ETILH - Chapitre 33
Début janvier, tous les examens de Ye Zhou s’achevèrent enfin.
À l’époque où il était brouillé avec Shang Jin, il préférait rentrer chez lui plus souvent. Maintenant qu’il était plutôt en bons termes avec lui, Ye Zhou se montra très réticent à rentrer chez lui, sans parler du fait qu’il rencontrerait certainement son frère aîné cette fois encore.
Il avait pu éviter le jour de l’an, mais il ne pourrait pas toujours s’échapper.
Ye Zhou se traîna jusqu’au dortoir et ferma la porte. Enfin, il commença à trier ses bagages et à se préparer pour son prochain retour chez lui.
« Ta maison est si proche, alors pourquoi n’y retournes-tu pas ? »
Tous les autres étudiants étaient impatients de rentrer chez eux le jour de la fin de l’examen, ou le lendemain. À part Ye Zhou, qui avait ses propres raisons, seul Shang Jin resta dans le dortoir, tel quelqu’un qui demeurait en marge de tout.
« C’est parce que j’habite à proximité, donc j’y retournerai aussitôt que j’aurai envie d’y retourner. » Alors que Shang Jin parlait à Ye Zhou, ses mains ne cessèrent de jouer. « Et toi, demain c’est déjà le Xiaonian (NT : fête chinoise, aussi appelée petit nouvel an. A lieu le 24e jour du mois précédant le Nouvel An lunaire), et tu pars seulement aujourd’hui ? »
Ye Zhou redressa la valise et s’assit sur le côté, en soupirant : « Rentrer à la maison n’est pas aussi confortable que de rester dans le dortoir. »
Sortant de son jeu, Shang Jin se retourna et nota : « Quoi que les autres aiment dire, laisse-les simplement le dire. Tant qu’ils ne te forcent pas à écouter, alors ne t’en soucie pas. »
Ye Zhou rétorqua avec amertume : « Tu penses que tout le monde peut être comme toi, un robot complètement sans sentiments et sans souci ? »
Shang Jin réagit : « Je dis juste certaines choses. Je refuse les attaques personnelles. »
Ye Zhou se gratta la tête et s’affaissa sur la table. Quoi qu’il en soit, Shang Jin connaissait déjà sa situation, donc il ne se cacherait pas de lui. Ne pas vouloir rentrer à la maison voulait dire ne pas vouloir rentrer à la maison : il n’y avait pas besoin de trouver une autre excuse.
Shang Jin jeta un coup d’œil à l’heure et remarqua : « Continue à traîner, et tu vas vraiment être en retard. »
« Je sais, je sais ! » Ye Zhou souleva son sac à dos, traîna sa valise et se dirigea vers la porte. Il se souvint d’une autre chose. « Quand tu partiras, n’oublie pas de couvrir le petit cyclo-pousse. »
Shang Jin : « …… »
Ye Zhou lui lança un regard sceptique. « Tu as entendu ou non ? »
Shang Jin répondit avec audace et assurance : « Non. »
Ye Zhou : « …… »
En descendant les escaliers, Ye Zhou avait prévu de recouvrir la voiture d’une bâche en plastique. Mais il n’avait plus le temps. Il regarda les graffitis peints de façon désordonnée sur la voiture, réfléchit un instant et abandonna.
De toute façon, c’était déjà si moche. Des salissures ne le dépareilleraient pas !
Peu importe à quel point il ne voulait pas rentrer chez lui, le train partirait et arriverait toujours à l’heure.
Après être descendu du train, Ye Zhou se tint à la sortie de la gare et se souvint de l’amère expérience d’avoir été coincé dans le bus la dernière fois. Sa première réaction fut de prendre un taxi. Cependant, s’il le prenait, il arriverait à la maison une demi-heure plus tôt que s’il prenait le bus.
Comme il ne voulait pas rentrer chez lui plus tôt, et qu’il ne voulait pas non plus être coincé dans le bus… Ye Zhou resta indécis, hésitant sur la direction à prendre.
« Zhou Zhou ? »
Lorsque cette voix inconnue mais familière retentit, Ye Zhou voulut s’échapper par réflexe. Ce dont vous avez peur arrive toujours…
Ye Zhou prit une profonde inspiration et se retourna, esquissant un sourire. « Frère… »
Ye Heng et Ye Zhou avaient à peu près la même taille. Les deux personnes ne se ressemblaient pas beaucoup. Comparé à Ye Zhou, Ye Heng était plus doux ; il portait des lunettes et semblait raffiné dans ses manières. Il tendit la main pour prendre la valise de Ye Zhou. En fin de compte, il ne put pas l’attraper.
La main droite de Ye Zhou s’agrippait à la poignée de la valise depuis qu’il avait vu Ye Heng. Il ne lâcha toujours pas alors que Ye Heng essayait de la soulever.
