Être embrassé ainsi, à l’improviste, troubla profondément tout l’être de Han Yang ; sa seule réaction fut d’écarquiller les yeux et de rester bouche bée, pétrifié par la proximité entre lui et HeLian Qing.
HeLian Qing posa chastement ses lèvres sur celles du jeune homme, sans insister davantage, les maintenant simplement contre les siennes. Pourtant, ce simple contact fit résonner un bruit sourd dans le cœur du garçon et bouleversa entièrement son esprit.
C’était pour lui une forme d’intimité inédite ; il eut la sensation qu’une main invisible s’étendait vers l’intérieur, déchirait sa carapace protectrice pour aller remuer son cœur.
L’homme effleura doucement les lèvres de Han Yang avant de se retirer, puis lança le petit livre dans les mains ouvertes du garçon. Observant ce dernier, HeLian Qing remarqua qu’il restait figé dans son état second et déclara : « Comme je l’ai dit, mon sceau. »
PAN —
Ces mots agirent comme un interrupteur, ramenant Han Yang à lui ; son visage s’empourpra vivement. Réalisant qu’il se trouvait toujours face à face avec cet homme, il détourna rapidement la tête vers la fenêtre donnant sur l’extérieur.
« Petite souris », plaisanta HeLian Qing.
Dans cette fraction de seconde, Han Yang, poussé par une bouffée de courage — peut-être née de la rage qui montait profondément en lui — tourna brusquement la tête vers HeLian Qing et pinça les lèvres, le regard assombri par un froncement de sourcils.
HeLian Qing, surpris par la réaction du jeune homme, demanda : « Pourquoi ne dis-tu rien ? Es-tu toujours en colère… ? »
Des lèvres douces effleurèrent alors les siennes. HeLian Qing ne réagit pas immédiatement, même lorsque Han Yang se retira pour reprendre sa posture initiale et fixer de nouveau le paysage par la fenêtre de la voiture. Dans cette position, HeLian Qing ne distinguait pas clairement l’expression du garçon ; il ne vit que son cou pâle devenu presque rouge sang, comme taché, tant il avait rougi.
Han Yang l’avait embrassé ? Il l’avait embrassé de son plein gré ?!
Lorsque cette réalisation le frappa enfin, une décharge électrique parcourut brusquement HeLian Qing, de ses oreilles jusqu’à son cœur, le laissant dans un état de satiété totale. Ses lèvres picotaient encore d’une légère douleur à l’endroit où Han Yang l’avait heurté. Il fixait à présent intensément les oreilles rougies du garçon, au point d’en imaginer la douceur, totalement incapable de retenir sa main, qui se tendit pour les toucher. Mais au moment où son bras se leva, un klaxon retentissant l’interrompit.
Le feu était passé au vert.
« … Merde, il s’avère que tu es plutôt un tigre, hein ? » En fin de compte, seul HeLian Qing pouvait prononcer de tels mots avec autant d’assurance.
Encore troublé par les gestes de l’homme quelques instants plus tôt, le cerveau de Han Yang semblait en ébullition ; après ce qu’il venait lui-même de faire, il se sentait tout bonnement stupide. Son cœur était devenu un petit volcan prêt à entrer en éruption, son magma bouillonnant, menaçant de le submerger.
Il avait embrassé HeLian Qing.
Il avait embrassé HeLian Qing de son plein gré.
Oh mon Dieu ! Il avait vraiment choisi d’embrasser HeLian Qing !!
Le cœur du garçon fut inondé par son propre acte ! Le baiser de HeLian Qing, puis celui qu’il avait initié lui-même, s’étaient produits sans qu’il ne ressente la moindre trace de dégoût. À cet instant, la seule chose qu’il ressentait, c’était que ses lèvres brûlaient, comme si elles s’étaient enflammées au contact de l’autre.
Par la suite, aucun des deux hommes ne prononça un mot pendant tout le trajet jusqu’au manoir de la famille HeLian.
Sachant que c’était le jour où les deux allaient enregistrer leur mariage, Mo Suya avait demandé au chef de préparer plusieurs plats. Consciente aussi des récents troubles gastriques de Han Yang, elle insista particulièrement pour que le chef prépare du porridge, afin d’aider à la récupération de son estomac.
