« Si tu vas dans la bibliothèque d’A’Qing, dans le deuxième tiroir sur le côté gauche, tu y trouveras une petite boîte, et à l’intérieur de celle-ci se trouve la réponse à ce que tu veux savoir. »
Han Yang se tint devant la bibliothèque, tandis que les mots prononcés plus tôt par Xu Luozhao ne cessaient de résonner dans son esprit. La bibliothèque était plutôt haute, aussi utilisa-t-il une échelle pour grimper. Il atteignit le deuxième tiroir à partir de l’extrême gauche, jusqu’à la boîte dont Xu Luozhao lui avait parlé.
C’était une boîte en bois d’aspect ancien, recouverte de motifs délicats, tous plus exquis et raffinés les uns que les autres.
Lorsqu’il la prit entre ses mains, Han Yang sentit ses doigts trembler tant il était nerveux. Il avait la sensation de tenir un objet chargé de mystère.
Au début, il n’essaya pas de l’ouvrir. Il se contenta de la fixer longuement, tiraillé entre deux pensées opposées : ouvrir ou ne pas ouvrir, comme s’il était plongé dans une partie de jeu vidéo.
Son esprit l’avertissait que ce qu’il s’apprêtait à faire était mal, que fouiller dans les affaires privées de Helian Qing sans son consentement n’était pas acceptable.
Mais son cœur, lui, lui souffla que cela devait être en lien avec lui — sinon, pourquoi Xu Luozhao lui en aurait-il parlé ?
De plus, il brûlait de connaître la vérité sur ce que Xu Luozhao lui avait dit, et de comprendre enfin pourquoi Helian Qing souhaitait conclure un contrat avec lui.
Sans aucun doute, ses émotions prirent le dessus sur sa raison. Inspirant profondément, Han Yang ouvrit lentement la boîte. Le loquet émit un clac discret entre ses doigts et s’ouvrit. Dans cette fraction de seconde, Han Yang entendit les battements précipités de son propre cœur.
Contre toute attente, il n’y trouva rien de particulièrement spécial. Juste un vieux morceau de journal, jauni par le temps, qui reposait au sommet du reste du contenu.
En le voyant, Han Yang demeura un instant figé, ne comprenant pas quel pouvait bien être le but de Xu Luozhao en l’amenant à découvrir cela. Il sortit le journal et lut la date imprimée sur la première page : 25 juillet 20xx.
— Ce journal datait d’il y avait cinq ans.
Pourquoi Helian Qing conservait-il un vieux journal comme celui-ci ? Han Yang ne comprenait pas.
Remettant la boîte de côté, il ouvrit le journal et parcourut le titre de l’article principal, écrit en lettres majuscules :
« Le prochain héritier du groupe Helian, Helian Qing, reçoit une invitation secrète pour assister à la 20ᵉ compétition indépendante de jeux en ligne pour les jeunes : qu’est-ce que cela pourrait signifier ? Le Helian Group s’apprêterait-il à entrer dans l’industrie du jeu en ligne ? »
Sous ce titre, près d’un tiers des sous-titres faisaient référence à Helian Qing.
Han Yang resta sans voix. … Est-ce que le narcissisme est la raison pour laquelle Qing Gége conserve les gros titres des journaux populaires dans une boîte ? Est-ce qu’il pourrait être encore plus narcissique qu’un tsundere ?
Bien qu’il sût parfaitement que cette hypothèse était ridicule, Han Yang ne put s’empêcher de sourire en y pensant. Il observa attentivement ce Helian Qing du passé. À vrai dire, il n’y avait pas énormément de différence entre le Helian Qing de cette photo et celui d’aujourd’hui. Son visage était beau, son expression demeurait indifférente, mais désormais, son allure semblait plus raffinée, plus mûre, plus… maîtrisée.
Cette photo éveilla soudain en Han Yang une vive curiosité : à quoi ressemblait Helian Qing, il y a des années ? Était-il déjà aussi froidement tsundere qu’aujourd’hui ?
Oui, il devait déjà être comme ça. Il est probablement né ainsi, pensa Han Yang, avant de reporter son attention sur le contenu de l’article.
Le journal d’il y a cinq ans parlait d’un concours de jeux en ligne auquel Helian Qing avait participé en tant qu’invité mystère. Ce fait avait alors attiré l’attention des médias. Beaucoup spéculaient sur le fait que sa participation signifiait un futur engagement du groupe Helian dans l’industrie du jeu vidéo.
