Chenghua -Chapitre 103 - Se marier

 

Arc 8 : Dans le Palais de l'Est

 

Tang Fan ne parla pas de ces détails à Tang Yu, préférant faire comme si rien ne s'était passé. Il pensait que si la famille He avait un minimum de bon sens, après avoir essuyé un refus, ils n’oseraient plus revenir les déranger. Malheureusement, il s'était trompé. Peu de temps après son retour à la capitale, He Lin se présenta de nouveau à leur porte.

Cette fois-ci, il n’était pas seul : le vieux patriarche He l’accompagnait.

Tang Fan ne fit même pas appeler Tang Yu et les reçut lui-même.

Après qu’ils se soient installés, Tang Fan sourit et dit : « J’ai entendu dire que le troisième fils des He a réussi l’examen impérial. Je n’ai pas encore eu l’occasion de féliciter l’oncle. Deux lauréats dans une même famille, c’est vraiment enviable. »

Ce commentaire, dit sans arrière-pensée, toucha un point sensible. Le visage de He Lin se renfrogna immédiatement.

Mais maintenant que Tang Yu et He Cheng n'étaient plus sous le toit des He, Tang Fan n’avait plus à se préoccuper des sentiments de He Lin.

Le vieux patriarche He sourit et répondit : « Même avec leurs deux réussites combinées, ils n’arrivent pas à la cheville de ta brillante réussite au palais. Tu as réussi l’examen si jeune et maintenant, tu es déjà un fonctionnaire de quatrième rang. Ton défunt père doit sûrement être fier de toi. »

Tang Fan secoua la tête. « Vous me flattez, oncle. Un poste de quatrième rang n’est pas si élevé. Si d’autres peuvent trouver cela impressionnant, moi, je trouve cela plutôt embarrassant. Mais laissons cela de côté. Vous ne résidez pas à Xianghe, n'est-ce pas ? Quelle est la raison de votre visite à la capitale ? »

Il fit semblant d’ignorer le projet de la famille He de déménager à la capitale et n’en fit aucune mention.

Le vieux patriarche He ne chercha pas à cacher la vérité. Il expliqua brièvement les conséquences des troubles qui avaient affecté la famille Wei, ainsi que la prochaine prise de fonction de He Xuan au ministère de la Justice. À la fin, il soupira et dit : « Runqing, la famille He vous doit des excuses à toi et à ma deuxième belle-fille. Nous avons accueilli une personne si aimable dans notre foyer, et nous avons pourtant abouti à cette situation malheureuse. Cette fois-ci, je viens sans autre demande que celle de permettre à mon deuxième fils de rencontrer sa femme. Après tout, ils sont mari et femme, et continuer à se disputer ne fera de bien à aucun d’eux. Les familles He et Tang sont liées par le mariage. Il serait regrettable que, vivant tous dans la même ville, nous ne nous parlions plus. N’est-ce pas ? »

Le vieux patriarche savait bien manier les mots, et Tang Fan remarqua qu’il adoptait une attitude encore plus humble que lors de leur précédente rencontre à Xianghe. Il supposait que He Xuan avait raconté à sa famille ce qu’il avait découvert sur les relations influentes de Tang Fan à la capitale.

La famille He était venue cette fois-ci pour apaiser les tensions, et non pour aggraver les conflits.

Tang Fan n’avait aucun grief contre le vieux patriarche He, mais il ne pouvait pas supporter He Lin.

En voyant comment Tang Yu avait su s’établir après leur séparation, avec sa boutique de cosmétiques prospère sous le nom de « Tang », il ne pouvait s'empêcher de penser que Tang Yu avait été profondément sous-estimée en se mariant avec He Lin.

On ne comprenait pas vraiment comment Tang Yu y parvenait, mais, en résumé, de nombreuses familles fortunées étaient ravies de faire des achats auprès de « Dame Tang ». Pour atteindre divers segments de marché, Tang Yu semblait envisager la création d'une nouvelle division : l'une se consacrerait aux femmes de milieu modeste avec des cosmétiques accessibles aux personnes ordinaires, tandis que l'autre serait axée sur les produits de luxe.