« Ah-Yang, tu ne manges pas assez. Cela ne fait que quelques jours que je ne t’ai pas vu, et chaque partie de toi semble plus maigre », le réprimanda Mo Suya. « Je ne savais pas que c’était ainsi qu’Ah-Qing prenait soin des autres. »
Han Yang intervint courageusement : « Ce n’est pas sa faute, j’ai juste mangé quelque chose de mauvais. »
« Oh, vous venez à peine de vous inscrire et tu le défends déjà, hein ? » dit Mo Suya avec un sourire.
« … » Han Yang ferma calmement la bouche en guise de réponse.
À côté de lui, HeLian se montra ravi et présenta à Han Yang un rouleau enveloppé de feuilles vertes : « Ta récompense. »
Han Yang resta silencieux : ...... Maître HeLian, même tes récompenses sont uniques.
Mo Suya, de son côté, songea : ... Comment ai-je pu donner naissance à un fils aussi stupide.
« Puisque votre certificat a été délivré, il ne nous reste plus qu’à choisir une date pour votre cérémonie de mariage, n’est-ce pas ? » commença Mo Suya.
« Se marier est une affaire importante, il ne faut pas le faire à la légère », ajouta Lao Yezi.
« Demandez-lui », dit alors HeLian Qing.
« Ce n’est pas nécessaire, ça va… » intervint Han Yang. Moi, prévoir une cérémonie de mariage ?... Ce genre de scène magnifique, c’est trop incroyable.
« Eh bien, c’est surtout à propos de vous deux, donc c’est parfaitement bien si vous ne voulez pas le faire. Mais, les deux familles auront besoin de se réunir pour un repas », déclara Mo Suya.
La famille de Han Yang ne comptait qu’une seule autre personne, son grand-père, qu’il n’avait pas encore informé de sa situation avec HeLian Qing, et cette idée l’angoissait. Il craignait que cette nouvelle ne bouleverse profondément le vieil homme.
« Il est un peu tard maintenant », dit HeLian Qing. « Je trouverai un meilleur moment pour en discuter plus tard. »
Relevant la tête pour regarder l’homme, Han Yang fut profondément ému.
« C’est bien, tant qu’Ah-Yang ne s’en soucie pas », répondit Mo Suya.
« Cela ne me dérange pas », répondit Han Yang sans hésitation, car il souhaitait sincèrement avoir davantage de temps pour expliquer les choses à son grand-père.
« Laisse-les arranger ça eux-mêmes, c’est bon », commenta HeLian Cheng.
« Alors, je pense que nous allons dîner maintenant », annonça Mo Suya.
Durant ce repas, bien que le lieu et les personnes fussent identiques à la fois précédente, l’humeur de Han Yang avait changé. Il trouvait que Mo Suya incarnait véritablement une mère généreuse et tendre : ses yeux souriaient sans cesse et ses paroles, toujours douces et affectueuses, inspiraient à ceux qui l'entouraient un sentiment de familiarité et de confort.
Il y avait ensuite HeLian Cheng, peu bavard, mais dont l’attitude, concernant sa relation avec HeLian Qing, bien que discrète, avait suffi à le mettre à l’aise. Il ressentait une forme de compréhension tacite entre eux.
Et puis, il y avait Lao Yezi, qui, dès le début, s’était montré plus que satisfait de cette union entre lui et HeLian Qing.
Après le dîner, alors qu’ils s’apprêtaient à partir, Mo Suya attira Han Yang un peu à l’écart pour lui dire : « Tu sais, Ah-Qing est un peu lunatique, mais ses intentions sont toujours sincères. En toutes ces années, je ne l’ai jamais vu faire des efforts pour trouver quelqu’un. Donc, s’il a insisté pour t’épouser, c’est qu’il doit avoir ses raisons. De plus, pour que deux personnes s’entendent, cela prend du temps. Son tempérament chaud te causera sûrement des ennuis, tu devras donc peut-être être encore plus indulgent avec lui. »
« Tu n’as pas à l’expliquer », répondit poliment Han Yang, immédiatement. « Il me traite vraiment très bien et prend aussi bien soin de moi. »
« C’est super, alors. » Mo Suya rayonna, tendant la main pour tapoter doucement la tête du garçon avant d’ajouter : « Tu es un bon garçon, mais souviens-toi : si tu as des problèmes ou quoi que ce soit d’autre, dis-le-moi et je t’aiderai à les résoudre, d’accord ? »
Le sourire de Mo Suya était exceptionnellement tendre, et ses yeux brillaient de cet amour pur destiné à un fils de la famille. Cela fit battre le cœur de Han Yang avec une profonde émotion. Il n’avait jamais ressenti ce genre d’affection de la part de ses propres parents, et cette douceur inattendue lui fit monter les larmes aux yeux alors qu’il hochait la tête.