Ye Heng le regarda d’un air interrogateur. « Zhou Zhou ? »
Ye Zhou sembla recevoir un choc, et la main saisissant la poignée du bagage se leva soudainement.
« Allons d’abord à la voiture. »
« Oh… » Ye Zhou suivit Ye Heng. Même si tous deux avaient désormais la même taille, le dos de Ye Heng restait le même que dans sa mémoire : aussi haut qu’une grande montagne qu’il ne pourrait jamais gravir.
Planté à côté de la voiture, Ye Zhou voulut vraiment s’asseoir sur la banquette arrière, mais une fois que son frère le regarda, il ne put que se préparer à ouvrir la porte du passager.
Lorsqu’ils étaient dans la gare, le bruit les entourait : cela l’arrangeait, car même s’ils ne parlaient pas ce n’était pas trop gênant. Maintenant que les deux se trouvaient dans un espace clos, la portière les isolant de la clameur extérieure, une atmosphère étrange s’installa peu à peu.
Ye Zhou, qui avait toujours été connu comme le petit expert en communication à l’école, se tut complètement. Il baissa la tête et fit semblant d’être absorbé par un jeu sur son téléphone portable, espérant seulement que le temps passerait plus vite.
Ye Heng jeta un coup d’œil au visage de son jeune frère en attendant au feu rouge. Il essaya d’adoucir son ton et dit : « Comment ça se passe à l’école ? J’ai entendu dire que l’infrastructure de l’Université A est très bonne. J’ai toujours voulu la visiter. »
Si cette phrase avait été prononcée par quelqu’un d’autre, Ye Zhou l’aurait invité avec enthousiasme et aurait même promis de servir de guide si l’autre venait vraiment.
« Pas mal. » Ne sachant pas si cela répondait à la vie de l’école ou à l’infrastructure, Ye Zhou acheva sa réponse et baissa la tête pour se « consacrer » à son téléphone, tout son corps dégageant l’aura « ne me parle pas ».
Ye Heng continua : « As-tu déjà une petite amie ? »
Ye Zhou ne leva pas la tête et répondit : « Non. »
Ye Heng soupira, sans aucune intention de poursuivre la conversation.
Ye Zhou s’en aperçut et poussa en secret un soupir de soulagement. Son corps, tendu tout le long, se détendit progressivement. Ye Heng remarqua parfaitement ce léger changement et en fut encore plus frustré.
En rentrant chez lui sans un mot, Ye Zhou entra dans la maison et découvrit que la famille avait préparé une table remplie de plats.
Ye Zhou demanda avec désinvolture : « Demain, c’est le Xiaonian. Comment la nourriture est-elle si somptueuse aujourd’hui ? »
« J’ai aussi dit ça. N’est-ce pas parce que ton frère a annoncé ton retour aujourd’hui ? Alors il m’a demandé de préparer un peu plus de nourriture pour t’accueillir à la maison. » Mère Ye sortit deux plats de la cuisine. « Xiao Heng, ne sors plus après avoir mangé. À l’origine, tu n’es pas non plus arrivé depuis longtemps. À peine descendu de l’avion, tu ne t’es pas reposé et tu as insisté pour conduire aller chercher ton frère. Ce n’est pas comme s’il ne pouvait pas rentrer seul. »
Ye Zhou regarda Ye Heng avec étonnement, ne s’attendant pas à ce qu’il ne soit revenu qu’aujourd’hui.
Ye Heng acquiesça et fit signe à Ye Zhou de s’asseoir à côté de lui. « Mangeons. Ne reste pas planté là. »
« D’accord. Xiao Heng, comment se fait-il que tu sois soudain revenu cette fois ? » La famille de Ye Zhou n’avait pas de règle « ne parle pas quand tu manges, ne parle pas quand tu dors ». Le père Ye prit le porc braisé et le plaça devant Ye Heng, l’échangeant avec les légumes sautés. « Quand tu es revenu le 11, n’as-tu pas dit que tu serais occupé ce Nouvel An lunaire et que tu n’aurais pas le temps de revenir ? »
« N’est-ce pas parce que la cuisine de maman me manque ? » En une phrase, il fit éclater de joie Mère Ye, qui poussa quelques plats devant lui. Ye Heng déplaça ces plats avec naturel devant Ye Zhou. « J’ai beaucoup de travail en ce moment. Mon vol de retour est demain après-midi. »
Le sourire de Mère Ye se figea aussitôt, et même Ye Zhou leva la tête pour le regarder. Mère Ye dit : « Cette fois, c’est trop court. »
Ye Heng sourit et ne répondit pas.