Tang Fan sourit doucement et répondit lentement : « Vous avez raison, oncle. Mais cette décision ne me revient pas. C’est à ma sœur de décider. Permettez-moi également de vous parler franchement : maintenant que votre troisième fils est devenu lauréat de l’examen impérial, quan mon, beau-frère compte-t-il, réussir le sien ? »

Frapper là où ça fait mal sans toucher l’autre, voilà ce qu’il fit, et le visage de He Lin vira immédiatement au rouge avant qu’il ne se lève brusquement : « Tu vas trop loin ! »

Tang Fan haussa un sourcil. « En quoi ai-je été trop loin ? Ai-je dit quelque chose d'inexact ? Beau-frère, tu n’es plus tout jeune. Si tu n’as pas réussi l’examen, c’est une chose, mais comptes-tu vivre aux crochets de la famille He toute ta vie ? N’as-tu aucun projet pour l’avenir ? Pour être franc, le vieux patriarche ne pourra pas s’occuper de toi éternellement. Que vas-tu faire ensuite ? Vivre avec ton frère ou compter sur son soutien ? Même si cela ne te dérange pas, notre famille Tang ne pourrait tolérer cela. Notre défunt père nous a toujours enseigné que la pauvreté est acceptable, mais pas le manque d’ambition. Tu veux récupérer ma sœur ? Alors réponds d’abord à mes questions. »

Il était difficile de rivaliser avec Monsieur Tang dans un duel verbal, et il l'emportait presque toujours. Pourtant, la plupart du temps, il reste bienveillant et conciliant, même face aux railleries de Wang Zhi. Ce n'est que face à des gens comme He Lin que Tang Fan se laissait aller à des paroles dures.

He Lin était tellement furieux qu'il en tremblait de tout son corps.

Avant de se rendre chez les Tang, il s'était préparé mentalement, mais malgré cela, il ressentait un profond sentiment d'humiliation après les paroles acerbes de Tang Fan.

"Qu'elle revienne ou non, la famille He n'a pas besoin d'elle ! De même pour He Cheng, tu peux l'emmener, je m'en moque !" s'écria He Lin, emporté par la colère.

Tang Fan semblait attendre exactement cette réaction. Il resta calme et répondit : "Si c'est vraiment ce que tu penses, j'ai une solution. Pourquoi ne pas adopter Qilang au sein de la famille Tang, en changeant son nom de famille en Tang ? Ensuite, tu pourrais aussi divorcer de ma sœur. De cette façon, vous ne seriez plus liés, et ma sœur ainsi que Qilang ne t’importuneraient plus."

Soudain, un bruit sec résonna : c'était le vieux patriarche He qui venait de gifler He Lin.

He Lin, stupéfait, porta la main à sa joue, l'air incrédule.

Le vieux patriarche, s'adressant calmement à Tang Fan, dit : "Mon fils a été insolent, je te prie de bien vouloir excuser son comportement, cher neveu."

Tang Fan soupira : "Oncle, je n'ai aucune intention de vous causer des difficultés. Mais, voyez dans quel état se trouve mon beau-frère. Comment pourrais-je en toute conscience laisser ma sœur et mon neveu repartir avec lui ? S'il pense que je l'ai humilié, et qu'une fois de retour, il reporte sa colère sur ma sœur et mon neveu, ne serais-je pas en train de les mettre en danger ?"

À peine avait-il terminé sa phrase qu'une voix d'enfant se fit entendre depuis l'entrée : "Je suis prêt à changer de nom et à devenir un Tang !"

Tous se tournèrent vers l'endroit d'où venait la voix, et virent He Cheng, debout à la porte, le visage déterminé. On ne savait pas depuis combien de temps il écoutait en cachette.