Sur le chemin du retour, Han Yang repensa à ce que Mo Suya lui avait dit. En fin de compte, elle et lui semblaient penser de la même façon. Dès le début, il avait supposé que la raison pour laquelle l’homme avait signé ce contrat ne relevait pas uniquement d’une dette à rembourser. Avec le passé d’HeLian Qing, il aurait pu avoir n’importe quel partenaire de mariage ; alors, pourquoi s’abaisser à choisir un étudiant venant d’un village de montagne ?
Bien qu’il sût qu’il était au-dessus de la moyenne comparé à d’autres étudiants, Han Yang n’était pas assez prétentieux pour croire qu’il aurait pu séduire quelqu’un comme HeLian Qing, comme ça.
Alors, en ce qui concernait toute cette affaire, il restait confus et curieux.
« Tu devrais voir ton reflet dans le miroir », commenta soudain HeLian Qing, interrompant les pensées du garçon.
« Quoi ? » demanda Han Yang.
« Le feu dans tes yeux me brûle », ajouta HeLian Qing.
...... Han Yang, en réponse, se contenta de fixer HeLian Qing, incapable d’échapper à cet embarras désormais trop familier, avant de répliquer : « Quelle absurdité dis-tu maintenant, hein ! »
HeLian Qing changea aussitôt de sujet. « Qu’est-ce que ma mère t’a dit sur moi ? »
« Pourquoi veux-tu savoir ? » demanda Han Yang, surpris.
« Quand vous bavardiez, tu m’as regardé trois ou quatre fois et tu agissais comme si j’étais condamné », répondit HeLian Qing.
« Comment sais-tu que je t’ai regardé ? » s’écria Han Yang, un peu précipitamment, avant d’ajouter : « Alors, se pourrait-il que tu me regardais depuis le début... ? »
Cette remarque ne fit qu’étourdir les deux hommes dans un court instant de sidération. HeLian Qing fut le premier à se ressaisir : « Quoi... te flattes-tu à imaginer que ton amour est réciproque ? »
Le garçon ne put réagir à ces mots que timidement. Cependant, il semblait de nouveau plus ou moins percé à jour, ce qui raviva son ressentiment envers HeLian Qing. Mais bientôt, ces braises d’embarras se muèrent en un sourire indulgent. Tout cela parce que cet homme, à la différence des premières impressions de Han Yang, se révélait en réalité plutôt facile à vivre.
« Ah-Yi (NT : terme poli pour ‘tante’, femme d’âge moyen sans parenté) m’a juste dit que nous devrions essayer de nous entendre », finit-il par répondre.
« Tu n’as pas à t’en soucier », déclara HeLian Qing.
« Ah-Yi a aussi dit que nous devrions être bons », ajouta Han Yang.
« Alors tu te comporteras un peu plus correctement. » HeLian Qing le fixa intensément.
......
Évidemment, c’est toi qui, depuis le début, as utilisé ta langue venimeuse contre moi.
Han Yang se sentit ridiculisé, jusqu’à ce qu’il se souvienne à nouveau des paroles de Mo Suya. Il ajouta doucement : « Ah-Yi se soucie beaucoup de toi. »
« ... Tu parles trop », se plaignit HeLian Qing.
Han Yang éclata d’un rire léger, sans rien dire de plus. Mais, sans avertissement, une pensée douloureuse le traversa soudain : ses parents, ceux-là mêmes qui l’avaient utilisé comme règlement de leur dette. Peut-être n’avaient-ils jamais eu ne serait-ce qu’un soupçon de considération pour lui.
À cet instant, HeLian Qing arrêta brusquement la voiture au bord de la route. Il tendit ensuite la main pour saisir le menton de Han Yang et tourna doucement son visage vers le sien : « Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi as-tu l’air de vouloir pleurer ? »
« Je vais bien », réfuta Han Yang.
« Tsk. » HeLian Qing ricana, son ton devenant plus désinvolte. « Je devrais vraiment te faire voir l’expression que tu as en ce moment. »
« Quelle expression ? » Han Yang tendit la main pour repousser celle de l’homme, mais à peine eut-il bougé que celui-ci l’écarta.