Ye Zhou ne fut surpris que quelques secondes. Après cela, il continua tranquillement de dîner. Autour de la table, la conversation se tenait entre ses parents et Ye Heng. Il pensait pouvoir passer une soirée en harmonie ainsi, mais avant la fin du repas, Mère Ye lui adressa une critique : « Comment es-tu comme une gourde fermée tous les jours ? Ton frère est revenu et tu ne sais plus dire quelques mots. Quelqu’un d’extérieur croirait que vous êtes des étrangers. »
Ye Zhou but une gorgée de soupe. Depuis qu’il était entré dans la maison, son humeur n’avait pas été très bonne. « Ce que je veux demander, ne l’avez-vous pas déjà demandé ? Que puis-je dire d’autre ?»
« Zhou Zhou, quand je suis revenu le 11, j’ai entendu papa et maman dire que tu avais obtenu une bourse. C’est vraiment génial. » Ye Heng tapota l’épaule de Ye Zhou, semblant heureux pour lui. « J’ai entendu dire que la bourse de l’Uni A est très difficile à décrocher. »
Ye Zhou pinça les lèvres et répondit à voix basse : « Ouais. » Il leva les yeux et regarda Ye Heng. Il ajouta modestement, en contraste avec ses yeux sans complaisance : « Ce n’est qu’une bourse de seconde classe, donc ce n’est pas si difficile. »
« Ne le félicite pas. Je pense qu’il est un peu paresseux maintenant. »
Cette phrase de Mère Ye fit perdre à Ye Zhou tout intérêt pour la conversation. Peu importe ce que Ye Heng lui demanda ensuite, il ne répondit que par des « mm » et des « ah ». Le résultat fut que cela provoqua la colère de Mère Ye, qui le gronda.
Le soir, Ye Zhou se réfugia dans sa chambre pour lire. Ye Heng frappa deux fois à la porte puis entra. Ye Zhou s’assit sur son lit, fit quelques pas et demanda : « Qu’y a-t-il ? »
Ye Heng posa des fruits sur la table et s’assit à son chevet. Il tapota à côté de lui et dit : « Assieds-toi.»
Ye Zhou s’assit à un mètre de Ye Heng. Ses yeux erraient, sans oser le regarder.
« Ne prends pas à cœur les mots que maman a dits. Ta vie vient de commencer. Il n’est pas nécessaire de vivre selon les normes de quelqu’un d’autre. Ils ont toujours accordé de l’importance aux notes, ils les considèrent comme essentielles, mais tout ne peut pas être mesuré ainsi. » Ye Heng feuilleta avec désinvolture le livre que Ye Zhou avait laissé sur le lit. « Il y a beaucoup de choses dans la vie qui comptent plus que les scores. Tu peux te faire des amis, sortir et jouer, ou rencontrer une fille que tu apprécies et tomber amoureux. Même t’immerger dans les jeux en ligne, c’est bien. Ne te plonge pas toujours dans les livres, socialise davantage. »
« Oui. » Peut-être qu’il s’était trop réprimé devant Ye Heng, qui ne savait pas qu’il était généralement très communicatif sur le campus. Ye Zhou n’avait pas l’intention de le corriger. C’était la première fois que Ye Heng lui disait ce genre de mots, et Ye Zhou se sentit un peu vexé.
Ye Heng lui ébouriffa la tête et se leva. Avant de partir, il demanda : « Demain, peux-tu me raccompagner ? »
Depuis qu’il était allé au lycée, que Ye Heng parte étudier à l’étranger ou travaille, Ye Zhou avait toujours trouvé des excuses pour ne pas l’accompagner. Ye Heng ne le lui demandait pas non plus. Cette fois, Ye Zhou hocha la tête et dit : « D’accord. »
Clic. La porte de la chambre se referma.
Ye Zhou, allongé dans son lit, se sentit un peu confus. Il sortit son téléphone et ouvrit la boîte de discussion avec Shang Jin.
Ye Zhou : « En tant que personne qui a des réalisations exceptionnelles, si tu avais un frère cadet qui t’était inférieur en tout, comment le verrais-tu ? »
Shang Jin, qui jouait à un jeu, vit le message envoyé par Ye Zhou. Sans tenir compte de l’instance dans laquelle il se trouvait, il prit directement son téléphone pour répondre.
Shang Jin : « Premièrement, je n’ai qu’une sœur de trois ans pour l’instant. Je ne sais pas comment elle sera dans le futur. Deuxièmement, la personnalité de chacun est différente. Si tu veux me demander ce que ton frère pense de toi, je n’ai aucun moyen de te répondre. Mais comme tu es généralement si bruyant, je pense que ton frère doit être ennuyé à mort par toi. »
En un instant, toutes les petites contrariétés dans l’esprit de Ye Zhou disparurent. Il attrapa son téléphone et donna un coup haineux à l’écran.
Ye Zhou : « Je suis toujours ennuyé à mort par toi ! Même pas fichu de lâcher un pet en une demi-journée ! C’est presque comme si je parlais à une antenne tous les jours ! »
Shang Jin : « Quoi, tu veux que je te dise quand je pète plus tard ? »
Ye Zhou : « ………………… »
Traducteur: Darkia1030
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