"Qilang !" Avant que le vieux patriarche et He Lin ne puissent réagir, Tang Fan fronça les sourcils et le réprimanda : "Il est interdit d'écouter aux portes, ce n'est pas digne d'un gentleman !"

Cependant, la réprimande de son oncle manquait totalement de sévérité, surtout avec la pointe de douceur à la fin, ce qui fit que He Cheng tira discrètement la langue en signe de malice.

Puisque l'enfant était déjà là, Tang Fan ne pouvait pas le renvoyer. Il dit alors : "Viens saluer ton grand-père et ton père."

C'était étrange de voir que ceux qui étaient censés être les plus proches de He Cheng se trouvaient maintenant relégués au rang de simples visiteurs.

Obéissant, He Cheng entra dans la pièce et s'inclina respectueusement devant le vieux patriarche et He Lin : "Ce petit-fils vous salue, grand-père. Ce fils vous salue, père."

Le vieux patriarche, avec une tendresse manifeste, l'invita à s'approcher et caressa affectueusement sa tête : "Qilang a grandi. Veux-tu rentrer à la maison ? Grand-père t'y emmènera."

He Cheng répondit : "Tout dépend de la décision de mon oncle. Je n’oserai pas prendre cette décision seul."

Quelle maturité pour un si jeune enfant !

Le vieux patriarche He resta un moment sans voix. Dans ses souvenirs, He Cheng était un enfant silencieux et réservé. Il n'aurait jamais imaginé qu'il puisse prononcer des mots aussi mûrs, utilisant même des termes comme "prendre des décisions seul" !

Après avoir dit cela, He Cheng se rapprocha de Tang Fan, s'installant à ses côtés, et regarda son grand-père et son père. Bien qu'il ne prononce aucun mot supplémentaire, la manière dont il se blottissait contre Tang Fan, montrant une dépendance et une affection évidentes, était perceptible, même pour He Lin qui détourna le regard, troublé par cette scène.

Le vieux patriarche, cependant, n'oublia pas les paroles que He Cheng avait prononcées plus tôt. "Qilang, tu as dit tout à l'heure que tu voulais changer de nom ?"

He Cheng acquiesça : "Oui, si la famille He ne veut plus de moi, je suis prêt à prendre le nom de Tang. Je veux devenir un membre de la famille Tang."

Le petit garçon, bien qu'essayant de paraître mature, ne put cacher ses véritables sentiments. Après quelques échanges, sa façade se fissura.

He Lin, entendant ces paroles, se convainquit que son fils avait été manipulé d'une manière ou d'une autre par la famille Tang pour dire de telles choses.

Même le vieux patriarche fronça les sourcils et demanda : "Runqing, ces paroles de Qilang, viennent-elles vraiment de lui-même ?"

L'implication était claire : n'as-tu pas influencé ses propos ?

Tang Fan fronça également les sourcils. Il n'avait mentionné l'idée de changer de nom que pour provoquer He Lin ; il n'avait jamais réellement envisagé cette option.

Avant que Tang Fan ne puisse répondre, He Cheng s'empressa de déclarer : "Mais père vient tout juste de dire qu'il ne voulait plus de mère ni de moi !"

Le vieux patriarche, légèrement gêné, tenta d'expliquer : "Qilang, tu as mal compris. Ton père ne pensait pas vraiment ce qu'il disait."

He Cheng, les yeux grands ouverts, le fixa : "Alors, que voulait-il dire ?"

Le vieux patriarche répondit : "Ce n'étaient que des paroles prononcées sous l'emprise de la colère..."

Mais He Cheng répliqua : "Mais père déteste vraiment mère et moi, n'est-ce pas ? Il a non seulement tenté de me battre à mort, mais il a aussi dit qu'il voulait nous chasser de la famille He, nous laissant nous débrouiller seuls."

Il ne faut pas croire qu'on peut tout dire devant un enfant, mais He Cheng avait tout enregistré dans sa mémoire. Bien qu'il soit resté silencieux auparavant, depuis son arrivée à la capitale, sa proximité avec A Dong l'avait transformé. Il avait gagné en assurance, en maturité et même en force physique. Il n'était plus ce garçon timide d'autrefois.

