CM-Chapitre 14

 

Enfin de retour à l'appartement, Han Yang se pencha sur le pas de la porte pour enlever ses chaussures. Un clic résonna derrière lui lorsque la porte se referma, mais avant même qu’il ne puisse retirer correctement une seule chaussure, il fut soudainement pris dans l’étreinte de HeLian Qing, qui le saisit par derrière.

« Oh ! » s’écria-t-il sous l’effet de la surprise, perdant l’équilibre. Instinctivement, ses mains se cramponnèrent à ce qui se trouvait à portée, attrapant  le devant de la chemise  de HeLian Qing pour se stabiliser.

« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Han Yang en le regardant avec stupeur. « Pose-moi. »

« N’as-tu pas dit que nous le ferions à notre retour ? » répliqua HeLian Qing avant d’ajouter avec sérieux : « Je veux juste te satisfaire. »

Pris de court, Han Yang s’empressa d’expliquer : « C'était une boutade !  Tu ne devrais pas le prendre au sérieux, alors dépêche-toi et pose-moi ! » En parlant, il se tortilla pour tenter d’échapper aux bras de l’autre homme. Être porté comme une princesse par un homme était tout simplement trop embarrassant.

« Eh bien, c’est dommage, parce que je l’ai pris très au sérieux. » HeLian Qing, imperturbable, continua à marcher en le serrant contre lui. « Et satisfaire sa femme, c’est le devoir d’un mari. »

« Quoi ? » Le visage de Han Yang s’empourpra. « Arrête de dire n’importe quoi et pose-moi d’abord. »

Au lieu de cela, HeLian Qing choisit de réitérer le geste précédent. Il baissa la tête et scella les lèvres du garçon avec les siennes. Sous l’effet de ce baiser, Han Yang se figea dans ses bras, devenant aussi rigide qu’une statue.

Juste comme ça, tu deviens beaucoup plus obéissant. Puisque tu dis tant de bêtises, je pourrais utiliser cette méthode, pensa HeLian Qing.

Après l’avoir déposé sur le canapé du salon, HeLian Qing saisit l’occasion. Il posa une main sur la joue de Han Yang, tandis que l’autre venait en coupe effleurer le côté opposé de son visage avant de glisser lentement, ses doigts traçant une ligne sur sa peau.

Avec son dos fermement appuyé contre le canapé, Han Yang ressentit un picotement électrique sous la caresse lente de ses doigts, faisant frissonner les poils de sa peau.

Il entendait même les battements affolés de son propre cœur.

« He… HeLian Qing… » Sa bouche s’entrouvrit, sa voix chargée de stupeur.

« Mn ? » répondit l’homme, sa main s’arrêtant sur la clavicule du garçon, son pouce effleurant cette courbe gracieuse.

« Nous sommes… c’est trop rapide… » déclara Han Yang sans détour.

« Trop rapide ? As-tu oublié le genre de relation que nous avons ? » HeLian Qing baissa la tête, se rapprocha progressivement, enfouit son visage près de son oreille. Il en mordilla le lobe avant d'y promener sa langue avec une lenteur calculée.

Han Yang aspira une gorgée d’air glacé face à cette sensation troublante, avant de fermer les yeux, sentant un engourdissement gagner son oreille… non, en réalité, c’était tout son corps qui se paralysait.

Han Yang n’avait jamais été amoureux, en fait, il n’avait jamais aimé personne. Ce genre de contact intime avec quelqu’un d’autre, il ne l’avait jamais connu. Cela le rendait nerveux, gêné, mais surtout, cela éveillait en lui une curiosité profonde pour ces choses qu’il n’avait encore jamais vécues.

Deux pensées contradictoires s’entremêlaient en lui, le laissant incertain de ce qu’il désirait réellement. Tout ce qu’il put faire fut de rester collé au canapé, les bras appuyés contre le dossier, se tenant à côté de HeLian Qing, la main inconsciemment serrée en un poing.

Percevant son anxiété, HeLian Qing relâcha le lobe rougi de son oreille, et sa voix s’adoucit lorsqu’il lui dit : « Détends-toi un peu. »

Avec douceur, sa main toujours posée sur la joue de Han Yang tourna son visage vers lui, puis il l’embrassa de nouveau.

