui et Helian Qing, insistant sur le fait que ce dernier avait arrangé la venue d’un médecin pour soigner ses jambes, et sur les efforts de l’homme pour apprendre le massage afin de l’aider.

Grand-père, toujours hésitant, demanda : « Vraiment ? Tu ne tentes pas de tromper grand-père, n’est-ce pas ? »

« Vraiment pas, » répondit Han Yang avec confiance. « Je t’ai déjà dit que c’était lui qui s’occupait de soigner mes jambes. »

« Alors, comment ça va maintenant ? Est-ce que ça a marché ? » Grand-père tendit la main pour caresser le genou de Han Yang et demanda, plein de regret : « Est-ce que tes jambes te font encore mal ? »

« Non, ça ne fait plus mal. Tu n’as pas à t’inquiéter, » répondit Han Yang avec un sourire. Après cette étape du traitement, son genou s’était amélioré. Le docteur Chen avait assuré que, si cela continuait, ça irait encore mieux.

« C’est bien, c’est vraiment bien, » acquiesça grand-père, soulagé. Depuis le début, il avait été bouleversé par le problème des jambes de Han Yang et se reprochait de ne pas avoir pu le rencontrer plus tôt.

Han Yang haussa les épaules et déclara : « Ne t’inquiète pas, ça va. Il est très bon avec moi. »

Grand-père hocha la tête, puis demanda : « Alors pourquoi n’est-il pas revenu ici avec toi ? »

« Il est occupé au travail. Il a fait des heures supplémentaires ces derniers jours, » répondit Han Yang.

« Oh... faire des efforts, c’est une bonne chose. » Grand-père sourit. « N’as-tu pas dit tout à l’heure que son grand-père voulait jouer aux échecs chinois avec moi ? »

« Oui. Lao Yezi a entendu dire que tu m’avais appris toutes mes compétences aux échecs et il souhaitait vraiment pouvoir jouer une partie avec toi, » transmit Han Yang.

Après avoir entendu cela, grand-père ne put s’empêcher de redresser son dos et de déclarer fièrement : « Bien sûr que je le ferai ! Je suis quelqu’un qui a commencé à jouer aux échecs à seulement six ans. Quand j’aurai un peu de temps, je le retrouverai certainement pour jouer une partie ou deux et bouleverser son esprit à l’infini ! »

Témoin d’une telle intensité venant du vieil homme, Han Yang s’en réjouit. Il se laissa emporter par le chahut de son grand-père et oublia complètement son affaire avec Helian Qing.

Plus tard dans la nuit, alors qu’il était au lit, Han Yang discuta par vidéo avec Helian Qing, sans lui dire que son grand-père était déjà au courant, car il prévoyait de lui faire une surprise à son retour.

À la fin de leur conversation, Han Yang, serrant un oreiller, se retourna sur son lit et constata qu’il ne pouvait pas s’endormir. Ce n’était que le premier jour depuis son départ, mais Helian Qing lui manquait déjà. Autrefois, être seul lui faisait du bien, mais désormais, il s’était habitué à dormir avec un partenaire ; à sa grande surprise, même les couvertures lui semblaient un peu froides.

Se retournant plusieurs fois, Han Yang ne put s’empêcher d’envoyer un autre message à Helian Qing via WeChat. Après un certain temps sans réponse, il se résigna à poser son téléphone et tenta de se reposer.

Au bout d’un moment, il réussit à s’endormir, totalement inconscient qu’après être revenu de la salle de bain et avoir vu le message « Je ne peux pas dormir sans toi », Helian Qing passerait le reste de sa nuit sans fermer l’œil.

Le lendemain, Han Yang comprit parfaitement le dicton : un jour de séparation ressemble à une éternité. Chaque jour, sans faute, il discutait par vidéo avec Helian Qing, mais cela lui semblait insuffisant. Parce qu’il ne pouvait pas le toucher, l’étreinte d’Helian Qing lui manquait ; parce qu’il ne pouvait pas le sentir, la chaleur de son corps lui manquait.

Pensant qu’il restait encore près d’un mois avant de revoir l’autre homme, Han Yang jugea que c’était trop long à supporter ; mais à l’idée de rentrer plus tôt, il détestait devoir se séparer si vite de son grand-père.

Ces sentiments persistèrent jusqu’au soir où il reçut un appel d’Helian Qing. Un étrange sentiment l’envahit en voyant l’appel de l’homme ; après tout, ils avaient bavardé il y a peu, pourquoi appellerait-il soudainement ?

Han Yang répondit à l’appel et demanda : « Pourquoi m’as-tu appelé tout d’un coup ? »

Helian Qing répondit par une autre question : « Dois-je demander la permission pour t’appeler ? »

« Bien sûr que non ! Pour toi, il y a un accueil 24 heures sur 24, » déclara Han Yang avec espièglerie, enfonçant un morceau de charbon dans la bouche du poêle avec un tisonnier.

« Bon à savoir. » Helian Qing, désormais satisfait, ignora son commentaire, puis demanda : « Où es-tu ? »

« À la maison, près du feu. Où es-tu ? Et quelle est l’ampleur de la rumeur ? » demanda Han Yang, curieux.

« Tch ! Le signal là-bas est trop faible, » répliqua Helian Qing avec dédain, « déplace-toi quelque part avec un meilleur signal, parler maintenant est trop difficile. »

« Oh, attends un peu, je vais aller dans le patio. » Han Yang se leva et sortit. Arrivé sur la terrasse, il demanda : « Est-ce que ça va mieux maintenant ? Il y a du vent dehors, tu m’entends clairement ? »

« Je peux t’entendre clairement, je peux aussi te voir clairement, » révéla Helian Qing. «Tourne-toi, regarde vers ta gauche. »

« Quoi à gauche, qu’est-ce que tu… » ses mots s’arrêtèrent brusquement, car ses doigts peinaient à tenir le téléphone.

Derrière le muret qui bordait la cour, vêtu d’un long manteau noir et de l’écharpe gris foncé que Han Yang lui avait donnée, se tenait Helian Qing, qui parlait dans l’appareil qu’il tenait à la main : « Merde, il fait si froid ici.»

 

Traduction: Darkia1030