Cependant, la famille He continuait de le voir avec les yeux du passé.

Le vieux patriarche secoua la tête : "Quoi qu'il en soit, ton père reste ton père, et ton grand-père ne laissera pas qui que ce soit vous maltraiter, toi et ta mère."

He Cheng dit : « En tant qu'enfant, il est de mon devoir d'être filial envers mon père, mais aussi envers ma mère. Ma mère m'a porté pendant dix mois (NB : il s’agit de mois lunaires, qui ont 28 jours) et m'a donné naissance, ce qui a été bien plus éprouvant que pour mon père. Mon père peut se remarier et avoir d'autres enfants, mais ma mère n'a que moi. Dans ce monde, les femmes sont toujours désavantagées, je dois donc veiller davantage sur ma mère. Je supplie mon grand-père et mon père de nous accorder, à ma mère et à moi, une chance de survivre ! »

Après ces mots, il tomba à genoux avec un bruit sourd, suppliant amèrement son grand-père et son père.

Les deux membres de la famille He restèrent bouche bée, regardant He Cheng pleurer à chaudes larmes.

Dans leur esprit, il était inconcevable que le timide et fragile septième fils des He puisse dire de telles choses sans y avoir été incité.

Avant que le vieux patriarche n'ait le temps de réagir, Tang Fan releva rapidement He Cheng et le réprimanda : « Ton grand-père et ton père sont ta famille, ils ne te feront jamais de mal ! Où as-tu appris à dire de telles sottises ? Demande immédiatement pardon à ton grand-père et à ton père ! »

He Cheng, les yeux remplis de larmes, mordit obstinément sa lèvre sans dire un mot.

Le vieux patriarche He ressentait une amertume dans sa bouche. Il n'aurait jamais imaginé que la perception de son fils par He Cheng soit devenue si négative.

Certes, selon les principes traditionnels, un enfant doit être obéissant et respectueux envers ses parents, mais la réalité est souvent plus complexe que ce que les règles dictent. Si tout pouvait être résolu en appliquant strictement les lois, le monde serait en paix depuis longtemps.

Aujourd'hui, avec l'ascension de Tang Fan, l'équilibre des pouvoirs entre les familles Tang et He avait subtilement changé.

Si la famille He vivait en dehors des réalités du monde, elle pourrait se permettre de ne pas tenir compte de Tang Fan. Mais le problème était que le vieux patriarche avait maintenant deux fils dans la fonction fonction publique, et il était probable que ses petits-enfants suivraient le même chemin. Dès lors qu'ils étaient impliqués dans la vie publique, ils ne pouvaient pas se permettre de vivre en ermites, coupés de toute relation.

« C'en est assez, cette visite était mal préparée, neveu Tang, ne m'en veux pas. Je suis infiniment reconnaissant pour les soins que tu as prodigués à ma belle-fille et à Qilang. Cette fois, j'ai apporté quelques présents, accepte ce modeste geste en mon nom. »

Le vieux patriarche se rendait compte qu'il avait commis une erreur.

Aujourd'hui, Tang Fan était devenu une figure trop influente pour que la famille He puisse se permettre de le contrarier.

Son intention initiale était que He Lin ramène Tang Yu et son fils dans la famille pour apaiser les tensions, mais il ne pouvait pas se permettre de provoquer une rupture en les forçant à revenir.

Tang Fan adoucit son ton : « Vous êtes trop aimable, oncle. Les paroles de Qilang ne sont que celles d'un enfant, ne les prenez pas trop à cœur. »

Il leva sa tasse de thé, et le vieux patriarche compris immédiatement le signal, se levant pour prendre congé et quittant la maison avec son fils.

En sortant de la résidence des Tang, le vieux patriarche ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil à la maison voisine.