Cette fois, le baiser, comparé au tout premier et à celui d’il y avait à peine un instant, se fit encore plus tendre.

À l’aide de sa langue, HeLian Qing écarta la mâchoire de Han Yang, puis s’insinua pour accrocher sa langue, l’enchevêtrant à la sienne.

Ses gestes étaient d’une douceur extrême. Une tendresse qui donnait à Han Yang l’impression d’être chéri. Une tendresse telle qu’il en avait la tête vide, incapable de faire autre chose que de suivre passivement les mouvements de l’homme.

« Veux-tu te noyer ? Respire. » souffla HeLian Qing avant de mordiller doucement la lèvre inférieure du garçon pour le lui rappeler.

Trop nerveux, Han Yang avait effectivement oublié de respirer, et réagit en inhalant une grande bouffée d’air.

Avec un sourire narquois, HeLian Qing caressa la peau de son cou de la main qui y reposait, tandis que l’autre main glissa vers l’ourlet de sa chemise, s’y faufilant.

Lorsque sa paume entra en contact avec la taille de Han Yang, ce dernier sursauta, mais ne le repoussa pas.

En réalité, Han Yang s’était préparé mentalement à cela dès le départ. Comme l’avait dit HeLian Qing, ils étaient maintenant liés légalement, et quoi qu’ils fassent, tout était parfaitement normal.

De toute façon, certaines choses étaient inévitables. La seule différence résidait dans le moment, et rien d’autre.

Cependant, il ne s’attendait vraiment pas à ce que HeLian Qing s’arrête.

Allongé sur le canapé, les yeux encore légèrement troubles, Han Yang sentait ses lèvres et son cou marqués de rouge, des picotements résiduels prouvant ce qui venait de se passer. Il tourna la tête pour voir HeLian Qing assis à côté de lui, en train de desserrer ses propres poings. « Tu… »

HeLian Qing se retourna vers lui : « Mn ? »

Tu ne vas pas continuer ? C’était ce que Han Yang voulait réellement demander, mais il n’osa pas formuler les mots à voix haute, même si son expression parlait d’elle-même.

La main de HeLian Qing s’arrêta soudain, et il lança avec un sarcasme bien à lui : « Je ne suis pas assez désespéré pour manger du poisson salé. » (NT : idiome chinois signifiant ne suis pas être désespéré au point de s'intéresser à quelque chose ou quelqu’un de totalement inintéressant ou repoussant.)

Han Yang, « … » Qui est un poisson salé, hein !!!

Se redressant, HeLian Qing retroussa ses manches et lança : « Je vais prendre une douche et ensuite aller me coucher », avant de disparaître dans sa chambre.

...... Tu es le poisson salé, marmonna Han Yang après son départ, incapable de retenir un sourire.

Depuis le début, il ne s’attendait pas vraiment à ce que HeLian Qing s’arrête, mais maintenant qu’il y pensait… ce n’était peut-être pas si inattendu.

Car même si le discours d’HeLian Qing avait été assez dur, dès le début, il lui avait laissé le temps de s’adapter. En réalité, depuis le premier jour, HeLian Qing y avait consenti. Cela incluait la situation de tout à l’heure, lorsqu’il ne l’avait pas forcé.

« Combien de temps vas-tu rester assis là ? » La voix de HeLian Qing résonna derrière lui.

Tournant la tête, Han Yang aperçut que HeLian Qing avait déjà terminé sa douche. Il s’appuyait à présent contre le cadre de la porte de la chambre, le regard fixé sur lui. Se relevant aussitôt, Han Yang se mit à chercher des vêtements pour après sa douche. Mais alors qu’il passait devant HeLian Qing, celui-ci l’arrêta soudainement.

« Quoi ? » demanda Han Yang.

« Aide-moi d’abord à sécher mes cheveux. » HeLian Qing l’entraîna à l’intérieur. Il s’assit ensuite sur une chaise à côté d’une table sur laquelle reposait un sèche-cheveux.

Han Yang brancha l’appareil, passa ses doigts dans les cheveux de l’homme, et sentit bientôt l’air chaud souffler sur ses mains, répandant une bouffée de chaleur. Il remarqua aussi que, bien que les cheveux d’HeLian Qing fussent un peu raides, leur texture était étonnamment agréable au toucher.