Han Yang, cependant, demeurait sceptique face à ce genre d’interprétation. Vu la puissance du groupe Helian, s’ils avaient vraiment voulu se lancer dans ce domaine, il était peu probable qu’ils le fassent via une simple compétition de jeux pour adolescents.
Attends une minute ! Une pensée lui revint soudain. Han Yang se concentra à nouveau sur le titre de l’article, puis le relut, non pas une, mais deux fois.
Han Yang marqua une pause. 20xx... N’est-ce pas le concours auquel j’ai participé ?
À cette époque, c’était durant les vacances d’été. Il avait formé une équipe avec le fils de son professeur principal et tous deux avaient participé à un concours où ils remportèrent finalement le prix de consolation intitulé « Le plus créatif ».
Han Yang venait d’être admis dans un lycée de la ville. En raison de la situation de sa famille, le professeur principal s’occupait un peu plus de lui, d’autant plus que son propre fils était dans la même classe. Bien que les résultats scolaires de ce dernier fussent inégaux, il avait tendance à se concentrer avec sérieux sur certaines matières au détriment des autres. Une fois qu’ils se connurent mieux, Han Yang prit sur lui de l’aider à rattraper ses leçons lorsque celui-ci prenait du retard. C’était également grâce à ce garçon que Han Yang eut sa première occasion de manipuler un ordinateur.
Sa participation au concours avait d’ailleurs été purement accidentelle. Il ne maîtrisait pas encore les ordinateurs et ne put contribuer efficacement aux aspects techniques, mais son esprit ingénieux leur apporta de nombreuses idées et orientations nouvelles. En effet, le concept du produit final présenté fut entièrement imaginé par lui, tandis que le design spécifique fut conçu par le fils de l’enseignant et un autre membre de l’équipe. Jamais il n’aurait cru qu’ils remporteraient un prix.
Han Yang se souvint aussi de la photo qu’il conservait de tous les membres de l’équipe, désormais posée sur le bureau de sa chambre chez sa famille. Son grand-père avait l’habitude de sortir cette photo, de la contempler longuement et de répéter combien cet événement l’avait rendu heureux.
Mais pourquoi ce journal se trouve-t-il ici ? Han Yang poursuivit sa lecture. Sous l’article, ses yeux tombèrent sur une photo de lui, debout au premier rang, tout à gauche. Il paraissait réservé, vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon noir.
« … À l’intérieur se trouve la réponse que tu veux savoir. »
Les mots de Xu Luozhao résonnèrent à nouveau dans son esprit, et une pensée inconcevable prit lentement forme dans le cœur de Han Yang. Les lèvres légèrement entrouvertes, il n’osait croire ce qu’il venait de lire dans ce journal, considérant les suppositions qui germaient en lui comme de pures absurdités.
« … Comment quelque chose comme ça peut-il être possible ? » murmura-t-il.
Il plia soigneusement le journal, reprit la boîte et découvrit qu’elle contenait d’autres coupures de presse datant de la même période. Outre les journaux, plusieurs photographies s’y trouvaient — toutes le représentaient durant ce fameux concours.
Son cœur battait si fort qu’il semblait prêt à exploser. Il souleva précautionneusement les photos et, à sa grande horreur, sentit une chaleur brûlante émaner de chacun de ses doigts. C’était la même sensation qu’au moment où il avait lu l’article. À présent, cette boîte lui paraissait peser mille kilos. Il lui semblait qu’une main invisible avait bouleversé les flots de son cœur, y semant un chaos profond.
Han Yang croyait déjà bien s’entendre avec Helian Qing et pensait avoir peu à peu saisi la profondeur de l’affection que cet homme lui portait. Mais jamais il n’aurait imaginé n’en avoir aperçu que la pointe de l’iceberg.
« Han Yang. » La voix de Helian Qing retentit depuis le couloir, tirant brusquement Han Yang de ses pensées. Jetant un regard vers la porte, il rangea précipitamment journaux et photos dans la boîte, en referma le couvercle, la remit à sa place d’origine, puis dévala les escaliers à toute vitesse, sautant plusieurs marches à la fois alors qu’il se précipitait hors du bureau.