On disait que c'était là où vivait le Marquis Ding'an, nouvellement anobli, le commandant de la garnison des gardes de Brocart. Étant donné les liens étroits entre les familles Sui et Tang, ils avaient même acheté des maisons voisines, devenant ainsi des familles alliées.

Un mariage aussi avantageux, comment avait-il pu mal tourner ? Si seulement Tang Yu avait épousé le troisième fils, tout le monde serait heureux aujourd'hui, non ?

Pensant à cela, il regarda son second fils, dont le visage exprimait un profond mécontentement, et une grande lassitude l'envahit. Heureusement qu'il n'avait pas de problème de cœur, sinon il serait probablement en train de s'effondrer en se tenant la poitrine à cet instant.

« Ganyu, tu retourneras chez nous demain pour te consacrer à tes études. Lorsque la famille He déménagera à la capitale, tu n'auras pas besoin de nous accompagner. » déclara le vieux patriarche soudainement.

He Lin regarda son père avec incrédulité : « Père, que voulez-vous dire par là ? »

Le vieux patriarche He ne répondit pas et monta directement dans la voiture. Il dit simplement aux domestiques venus de la campagne : « En route. »

Les domestiques, hésitant, regardèrent He Lin, toujours sous le choc : « Et le deuxième maître… »

Le vieux patriarche He répliqua : « N'a-t-il pas de bras ni de jambes ? Ne peut-il pas rentrer tout seul ?! »

Voyant le vieux patriarche en colère, les domestiques n'osèrent pas contester davantage et se hâtèrent de faire partir la voiture.

He Lin, abattu, erra dans les rues de la capitale, sans comprendre comment il en était arrivé à cette situation. Sa femme et son fils ne voulaient pas rentrer à la maison, et maintenant, même son père l'avait abandonné.

Retourner dans la maison familiale signifiait revenir à la campagne du Comté de Xian, pas dans la ville elle-même. Là-bas se trouvait la vieille maison de la famille He, où ils ne retournaient que pour les grandes fêtes, et les conditions de vie étaient bien inférieures à celles de la ville.

‘Est-ce parce que je n'ai pas réussi à passer le concours que je dois me retrouver à être méprisé par tout le monde ?’ pensa He Lin avec amertume, errant comme une âme en peine, incapable d'apprécier les splendeurs autour de lui.

« Ingrat, ingrat ! Comment un fils peut-il frapper son propre père ? Est-ce de la rébellion ? Je vais porter plainte auprès des autorités ! »

Des cris de colère se firent entendre devant lui, et He Lin leva les yeux.

Il vit un homme d'âge moyen, en piteux état et pieds nus, courir devant lui, poursuivi par un jeune homme armé d'un bâton.

Les passants se rassemblèrent autour, indignés d’apprendre qu’un fils avait frappé son père. Certains se proposèrent même d'aller chercher des soldats de la patrouille.

He Lin n’avait pas l’intention de se mêler de cette affaire, mais la scène lui rappelait sa propre situation. Il se dirigea malgré lui vers l’agitation et écouta les passants critiquer le fils.

Le jeune homme tenant le bâton, loin de se vexer des critiques, se contenta de sourire avec mépris et de pointer le bâton vers l'homme qu'il poursuivait : « Savez-vous quel genre de personne il est ? Il passe ses journées dans les maisons de jeu sans rapporter d'argent pour la famille, laissant ma mère seule pour subvenir à nos besoins et m'élever. Maintenant que je suis devenu quelqu'un, il se comporte comme un seigneur et exige que je lui fasse honneur. Ce n'est pas tout, il bat ma mère chaque fois qu'il est mécontent ! Je l’ai frappé pour défendre ma mère, et je ne vois pas où est le mal ! Même si quelqu’un porte plainte, je n’ai pas peur. Est-ce que protéger ma mère est une faute, alors qu’on doit supporter les mauvais traitements d’un père ?! »

Les paroles du jeune homme firent l'effet d'une déflagration dans l'esprit de He Lin. En écoutant le discours et en regardant l’homme d’âge moyen, il eut un sentiment de déjà-vu.