Comme les cheveux de l’homme n’étaient pas très longs, ils séchèrent rapidement. Lorsque vint le moment d’éteindre le sèche-cheveux, Han Yang se sentit presque réticent à le faire. Après tout, c’était la première fois qu’il aidait quelqu’un d’autre à sécher ses cheveux. Cette sensation lui parut phénoménale, surtout lorsque les mèches glissèrent contre sa paume, pareilles à une plume chatouillant l’intérieur de sa main.

De plus, HeLian Qing portait habituellement ses cheveux lissés en arrière, ce qui lui conférait un air froid, dur, et difficile d’approche. Mais, une fois secs, chaque mèche retomba docilement, adoucissant son regard, le rendant plus tendre, presque plus jeune.

Malgré son allure glaciale d’ordinaire, tel qu’il apparaissait maintenant, Han Yang ne put s’empêcher d’admettre qu’HeLian Qing était un homme terriblement attirant.

S’il l’avait rencontré dans un autre contexte que celui d’une dette, peut-être l’aurait-il trouvé séduisant dès le départ.

Face à de telles pensées, il ne put réprimer un certain enthousiasme en pensant aux nombreuses années à venir.

Lorsqu’il sentit le sèche-cheveux lui être retiré des mains, Han Yang leva les yeux et vit qu’HeLian Qing s’était déjà levé et rangeait maintenant l’appareil.

« Va prendre une douche. »

« Oh, d’accord. » répondit Han Yang avant de saisir ses vêtements et se diriger vers la salle de bain.

Une fois sa douche terminée, Han Yang revint et trouva HeLian Qing penché en arrière sur la chaise, lisant un magazine. En le voyant revenir, l’homme posa sa lecture et lui fit signe d’approcher.

« Viens ici. »

Han Yang s’approcha de lui, et l’autre le tira doucement pour le faire asseoir sur ses genoux. Il s’agita un peu, mais HeLian Qing passa un bras autour de sa taille et l’avertit : « Ne bouge pas, à moins que tu ne veuilles attiser le feu. »

Lorsque tu forces quelqu’un à s’asseoir sur tes genoux, c’est toi qui attises le feu, évidemment, pleura Han Yang dans son cœur, mais il se tint tranquille.

HeLian Qing entortilla quelques mèches de cheveux de Han Yang entre ses doigts, saisit le sèche-cheveux, l’alluma, et commença à l’aider à sécher ses cheveux.

À part chez le coiffeur, c’était la première fois que Han Yang laissait quelqu’un d’autre le faire. Habituellement, il utilisait simplement une serviette.

Il baissa légèrement la tête, sentant les doigts d’HeLian Qing glisser dans ses cheveux. Ses gestes n’étaient pas très habiles, mais ils avaient une étonnante fluidité.

Peut-être que cet homme, qui paraît difficile d’approche, a en réalité un cœur vraiment bon, pensa Han Yang.

Après avoir séché les cheveux du garçon, HeLian Qing lui donna une petite tape pour l’avertir qu’il pouvait se lever, ce qu’il fit, pendant que l’autre rangeait le sèche-cheveux.

Observant le dos de l’homme, Han Yang l’appela : « HeLian Qing. »

L’homme se retourna, « ? »

« Ess… » Han Yang inspira profondément, jeta toutes ses hésitations au vent et déclara : «Essayons. »

Après avoir prononcé cette première phrase, la suite lui parut bien plus facile à dire. Il poursuivit : « Quand j’étais sous la douche, j’ai pensé à notre situation pendant un moment. Je… je n’ai jamais été amoureux, pas comme ça. Je ne sais pas comment on fait, mais je suis prêt à essayer. Si tu es prêt aussi… on peut apprendre à s’entendre, non ? »

En disant cela, Han Yang regarda HeLian Qing droit dans les yeux. Pourtant, ses oreilles étaient déjà rouges jusqu’à la pointe.

Pendant sa douche, il avait longuement réfléchi. Toutes ses interactions avec l’homme, ces derniers jours, lui étaient revenues en mémoire, jusqu’à la scène où HeLian Qing veillait sur lui, malade, à l’hôpital.

Il devait l’avouer, il lui devenait difficile de résister à l’apparence de cet homme.