HeLian Qing rapprocha alors son visage du sien, jusqu’à ce que moins d’un pouce ne les sépare. Il fit claquer sa langue, puis déclara : « C’est une expression du genre “Mari, dépêche-toi et réconforte-moi, prends soin de moi”, et franchement, je n’en peux plus. »
Le visage de Han Yang rougit aussitôt. « Quelles bêtises dis-tu ?! Dépêche-toi de me lâcher…»
HeLian Qing combla d’un geste le dernier espace entre eux, puis appuya ses lèvres contre celles de Han Yang. Ses doigts, toujours accrochés au menton du garçon, le pincèrent légèrement, forçant Han Yang à détendre sa mâchoire sous l’effet de cette soudaine pression. Il profita de cette ouverture pour y glisser sa langue, qui vint aussitôt rencontrer la pointe chaude et glissante de celle de Han Yang.
Han Yang en oublia même de se débattre, laissant son partenaire jouer de sa bouche, le provoquer, le submerger. Cette langue agile semblait vouloir envahir sa cavité buccale comme un orage soulève les mers, léchant et caressant la douce muqueuse avec frénésie. Mais ce n’était toujours pas suffisant. HeLian Qing accrocha alors sa langue, l’enlaça, la suça, enlaçant leurs souffles.
Han Yang sentit son cœur rater un battement. Figé, il s’appuya contre le dossier de son siège, n’osant plus faire le moindre geste.
Après avoir saturé leurs lèvres de ce baiser, HeLian Qing se retira lentement de la bouche de Han Yang, puis relâcha les doigts qui maintenaient son visage. Mais, avant de s’éloigner, il utilisa son pouce pour essuyer l’humidité qui s’était accumulée entre les lèvres encore tremblantes du garçon. Voyant l’expression “mon âme s’est enfuie” sur le visage toujours étourdi de Han Yang, il ne put s’empêcher de froncer les sourcils et lui donna un coup de coude.
« Réveille-toi et arrête de donner l’impression que tu es déjà monté au paradis. »
L’esprit de Han Yang revint brutalement à lui. Il leva aussitôt la main pour couvrir sa bouche, ses yeux fixés avec horreur sur HeLian Qing.
« On dirait que j’ai mangé ta langue », commenta ce dernier.
Ces mots ne firent que rappeler à Han Yang ce qui venait de se produire, la sensation de cette langue étrangère et insistante, taquinant la sienne dans un ballet brûlant. Son cerveau se mit à bourdonner avant de littéralement exploser.
« T-tu… ne peux pas… être un peu plus décent ? » bégaya-t-il, le visage cramoisi.
« Embrasser ma femme n’est pas décent ? » demanda HeLian Qing, un sourcil levé.
... Se souvenant qu’ils venaient de recevoir leur certificat de mariage cet après-midi même, Han Yang ne put qu’invoquer une excuse : « Faire ce genre de choses à l’extérieur n’est pas approprié. »
« Oh », réfléchit HeLian Qing, « tu veux dire que nous allons rentrer à la maison et continuer cela, n’est-ce pas ? »
« Non ! »
« Je t’ai entendu. » HeLian Qing le fixa du regard, puis démarra la voiture.
Han Yang se couvrit aussitôt le visage et se laissa tomber contre le dossier de son siège, n’éprouvant plus aucun goût pour la vie, complètement désespéré.
« D’accord », ajouta soudain HeLian Qing.
Ce simple mot poussa Han Yang à abaisser ses mains et à se tourner vers lui, seulement pour l’entendre déclarer : « Tu n’as pas à t’en soucier, tu n’as aucune raison de le faire. »
Han Yang observa le profil de l’homme. Son attitude restait, comme toujours, nonchalante, mais à présent, il sentait que HeLian Qing comprenait parfaitement ce qu’il avait en tête et qu’il utilisait cette manière détournée pour tenter de le réconforter.
Une fraction de seconde suffit à Han Yang pour sentir son cœur se serrer à nouveau, le poussant à entrouvrir les lèvres et à dire : « HeLian Qing… »
L’homme l’interrompit aussitôt : « Si tu as autant de temps libre, autant le passer à penser à ton mari. »
« ...... »
Les mains de Han Yang revinrent aussitôt couvrir son visage, alors qu’il gardait simplement la bouche close.
Traduction: Darkia1030
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