Les passants, entendant les paroles du jeune homme et voyant les yeux fuyants de l’homme d’âge moyen, comprirent que ses accusations étaient fondées. Les regards envers l’homme changèrent, et ceux qui voulaient d’abord s’en prendre au fils retournèrent immédiatement leur colère contre lui.

L’homme d’âge moyen, ne pouvant se défendre contre les accusations, fut presque noyé sous les crachats de la foule et dut se retirer rapidement.

Cet incident fut rapidement oublié, et la foule se dispersa dès que les deux parties furent parties.

Mais He Lin, les pieds comme alourdis par des boulets de fer, était incapable de bouger.

Il pensait au visage déterminé de Tang Yu lorsqu’elle avait quitté la famille He, à l’indifférence glaciale de Tang Fan, et à la ferme détermination de son propre fils devant lui à vouloir changer de nom. Les vagues de tourmente dans son cœur semblaient déferler complètement avec la scène qu'il venait de voir, et il était incapable de trouver la paix.

Avait-il tort ?

Non, il n’avait pas tort !

Échouer à l'examen n'était qu'une question de malchance, ce n’était pas sa faute. Les gens ne faisaient que se moquer des autres et même He Cheng, influencé par Tang Fan, avait fini par tourner le dos à son propre père ; il était le véritable ingrat.

Mais s’il n’avait pas tort, pourquoi son propre père l’avait-il abandonné ?

Pourquoi tout le monde disait-il qu’il avait tort et l’avait-il laissé tomber ?

He Lin était perdu dans ses pensées.

Pendant ce temps, au domicile de Tang, une autre conversation se déroulait.

« Maomao, tu n’avais pas besoin de faire tout ce drame. Il est déjà tellement obstiné et profondément enfoncé dans ses erreurs que, même si tu essayes de le réveiller, il ne changera pas », soupira Tang Yu.

Elle semblait totalement désabusée par He Lin, au point de ne même pas vouloir le rencontrer ni voir les membres de la famille He.

Tang Fan sourit légèrement : « Je ne l'ai pas fait pour deuxième He, mais pour He Qilang. C’est un bon garçon, et il ne faut pas le laisser vraiment changer de nom. Ne te fie pas à sa détermination actuelle, il doit encore espérer l’affection de son père. Si deuxième He pouvait se repentir, ce serait idéal, sinon, il est préférable d’éviter à He Qilang des regrets futurs. »

Tang Yu, visiblement peu intéressée par la question, était préoccupée par autre chose.

« Maomao, tu n’es plus un jeune homme, il est grand temps que tu te maries. Regarde troisième He, il a ton âge, et a déjà un fils et une fille. N’as-tu pas de projets à ce sujet ? Ou as-tu déjà quelqu’un en tête ? »

Tang Fan fut surpris ; d'une manière ou d'une autre, l'image de Sui Zhou traversa brièvement son esprit.

Il secoua la tête, comme pour chasser une illusion : « Sœur, où veux-tu en venir ? Je parcours sans cesse les régions du pays, comment pourrais-je avoir quelqu’un ? »

Tang Yu demanda : « Et cette jeune demoiselle, Du, que tu as ramenée la dernière fois ? »

Tang Fan répondit : « C’est l’épouse de Lu Yan ! »

Tang Yu, inquiète, dit : « Mais j'ai entendu dire que vous aviez passé du temps seuls ensemble. Est-ce que cela signifie qu'elle a jeté son dévolu sur Lu Yan plutôt que sur toi, et donc que tu…»

« Nous n'avons pas passé de temps seuls dans les dunes de Wei Ning ! À l'époque, nous étions tous couverts de boue et de sang, et si quelque chose avait pu se développer malgré cela, ce serait vraiment surprenant ! » répondit Tang Fan, un peu exaspéré.