Han Yang n’était pas quelqu’un d’indécis. Pour certaines choses, il évitait de tergiverser et agissait vite. Pour d’autres, il affrontait la situation de front, n’hésitant pas à faire le premier pas.

Ainsi, il avait choisi de dire cela à HeLian Qing. Et maintenant que les mots étaient sortis, il se rendait compte que ce n’était pas si difficile.

« Tu m’as entendu ? » demanda Han Yang, voyant que l’autre homme le regardait sans dire un mot.

Celui-ci, visiblement choqué, avait bien entendu. Il ne s’attendait tout simplement pas à de telles paroles, soudaines.

Depuis qu’il avait choisi cette manière plutôt autoritaire de l’attacher à lui, HeLian Qing s’était préparé à une longue guerre d’usure. Il n’aurait jamais cru que ce jour viendrait où Han Yang dirait : Essayons.

Même un instant plus tôt, le garçon semblait encore distant. Et là, subitement, il devenait si tendre que cela le prit au dépourvu.

Tout cela n’était que...

« Tu veux qu’on soit amis ? » demanda HeLian Qing.

Han Yang, « … »

À cet instant précis, Han Yang voulut remonter le temps et revenir sur ses mots, surtout avec un homme aussi obtus.

Tu agis comme si je ne m’étais pas exprimé clairement. En roulant des yeux, Han Yang décida de remettre le sujet à plus tard.

« Tu sais ce qu’ils disent à propos de l’eau renversée ? » (NT : idiome chinois : ‘L'eau renversée est difficile à récupérer.’ C’est à dire, ce qui est dit ou fait ne peut être annulé.) HeLian Qing s’approcha de lui, se plaça juste devant, et leurs regards se croisèrent.

Il y avait plus de cinq pouces de différence entre eux, si bien que lorsque HeLian Qing baissa la tête, il aperçut le tourbillon de cheveux au sommet de celle de Han Yang. Il leva ensuite la main pour caresser les mèches du jeune homme, si douces qu’il ne parvint pas à les lâcher, tout comme il ne pouvait se détacher du cœur de Han Yang.

Il l’a finalement dit, pensa HeLian Qing.

« Han Yang. » Son ton fut doux, et la clarté de sa voix suffisait à emplir le cœur de quiconque d’une infinie tendresse.

Han Yang leva les yeux vers l’homme tandis que celui-ci poursuivait : « Si tu veux… alors pourquoi ne pas commencer par tomber amoureux, d’accord ? »

S’étant préparé à entendre la sécheresse habituelle du ton de HeLian Qing, il ne s’attendait pas à une telle phrase. Cette douceur-là, pour lui, était inconcevable.

Il releva encore le visage, regardant HeLian Qing dont la main reposait sur son épaule et dont la tête s’était inclinée vers lui.

Il n’émanait de lui ni exigence, ni contrainte. L’homme effleura simplement ses lèvres des siennes. Ce contact fit naître une nouvelle chaleur, irrésistible, et ce geste chaste réchauffa encore une fois son cœur.

Son cœur cogna en bondissant, provoquant un battement étrange mais joyeux, à la fois intense et chargé de nervosité. C’était un sentiment semblable à celui d’une petite fleur s’épanouissant, et HeLian Qing en était les rayons de soleil qui venaient l’illuminer.

Han Yang tendit alors, de son plein gré, les bras pour enlacer le dos de HeLian Qing, enfouissant son visage dans le creux de son cou.

C’est vraiment mignon, pensa-t-il.

Lorsqu’ils allèrent se coucher, Han Yang appela doucement : « HeLian Qing. »

HeLian Qing répondit : « Mn ? »

Mais Han Yang ne répondit pas immédiatement, si bien que HeLian Qing demanda : « Que se passe-t-il maintenant ? »

Se retournant, profitant de l’obscurité, Han Yang déposa un baiser sur le menton de l’homme avant de lui tourner le dos. Puis il murmura : « Bonne nuit. »

HeLian Qing, « …... »

Cette nuit-là, tandis que Han Yang dormait paisiblement, HeLian Qing, lui, souffrit d’insomnie.

Il contempla longuement le principal coupable qui dormait tranquillement, roula des yeux, puis jura : « Espèce de petit coquin. »

 

Traduction: Darkia1030