Helian Qing se tenait sur le seuil de la chambre, une serviette autour du cou, encore humide de l’eau qui dégoulinait de ses cheveux. Lorsqu’il vit Han Yang surgir du bureau, il lui dit : «Qu’est-ce que tu fais encore debout à une heure pareille ? Viens ici. »
La tête de Han Yang bourdonnait, encore envahie par toutes les images découvertes dans cette boîte. Lorsqu’il croisa le regard de Helian Qing, ses pas s’arrêtèrent net. Et, peu après, il fit quelque chose qui, même des années plus tard, le remplissait encore de honte.
Il s’avança rapidement vers Helian Qing, puis, une fois arrivé tout près de lui, se jeta littéralement dans ses bras. Oui, il se jeta sur lui, enroulant ses jambes autour de sa taille et ses bras autour de son cou dans un mouvement brusque et instinctif.
Helian Qing, surpris par cette attaque soudaine, recula de quelques pas sous l’impact avant de retrouver son équilibre. Il soutint Han Yang en plaçant ses deux mains sous ses cuisses.
Helian Qing poussa un petit sifflement : « Tss ! »
Le front du garçon avait cogné son visage. Il grimaça et demanda avec un air faussement désespéré : « Tu te jettes dans mes bras, ou bien tu essaies d’assassiner ton cher mari ? Je ne sais vraiment pas comment tu fais… »
Han Yang ne lui répondit pas. Il resserra simplement son étreinte et enfouit son visage dans le creux du cou de l’autre homme, murmurant doucement son nom à plusieurs reprises.
« Qu’est-ce qu’il t’arrive ? » demanda Helian Qing, remarquant son comportement étrange.
Han Yang renifla légèrement, sa voix rauque lorsqu’il demanda : « Pourquoi es-tu si bon avec moi ? »
« Pourquoi, hm ? » Helian Qing y réfléchit un instant, puis répondit : « C’est probablement parce que je suis quelqu’un de bien, non ? Je n’aime pas te voir pleurer, c’est trop laid. »
Merde, se dit Han Yang en son for intérieur. Évidemment… C’est parce que tu m’aimes. Tu m’aimes depuis si longtemps.
Mais Han Yang ne le dénonça pas. Puisque Helian Qing voulait le cacher, il décida de faire comme s’il n’avait rien découvert.
« Helian Qing... » Après l’avoir étreint un moment, Han Yang finit par parler.
« Hm ? » répondit Helian Qing.
« S’il te plaît, pose-moi », demanda Han Yang. La position dans laquelle ils se trouvaient était trop embarrassante. Il ne pouvait ignorer ce sentiment étrange après une action aussi inattendue.
« Te poser ? » Helian Qing haussa un sourcil. « Qui est celui qui s’est jeté sur moi comme une fusée, tout à l’heure ? »
Le visage de Han Yang s’empourpra à ces mots. Il fallait avouer qu’il s’était laissé submerger par l’émotion. Découvrir que la princesse Qing cachait un secret aussi lourd dans son cœur avait fait exploser en lui des sentiments qu’il croyait enfouis. Cela lui avait donné l’envie de faire quelque chose d’aussi embarrassant.
« Hm ? Où est passée toute l’endurance que tu avais tout à l’heure, hein ? » Helian Qing laissa traîner sa main sur les fesses de l’autre, avant de les pincer fermement. « Tu as peur ?»
Toutes les émotions bouillonnantes qu’il avait ressenties après avoir compris que la princesse Qing était secrètement amoureuse de lui ne s’étaient toujours pas dissipées. Et maintenant, à cause des taquineries de cet homme, l’esprit de Han Yang s’échauffa de nouveau. Il prit son visage entre ses mains et lui donna un baiser irréfléchi.
Helian Qing resta sans voix devant cette tentative maladroite — ce léchage de chien, censé être un baiser. Il porta alors Han Yang jusqu’au lit, le renversa doucement, puis changea de position pour se retrouver au-dessus de lui.
Ce qu’il avait découvert quelques instants plus tôt avait eu un tel impact sur Han Yang qu’il aspirait à se rapprocher encore davantage de Helian Qing — juste un peu plus. Il voulait se fondre dans cette personne, calmer les vagues tumultueuses de son âme.
Ce fut sans doute l’expérience la plus euphorique qu’ils aient jamais vécue. Leurs corps semblaient se lier, leur cœur — leur âme — battait à l’unisson, chacun désirant envelopper l’autre dans son propre être.
*
Le lendemain matin, Helian Qing était déjà parti lorsque Han Yang se réveilla. C’était le jour de la conférence sur le nouveau produit de son entreprise, et il était obligé d’y assister.