Tang Fan, perplexe, ajouta : « Sœur, d'où tiens-tu ces informations ? Ne fais pas de mal à la réputation des gens. Miss Du est maintenant l'épouse de Lu Yan ; ne les mets pas en danger ! »

Tang Yu, un peu vexée : « Crois-tu que je ne fais pas attention ? J'ai entendu parler de cela en privé par Guangchuan. Il est trop intègre pour répandre des rumeurs. Alors, dis-moi franchement, qu'est-ce qui se passe vraiment ? »

Sui Guangchuan ! Qu'as-tu dit à ma soeur ?!

Tang Fan répondit lentement : « Il n'y a… rien… de… tout cela ! »

Tang Yu, encore sceptique, demanda : « Si ce n'est pas le cas, quelle demoiselle t'intéresse alors ? »

Tang Fan, devint irrité : « Ton frère est un homme accompli ; personne ne semble s'intéresser à lui ! »

Tang Yu éclata de rire : « Mon frère est en effet un homme accompli, mais si tu continues à traîner, il se pourrait bien que personne ne te veuille vraiment. »

Puis, elle eut une idée et s'exclama : « Ne serais-tu pas attiré par la sœur de Guangchuan ? J'ai entendu dire qu'elle est maintenant à un âge convenable pour le mariage ! »

Tang Fan, déconcerté : « … »

Il avait d’abord pensé que Sui Zhou avait une affinité avec A Dong, et maintenant sa sœur pensait qu'il avait des sentiments pour la sœur de Sui Zhou. C'était peut-être un retour de bâton pour lui !

Tang Fan soupira : « Non, sœur, ne t'inquiète pas. J'ai bien réfléchi à cette affaire. »

Tang Yu, fronçant les sourcils : « As-tu des réticences ? Ne peux-tu même pas en parler à ta sœur ? »

Elle commença à s’inquiéter que son frère puisse être mal à l’aise pour des raisons qu’il n’osait pas exprimer.

À l’âge de Tang Fan, il était effectivement un peu étrange de ne pas être marié.

Cela dit, ce n'était pas un problème majeur ; dans la bureaucratie, les gens cherchaient généralement des failles sur des sujets comme le respect des périodes de deuil ou le comportement en société. Le fait de ne pas être marié n'était pas en soi un sujet d'attaque.

Dans le Jiangnan, il y avait aussi des érudits célèbres qui, bien qu'ils n’aient pas de femme légitime, avaient de nombreuses concubines. Ce n’était pas une nouveauté.

Le problème était que Tang Fan n’avait même pas de concubines. Donc, si quelqu'un voulait le critiquer pour des failles dans sa vie privée, ils n’auraient probablement que des choses comme « passion pour la gastronomie, au détriment de ses devoirs » à se mettre sous la dent.

Voyant ce qu'elle pensait, Tang Fan se mit à sourire malgré lui.

Il eut soudain une idée : « Quand Guangchuan se mariera, je me marierai! »

Tang Yu fronça les sourcils: « Quel est le rapport avec lui ? »

Tang Fan parla avec sincérité : « Sœur, réfléchis un peu. Guangchuan a deux ans de plus que moi et il est encore célibataire. Bien que nous ne soyons pas frères de sang, nous sommes comme des frères, partageant les joies et les peines. Comment pourrais-je épouser quelqu'un en sachant qu'il resterait seul ? Tu sais aussi que ses relations familiales ne sont pas idéales. Il est probable que même les partenaires que ses parents ont trouvés ne lui conviennent pas, d'où son célibat prolongé. Si tu as quelqu'un de bien en tête, tu pourrais peut-être l'aider à trouver une épouse. Une fois qu'il sera marié, je serai plus tranquille. »

Tang Yu hésita : « Mais il est le marquis de Ding'an, nommé par l'Empereur, et aussi le neveu de l'Impératrice. Il devrait avoir quelqu'un pour s'occuper de cela, non ? Pourquoi devrais-je faire des recherches ? »