Le garçon serra dans ses bras l’oreiller encore imprégné de l’odeur d’Helian Qing, puis inspira profondément. Être entouré de ce parfum lui procurait un sentiment de confort extraordinaire.
Il se rallongea un instant sur le lit, traîna un peu, puis finit par se lever un peu après dix heures pour se laver. La conférence de presse d’Helian Qing devait être diffusée à onze heures.
Le petit-déjeuner qu’Helian Qing avait eu la délicatesse d’aller chercher était encore chaud dans la cuisine. Han Yang prit donc le lait chaud, les crêpes et les boulettes, et s’installa devant la télévision pour regarder la conférence.
L’événement n’avait pas encore commencé, alors il mangea en attendant. Lorsqu’il eut terminé son petit-déjeuner, l’heure était enfin venue : Helian Qing venait d’arriver sur le lieu de la conférence.
Han Yang remarqua qu’en dépit des circonstances, l’attitude de Helian Qing restait égale : ni froide, ni chaleureuse. Ses réponses aux questions des journalistes étaient brèves, parfois même réduites à quelques mots simples et directs.
Tout dans cette conférence semblait soigneusement orchestré à l’avance. Pourtant, un journaliste, réputé pour ses potins, crut bon de dévier du sujet. Alors que l’événement touchait à sa fin, il lança soudain : « Monsieur Helian, selon une source fiable, est-il vrai que vous vous êtes marié en secret ? »
À ces mots, l’agitation gagna immédiatement la salle. Les autres journalistes réagirent en écho, se pressant pour enchaîner.
Voyant cela, les membres du service des relations publiques du groupe Helian tentèrent aussitôt de détourner l’attention, mais Helian Qing leva la main pour les interrompre.
Et il répondit, de façon étonnante : « Puisque vous dites que votre source est fiable, pourquoi me poser la question ? »
Lorsque Helian Qing fit cette déclaration, son expression devint glaciale ; il avait l’air de dévisager un parfait imbécile.
« Monsieur Helian, puis-je vous demander s’il est vrai que vous vous êtes marié ? Ou s’agit-il encore d’une rumeur ? » poursuivit le journaliste.
Le doigt d’Helian Qing effleura la table. Toute la salle plongea dans un silence absolu jusqu’à ce qu’il prononce, quelques instants plus tard, un seul mot :
« Oui. »
Cette réponse provoqua une onde de choc sur la scène, aussitôt suivie d’un tumulte croissant, alors que les journalistes s’agitèrent et rivalisèrent de questions :
« Puis-je vous demander quand vous vous êtes inscrit ? Pourquoi n’avez-vous pas encore organisé votre cérémonie de mariage ? Et, puis-je également savoir quand vous envisagez de le faire ? Puis-je avoir l’audace de vous demander où se trouve votre épouse ? Il paraît que vous avez été aperçu avec une personne plus jeune au bureau des affaires civiles, est-ce exact ? »
Han Yang ne s’était absolument pas attendu à ce que Helian Qing confirme leur mariage au cours de la conférence de presse. Interdit, il resta figé devant l’écran, fixant cet homme qui déclara calmement : « Le moment exact où l’enregistrement a eu lieu relève de ma vie privée. Quant à la date de la cérémonie, j’aimerais également poser la question, puisque cette personne regarde la télévision en ce moment. »
Helian Qing leva légèrement le menton, comme s’il s’adressait directement à Han Yang à travers la caméra, et ajouta : « Quand vas-tu m’épouser ? »
Han Yang, qui faisait tournoyer ses baguettes entre les doigts, les laissa tomber sur la table, stupéfait, n’osant croire ce qu’il venait d’entendre à la télévision. Il vit ensuite Helian Qing se lever et quitter la conférence après avoir parlé, tandis que les journalistes, tentant de le suivre, furent immédiatement bloqués par les agents de sécurité.
… Était-ce une demande en mariage ?
Han Yang se couvrit le visage, abasourdi. C’était tout simplement… indescriptible. Que cet homme fasse sa proposition lors d’une conférence de presse dépassait l’entendement. Rien, absolument rien, chez cette personne, n’allait !
Qing Gege, est-ce ainsi que tu comptes briser les cœurs ?!
Han Yang pouvait déjà imaginer le titre des actualités du lendemain...
Traduction: Darkia1030
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