Tang Fan sourit : « Ma chère sœur, tu ne comprends toujours pas ? Les personnes que l'Impératrice et l'Empereur pourraient proposer sont toutes des femmes de haute naissance. Avec le caractère de Guangchuan, il aura du mal à s'accorder avec des femmes aussi fières et sophistiquées. »

Tang Yu hocha la tête : « C'est vrai, tu as raison. Tu penses à lui dans tous les détails. Très bien, je vais me renseigner. Demande-lui quel type de femme il préfère, afin que je puisse l'aider à chercher. »

Tang Fan cligna des yeux : « Mieux vaut que ce soit toi qui lui demandes. Je ne pourrais pas obtenir des réponses claires. En tant que sœur, tu sauras quelles questions poser. De toute façon, tu es sa sœur, il n'y a pas de mal à cela. »

Tang Yu le regarda avec suspicion : « Je ne sais pas ce que tu manigances. »

Avec cela, elle accepta de l'aider.

Tang Fan poussa un soupir de soulagement en se disant qu'il avait finalement passé la patate chaude.

Peu importe ce qu'il en était, il avait malgré tout le sentiment d'avoir laissé Sui Zhou dans une position inconfortable.

Ce soir-là, comme d'habitude, Tang Yu et les autres dînaient à la maison de Tang, tandis que Tang Fan dînait dans la maison voisine.

En voyant les plats sur la table, tous ses favoris, Tang Fan se sentit de plus en plus mal à l'aise et ne put s'empêcher de jeter plusieurs regards à Sui Zhou pendant le repas.

Sui Zhou ne fut pas insensible à cela.

Il posa calmement ses couverts : « Y a-t-il quelque chose ? »

Tang Fan ria nerveusement : « Non, rien du tout. »

Sui Zhou plissa les yeux.

Après un moment sous le regard perçant de Sui Zhou, Tang Fan céda : « Ma sœur veut que je me marie. J'ai dit que je n'étais pas pressé et que je lui ai demandé de t'aider à chercher quelqu'un. »

Sui Zhou répondit calmement : « Oh. »

Ce calme fit encore plus douter Tang Fan : « Tu… quel genre de femme aimerais-tu ? Je peux le dire à ma sœur. »

Sui Zhou répondit simplement : « Te souviens-tu de ce que j'ai dit la dernière fois ? »

Tang Fan toussota : « Oui, je me souviens, mais pour moi, tu es comme un frère. Ce que tu as dit, je pense… je ne pourrais pas l'accepter. »

Sui Zhou hocha la tête : « Je comprends. Je me marierai bientôt. »

Tang Fan n’avait pas prévu une réponse aussi directe de la part de Sui Zhou. Il resta un moment bouche bée, puis réagit enfin : « Alors je vais demander à ma sœur de t’aider à chercher… »

Sui Zhou le coupa : « Non, ce n’est pas nécessaire. En fait, ma famille a déjà trouvé une personne pour moi. »

« Ah ? »

Tang Fan resta de nouveau surpris : « Qui est-ce ? »

Sui Zhou répondit : « La cousine des Qiao. »

Tang Fan demanda : « Mais ton oncle a déjà arrangé un mariage pour elle, non ? »

Sui Zhou expliqua : « Non, elle est complètement amoureuse de moi. Mon oncle n'a pas pu résister à ses désirs et a finalement accepté. »

Tang Fan était bouche bée : « … »

Pour la première fois, il se rendit compte que son cerveau avait du mal à suivre. Il ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois avant de réussir à demander : « Quand prévoyez-vous de vous marier ? »

Sui Zhou sourit légèrement. L’éclat glacial de ses yeux s’était atténué, laissant place à une certaine douceur : « L’année prochaine. Nous avons besoin de temps pour nous préparer, et mon oncle est réticent à la voir se marier en toute hâte. »

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

‘Sa passion pour la gastronomie, au détriment de ses devoirs’ (source : drama the sleuth of the Ming dynasty)

 

 

 

 

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